Tout avouer, nier en bloc ou détruire les preuves : quelques réactions des utilisateurs d'Ashley Madison

La saga Ashley Madison continue. Le site de rencontres adultères dont le slogan est « La vie est courte. Prenez un amant » vient de perdre son PDG. Le mois dernier, les données des utilisateurs du site – noms, emails, adresses, numéros de carte de crédit - avaient été publiées sur internet par des pirates informatiques.

Noel Biderman, à la tête de la maison mère d'Ashley Madison, le groupe canadien Avid Life Media, a quitté ses fonctions ce vendredi « d'un commun accord » avec la société, selon un communiqué de presse, qui affirme que le le changement est dans l'intérêt de l'entreprise.

Pendant ce temps, le gigantesque piratage fait trembler les foyers américains. Ashley Madison revendique 38 millions d'utilisateurs au total, dont une large part aux Etats-Unis.

Sur Reddit, le plus grand forum anglophone du monde, nombre d'entre eux font part de leur inquiétude et disent ne plus pouvoir dormir de peur d'être découverts. Certains discutent de la meilleure stratégie à adopter : faut-il tout avouer à leur partenaire ? Nier en bloc ? Détruire les listes de membres d'Ashley Madison publiées sur internet ?

Voici trois réactions insolites des utilisateurs d'Ashley Maddison sur Reddit (ces publications sont accessible à tous les inscrits sur le forum).

  • Celui qui a tout déballé :

Peu de rencontres extra-conjugales entre hommes et femmes ont effectivement eu lieu, à en croire l'analyse du site Gizmodo : la grande majorité des comptes actifs sur le site étaient détenus par des hommes. De nombreux utilisateurs du site n'ont donc jamais commis d'adultère, se contentant de discuter sur internet. C'est le cas de cet internaute, inscrit sur Ashley Madison mais qui n'a pas trompé sa femme par l'intermédiaire du site. Il a tout avoué à son épouse :

« Ma femme est tellement géniale. Je lui ai dit que je m'étais [inscrit sur Ashley Madison] pour la contrarier. J'ai payé [l'adhésion] avec ma carte de crédit, mais j'ai utilisé un autre mail et une fausse adresse. J'avais quand même le sentiment que le numéro de ma carte me trahirait et j'étais à deux doigts de lui dire, j'ai cédé et je lui ai dit. C'est passé comme une lettre à la poste. « Si tu n'as pas rencontré qui que ce soit, quel est le problème ? On est des adultes, on n'est plus au lycée ». Lorsque je lui ai dit que l'on pourrait retrouver mon nom via des moteurs de recherche ou des cartes qui seront certainement publiées en ligne, elle a dit : « Mais qui voudrait rechercher ton nom ? ». Une leçon d'humilité, et qui m'a fait rire. Tout va bien et on va s'en remettre. »

[MISE A JOUR 01/09/2015 : après une nouvelle recherche, le site Gizmodo a trouvé plus de femmes parmi les utilisateurs d'Ashley Madison. Mais aussi... des robots qui se faisaient passer pour des utilisatrices]

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  • Celui qui veut attaquer les pirates :

Les données personnelles des utilisateurs ont été publiées par les hackers sur le réseau anonyme Tor. Des internautes ont récupéré ces données sur Tor et les ont publiées sur des sites accessibles au grand public, parfois sous la forme de moteurs de recherche.

Sur Reddit, des membres du site Ashley Madison s'échange des conseils pour pirater tous ces sites internet qui publient leurs noms. Voici ce que propose l'un d'entre eux :

« (…) pourquoi n'avons nous pas organisé une attaque méthodique contre les abrutis qui publient des listes sur des sites qui sont TRES vulnérables (en tous cas, de ce que j'ai pu constater par mon expérience limitée) »

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  • Celui qui nie... et rejette la faute sur sa partenaire :

Il est difficile de savoir si les listes des utilisateurs d'Ashley Madison qui sont publiées sur internet sont réelles. Des personnes mal intentionnées peuvent très bien publier de fausses listes incluant les noms de leurs ennemis, afin de faire croire à un adultère...

Cet internaute qui s'est inscrit sur Ashley Madison compte bien profiter de la confusion ambiante entre vraies et fausses listes :

« Imaginez ma surprise lorsque, alors que je cherchais mon nom [dans la liste des utilisateurs d'Ashley Madison], j'ai en fait trouvé celui de ma femme. Je l'ai confrontée à ma découverte, tout en sachant qu'en fait, il ne s'agissait pas d'elle. Elle a réagi avec horreur et dégoût, en affirmant qu'elle ne s'était jamais inscrite [sur le site]. Je lui ai dit (...) Je te crois, ce sont des balivernes. Maintenant, elle ne croira jamais ce qu'elle verra, qu'il s'agisse d'une liste réelle ou d'une fausse. »

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Plus bas, un autre internaute adepte du site adultère propose de créer une fausse liste, contenant le nom de sa propre femme. Lorsque celle-ci découvrira son nom, puis le nom de son mari parmi les utilisateurs d'Ashley Madison, elle croira à un faux. Son mari lui dirait alors :

« Regarde ces bêtises – on est tous les deux [sur la liste] - lol »

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Ania Nussbaum

Vous pensiez les émissions de téléachat réservées aux produits minceur miracles et aux bijoux flashy ? Détrompez-vous : Gun TV vendra des armes à partir de janvier 2016. Crédit : M&R Glasgow

Pourquoi on pourra toujours acheter des armes dans les supermarchés américains, en 3 chiffres

Après l'assassinat de deux journalistes en direct sur une chaîne de télévision locale cette semaine, le débat sur les armes à feu revient sur le devant de la scène aux Etats-Unis.

Hillary Clinton, une des candidates du parti démocrate à l'élection présidentielle de 2016, s'est dite "en colère" et a appelé à "mettre fin à la violence armée" dans un tweet :

Selon les éditorialistes du Washington Post, rien ne dit que des contrôles plus poussés auraient évité la mort des deux journalistes. "Mais peu importe", ajoutent-ils, "ce genre de tragédies nous rappelle la facile et brutale efficacité des armes à feu lorsqu'il s'agit de tuer".

Aux Etats-Unis, on peut acheter un fusil au supermarché - même si le géant Walmart vient d'annoncer le retrait des armes semi-automatiques comme le AR-15s de ses rayons. Le port d'armes est soumis à l'obtention d'un permis et à des règles qui diffèrent selon les états.

Le renforcement du contrôle des armes à feu est un sujet qui apparaît régulièrement dans les médias et sur les réseaux sociaux - comme ce fut le cas en juin dernier, après le massacre de neuf personnes de couleur noire dans l'église de Charleston - mais rien ne change dans les faits. Ce qui fait dire aux éditorialistes du New York Times : "nous savons tous que tout changement est improbable, malgré la grotesquerie qui agite les réseaux sociaux".

Voici 3 chiffres qui montrent pourquoi :

63% des Américains affirment que posséder une arme chez soi permet d'être plus en sécurité

selon un sondage Gallup de 2014

1/3 des Américains possèdent une arme à feu

selon un sondage du Pew Research Center effectué en 2014

52% des Américains veulent soit faciliter le port d'armes, soit ne rien changer

14% des personnes interrogées par l'institut de sondage Gallup en 2014 veulent faciliter le port d'armes, 38% ne veulent pas changer les règles actuelles. 

Au contraire, 47% des répondants se sont dits en faveur de règles plus strictes pour limiter le port d'armes.

Retrouvez notre Grand Format sur les enfants américains qui apprennent à utiliser des armes (décembre 2014) :

Tourisme : 5 visites décalées à New York

Après l'avoir vue dans tant de films, tant de séries, peut-on encore être surpris par New York ? On continue de rêver avec 5 visites décalées dans la grosse pomme.

  • L'histoire de la basket à Brooklyn

Avec ses musées prestigieux, comme le MoMa ou le Guggenheim, New York est la capitale culturelle des Etats-Unis. Il y en a pour tous les goûts : au Brooklyn Museum, "The Rise of Sneaker Culture" (L'ascension de la culture de la basket) ravira même les allergiques aux musées. Cette exposition se dit la première à explorer la dimension socio-culturelle de la basket, ou l'histoire d'une société dans laquelle le sport a pris une place de plus en plus importante avec la généralisation des loisirs.

Jusqu'au 4 octobre au Brooklyn Museum

Dominion Rubber Company, env. 1925. Crédit photo : Hal Roth, American Federation of Arts/Bata Shoe Museum

Crédit : American Federation of Arts/Bata Shoe Museum

Crédits photo : American Federation of Arts

Crédits : American Federation of Arts

  • Un après-midi (d'été) à la plage

Dans notre imaginaire, New York, c'est avant tout Times Square, les taxis jaunes et les grandes avenues à l'ombre des gratte-ciels. On oublie souvent que l'été, les New Yorkais vont aussi se dorer à la plage. La température de l'eau est idéale pour supporter les fortes chaleurs estivales.

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Long Island beach. Crédits : France 2 Washington

  • Expo : Comment les chats ont pris possession d'internet

Le Queens, quartier de New York trop souvent ignoré des touristes, a ses pépites. Dans un beau bâtiment à Astoria, qui héberge des studios de cinéma historiques, le "musée de l'image animée" n'expose pas que des vieux films et des anciennes caméras. "How Cats Took Over the Internet" se veut une réflexion sérieuse sur l'histoire des chats sur le web et aborde des thèmes comme "l'anthropomorphisme" et "l''esthétique du mignon".

Jusqu'au 31 Janvier 2016 au Museum of the Moving Image 

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  • Cimetière du Calvaire

On reste dans le quartier du Queen's pour une visite un peu morbide. Rendez-vous au cimetière du Calvaire, l'un des plus anciens de la ville, pour admirer le contraste entre les pierres tombales et la vue sur la "skyline" de gratte-ciels new yorkais.

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Crédit photo : Plowboylifestyle, Moondigger

  • Survol en hélicoptère et visite en bateau

Impossible de tout voir en quelques jours à New York. Alors, on prend de la hauteur dans un des sept hélicoptères qui survolent Manhattan en permanence, pour une vue imprenable sur la statue de la liberté, Central Park ou le One World Trade Center. Comptez 160 dollars (environ 140 euros) pour 12 minutes dans les airs.

Autre option pour faire le tour de l'île de Manhattan et se remémorer l'histoire des migrants qui sont arrivés à New York par la mer : la visite en bateau. Pour 40 euros par personne, vous pourrez vous arrêter à loisir et admirer l'architecture new yorkaise, été comme hiver.

Un reportage de J. Cardoze, L. Desbois et C. Koumoue.

A la conquête du désert de Moab : vélo, sueur et virée en 4x4


BLOG - Decouverte du desert de Moab, UT by ftv-geopolis

Dans le grand ouest américain, les touristes à la recherche de sensations fortes ont trouvé leur el dorado : le désert de Moab, dans l'Utah.

En 4X4 ou en VTT, les cow-boys modernes sont prêts à endurer chaleur suffocante et isolement pour explorer les canyons de Moab. Selon Dan Mick, l'entrepreneur qui a créé ces visites de l'extrême, les dunes sont jalonnées de pattes de dinosaures vieilles de plus de 150 millions d'années. Les pistes ont récemment été redessinées pour transporter de l'uranium, une industrie désormais abandonnée.

Les paysages de rêve du désert de Moab peuvent aussi tourner au cauchemar : les risques d'accident sur les dunes rocheuses sont d'autant plus importants que les badauds sont autorisés à conduire leurs propres véhicules dans le parc désertique. Quant aux plus sportifs qui choisiront une virée à vélo, ils devront supporter jusqu'à 50°C l'après-midi pour admirer les paysages rouges de manganèse.

Un reportage de J. Cardoze, R. Massini et F. Ortiz

 

Bill Cosby a longtemps été le "papa idéal" de l'Amérique, et l'image d'un noir qui réussit.

Les 35 femmes qui accusent Bill Cosby de viol

L'affaire Bill Cosby, c'est un peu l'inverse d'une révélation à laquelle personne ne s'attendait. Ce serait plutôt l'affaire à laquelle personne n'a voulu croire pendant plus de 10 ans. Dès 2005, Andrea Constand, une ancienne joueuse de basket, accuse Cosby de l'avoir droguée puis abusée sexuellement. 13 autres femmes rejoignent la plainte pour des faits similaires, mais sont accueillies avec scepticisme. L'image du père de famille adoré véhiculée par le Cosby Show et soigneusement entretenue par Bill Cosby était trop forte. L'affaire est réglée à l'amiable au tribunal et disparaît bien vite des unes et des mémoires.

Les accusations contre Cosby sont revenues au premier plan de manière presque fortuite, grâce au comédien Hannibal Burress qui improvise en octobre 2014: "Bill Cosby va vous dire: 'Les noirs, écoutez ce que je dis, je peux parler parce que j'ai fait une sitcom dans les années 80.' Ouais, mais tu violes des femmes Bill Cosby, donc calmes toi un peu."

Miracle de l'Internet, ou changements dans une société davantage prête à remettre en question ses idoles qu'en 2005, la vidéo est devenue virale. De plus en plus de femmes accusent Cosby de viol, avec presque toujours la même histoire. Cosby choisit de jeunes femmes ambitieuses et leur promet de devenir leur mentor, avant de les droguer et les abuser sexuellement.

Victoria Valentino raconte son agression par Bill Cosby (New York Magazine).

Plus de 40 femmes accusent maintenant Cosby de viol. Le New York Magazine présente le portrait et le témoignage de 35 d'entre elles. Certaines étaient des modèles pour Playboy, d'autres des serveuses, des journalistes ou d'apprenties actrices. Toutes racontent, sans consultation, la même histoire ou presque. Jeunes et confrontées à la star Cosby, toutes ont gardé le silence. "Même en 2005, Bill Cosby contrôlait les médias. Aujourd'hui, nous avons les réseaux sociaux. C'est impossible de le garder sous silence." se félicite l'une d'entre elles.

Quoi qu'il arrive, Bill Cosby ne risque pas grand chose face à la justice. Tous les cas racontés par le New York Magazine sont prescrits.

Sujet de Samah Soula et Laurent Desbois.


BLOG - Bill Cosby Sex Scandal by ftv-geopolis

Donald Trump dans le bureau Ovale. Une vision réaliste?

Candidat #8: Donald Trump, le troll milliardaire

« Quand le Mexique nous envoie des gens, il n'envoie pas les meilleurs. Ils envoient des gens qui ont beaucoup de problème et qui emportent leurs problèmes avec eux. Ils amènent des drogues. Ils commettent des crimes. Certains sont des violeurs. » Donald Trump, dans le texte.

Ces dernières semaines, le milliardaire/présentateur de télé-réalité/comédien/politicien est devenu le centre du débat politique américain. Et c'est peu dire que Trump est un homme clivant. Pour certains, il est le richissime messie dont l'Amérique a besoin. Pour d'autres, un dangereux psychopathe aux idées racistes et insensées. Et pour le Washington Post: Un troll à la recherche d'un coup publicitaire.

Sujet par Samah Soula et Laurent Desbois


BLOG - Le provocant Donald Trump by ftv-geopolis

A son arrivée dans la primaire avec un égo démesuré et pas de programme à proprement parler - si ce n'est son slogan Make America Great Again - le milliardaire fut accueilli par journalistes et politiciens avec amusement, voire dédain. Impossible de prendre ses déclarations ou ses chances au sérieux. Le 15 juin, après un discours de candidature surréaliste prononcé devant une horde d'acteurs payés, une commentatrice républicaine de CNN ne parvenait pas à réprimer un fou rire incontrôlable. "Je n'arrive pas à croire ce que je viens de voir" s'étranglait t-elle.

Après Kim Jong-Un, Dennis Rodman déclare son soutien à Donald Trump.

Depuis, face à ses sorties loufoques, le Huffington Post a décidé de traiter sa campagne dans la section divertissement plutôt que dans la section politique. Mais il faut sans doute se rendre à l'évidence: Trump est aujourd'hui un politique.

En effet, le racisme dissimulé en tough talk sur l'immigration marche aussi bien aux Etats-Unis qu'en France. Polémique après polémique, la côte de Trump dans les sondages est montée en flèche. Située autour de 3% en mai, Trump oscille à présent entre 16 et 24% d'intentions de vote, en tête de la primaire républicaine. Ces chiffres ne sont plus ceux d'un clown à la recherche d'un coup publicitaire.
 
Donald Trump est en train de devenir le premier troll à intégrer avec succès le débat politique national. A grand coup de déclarations fracassantes, les sourires se sont transformés en sérieux maux de tête pour les républicains.

Dans ce cas, peut-il gagner?

Sans doute pas. Si Trump se gargarise des sondages qui le placent en tête, il est enclin à oublier que les sondages d'opinions lui donnent un score qui oscille entre 70 et 80% d'opinions défavorables.

Quand aux intentions de vote, les sondages à ce niveau de la campagne sont notoirement imprécis (en 2012, Mike Huckabee était donné vainqueur à ce stade, largement devant Mitt Romney).

Autre désavantage, le fonctionnement des primaires. Pendant que Scott Walker mise sur l'Iowa, Bush sur la Floride et Rubio sur la Caroline du Sud, Trump ne dispose d'aucun bastion électoral. De plus, l'establishment républicain dispose de voix cruciales lors de la grande convention du parti. Et l'establishment républicain déteste Trump.

Mais alors, quel est le problème?

Pour les démocrates...Aucun. Trump est même en train de leur rendre un immense service. Il y a deux semaines, le principal sujet politique au niveau national était la montée de Bernie Sanders face à Hillary Clinton. En attirant toute l'attention médiatique sur lui, Trump évite à Clinton une entrée en campagne prématurée.

Pour les républicains en revanche, Trump ressemble de plus en plus à un désastre. Après des années à choisir des candidats très conservateurs, les républicains semblaient cette année se tourner vers des candidats plus au centre, comme Jeb Bush et Marco Rubio. Le but? Rallier les indépendants et braconner une portion de l'électorat traditionnellement démocrate, latinos en tête.

Mais avec ses sorties racistes, Trump vient de mettre un brutal coup de volant vers la droite dans la campagne. La crédibilité péniblement acquise par certains républicains auprès des latinos ou des femmes menace de s'effondrer. L'élection présidentielle est encore loin, et l'image du parti peut être réparée, mais Trump ne semble pas décider à abandonner la scène de sitôt. Plus il restera au centre de la scène politique nationale, plus la stratégie républicaine deviendra bancale.

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Le dernier commentaire sur la campagne de Donald Trump revient sans doute à The Onion, le journal satirique New-Yorkais - similaire au Gorafi - qui titrait: "Admettez le. Vous voulez voir jusqu'où est-ce que tout ça ira, n'est-ce-pas?"

T.L

John Kerry et le ministre des affaires étrangères iranien, javad Zarif. AFP PHOTO / POOL / RICK WILKING

Deal nucléaire Iranien: Les réactions américaines

Les négociations entre le gouvernement iranien et le groupe des 5+1 (soit les membres permanents du Conseil de Sécurité plus l'Allemagne) ont abouti aujourd'hui à un accord sur le nucléaire iranien.

Vu des Etats-Unis, ce deal est l'accord de Barack Obama, celui qui pourrait cimenter sa place dans l'Histoire comme le président d'un changement de doctrine radical, le passage à une ère post-11 septembre. Une nouvelle ligne loin d'être appréciée de tout le monde, notamment du côté des « faucons » républicains.

Barack Obama:

Le président américain a prononcé un discours d'environ un quart d'heure, dans laquelle il s'est félicité du deal obtenu. Il déclare: « Nous sommes plus forts, non pas quand nous sommes seuls. Mais quand nous rassemblons le monde », un véritable symbole de la nouvelle doctrine Obama.

La Maison blanche a aussi tenu à faire valoir les concessions obtenues des iraniens, les décrivant comme « un deal qui empêchera l'Iran d'obtenir des armes nucléaires. »

Le Congrès: Le Congrès est le prochain point de passage de traité dans l'appareil légal américain. La majorité républicaine a déjà promis de toute faire pour le bloquer, comme le déclare le speaker de la chambre des représentants, John Boehner.

Mais les chances de voir le texte bloqué par la chambre sont très faibles. En effet, Obama dispose d'un droit de veto sur un refus du Congrès et du soutien des démocrates du Congrès.

Les candidats: Sans surprise, les candidats déclarés aux primaires pour la présidentielle de 2016 sont divisés par partis. Bernie Sanders et Hillary Clinton ont exprimé leur satisfaction.

De l'autre côté, c'est un exercice de catastrophisme de la part des candidats républicains, qui font assaut de rhétorique apocalyptique. Scott Walker parle d'un « échec diplomatique » et promet une course aux armes nucléaires dans la région, tandis que Mike Huckabee envisage une intervention armée pour renverser le régime iranien.

 

Et oui, à Washington, même la Gay Pride est sponsorisée...

Washington, la ville gay

La Cour Suprême des Etats-Unis a fait l'Histoire vendredi dernier en légalisant le mariage gay. Peu avant, nos équipes étaient présentes à la gay Pride de Washington D.C, qui se déroulait le 13 juin. La capitale américaine est l'une des villes les plus gay des Etats-Unis avec San Francisco, réputée tolérante depuis de nombreuses années.


BLOG_DC:GayCity by ftv-geopolis

Lors de la parade, tous espéraient une légalisation rapide du mariage gay. Mais presque personne ne se doutait que seulement treize jours plus tard, la Cour Suprême des Etats-Unis rendrait le mariage gay légal dans l'ensemble du pays. En effet, comme nous l'expliquions dans notre article d'hier, la Cour est constituée de 5 juges républicains et 4 démocrates. Le virement de bord de deux juges en faveur du mariage est venu comme une surprise historique pour la communauté gay américaine.02

Il y a encore 5 ans, le mariage homosexuel n'était légal que dans le Massachussets. Depuis, les américains en ont fait une question de droits civiques qui a conquis toutes les résistances dans le pays.

L'équilibre politique de la Cour Suprême est précaire, avec 4 démocrates convaincus face à 5 républicains divisés.

Mais que se passe-t-il à la Cour Suprême?

Cela n'aura échappé à personne, ces derniers jours, les juges de la Cour Suprême américaines publient des décisions historiques à la vitesse d'une mitraillette. Jeudi dernier, les 9 « justices » se sont échauffés en ruinant les espoirs des républicains de voir la loi Obamacare vidée de sa substance. Le lendemain, ils écrivaient l'Histoire en rendant le mariage gay légal dans l'ensemble des Etats-Unis.

Mais le vent de réformisme qui soufflait sur la Cour Suprême s'est vite renversé aujourd'hui. En deux décisions, moins médiatisées, les justices sont revenus à leur inclinaison conservatrice (5 d'entre eux ont été nommés par des présidents républicains, 4 par des démocrates).

Peine de mort: Par 5 voies contre 4, les juges ont décidé de ne pas interdire l'utilisation de midazolam dans les exécutions par injection létale. Cette décision fait suite à la plainte de 8 prisonniers du couloir de la mort de l'Oklahoma, après l'exécution ratée de Clayton Lockett le 29 avril 2014. L'injection d'un nouveau cocktail létal à base de midazolam - rendue nécessaire par un embargo européen sur l'export de penthotal de sodium, la drogue la plus utilisée par les prisons américaines - avait entraîné des complications graves. Lockett, 38 ans, avait souffert pendant 43 minutes avant de succomber d'une crise cardiaque.

Pourtant, les justices ont considéré que rien ne prouvant que le midazolam était responsable des souffrances de Lockett, attribuant l'échec de l'exécution à un défaut d'anesthésie. Par conséquent, l'utilisation de ce produit ne relève pas selon eux d'une procédure « cruelle ou inhabituelle » interdite par la Constitution.

Cette décision est une défaite sévère pour les anti-peine de mort aux Etats-Unis. Face au refus répété de la cour de considérer la peine de mort comme inconstitutionnelle par elle-même, ces derniers s'attaquent depuis plusieurs années aux moyens employés pour la pratiquer. Ce sont eux qui avaient obtenu des compagnies pharmaceutiques qu'elles ne fournissent plus de produits.

L'injection létale, méthode préférée des prisons américaines, a un taux d'échec très élevé (7,1%), par rapport aux chambres à gaz (5,4%), la pendaison (3,1%), la chaise électrique (1,9%) et le peloton d'exécution (aucun échec enregistré.)

Un espoir toutefois, dans les opinions de la minorité, deux juges - Ruth Ginsburg et Stephen Breyer - ont officiellement rmeis en question la légalité de la peine de mort. C'est la première fois que des juges de la Cour Suprême le font avant d'être retraités.

Environnement: Dans un cas plus technique, mais symbolique, la Cour Suprême a annulé des régulations mises en place par l'agence de protection de l'environnement américaine dans les émissions de mercure par les centrales à charbon toujours utilisées aux Etats-Unis.

La Cour explique que l'agence avait sous-estimé le coût de ces restrictions pour les industriels. On retrouve donc un bon exemple de la logique « économie avant environnement », cheval de bataille annoncé des républicains durant la campagne.

Alors, pourquoi la Cour Suprême change-t-elle aussi vite d'orientation? L'organe judiciaire suprême américain est souvent regardé comme une cour assez partisane. L'interprétation à la réinterprétation de la (vague) Constitution américaine, avec ses centaines de pages de jurisprudence contradictoire donne en effet la possibilité d'adopter toutes sortes de position à partir des même questions. Toutes les décisions de la Cour sont d'ailleurs accompagnées de textes d'opposition de la part des justices qui ont voté contre la majorité.

Mais malgré la majorité de juges républicains à la Cour, certains d'entre eux (nommés à vie il faut le rappeler) ont vu leurs positions s'atténuer au cours du temps. C'est notamment le cas du « chief justice » John Roberts et de Anthony Kennedy (aucun lien). Tout deux ont voté en faveur de la légalisation nationale du mariage gay, une véritable « trahison » selon les républicains.

La Cour Suprême est donc composée d'un bloc démocrate soudé face à un groupe républicain majoritaire, mais divisé. Il suffit du basculement d'un seul juge pour renverser un vote. De nombreuses autres surprises et revirement sont donc à attendre lors de la prochaine session, ou la peine de mort et le droit à l'avortement pourraient revenir au programme.

T.L

 

 

#FranceLeaks: Round 2

Wikileaks avait promis de nouveaux documents sur l'espionnage des hauts-responsables français par la NSA, et le groupe de Julian Assange a tenu parole. Une nouvelle série de documents (en Anglais) a été publiée aujourd'hui, tout aussi soigneusement choisis. Encore une fois, les documents de Wikileaks ne contiennent aucun secret d'état, mais donne un bon aperçu des pratiques des services de renseignement américains, avec cette fois-ci un aperçu de la guerre économique menée par la NSA. Libération y consacre un article, co-signé par Julian Assange, « le sale jeu américain ».

Une fois encore, les documents sont des synthèses réalisées par des analystes de la NSA et non des transcriptions directes des conversations interceptées. Le document le plus ancien date de 2004 - contre 2006 pour la précédente publication - mais le document le plus récent ne date toujours que de 2012. Voici un petit guide.

2004. L'ambassadeur de France à Washington veut exposer les abus d'entreprises américaines dans le cadre du programme "pétrole contre nourriture" avec l'Irak. En Français (Libération).

En 2004, le rapport de l'Iraq Survey Group commandé par la coalition internationale après l'invasion du pays en 2003 accuse formellement des entreprises françaises, russes et britanniques d'avoir abusé des règles du programme "pétrole contre nourriture". Dans le document intercepté par la NSA, l'ambassadeur de France à Washington Jean-David Levitte se plaint d'un document "scandaleux", qui évite soigneusement d'impliquer des entreprises américaines. Il compte exposer plusieurs entreprises américaines dont les filiales auraient participé aux malversations devant le Congrès américain et les médias, "avec le soutien du Ministère des affaires étrangères."

Aucune entreprise américaine ne sera finalement impliquée dans les abus de "pétrole contre nourriture", mais le document dévoile bien les passes d'armes entre la France et les Etats-Unis suite à la guerre en Irak.

• 2008. Dans les négociations sur le cycle de Doha, Sarkozy était décrié au sein même du Ministère des Finances. En Français.

Un document assez technique, qui révèle l'envers du décor du cycle de négociations de l'OMC à Doha. Un « membre haut-placé du Ministère des Finances » s'y plaint des déclarations trop agressives, voire fantaisistes de Nicolas Sarkozy au moment ou la France se préparait à prendre la présidence de l'UE, et donc à négocier au nom de l'ensemble de l'Union Européenne. A l'époque, Nicolas Sarkozy estimait que les demandes américaines et britanniques en matière d'agricultures coûteraient 100 000 emplois à la France, un chiffre « manifestement incorrect » selon le haut-fonctionnaire cité par la NSA.

Aujourd'hui, le cycle de négociations de Doha est plus que jamais au point mort.

• Août 2011. Les européens remettent en doute le leadership américain en matière commerciale et voient le Partenariat Trans-Pacifique comme un geste anti-Chine. Français.

Ce document concerne toujours les négociations de Dohe. Il s'agit d'une synthèse d'une discussion entre le conseiller ministériel pour les affaires financières Jean-François Boittin et Hiddo Houben, responsable de la délégation commerciale de l'Union Européenne aux Etats-Unis. Boittin décrit l'attitude américaine dans les négociations commerciales comme "narcissique" et causant des pertes de temps.

La plus grande partie du document est une analyse par Boittin et Houben de la stratégie américaine. Houben semble penser que les américains n'ont pas de vision à long terme, et que le Partenariat Trans-Pacifique n'est destiné qu'à isoler la Chine et n'est pas suffisamment solide pour leur permettre de faire sans l'Organisation Mondiale du Commerce. Houben prévoit d'ailleurs que les négociations risquent de durer 10 ans. C'est au moins une erreur de calcul, car trois ans plus tard, les négociations menées à marche forcée par les équipes de Barack Obama ont été votées par le Congrès Républicain.

• 2012. François Baroin parle des tactiques françaises sur la régulation bancaire et le cours du brut. Français.

François Baroin est l'un des deux ministres des Finances écouté dans ces 5 documents (le deuxième étant Pierre Moscovici). Ce bref document détaille les des positions françaises, préludes aux négociations du G20 et du G7. Il ets intéressant de noter que le document est écrit au futur, il ne s'agit donc pas d'une analyse mais d'une prédiction fiable des positions que le Ministre s'apprête à "faire connaître" à ses collègues lors des réunions. Il est mentionné que François Baroin se prépare à insister sur une implantation rapide des Accords de Bâle (une série de mesures de régulation bancaire) et reproche à Washington sa lenteur dans leur mise en place.

Le document mentionne également que la France était prête à supporter des efforts pour faire baisser le cours du brut (alors à 130$ le baril), mais sans utiliser ses réserves stratégies, pour conserver sa marge de manœuvre en cas de coupure d'approvisionnement.

• 31 juillet 2012. Conversation entre Pierre Moscovici (Ministre des Finances) et Martial Bouquin (sénateur). « La situation économique est pire que quiconque puisse imaginer. » En Français.

Ce document, sans doute le plus intéressant, ne contient aucune information cruciale à proprement parler, mais il peint le début du mandat de François Hollande sous un nouveau jour. Malgré les déclarations optimistes de l'époque, Pierre Moscovici dit s'attendre à deux années très difficiles pour l'économie française, avec une marge de manœuvre financière très limitée pour le gouvernement et peu d'espoirs de croissance. Les deux socialistes envisagent déjà une montée du FN en raison des difficultés financières.

La discussion avec Martial Bouquin porte sur le remplacement de l'AER, un plan qui permet aux chômeurs âgés d'être aidés financièrement dans leur transition vers la retraite, supprimé en 2011 vers la fin du mandat Sarkozy. En mai dernier, François Rebsamen, le ministre du Travail, a annoncé une mesure de remplacement de l'AER sous la forme d'une prix de 300€ mensuels pour les chômeurs de plus de 60 ans.

T.L