Candidat #8: Donald Trump, le troll milliardaire

Donald Trump dans le bureau Ovale. Une vision réaliste?

« Quand le Mexique nous envoie des gens, il n'envoie pas les meilleurs. Ils envoient des gens qui ont beaucoup de problème et qui emportent leurs problèmes avec eux. Ils amènent des drogues. Ils commettent des crimes. Certains sont des violeurs. » Donald Trump, dans le texte.

Ces dernières semaines, le milliardaire/présentateur de télé-réalité/comédien/politicien est devenu le centre du débat politique américain. Et c'est peu dire que Trump est un homme clivant. Pour certains, il est le richissime messie dont l'Amérique a besoin. Pour d'autres, un dangereux psychopathe aux idées racistes et insensées. Et pour le Washington Post: Un troll à la recherche d'un coup publicitaire.

Sujet par Samah Soula et Laurent Desbois


BLOG - Le provocant Donald Trump by ftv-geopolis

A son arrivée dans la primaire avec un égo démesuré et pas de programme à proprement parler - si ce n'est son slogan Make America Great Again - le milliardaire fut accueilli par journalistes et politiciens avec amusement, voire dédain. Impossible de prendre ses déclarations ou ses chances au sérieux. Le 15 juin, après un discours de candidature surréaliste prononcé devant une horde d'acteurs payés, une commentatrice républicaine de CNN ne parvenait pas à réprimer un fou rire incontrôlable. "Je n'arrive pas à croire ce que je viens de voir" s'étranglait t-elle.

Après Kim Jong-Un, Dennis Rodman déclare son soutien à Donald Trump.

Depuis, face à ses sorties loufoques, le Huffington Post a décidé de traiter sa campagne dans la section divertissement plutôt que dans la section politique. Mais il faut sans doute se rendre à l'évidence: Trump est aujourd'hui un politique.

En effet, le racisme dissimulé en tough talk sur l'immigration marche aussi bien aux Etats-Unis qu'en France. Polémique après polémique, la côte de Trump dans les sondages est montée en flèche. Située autour de 3% en mai, Trump oscille à présent entre 16 et 24% d'intentions de vote, en tête de la primaire républicaine. Ces chiffres ne sont plus ceux d'un clown à la recherche d'un coup publicitaire.
 
Donald Trump est en train de devenir le premier troll à intégrer avec succès le débat politique national. A grand coup de déclarations fracassantes, les sourires se sont transformés en sérieux maux de tête pour les républicains.

Dans ce cas, peut-il gagner?

Sans doute pas. Si Trump se gargarise des sondages qui le placent en tête, il est enclin à oublier que les sondages d'opinions lui donnent un score qui oscille entre 70 et 80% d'opinions défavorables.

Quand aux intentions de vote, les sondages à ce niveau de la campagne sont notoirement imprécis (en 2012, Mike Huckabee était donné vainqueur à ce stade, largement devant Mitt Romney).

Autre désavantage, le fonctionnement des primaires. Pendant que Scott Walker mise sur l'Iowa, Bush sur la Floride et Rubio sur la Caroline du Sud, Trump ne dispose d'aucun bastion électoral. De plus, l'establishment républicain dispose de voix cruciales lors de la grande convention du parti. Et l'establishment républicain déteste Trump.

Mais alors, quel est le problème?

Pour les démocrates...Aucun. Trump est même en train de leur rendre un immense service. Il y a deux semaines, le principal sujet politique au niveau national était la montée de Bernie Sanders face à Hillary Clinton. En attirant toute l'attention médiatique sur lui, Trump évite à Clinton une entrée en campagne prématurée.

Pour les républicains en revanche, Trump ressemble de plus en plus à un désastre. Après des années à choisir des candidats très conservateurs, les républicains semblaient cette année se tourner vers des candidats plus au centre, comme Jeb Bush et Marco Rubio. Le but? Rallier les indépendants et braconner une portion de l'électorat traditionnellement démocrate, latinos en tête.

Mais avec ses sorties racistes, Trump vient de mettre un brutal coup de volant vers la droite dans la campagne. La crédibilité péniblement acquise par certains républicains auprès des latinos ou des femmes menace de s'effondrer. L'élection présidentielle est encore loin, et l'image du parti peut être réparée, mais Trump ne semble pas décider à abandonner la scène de sitôt. Plus il restera au centre de la scène politique nationale, plus la stratégie républicaine deviendra bancale.

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Le dernier commentaire sur la campagne de Donald Trump revient sans doute à The Onion, le journal satirique New-Yorkais - similaire au Gorafi - qui titrait: "Admettez le. Vous voulez voir jusqu'où est-ce que tout ça ira, n'est-ce-pas?"

T.L

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé