Candidats #2: Ben Carson, le docteur de l'Amérique?

Le nombre de candidats déclarés pour la primaire républicaine de l'élection présidentielle de 2016 croit presque chaque jour. Nous continuons donc notre série de portraits avec Ben Carson, le seul noir de la primaire, célèbre neurochirurgien devenu rhéteur du Tea Party.

1Qui est Ben Carson?


Humeur # 13 - Les Candidats a la Maison Blanche... by ftv-geopolis

Pour faire court: Ben Carson est l'incarnation de l'American Dream. Né le 18 septembre 1951 à Détroit, il grandit comme un adolescent noir dans les rues de Motor City. Sa mère est seule, pauvre, illettrée mais le prive de télévision et force constamment le jeune Ben dans les livres. Il se décrit lui-même comme un adolescent « violent » jusqu'à sa découverte de la Bible. Carson se révèle pourtant un élève brillant, qui obtient une bourse à la prestigieuse université de Yale ou il étudie la psychologie avant d'opter pour la médecine à l'université du Michigan.

Il devient un neurochirurgien et pédiatre très réputé, le premier au monde à réussir la séparation de siamois reliés par la tête. A seulement 33 ans, il est nommé à la tête du département de neurochirurgie pédiatrique du prestigieux hôpital John Hopkins, le plus jeune médecin à accéder à ce niveau de responsabilité dans l'institution.
Il prend sa retraite en 2012. Il est alors récipiendaire de la médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction accordée à un civil aux Etats-Unis. Un film a été consacré à sa carrière pour la télévision.

Ben Carson se lance en politique en 2014, intégrant le parti républicain spécifiquement dans le but de se lancer dans la campagne présidentielle. « Je ne suis pas un politicien » répète constamment Carson, qui joue au contraire sur son image de docteur, d'homme hors de l'establishment. Pas modeste -mais il ne cherche pas à l'être- Carson explique que l'Amérique a besoin d'un homme « sage » qui « aie l'habitude de prendre des décisions sous pression basées sur des faits ». Dans son clip de lancement de campagne, il se compare à Abraham Lincoln et Martin Luther King.

Pourtant, derrière le ton calme et apaisant qu'il affectionne en public, Carson est un ultraconservateur qui n'hésite pas à envoyer de phénoménales torpilles, dont les adhérents du Tea Party raffolent. « Un mariage est entre un homme et une femme. Personne ne peut le défaire, que ce soit les gays, NAMBLA [une association pro-pédophilie] ou des zoophiles. »

Il déclare aussi que « l'homosexualité est un choix. Regardez le nombre d'hommes qui entrent en prison hétérosexuels et en ressortent gays. »

2Quel est son programme?

Le parallèle du discours selon lequel Ben Carson « n'est pas un politicien » est un programme aux contours flous, surtout basé sur une adhésion totale au programme de base des conservateurs et le rejet des idées libérales. Néanmoins, tâchons de dresser une liste.

• Economie: Comme le reste du Tea Party, Ben Carson est favorable à un texte inscrivant l'équilibre budgétaire obligatoire dans la loi fédérale. Etant donné qu'il compte aussi baisser ou supprimer les impôts sur les entreprises, cela reviendrait à une coupe sombre de plus d'un trillion de dollars dans les dépenses du gouvernement fédéral.

• Santé: En tant qu'ancien docteur, Ben Carson s'exprime plus sur la santé que sur n'importe quel autre sujet. Il n'y va pas non plus avec le dos de la cuillère. « Obamacare est la pire chose qui soit arrivée à ce pays depuis l'esclavage. D'une certaine manière, c'est de l'esclavage. » Une bonne partie des coupes prévues dans son budget proviennent donc de la suppression des système d'assurance sociale public au profit d'un marché de la santé ouvert sans restriction à la concurrence.

Sécurité: Plus nuancé que le reste du Tea Party sur le droit à porter des armes (il déclare vouloir protéger le Deuxième Amendement mais aussi encadrer les ventes d'armes dans les zones à haute criminalité), c'est en revanche un faucon parmi les faucons en terme de politique étrangère. Il se déclare favorable à une pression accrue sur la Russie, qui pourrait aller jusqu'à l'intervention armée, un soutien sans faille et sans limite à Israël et le maintien en activité de la prison de Guantanamo.

Société: Ni plus ni moins que le programme social du Tea Party en copié-collé. Carson est un opposant farouche de l'avortement et du mariage gay. Selon lui, la société américaine serait sur le point de tomber dans l'anarchie, à cause de la propagation d'idées libérales et de l'Etat Islamique. Tout à fait.

3Quelles sont ses chances?

Son point fort: Il est inexpérimenté. Dans une élection ou les noms « Clinton » et « Bush » reviennent beaucoup, les électeurs américains pourraient bien choisir un homme neuf. Un noir, célèbre, avec un parcours personnel remarquable, un charisme rassurant et des prises de positions tranchées pourrait tout à fait séduire l'électorat républicain, voire américain en général. Carson se distingue sans effort du reste des candidats républicains et plane au dessus des prévisions dans les sondages. S'il se distingue dans les premières primaires de l'Iowa et du New Hampshire, Carson pourrait vite faire figure de candidat sérieux.

Son point faible: Il est inexpérimenté. On le sait, les élections américaines, et particulièrement les primaires, se jouent beaucoup avec de l'argent. Mais si Ben Carson dispose d'une fortune personnelle confortable, il n'a ni l'expérience ni les soutiens d'un vétéran du Sénat ou d'un ancien gouverneur. Ben Carson va devoir mener une campagne pauvre, mais parvenir à convaincre les stratèges républicains qu'il sera capable de lutter contre la machine électorale Clinton en cas de face-à-face.

CHANCES DE DEVENIR PRESIDENT DES ETATS-UNIS: 1/19
(Nous donnons à Ben Carson autant de chances de devenir président que chacun des républicains actuellement dans la course ou qui examinent sérieusement une candidature. Et oui, ils sont 19 à ce jour!)

T.L

Les catastrophes qui menacent les Etats-Unis

Dans deux jours, le film San Andreas Quake  va débouler sur les écrans américains. C'est le dernier rejeton d'une série de films-catastrophes, après 2012, The Day After Tomorrow et After Earth. On évitera d'en discuter la qualité, mais ces superproductions témoignent d'une petite obsession américaine pour l'apocalypse imminente. Et pour cause, plusieurs menaces d'ampleur bibliques pèsent sur le pays. Petit récapitulatif des cataclysmes qui pourraient tous nous détruire. Ou pas.

1Une explosion du supervolcan sous Yellowstone.

Par ordre d'importance, l'explosion du supervolcan situé sous le parc national de Yellowstone est de loin la catastrophe la plus intimidante. Le cratère du supervolcan fait environ 55 kilomètres sur 72 kilomètres. De Des scientifiques ont récemment découvert une nouvelle chambre de magma, en dessous de la chambre déjà connue. Elle contiendrait suffisamment de magma pour recouvrir l'équivalent du territoire français de 15 mètres de matière en cas d'éruption.


Le supervolcan de Yellowstone by ftv-geopolis

Heureusement, la plupart des géologues ne prévoient pas d'éruption dans les 10 000 prochaines années. Robert B. Smith, spécialiste du volcan de Yellowstone et co-auteur de l'étude qui a révélé la deuxième chambre de magma, donne les chances d'une éruption dans le futur proche à 1 sur 700 000. Mais il y a une chance, quand même?

2Le « Big One » sur la côte Ouest.

C'est l'autre arlésienne des super-catastrophes américaines, la plupart des californiens et des scientifiques sont résignés au tremblement de terre majeur qui doit provoquer la faille de San Andreas,située sous la ville de Los Angeles, dans les années à venir. La plupart des prédictions tablent sur une intensité supérieure à 9, qui pourrait être suivie d'un tsunami semblable à celui qui avait frappé l'Indonésie en 2004.

Mais au delà d'une dévastation générale de la Californie, une des zones les plus densément urbanisée des Etats-Unis, avec à la clé des milliards de dollars de destruction et un nombre de morts indéterminés, les géologues envisagent un scénario pire encore. La faille de San Andreas est très proche dela zone de subduction de Cascadia, qui s'étend du nord de la Californie au Canada. Une zone dont le « Big One » est également en retard.

Certains sismologues théorisent donc qu'un tremblement de terre dans l'une des deux zones pourrait entraîner un effet domino spectaculaire englobant la totalité de la côte Ouest des Etats-Unis, plus le Canada. Pire, alors que la Californie se prépare au Big One depuis de nombreuses années, le nord-Ouest du pays et le Canada sont loin d'être aussi attentifs. Au lieu de Los Angeles, ce serait donc Seattle ou Vancouver qui serait dévastées.

Le film San Andreas donne légèrement dans l'exagération. Mais quand même...

3L'inondation de la côte Est.

Il existe plusieurs scénarios pour expliquer « pourquoi » la côte Est des Etats-Unis pourrait être dévastée par des inondations massives. La plus commune concerne le réchauffement climatique ou un tsunami causé par un tremblement de terre dans l'Atlantique. La côte Est des Etats-Unis est l'un des fronts de mer les plus densément urbanisé du globe, tout particulièrement en Floride et dans l'ère urbaine New-yorkaise.

S'il est difficile de se parer à un tsunami, la ville de New-York commence elle à examiner des projets de prévention des inondations. Ils pourraient impliquer des changements massifs dans l'urbanisme de la ville, notamment à Manhattan.


Contrer les inondations à New-York by ftv-geopolis

 

Humeur #11: Trop de liberté d'expression tue la liberté d'expression?

Dans cette Humeur de la semaine, Valérie Astruc se penche sur la sacro-sainte liberté d'expression américaine. Nous en parlions dans notre article de mercredi, mais dans le cas de l'attaque de Garland, comment un groupuscule islamophobe a t'il pu organiser un concours de caricatures de Mahomet en toute légalité?

Contrairement à la France, le premier amendement américain sur la liberté d'expression étend une protection quasi-sacrée à la liberté d'expression. Au cours du temps, la portée de l'amendement à d'ailleurs progressivement augmenté grâce aux décisions de la Cour Suprême américaine - autorisant par exemple la diffusion de pornographie dans l'Amérique puritaine au nom de cet amendement. La seule limite, le politiquement correct respecté comme une religion par les médias et les politiciens. Dans cette humeur de la semaine, Valérie Astruc se penche sur ce phénomène typiquement américain.


Humeur #11: Trop de liberté d'expression tue la... by ftv-geopolis

 

Mayweather vs. Pacquiao: Les chiffres hallucinants du combat du siècle

C'est un duel de titans que les fans de boxe attendaient depuis des années. 5, pour être exact, depuis la première fois que le « Combat du siècle » entre Floyd Mayweather et Manny Pacquiao a été programmé pour la première fois au MGM Grand de Las Vegas.

Alors certes, les deux colosses de la boxe mondiale ne sont plus au sommet de leur forme (Pacquiao a 36 ans, Mayweather 38). Certes, les deux boxeurs n'attirent pas particulièrement la sympathie - Mayweather a été plusieurs fois condamné pour violences domestiques, tandis que le député Pacquiao considère que les préservatifs « incitent au péché »...Mais rien ne peut ralentir l'excitation mondiale autour de l’événement. Aux Philippines, la compagnie nationale d'électricité a même du demander à ses clients de couper leur réfrigérateur pendant le combat pour éviter d'avoir affaire à des coupures.

Et pour donner une idée de la démesure du match de demain...Quelques chiffres pris au hasard.

3 titres mis en jeu : Trois titres de champion du monde sont en jeu dans le combat, ceux de la WBA (World Boxing Association), du WBC (World Boxing Council) et de la WBO (World Boxing Organisation).

47 - 0 : Le parcours en carrière de Floyd Mayweather jusqu'à présent. Dont 26 victoires par KO.

57 - 5 -2 : Le parcours en carrière de Manny Pacquiao. Dont 38 victoires par KO.

300 millions de dollars: Les revenus partagés entre les deux boxeurs. Mayweather recevra 180 millions, Pacquiao 120 millions. Si le combat dure 12 rounds, cela correspond à un salaire de 5 millions de dollars par minute pour Mayweather. Largement de quoi mériter son surnom : « Money ».

1500 dollars: Le prix des moins bonnes places dans le MGM Grand le soir du match, elles se sont revendues jusqu'à 4000 dollars sur internet. Une place près du ring coûtait 10 000 dollars à la mise en vente. Les places mises en vente pour le public ont été écoulées en 60 secondes. Pile.

1600 dollars: Le coût de la moins bonne chambre du MGM Grand dans la nuit de samedi à dimanche. Contre 120 dollars en temps normal.

3 millions de dollars pour 900 places : C'est la somme dépensée par Manny Pacquiao, juste pour inviter des amis et sa famille à assister à la rencontre.

Entre 3 et 4 millions de vues en vidéo à la demande : A l'exception des Philippines et des Etats-Unis, le combat est presque exclusivement diffusé en vidéo à la demande. Avec un coût unitaire de 60 dollars, le combat pourrait exploser tous les records de rentabilité pour un match de boxe. Mayeather était à l'affiche du précédent record, dans un combat contre Oscar de la Hoya.

Mariage gay et peine de mort, semaine chargée à la Cour Suprême

Le mariage gay et la peine de mort en deux jours, rien que ça. L'agenda de la Cour Suprême des Etats-Unis a beau être ordinairement chargé, ce début de semaine reste tout de même exceptionnel. Les 9 Justices ont du, en l'espace de deux jours, considérer les arguments des partis dans le dossier Obergefell vs. Hodges, qui pourrait entériner le mariage gay comme un droit constitutionnel et la plainte portée par trois condamnés à mort de l'Oklahoma contre les sédatifs utilisés dans l'état pour anesthésier les condamnés avant l'injection létale.

1Obergefell vs. Hodges: Un moment historique

Le cas examiné mardi sera, quelle que soit son issue, l'un des arrêts les plus importants rendus par la Cour Suprême ces dernières années. Ce dossier provient d'une plainte déposée en 2013 dans l'Idaho par un couple gay, considérant que la loi contre le mariage gay de l'état présentait une discrimination contre les homosexuels légalement mariés hors de l'Ohio. L'un des deux hommes, John Arthur, était atteint d'une sclérose latérale amyotrophique en phase terminale et souhaitait que son partenaire, James Obergefell, puisse être considéré comme son conjoint légal lors de la succession. Malgré l'avis d'une cour locale, l'attorney general de l'Ohio a déclaré vouloir défendre la loi contre le mariage gay de l'état.

Après un avis favorable puis un retournement en cour d'appel, la loi a fait son chemin dans le système judiciaire américain jusqu'à la Cour Suprême, agrégé à plusieurs autres cas. Les couples homosexuels estiment que l'absence de reconnaissance du mariage gay dans certains états présente une discrimination par rapport au 14ème amendement de la Constitution américaine, qui garantit « l'égale protection » des citoyens.

La Cour Suprême a accepté de se saisir du dossier en janvier dernier et, le 17 avril dernier, posé les questions suivantes:
1. Le 14ème amendement oblige t'il un état à autoriser le mariage entre deux personnes du même sexe?
2. Le 14ème amendement oblige t'il un état à reconnaître le mariage de deux personnes du même sexe effectué en dehors de l'état?

Curieusement, la première question posée dépasse le spectre du cas Obergefell. En la posant, la Cour Suprême se donne le pouvoir de régler une fois pour toutes le débat sur la légalité du mariage gay aux Etats-Unis. Si elle estime que la Constitution autorise de fait le mariage gay, il deviendra impossible pour un état de l'interdire. Cela entraînerait de fait une légalisation du mariage gay à l'échelle de l'ensemble des Etats-Unis. Dans le cas inverse, les 50 états seront libre de légiférer sur cette interdiction comme bon leur semble.

Les délibérations sur le sujet sont très serrées et portent sur de nombreux points - la définition du mariage, la liberté religieuse, l'égalité des droits... - mais la plupart des observateurs donnent la Cour en faveur d'une légalisation générale par 5 voix contre 4. Vous pouvez retrouver la position adoptée par les juges lors des auditions de mardi dans cet excellent article de Yahoo News et le résumé du cas par Scotus blog - site d'information spécialisé dans les cas de la Cour Suprême. L'ensemble des délibérations est disponibles à cette adresse.

2L'injection létale est-elle « cruelle et inhabituelle » ?

Si le premier cas examiné par la Cour est un matériel historique, celui-ci serait plutôt le pain quotidien des Justices. Un cas de vie ou de mort (littéralement) qui remet en cause une énorme partie du système judiciaire et légal américain en ne s'intéressant qu'à un point de vue technique.

En l'occurrence, la Cour ne s'intéresse qu'à l'utilisation d'un anesthésique - le midazolam - dans la procédure d'injection létale de l'Oklahoma. Le midazolam est utilisé pour endormir le condamné avant l'injection létale, mais trois prisonniers du couloir de la mort contestent son efficacité. Il y a un an, l'exécution de Clayton Lockett tournait à l'horreur. Sans que l'on connaisse les raisons précises, Lockett s'était mis à se convulser et grogner 14 minutes après avoir été déclaré inconscient, tentant même de se relever de la table après avoir été injecté le produit létal. Malgré l'arrêt de la procédure, il était mort trois quart d'heures plus tard après l'injection du sédatif.

A priori, largement de quoi interdire durablement le midazolam, en vertu du huitième amendement de la Constitution, qui interdit les châtiments« cruels et inhabituels ». Mais les partisans de la peine de mort à la Cour ont également des arguments dans leur besace - le bon fonctionnement du midazolam dans plusieurs exécutions antérieures et surtout, la crainte du mouvement abolitionniste.

En effet, la Cour actuelle est profondément divisée sur la question de la peine de mort. S'il n'est pas question pour la Cour de l'interdire, ses partisans craignent une « guérilla légale » - pour reprendre les mots de l'un des juges - contre les moyens utilisés pour l'appliquer. Les Etats-Unis ont beaucoup de mal à se procurer les produits nécessaires depuis que les compagnies européennes qui les produisent refusent de les vendre si elles doivent servir à des exécutions - pour pallier au problème, certains états préfèrent les pelotons d'exécution.

De l'autre côté, les juges libéraux ont comparé l'injection létale à être « brûlé sur un bûcher » en terme de souffrances infligées. Quoi qu'il en soit, quel que soit le résultat dans ce cas, le débat sur la peine de mort aux Etats-Unis est loin, très loin d'être terminé.

Harder, Faster, Better, Older: L'incroyable activité des seniors américains

Parmi les pays développés, les Etats-Unis sont celui ou les seniors travaillent le plus. Selon une étude du Center on Budget and Policy Priorities basée sur des chiffres de l'OCDE, 29.9% des 65-69 ans maintiennent une activité professionnelle dans le pays. C'est près de trois fois la moyenne de l'OCDE et 5 fois celle de la France (5,9%). Au total, 16,2% des plus de 65 ans américains ont un travail, et les chiffres sont même en hausse depuis 2005 (14,5%).

Nous sommes partis à la rencontre de ces seniors hyperactifs, que ce soit au travail ou à la salle de gym.

Mais comment expliquer une telle tendance à l'activité des seniors? Les facteurs sont sans doute multiples. Du côté négatif, les pensions offertes aux retraités par la Sécurité sociale américaine sont parfois extrêmement faibles, tous comme leurs couvertures santé. Le marché du travail est aussi (beaucoup) plus flexible concernant l'âge de la retraite. Côté positif en revanche, on peut facilement observer dans notre reportage que la culture de l'effort et l'esprit de compétition américains dépassent allègrement la barrière du troisième âge...

Humeur #10: Drones et bavures à répétition

Jeudi, la Maison Blanche a été forcée de reconnaître qu'une frappe de drone menée en janvier dernier au Pakistan sur un complexe utilisé par Al-Qaïda, dans la région tribale frontalière de l'Afghanistan, avait par erreur tué deux otages occidentaux - l'américain Warren Weinstein et l'italien Giovanni Lo Porto.

Au delà de l'émotion provoquée par ces morts, les premiers otages tués dans une frappe de drone - et l'on est d'ailleurs tout à fait en droit de se demander en quoi les milliers de victimes tuées auparavant sont de moindre importance -, cet épisode met en relief des craquelures dans la stratégies des drones à outrance utilisée par Barack Obama.

Dans un esprit de « transparence », l'armée américaine a été forcée de reconnaître que la mission avaient été lancée sur la base d'informations partielles, complétées par des éléments de spéculation. Les renseignements américains savaient que le complexe visé était utilisé par Al-Qaïda. Ils savaient aussi que ce complexe était régulièrement fréquenté par des haut-gradés de l'organisation terroriste et pouvaient lancer une frappe sans viser d'individu en particulier - il s'est toutefois avéré que Ahmed Farouq, un responsable d'Al-Qaïda de nationalité américaine, se trouvait lui aussi dans le complexe.

A partir de ces informations, les militaires américains ont spéculé qu'aucun otage ne se trouvait dans le complexe, car leurs services de renseignement n'avaient jamais trouvé d'otages dans un rayon proche autour des responsables d'Al-Qaïda.

Ils avaient tort. Ils ont souvent tort. C'est l'humeur de Jacques Cardoze cette semaine.


Humeur #10: Les drones d'Obama by ftv-geopolis

Alors, s'agissait t'il d'une erreur des services de renseignement? Al-Qaïda se sert-il désormais de ses otages comme boucliers humains? Dans cette affaire, Obama a accusé « le brouillard de guerre » pour les erreurs commises. Mais même son press secretary Josh Earnest a reconnu que la mort de deux otages allait provoquer des changements dans le protocole utilisé dans l'autorisation des frappes de drone.

Mais fallait-il vraiment attendre la mort d'occidentaux pour en arriver là? Warren Weinstein et Giovanni Lo Porto sont loin d'être les premiers civils à perdre la vie dans les frappes de drones. Selon les estimations du Bureau of Investigative Journalism - utilisées dans cette magnifique infographie qui montre bien l'accélération de l'utilisation des drones sous Obama, mais s'arrête hélas en 2013. En 2014, le Bureau of Investigative Journalism publiait un rapport estimant à 2400 le nombre de civils tués par les drones américains dans le monde en 5 ans. Dans les deux cas, les cibles de haute valeur représentent moins de 2% des victimes recensées.

Le pêché originel de la stratégie des drones date déjà de 2006. A l'époque, le bombardement d'une madrasa, ou les américains espéraient abattre des Talibans, cause la mort de 69 enfants. C'était il y a huit ans, et les ingrédients étaient les même. Renseignements incomplets, gâchette qui chatouille à des milliers de kilomètres et là et au final le massacre intolérable de civils. Pourtant, l'utilisation des drones depuis cette date n'a cessé d'augmenter, au point de devenir le symbole de la politique étrangère d'Obama. Celle d'Etats-Unis qui cherchent à conserver leur engagement à l'étranger sans répéter les erreurs de George W. Bush.

Aujourd'hui, un grand nombre de spécialistes militaires et d'activités humanitaires -qu'on ne retrouve pas souvent dans le même camp- s'accordent à dire que la stratégie des drones est un échec. La précision des frappes est largement remise en cause, elles n'ont pas interrompu le flux de combattants dans le Moyen-Orient, ni permis de victoire militaire décisive contre les Talibans ou l'Etat Islamique. C'est même bien pire, comme l'explique le document Living Under Drones. Les drones américains se devenus le symbole d'un pays qui terrifie les habitants du Pakistan ou du Yémen

Une peur et une injustice qui arrangent les organisations terroristes, qui utilisent de plus en plus l'image des drones dans leurs campagnes de recrutement. Dans le documentaire Drone Review, un pilote américain de drone se demande: « Comment on peut espérer gagner quand à chaque fois que l'on tue 4 terroristes, on en créée 10? »

T.L

 

 

Earth Day, la Saint-Valentin de l'écologie?

Happy Earth Day! Le 22 avril, il est difficile d'échapper aux célébrations qui fleurissent à travers les Etats-Unis. Twitter se recouvre de photos de pots de fleurs, les écoliers mènent des opérations de nettoyage bienvenue, les conférences sur l'écologie se multiplient dans les lieux publics et pendant 24h, le premier pollueur mondial ne parle que d'environnement.

A sa création en 1970, suite à une fuite de pétrole à Santa Barbara en Californie, le Earth Day avait entraîné une série de lois environnementales d'importance. L'agence de protection de l'environnement américaine avait été créée la même année, la loi de protection de l'eau passée en 1972 et celle sur la protection des espèces en danger en 1973.

Depuis, les Etats-Unis sont de retour à la traîne. La dernière loi environnementale signée dans le pays date de 1990, visant à réduire le nombre de pluies acides. Depuis, le pays a snobé les accords de Kyoto et l'accord particulier signé avec la Chine a tout d'un paravent. L'administration Obama à beau faire quelques efforts dans le sens de la lutte contre le réchauffement climatique, l'ensemble des textes proposés en ce sens ont été rejetés par le Congrès républicain.

Le discours prononcé par Obama dans les Everglades, ou il s'attaque notamment aux climato-sceptiques, a le mérite d'exister. Mais il ne devrait pas changer grand-chose sans de meilleurs appuis politiques et populaires.

Hélas, comme en témoigne si bien Twitter, Earth Day est devenu à l'écologie ce que la Saint-Valentin est à la romance. Une bonne opportunité d'en parler, à condition d'accepter une avalanche de sponsors et de campagnes marketing dédiée. La plupart des grandes et petites marques et organisations américaines font parler d'elles. Petit florilège:

La meilleure solution pour l'environnement est-elle de retirer des humains? En tout cas, le fabricant d'armes à feu Glock vous souhaite un joyeux Earth Day.

L'industrie du fast-food, notoirement adepte des bonnes pratiques environnementales, vous présente sa planète rêvée.

Difficile de trouver plus eco-friendly que l'industrie de l'automobile. General Motors vous donne des leçons pour préserver la planète (sic).

Si l'on devait présenter un dernier exemple de la vacuité commerciale dans laquelle s'est engoncée le Earth Day, on pourrait citer le grand concert organisé à Washington le 18 avril dernier.

Tandis que les conférenciers avaient du mal à se faire entendre face à une foule distraite, c'est bel et bien les performances des stars -Usher, No Doubt, Fall Out Boy- qui ont attiré plusieurs dizaines milliers de personnes. Comme le note le Washington Post avec ironie, le mouvement spontané s'est transformé en opportunité commerciale dont les sponsors officiels comptent Google, Caterpillar ou encore Toyota. Un dernier morceau d'ironie, les spectateurs du concert le plus écolo de l'année ont laissé le fameux Mall dans un état...discutable.

T.L

Les Experts: Faux témoignages

Un véritable scandale secoue actuellement les sections de la police scientifique du FBI. Suite à une enquête du Washington Post, l'agence a été contrainte d'examiner le travail et le témoignage de certains de ses laboratoires légaux, notamment celui en charge de la comparaison microscopique des cheveux - entre ceux retrouvés sur les lieux de crime et les suspects.

Les résultats sont consternants. Après avoir examiné 268 procès sur une liste de plus de 2500 cas, l'agence a déjà reconnu que de 1980 à 2000, 95% des résultats offerts par les experts de certains laboratoires étaient biaisés en faveur de l'accusation. Les experts sont notamment accusés d'avoir affirmé à de nombreuses reprises pouvoir sans hésitation relier un suspect à un crime, grâce à des statistiques scientifiques erronées. Il n'existe en réalité aucune recherche sur la similarité que peuvent avoir les cheveux de deux personnes différentes.

Ainsi, malgré les exploits des Experts de la télévision, il est presque impossible d'affirmer avec certitude qu'un cheveu appartient à une personne en particulier. D'ailleurs, la procédure du FBI avait changé en l'an 2000, et les examens de cheveux sans tests ADN ne permettent plus que d'écarter des suspects, et plus à lier un individu à un crime.

32 condamnés à mort

Mais que va t'il arriver maintenant? La plupart des procès se sont joués il y a au moins 15 ans, mais 32 d'entre eux ont abouti à des condamnations à mort. De ces 32, 14 ont déjà été exécutés ou sont morts en prison. La révélation de ces erreurs pourrait ouvrir de nouveaux appels pour le reste, et tout les condamnés concernés par les témoignages mensongers des experts.

Il faut bien sûr apporter une nuance. Aucun procès n'est sensé se jouer sur le témoignage d'un unique expert et dans de nombreux cas d'autres preuves étaient venues peser conter le suspect.

Toutefois, comme l'expliquent la plupart des juges et avocats, les américains adorent leur police scientifique et de nombreux procès criminels ressemblent à présent à des duels d'experts. Les promesses d'un expert du FBI dans ce contexte pèsent un poids très lourd, quand ledit expert est à la solde de l'accusation.

L'aveu du FBI ouvre la voie à une série de nouveaux procès, dans des cold-cases parfois vieux d'une trentaine d'années et ou il sera presque impossible de réutiliser les preuves matérielles de l'époque.

T.L

A Cuba, la Révolution attire les touristes

Depuis quelques années, Cuba s'ouvre au Monde et avec la fin de son isolation, des cohortes de touristes arrivent sur l'île. Une manne financière que l'île a vite su exploiter, notamment en mettant en valeur le patrimoine hérité de la révolution communiste.

Bien sûr, le tourisme historique dans l'un des derniers bastions du Bloc communiste ne va pas sans ses petits tours. Les reliques sont parfois fausses, les histoires exagérées, certains pans occultés. Mais après tout, que l'on soit nostalgique du Che ou historien cyniques, il faut bien reconnaître que les altérations historiques font bel et bien partie de la vie sous le régime castriste...Et du charme de La Havane.

Reportage de Jacques Cardoze, Laurent Desbois et Fabien Ortiz.


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