Dans sa dernière année de mandat, Barack Obama n'a plus peur d'aller affronter le Congrès. Le président américain a présenté ce matin un plan pour fermer définitivement la célèbre prison de Guantanamo Bay. La fermeture de la prison était l'une des promesses d'Obama lors de son élection en 2008 et il aura donc fallu attendre sept ans pour que le président présente un plan concret.
L'intégralité du discours de Barack Obama sur la fermeture de Guantanamo:
On retrouve dans ce discours les grandes lignes des promesses faites par Barack Obama en 2008, sa volonté de réinventer les Etats-Unis et clore la page du 11 septembre, des années Bush, de l'Irak, de l'Afghanistan: "Le plan que nous présentons aujourd'hui n'est pas juste pour fermer Guantanamo. [...] Il s'agit de fermer un chapitre de notre Histoire." déclare le président. "Garder cette prison ouverte est contraire nos valeurs. Elle nuit à notre place dans le monde. Elle est vue comme une tâche sur notre capacité à les plus hauts standards dans le règne de la loi."
Quels sont les détails pratiques du plan?
Pour un plan qui a demandé 7 ans de conception, il est plutôt simple. Les prisonniers les moins dangereux seront extradés vers leurs pays respectifs. Ceux qui sont considérés comme trop dangereux pour échapper à l'administration américaine seront transférés dans des prisons sur le territoire américain. Ils seront donc traités comme des prisonniers conventionnels, sans le statut d'extraterritorialité qui faisait de Guantanamo un centre de détente si secret et brutal.
Ce transfert pourrait nécessiter des aménagements de haute sécurité, pour un coût d'environ 475 millions de dollars. Mais les Etats-Unis économiseront entre 65 et 85 millions de dollars par an en frais de fonctionnement à "Gitmo".
L'héritage d'Obama vs. Le Congrès?
Ce n'est pas par manque de volonté de la présidence que ce plan à mis si longtemps à être annoncé. Depuis 7 ans, Barack Obama doit faire face à un Congrès plus ou moins hostile à l'idée. Mais maintenant qu'il n'a plus d'élection à gagner, le président peut se permettre de saisir le taureau par les cornes. Il s'agit maintenant pour lui de défendre son héritage, de devenir le président que tout le monde attendait dès 2008. "Je ne veux pas transmettre ce problème au prochain président" déclare t'il.
Mais les républicains, majoritaires au Congrès, ont déjà annoncé qu'ils s'opposeraient à ce plan. Certains états ont également rendu illégal le transfert sur leur sol de prisonniers suspectés de terrorisme. Et quand on entend leurs candidats à la présidentielle se disputer sur celui qui sera le plus rapide à réinstaurer la torture par waterboarding, on doute que cette position change.
“Don’t tell me it doesn’t work — torture works" - Donald J Trump https://t.co/gTha8gRd5n
— Jonathan Martin (@jmartNYT) February 18, 2016
Mais il reste une dernière carte à Obama: Le décret présidentiel. Il permettrait d'éviter un vote du Congrès, mais pourrait être annulé par le prochain président élu. Et quoi qu'il arrive, cette question fera sans doute des vagues dans la campagne présidentielle.
Alors. La fermeture de Guantanamo. Enfin? Trop tard? Jamais?
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