Chantal Akerman à la National Gallery: une cinéaste à la croisée des chemins

Chantal Akerman: A Traveler's Tale (L'histoire d'une voyageuse). C'est ainsi que la National Gallery of Arts de Washington DC a choisi d'intituler sa rétrospective autour de la cinéaste belge, qui a longtemps vécu entre New York et Paris.

La semaine dernière, la galerie a présenté trois de ses films, News from Home, Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles et No Home Movie, et a organisé une conférence autour de l'oeuvre de la réalisatrice. L'occasion de (re)découvrir cette cinéaste majeure, qui s'est peu à peu affirmée comme une figure incontournable du cinéma moderne. 

Dans les trois films projetés, la figure de la mère de la réalisatrice a une place cruciale - c'est autour d'elle, Natalia Akerman, rescapée de l'Holocaust, que tourne la caméra dans le dernier film de la cinéaste, No Home Movie. Ce sont ses lettres que lit Chantal Akerman dans News from Home, en y superposant des plans de Manhattan. Et ce sont ses gestes du quotidien qui ont inspiré Jeanne Dielman

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Natalia Akerman, dans No Home Movie.

Chantal Akerman s'est suicidé en octobre dernier, un an et demi après la mort de sa mère. No Home Movie est donc son dernier film; il saisit les derniers instants avant la mort de sa mère, et les échanges entre les deux femmes, autour d'un plat de pommes de terre ou par écrans interposés, sur Skype.

La caméra se promène dans l'appartement vieillot de Bruxelles, où les choses n'ont pas changées depuis les années 1980. A travers les fenêtres, dans les embrasures des portes, on a l'impression de s'immiscer, de s'introduire avec délicatesse au coeur de la vie quotidienne. Chantal et Natalia parlent du passé, des moments où la mère venait chercher sa fille à l'école, ou, encore avant, de l'installation de la famille polonaise en Belgique. Elles parlent aussi du présent, de la venue de Sylviane, la soeur, de la chaleur et de la promenade de l'après-midi.

Les temps se superposent les uns aux autres, les espaces aussi: on va de la Belgique à New York, en passant par des plans sur des paysages désertiques ou des arbres pendant une tempête. Tout est mis bout à bout, sur un pied d'égalité, signe du rétrécissement des distances et de l'accélération du temps. "Je te filme pour montrer qu'il n'y a plus de distance," explique Chantal quand sa mère lui demande pourquoi elle la filme sur la petite fenêtre de Skype. 

Chantal Akerman, c'est un univers à part, intimiste, oscillant entre l'angoisse et la tendresse - un plaisir de retrouver cet atmosphère à la National Gallery of Arts de Washington DC, et un bel hommage à celle qui s'est nourrie du cinéma expérimental américain.

Anne Pouzargues

Obama reçoit le Dalaï-Lama à la Maison Blanche

A l'abri des caméras, Barack Obama a reçu hier à la Maison Blanche le chef spirituel des Tibétains. La rencontre a eu lieu dans la Salle des Cartes, et non dans le Bureau oval où Obama reçoit traditionnellement ses visites.

Ce n'est pas la première fois que le président américain rencontre le Dalaï-lama, mais le rendez-vous d'hier a une fois de plus provoqué la colère de Pékin, qui s'y est fortement opposé.

Lu Kang, le porte-parole de la diplomatie chinoise, a déclaré à l'AFP que "la réunion envoie un mauvais signal aux forces séparatistes recherchant l'indépendance du Tibet." Il a ajouté que le rendez-vous "affecterait la confiance mutuelle et la coopération avec Washington."

Le gouvernement chinois fait systématiquement pression sur les pays étrangers qui reçoivent le Dalaï-Lama, arguant qu'il n'est pas seulement une figure spirituelle.

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Le Dalaï-lama, qui est âgé aujourd'hui de 80 ans, est officiellement retiré de la vie politique.

Mais il reste un symbole de la lutte pour le Tibet à obtenir plus d'autonomie : de nombreux Tibétains dénoncent en effet l'oppression par la Chine à la fois de leur culture et de leur religion. Depuis l'invasion du Tibet en 1950, la paix n'a jamais vraiment été faite et le conflit a fait de nombreuses victimes.

Aux Etats-Unis, le Dalaï-lama a une vraie popularité, et il s'est déjà rendu plusieurs fois sur le territoire américain. En 2014, il avait prononcé la traditionnelle prière qui ouvre les sessions du Sénat. Et, en 2015, lors d'une conférence dans un hôtel de Washington DC, Barack Obama avait déclaré que le Dalaï-lama est "une source d'inspiration qui nous encourage à parler en faveur de la liberté et de la dignité de tous les êtres humains."

Au Texas, deux majors de promo révèlent qu'elles sont sans papiers

Elles sont les valedictorians de leurs lycées - l'équivalent américain des majors de promo. Mayte Lara Ibarra et Larissa Martinez, deux étudiantes du Texas, ont fait la une des journaux américains ce week-end, quand elles ont publiquement annoncé, lors des cérémonies de fin d'année scolaire, qu'elles étaient des immigrées sans papiers.

Dans un contexte tendu, où le thème de l'immigration mexicaine est souvent revenu dans la campagne des primaires, la déclaration des deux jeunes étudiantes a fait débat. Dans son discours de graduation, Larissa Martinez a dénoncé les positions de Trump, qui a répété de nombreuses fois qu'il comptait "construire un mur" entre le Mexique et les Etats-Unis s'il était élu Président. Elle a obtenu une bourse pour la prestigieuse université Yale, où elle compte étudier la médecine.

"Je suis l'une des 11 millions d'immigrants sans papiers qui vivent dans l'ombre des Etats-Unis," a déclaré Martinez. Avant de poursuivre: "Les Etats-Unis peuvent retrouver leur grandeur sans la construction d'un mur de haine et de discrimination."

Mayte Lara Ibarra a elle annoncé son statut sur Twitter: "Je suis valedictorian, avec une très bonne moyenne, admise à l'Université du Texas, j'ai gagné 13 médailles, j'ai des jolies jambes, et, ah oui, je suis sans papiers."

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Ces révélations ont entraîné une multitude de réactions. Si le discours de Larissa Martinez a été salué par une salve d'applaudissements, la réponse a été plus dure sur les réseaux sociaux. Après des critiques et des insultes, Mayte Lara Ibarra a ainsi dû supprimer son compte Twitter.

Beaucoup ont reproché aux deux jeunes filles d'avoir "profité du système" et "utilisé les failles du système d'immigration américain." D'autres ont crié à l'injustice, déclarant qu'il fallait passer par la voix légale.

Chaque année, environ 65 000 élèves sans papiers finissent leur scolarité dans des lycées américains et de manière totalement légale: depuis 1982, la Cour Suprême des Etats-Unis a déclaré que chaque enfant devait avoir le droit à une scolarité jusqu'à la fin du lycée, et ce peu importe son statut.

Mais pour beaucoup, la scolarité s'arrête là. Le Conseil américain de l'immigration estime que seulement 10% des élèves sans papiers poursuivent leurs études à l'Université. En effet, dans la plupart des états, les universités n'offrent pas de bourses aux étudiants sans papiers, et ceux-ci ne sont pas non plus éligibles à des programmes d'aides fédérales.

Seuls 17 états permettent à certains élèves d'accéder aux études supérieures. C'est le cas du Texas, où vivent les deux jeune filles. "La loi du Texas permet aux universités d'offrir deux semestres d'études à tous les élèves qui sortent majors de leur promotion au lycée, et ce peu importe leur statut," explique ainsi au Statesman Gary Susswein, le porte-parole de l'Université du Texas, où Mayte Lara Ibarra va poursuivre ses études.

Les déclarations des deux jeunes filles auront permis de mettre en lumière la situation de ces étudiants, souvent stigmatisés aux Etats-Unis.

La comédie musicale Hamilton sacrée aux Tony Awards

Aux Etats-Unis, c'est le phénomène théâtral du moment. Hamilton a reçu ce week-end 11 prix lors de la cérémonie des Tony Awards, qui récompense les meilleures comédies musicales. Elle avait été nominée dans 16 catégories.

Depuis son lancement en février 2015 - d'abord en "off", dans un petit théâtre de quelques centaines de places, avant d'être transférée au Richard Rodgers Theater sur Broadway - Hamilton n'en finit pas de battre des records. Les Tony Awards ne sont d'ailleurs pas ses premiers prix, puisque la pièce a déjà remporté le Prix Pulitzer du texte théâtral et le Grammy Award de la meilleure bande originale de comédie musicale.

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Chaque représentation fait salle comble, et obtenir des tickets est devenu un parcours du combattant. Certains se revendent à plus de 10 000 dollars. La seule solution est donc désormais d'espérer gagner à la loterie, organisée comme pour d'autres pièces de Broadway avant chaque soirée: vingt-et-un sièges sont mis en jeu tous les soirs, au prix dérisoire de 10 dollars chacun. Le premier jour, plus de 50 000 personnes ont tenté de remporter le précieux sésame, ce qui a eu pour résultat de... faire bugger le site Internet.

Mais au fait, Hamilton, de quoi ça parle ? La pièce a lieu pendant la Révolution américaine, et raconte l'histoire d'Alexander Hamilton, un des pères fondateurs des Etats-Unis. On suit ses aventures, de l'été 1776 à l'élection Présidentielle de 1800, et ses rencontres avec quelques-uns des personnages historiques des Etats-Unis, comme Lafayette, Washington ou Jefferson.

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L'originalité de la pièce tient à deux facteurs: d'abord, la musique. Hamilton est une comédie musicale hip-hop, et on peut y entendre des battles de rap. D'autre part, le casting. Les acteurs, chanteurs et danseurs sont issus des minorités, et cela permet de donner une nouvelle vision de cette période, différente de celle des livres d'histoire et en accord avec le monde contemporain.

Mais la véritable star d'Hamilton, c'est lui: Lin-Manuel Miranda, qui signe l'adaptation, la musique et les paroles, et tient aussi le premier rôle, celui d'Alexander Hamilton. Cet artiste aux multiples facettes, né à New York de parents portoricains, a porté le projet de cette comédie musicale de bout en bout.

Aux Tony Awards, il a d'ailleurs fait un discours remarqué lors de la remise de ses prix, puisque c'est par un sonnet qu'il a appelé à remplir le monde "de musique, d'amour et de fierté."

Tuerie d'Orlando, côté campagne

Le week-end a été marqué par la fusillade dans une discothèque gay d'Orlando, en Floride, qui a fait 50 morts et autant de blessés. La tuerie a rapidement été revendiquée par le groupe Etat islamique. Armes, immigration, religion, les politiques américains ont vite rebondi sur l'événement. Tour d'horizon.

L'ambiguité des Républicains

Dès dimanche après-midi, Trump a déclaré que la fusillade "prouvait" qu'il avait raison "au sujet du terrorisme islamiste," et qu'il fallait "sévir." Il en a aussi profité pour appeler à la démission du président Barack Obama, qui n'a selon lui "aucune idée de la manière de gérer la situation."

Pour le présumé candidat républicain, il faut "vérifier les mosquées" et "énormément réduire" le nombre d'immigrants en provenance du Moyen-Orient.

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Dans la même veine, l'ancien candidat à la primaire Ted Cruz a déclaré que le gouvernement devait abandonner le "politiquement correct." Cruz a également mis en garde contre les intentions des Démocrates, qui ne manqueront pas, selon lui, de remettre en cause le fameux Second amendement, qui autorise chaque citoyen américain à porter une arme.

De manière générale, les réactions des Républicains contrastent avec leurs récentes sorties contre les personnes gays et transgenres. La bataille pour la "loi des toilettes," à laquelle beaucoup au sein du parti s'étaient opposés, est encore présente dans tous les esprits. Faut-il une tuerie pour que l'égalité entre tous les citoyens américains soit respectée ? Ou n'est-ce pas plutôt ici qu'un prétexte pour faire passer des idées de campagne, pro-armes et anti-immigration ?

Les Démocrates, contre les armes

Côté Démocrates, la question des armes est en effet vite apparue. Sanders a appelé à "tout faire pour que les armes ne tombent pas entre les mains des mauvaises personnes." Clinton, de son côté, a déclaré que "cette tuerie nous rappelle que les armes n'ont rien à faire dans nos rues." La Secrétaire d'Etat s'est également dit être "un allié de la communauté LGBT américaine."

Le président Barack Obama a adressé un discours dès dimanche après-midi, dénonçant cet acte: "Face à la haine et à la violence, nous répondrons par l'amour," a-t-il dit. Une enquête du FBI est en ce moment en cours pour déterminer le déroulé des événements de la soirée. 

Enfin Gary Johnson, le candidat libertarien dont nous vous parlions fin mai, a lui invité tous les candidats à "ne pas politiser la tuerie." Pas sûr qu'il ait été entendu.

Vancouver, le paradis des milliardaires chinois

Voitures de luxe, grands vins et immenses maisons : voici ce dont les milliardaires chinois qui s'installent à Vancouver raffolent. Ils sont près de 50 000 à s'être installés dans cette ville de l'Ouest du Canada, qui est prospère et n'a pas été touchée par la crise de 2008.

Les Chinois qui s'installent au Canada recherchent aussi la stabilité politique et la qualité de vie. De plus, la procédure pour obtenir la carte de résident est plus simple et plus rapide qu'aux Etats-Unis.

Mais avec l'arrivée de ces richissimes familles, les prix de l'immobilier s'affolent: + 30% chaque année. Vancouver est devenue la ville la plus chère du Canada, et la population locale n'a plus les moyens de suivre.

Notre reportage à Vancouver, par Valérie Astruc.

Près de 50 millions de vues en 24h pour une jeune chanteuse américaine

Hier, America's Got Talent (la version américaine de l'émission "La France a un incroyable talent") a révélé au monde entier une jeune chanteuse de 12 ans, Grace VanderWaal. Elle a interprété une chanson de sa composition, "I Don't Know My Name." Grace vient du Sud de l'état de New York, et joue du ukulélé et du saxophone.

Postée sur les réseaux sociaux dans la soirée, la vidéo de sa prestation a déjà été vue par près de 50 millions de personnes. La presse américaine mais aussi internationale s'est fait l'écho de son talent et de sa voix déjà très affirmée pour son jeune âge.

Le juge Howie Mandel a décidé de propulser directement la jeune fille en finale: "tu es un petit miracle vivant, et je pense que le monde va connaître ton nom," a-t-il dit. Une chose est sûre, les Etats-Unis attendent maintenant avec impatience la prochaine prestation de la jeune fille.

America's Got Talent est diffusée chaque année depuis 2006 sur la chaîne de télévision NBC. L'émission fait, depuis ses débuts, de très bons scores d'audience: en moyenne, c'est plus de 10 millions d'Américains qui la regarde, avec des pics allant jusqu'à 16 millions de téléspectateurs pour certaines finales.

Cette année, les juges sont l'acteur Howie Mandel, l'ancienne membre des Spice Girls Mel B, la mannequin Heidi Klum et l'emblématique Simon Cowell, qui est également jury de la version britannique, Britain's Got Talent, qui a qualifié Grace de "prochaine Taylor Swift."

Aux Etats-Unis, les athées se cherchent une place

Ils se sont réunis ce week-end dans la capitale américaine. Les athées, agnostiques, et sceptiques américains ont organisé leur grande rencontre annuelle, le Reason Rally, au pied du Lincoln Center, pour faire entendre leur voix - qui est, il faut le dire, très peu prise en compte aux Etats-Unis.

Ils étaient plusieurs milliers sur les pelouses du parc, à écouter les orateurs défiler sur scène. Parmi eux, d'anciens croyants, des politiciens ou des personnalités, comme le "Science Guy" Bill Nye, célèbre pour ses émissions de vulgarisation scientifique.

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Le mot d'ordre: faire voir une autre possibilité de penser, montrer qu'on peut être "Good without God" (Bon sans dieu) - mais aussi réfléchir à une autre manière de gouverner. Au coeur des préoccupations de la journée était en effet la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Un principe qui paraît peut-être acquis, vu de France, mais qui, dans un pays où tous les politiciens finissent leurs discours par "God bless America", est ici le dernier des soucis pour beaucoup de citoyens.

Les groupes athées étaient tous représentés, des plus gros - comme la Freedom From Religion Foundation (FFRF) qui compte des membres dans chacun des états américains, ou encore le Center For Inquiry (CFI) qui se bat pour une société "laïque" et basée sur "la science, la raison, la liberté de questionner et les valeurs humanistes" - aux plus petits, comme l'Association des Etudiants pour la laïcité.

Pour Eddie, membre du CFI, "un athée n'est pas toujours en sécurité aux Etats-Unis. Nous voulons faire du monde un endroit sûr pour tous, y compris pour les athées."

La FFRF, elle, est actuellement en procès contre Patrick Conroy, le chapelain du Congrès: celui-ci a en effet a empêché la FFRF de donné un discours présentant les athées et agnostiques.

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"Le Capitole n'est pas une église" / "Je suis laïc et je vote"

Aux Etats-Unis, les athées représentent seulement 3,1% de la population. Leur nombre a doublé depuis 2007 - à l'époque, ils n'étaient que 1,7%. En comparaison, plus de 60% des Français disent ne pas avoir de religion, ce qui fait de la France le 4ème pays le plus athée au monde.

Selon une étude du Pew Research Center publiée le 1er juin, près de 69% des athées américains disent être démocrates et libéraux, une ligne plus proche de Bernie Sanders que d'Hillary Clinton. Tout au long du Reason Rally, la politique était d'ailleurs en toile de fond, et parmi les pancartes défendant la laïcité on pouvait apercevoir des portraits de Sanders.

La recherche du Pew Center révèle surtout que les athées font partie des populations les moins aimées des Etats-Unis: ils ont seulement 41 points d'opinion favorables, un chiffre comparable à celui qu'obtient la communauté musulmane (40), et bien en-dessous des groupes religieux majoritaires (les Juifs, les Catholiques et les Evangéliques ont tous plus de 60 points d'opinion favorable). Sans surprise, c'est dans les états très religieux du Sud que les athées sont les moins acceptés - Louisiane, Mississippi et Texas forment le top 3 des états les plus dangereux pour les athées.

En marge de l'événement, un petit groupe de fanatiques brandissait d'ailleurs des panneaux aux inscriptions aussi accueillantes que "Vous irez tous en enfer" ou "Préparez-vous à la colère de Dieu." Un attroupement que le Reason Rally prend avec le sourire, et qui est une preuve, s'il en faut, de la raison d'être de leur rassemblement ce jour-là.

"Je soutiens la raison, la science et les valeurs laïques"

"Je soutiens la raison, la science et les valeurs laïques"

 

A.P.

 

Dernier Super Tuesday: Clinton est la candidate présumée du Parti démocrate

Dès lundi soir, les médias américains l'annonçaient gagnante. Et les résultats du dernier Super Tuesday de ces primaires sont venus confirmer qu'Hillary Clinton a désormais assez de délégués pour remporter l'investiture dès le premier tour de la Convention.

Clinton a remporté le New Jersey, le Nouveau-Mexique, le Dakota du Sud ; Sanders, quant à lui, s'est imposé dans le Dakota du Nord et le Montana. Clinton a aussi largement gagné en Californie - ses derniers jours passés à faire campagne dans cet état plutôt que dans le New Jersey semblent avoir payé.

La Secrétaire d'état a tenu un discours de victoire depuis Brooklyn, son QG. Déjà en campagne contre Trump depuis quelques semaines, elle a déclaré à nouveau que Trump "n'avait pas les qualités pour gouverner," rappelant les différents scandales qui ont émaillé les primaires républicaines.

Un discours certes historique, mais manquant d'énergie et enchaînant les formules toutes faites: "nous sommes plus fort ensemble," "il vaut mieux construire des ponts que des murs," "c'est tout un village qui élève un enfant...'

Clinton a aussi félicité Sanders, faisant un signe à ses électeurs: "Les débats que l'on a eus avec le Sénateur Sanders ont été très bons pour le Parti démocrate et pour les Etats-Unis. (...) Je sais que ce n'est jamais plaisant de se battre pour un candidat et de perdre - je connais bien cette sensation [en référence à sa défaite de 2008] - mais maintenant il faut se souvenir de ce qui nous unit: nous voulons un gouvernement qui se bat pour le peuple, une société qui se bat pour l'égalité et la prospérité."

Les électeurs de Sanders seront sans aucun doute une des cibles privilégiées des deux candidats présumés. Plus tôt dans la soirée, Trump les avait aussi appelé à se rallier à lui pour contrer Clinton: "on vous accueille à bras ouverts," a-t-il déclaré. Il a sans surprise remporté toutes les primaires de la soirée.

https://twitter.com/EGuedel/status/740365531509854208

Un des défis de Clinton sera maintenant de réussir à réunir à la fois les électeurs de gauche de Sanders et les Républicains ne soutenant pas la candidature de Trump.

Le Président Barack Obama a félicité les deux candidats démocrates hier soir. Son soutient sera sans doute un appui de poids pour Hillary Clinton. Il rencontrera Bernie Sanders jeudi à la Maison Blanche.

Bernie Sanders s'est exprimé dans dans la nuit depuis Santa Monica en Californie. Il a répété qu'il se battrait jusqu'à la Convention; il va d'ailleurs tenir un meeting demain dans la capitale, avant la dernière primaire démocrate. L'unité du Parti n'est donc pas pour maintenant. 


Résultats

New Jersey
Clinton: 63,3%
Sanders: 36,7%

Dakota du Sud
Clinton: 51,0%
Sanders: 49,0%

Dakota du Nord
Sanders: 64,2%
Clinton: 25,6%

Nouveau-Mexique
Clinton: 51,5%
Sanders: 48,5%

Montana
Sanders: 51,1%
Clinton: 44,6%

Californie
Clinton: 55,9%
Sanders: 43,1%

A.P.

Une affaire d'agression sexuelle secoue l'Université Stanford

Sur le papier, Brock Turner est le gendre idéal: élève à Stanford, portant sur ses jeunes épaules de vingt ans les espoirs de médailles olympiques américaines en natation, il aurait pu briller à Rio cette année. Mais Turner passera les Jeux en prison.

En mars 2015, le jeune homme a été jugé coupable d'avoir agressé sexuellement une jeune femme intoxiquée et inconsciente derrière une poubelle, lors d'une fête de fraternité de l'université d'élite. Selon la loi américaine, il risquait jusqu'à 14 ans d'emprisonnement. Le procureur en a requis six.

La victime n'a pas de souvenir de l'agression jusqu'à son réveil à l'hôpital. Appelée à la barre en mars dernier, elle a livré une longue déclaration à son violeur, décrivant dans les moindres détails le calvaire qu'elle a subi dans les jours suivants. "Tu as pris ma valeur, ma vie privée, mon énergie, mon temps, ma sécurité, mon intimité, ma confiance en moi, jusqu'à aujourd'hui," a-t-elle asséné. Un discours cru et sans détour qui a ému Internet, mais qui n'a pas suffi à convaincre le juge Persky, responsable de l'affaire, de la gravité des actes commis.

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Car bien que Brock Turner ait été déclaré coupable, il n'a ni été condamné aux 14 ans requis par la loi, ni aux 6 proposés par le procureur. En raison de "l'impact sévère" que pourrait avoir sur lui la prison au vu de son jeune âge, le juge a considérablement réduit la sentence. Turner a fini par écoper de six mois de prison, dont trois fermes, et de trois ans de probation.

Dans une lettre à son agresseur énoncée lors du procès, la victime dénonce l'épreuve traumatisante qu'il vient de lui faire traverser, mais aussi les agressions sexuelles multiples qui ont lieu sur les campus américains. Elle répond à la défense de l'avocat de Turner, qui accuse la "culture de la boisson" dans les universités d'être responsable des actes du jeune homme: "La culture de la boisson sur les campus. C'est ce que tu dénonces ? Tu penses qu'il s'agit là de ce contre quoi je me suis battue pendant un an ? Pas la reconnaissance des agressions sexuelles du campus, ou du viol, ou d'apprendre à reconnaître le consentement ? (...) Tu réalises qu'avoir un problème d'alcool est différent de boire et de forcer quelqu'un à avoir des relations sexuelles avec toi ?"

Le juge Persky

Le juge Persky

Comme en réponse à cette lettre, le père de l'agresseur, Dan Turner, a choisi d'écrire son propre point de vue sur l'affaire et sur la sentence imposée à son fils. Pour lui, six mois de prison sont trop importants: "Sa vie ne sera jamais celle dont il a rêvé et pour laquelle il a tant travaillé." Turner piétine les arguments de la jeune femme, tout en plaçant son fils dans le rôle de la victime. "Il ne mange presque plus assez pour vivre," écrit-il. Paroxysme de la déconnection, le père décrit l'agression de son fils comme si elle n'en était pas une, jugeant que finalement "le prix est cher pour 20 minutes d'action" dans les "20 ans d'existence" de son fils.

Depuis dimanche, les "20 minutes d'action" par lesquelles le père de Brock Turner choisit de voir le comportement de son fils enflamment Internet. De son côté, le juge Persky doit lui aussi faire face à la fureur des internautes. En campagne pour sa réélection jeudi prochain, une pétition en ligne vient de demander sa résiliation. A ce jour, elle a recueilli plus de 15 500 signatures.

A.S.