La soirée ressemble à une fête typique de Brooklyn, un vendredi soir : des barbus, de la bière blonde mexicaine à prix coûtant, des tatoos et des paires lunettes dans tous les coins. On aperçoit même Neil Harbisson, le célèbre homme-cyborg et son antenne.
Mais la photo géante de Bernie Sanders qui clignote à la vitre nous indique d’emblée qu’on ne met pas seulement les pieds dans un repaire d’artistes cools et de hipsters. Bienvenue à "Weekend with Bernie", l’exposition dédiée au socialiste Bernie Sanders (baptisée en clin d’oeil à la comédie culte des années 80, Weekend at Bernie’s) qui se tient ce week-end à New York.
Des "dollars Bernie" pour acheter du thé kombucha
Ici, pas de billets verts. En entrant, on nous tend (gratuitement) des "dollars Bernie", qui nous permettront d'acheter du thé kombucha ou des barres de céréales végétaliennes dans une "épicerie Bernie".
Un gros ballon représentant la tête de Bernie Sanders flotte au-dessus des têtes et dans un coin, un docteur propose de réaliser des bilans de santé gratuitement, en écho au programme du candidat démocrate, qui promet la sécurité sociale gratuite pour tous.
L’expo, qui a lieu ce week-end, est organisée par l’artiste new-yorkais Matt Starr. Originaire de Brooklyn, 27 ans, Matt, qui se dit "obsédé" par Julian Assange et Edward Snowden, est un born again de la politique. Il affirme ne s’y être jamais intéressé… jusqu’à ce qu’il découvre Bernie Sanders, l'été dernier. "Il m’a donné la clef", affirme Matt, "il a rendu les questions politiques accessibles pour moi. En retour, je veux inspirer les jeunes pour qu’ils votent pour Sanders. Et avec les réseaux sociaux, je sais qu'on peut gagner l’élection !" (Matt n'a peut-être pas tort : Bernie Sanders a déjà de très bons résultats auprès des jeunes, comme l’ont révélé les récents scrutins).
Jeune artiste, Matt n’a pas un sou pour financer la campagne de son candidat favori. Alors, avec un budget total de $54, il a donné ce qu’il avait de mieux, dit-il : une expo à la gloire du socialiste de 74 ans, organisée en seulement un mois.
Seul mot d’ordre pour les 30 artistes (dont la majorité sont américains) qui exposent : présenter une œuvre inspirée par Bernie. Certaines oeuvre étaient empreintes d'ironie :
D'autres n'avaient pas pour objet Bernie Sanders :
Parmi la quarantaine d'artiste contactés par Matt Starr, on compte John Waters, le réalisateur du film culte et subversif Pink Flamingos, qui n’a pas souhaité participer, affirmant qu’il n’était pas inspiré par la politique. "Tout le monde était super enthousiaste, je n'ai reçu que trois refus pour raisons politiques, alors que je ne savais même pas s'ils étaient pour Bernie avant de les contacter", affirme Matt. "J'ai juste appelé les artistes que je connais et que j'aime".
L'art démocrate-socialiste
Le résultat peut-il être qualifié d’art "démocrate-socialiste", un label revendiqué par Bernie Sanders lui-même ? "Chaque artiste tente de provoquer un dialogue sur une question sociale. Il n’y a pas d’œuvre abstraite", estime Matt Starr. On en a quand même trouvé une.
Les artistes représentent eux aussi une réserve de voix potentielle pour Sanders. "Seul 1% d'entre nous gagne beaucoup d’argent", estime Matt, reprenant ainsi le discours de Santers qui vitupère le rôle des "1%" des Américains les plus riches, qui ont profité de la croissance économique des dernières années. "Personnellement, je ne peux pas me permettre de payer pour avoir une bonne couverture santé. C’est très dur quand on travaille en freelance. Le programme de Sanders ne peut que bénéficier aux artistes. Il nous aidera à ajouter de la stabilité dans notre mode de vie si particulier".