Donald Trump lance sa «guerre commerciale»

Les Etats-Unis vont appliquer d'importantes taxes douanières, principalement sur l'acier et l'aluminium en provenance de l'Union européenne, du Canada, du Mexique et de la Chine. Le bras de fer est engagé entre Washington et ses partenaires commerciaux.

Union européenne

C'est décidé : Washington va imposer à Bruxelles des taxes douanières sur l'acier (25%) et l'aluminium (10%), mettant fin au sursis temporaire accordé à l'Union européenne.

Dès sa campagne électorale, Trump l'avait clamé : « America first ». Avec cette mesure, il entend protéger les entreprises et les emplois aux Etats-Unis. « Je pense que cette décision est une erreur à plusieurs égards, a commenté Emmanuel Macron, président français. [...] Elle répond à des déséquilibres internationaux qui existent de la pire manière, c'est-à-dire en fragmentant et en faisant du nationalisme économique. Et le nationalisme, c'est la guerre. »

Les Européens vendent environ 5 milliards d'euros d'acier et 1 milliard d'euros d'aluminium aux Etats-Unis. Selon la Commission européenne, les droits de douane pourraient coûter 2,8 milliards d'euros. L'Allemagne serait la plus sévèrement touchée. En réaction, l'UE porte plainte à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Autre sujet de préoccupation : la mise en place de taxes sur les importations de voitures. Avec BMW, Mercedes, Porsche, Audi et Volkswagen, l'Allemagne est encore une fois particulièrement concernée. En 2017, ces constructeurs ont vendu 1,35 millions de véhicules légers aux Etats-Unis. L'industrie automobile représente 800 000 emplois en Allemagne.

Mexique et Canada

Le Mexique et le Canada vont eux aussi être soumis aux tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium. Pourtant, des discussions étaient, et sont toujours, en cours afin de moderniser l'accord de libre-échange Alena. Elles « prenaient plus de temps qu'espéré », a retorqué le secrétaire américain au commerce, Wilbur Ross.

« Ces tarifs sont un affront au partenariat de sécurité établi de longue date entre le Canada et les Etats-Unis, et un affront aux milliers de Canadiens qui se sont battus et sont morts aux côtés de leurs camarades américains », a réagi Justin Trudeau, premier ministre. Avec 16% d'importations, le Canada est le principal fournisseur d'acier aux Etats-Unis. Ottawa a donc rapidement riposté. Dès le mois de juillet, le pays va imposer jusqu'à 16,6 milliards de dollars canadiens de taxes sur les produits américains. Un montant qui correspond au total des exportations d'acier et d'aluminium vers les Etats-Unis en 2017.

Idem au Mexique : des mesures équivalentes vont être imposées sur divers produits dont certains aciers, fruits et fromages.

Chine

Le 29 mai, la Maison Blanche a déclaré que des tarifs douaniers de 25% seront imposés à la Chine. La liste finale des produits sera annoncée au plus tard le 15 juin. Trump compte ainsi mettre fin à un « commerce déloyal » et à un « vol de propriété intellectuelle ». « Un ralentissement (économique) de la Chine en raison de taxes douanières serait dommageable pour les autres économies asiatiques et hors d'Asie, pour l'Allemagne », estime Oxfords Economics.

La Chine n'avait déjà pas bénéficié d'exemption temporaire sur les taxes de l'aluminium et de l'acier. Dès le mois de mars, Pékin avait donc menacé d'appliquer des droits de douane sur 128 produits américains. Conséquence ? Une escalade de menaces entre les deux pays, jusqu'à une trêve de courte durée.

C.L

Hawaï : au plus près d'un volcan très actif

Le volcan Kilauea, entré en activité, continue de perturber des zones habitées.

Le volcan Kilauea n'en finit plus de cracher sa lave. Depuis plusieurs semaines, le volcan hawaïen s'est réveillé, obligeant plusieurs personnes à quitter leurs logements. "On a voulu vérifier la réalité. La question maintenant est de savoir quand on va partir", confie une habitante résignée, qui est allée au plus près de la lave que crache encore Kilauea, trois semaines après son réveil.

"C'est comme un voisin très en colère"

Il est interdit de se rendre dans les zones évacuées, mais Edouard Frazer a tenu à se rendre dans sa ferme biologique afin de récupérer quelques affaires. "C'est comme un ennemi, un voisin très en colère", explique-t-il, fataliste. Sa maison a déjà été détruite deux fois par le volcan. Cette fois, c'est celle de son fils qui a été emportée. Les scientifiques sont incapables de prédire quand le phénomène s'arrêtera.

Reportage d'Agnès Vahramian, Fabien Fougère et Constance Longobardi

Pétrole de schistes: la ruée vers l'or noir

L'extraction du pétrole de schistes, très décrié car il pollue, fait les beaux jours des États-Unis, qui ont multiplié sa production par dix en dix ans.

Au Texas, la terre rend les États-Unis riche en pétrole. Riche, comme jamais le pays ne l'a été de son Histoire. Là-bas se trouve la zone la plus vaste au monde en terme de ressources pétrolières. Sa production pourrait dépasser celle de la Ghawar, en Arabie Saoudite. L'extraction des vieux puits a laissé place à une pratique bien plus industrielle : la technique du pétrole de schiste. Les plateformes situées en plein désert sont là pour des dizaines d'années, des sommes considérables sont investies.

Une pratique rentable mais critiquée

Sous ces puits industriels, il faut aller chercher le pétrole jusqu'à 2 000 m de profondeur et traverser neuf couches souterraines. On procède alors à une fracturation hydraulique, une fissuration de la roche à l'aide d'explosif. Le pétrole remonte à la surface sous forme liquide. Ce procédé est controversé, car loin d'être écologique et a provoqué des tremblements de terre. La pression dans les sous-sols par injection de grandes quantités d'eau et de sable est remise en cause. Mais les salaires progressent et atteignent des records. Le secteur immobilier en témoigne : on construit massivement dans la région, parfois même à côté des puits de pétrole. En quatre mois, des lotissements sortent de terre, les promoteurs ont du mal à suivre la demande. La ruée vers l'or noir n'est pas près de s'arrêter.

Reportage de Jacques Cardoze, Clément Voyer, Arielle Monange et Courtney Vinopal

Starbucks forme ses employés contre la discrimination

Mardi 29 mai, Starbucks a fermé plus de 8 000 établissements aux Etats-Unis. La chaîne de café américaine a ainsi pu dispenser une formation contre la discrimination à ses employés. Une initiative prise peu après un incident à Philadelphie où deux hommes noirs avaient été arrêtés sans raison.

Portes verouillées, lumières éteintes. Sur K Street, l'une des avenues principales de Washington, impossible de commander son macchiato préféré. Ce mardi 29 mai, dès 14 heures, tous les cafés Starbucks étaient exceptionnellement fermés. Des affiches, collées sur les vitrines, en expliquaient la raison : « Nous sommes fiers d'être un troisième lieu – un lieu entre la maison et le travail où tout le monde est le bienvenu. […] Aujourd'hui, notre équipe se reconnecte avec notre mission. » A travers le pays, 175 000 employés ont participé à une formation.

 

Selon un communiqué, le programme était « destiné à corriger les préjugés racistes, promouvoir l'intégration, prévenir les discriminations et s'assurer que n'importe qui à l'intérieur d'un Starbucks se sente à l'abri ». Il s'articulait notamment autour de discussions et de la projection d'un film.

« Un environnement sûr et accueillant »

Une mesure exceptionnelle déclenchée peu après un incident. Le 12 avril dernier, dans un Starbucks de Philadelphie, en Pennsylvanie, des salariés ont fait arrêter deux hommes noirs qui n'avaient rien commandé. Ces derniers attendaient simplement un ami. Une vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, avait alors suscité l'indignation des internautes.

Rapidement, l'entreprise s'est excusée. « Nous allons apprendre de nos erreurs et réaffirmer notre engagement à créer un environnement sûr et accueillant pour chaque client », avait affirmé Howard Schultz, président exécutif. Quelques jours plus tard, le groupe avait annoncé la mise en place de la formation. Depuis, l'entreprise autorise également les passants à s'asseoir dans ses magasins, sans obligation d'achat, et à utiliser ses toilettes.

Avec plus de 25 000 magasins à travers le monde, Starbucks est le leader mondial de l'industrie du café.

C.L

Cinq choses à savoir sur Philip Roth

Géant de la littérature contemporaine américaine, Philip Roth s'est éteint mardi 22 mai à l'âge de 85 ans. Il laisse derrière lui une trentaine de livres, essentiellement des romans.

1De multiples récompenses

Souvent pressenti pour le Prix Nobel, Philip Roth ne l'a jamais remporté. L'écrivain a toutefois reçu de nombreuses autres récompenses. Parmi elles, le Pulitzer (1998) et le National Book Award (1960 et 1995).

2Entre autobiographie et fiction

Qu'elles évoquent la bourgeoisie juive, la politique, le vieillissement ou le poids de l'Histoire, les oeuvres de Philip Roth ont presque toujours oscillé entre autobiographie et fiction. 

3Fin de carrière en 2012

Paru en 2010, Némésis est le dernier roman de Philip Roth. Deux ans plus tard, l'écrivain annonce avoir renoncé à écrire. « Je n'ai plus l'énergie pour supporter la frustration. Ecrire est une frustration quotidienne, et je ne parle pas de l'humiliation », explique-t-il alors au New York Times.

4Un homme de contradictions

Philip Roth est le petit-fils d'immigrés juifs d'Europe de l'Est « Je n'écris pas en tant que juif, j'écris en tant qu'Américain »,insistait-il. Provocateur et satirique, le romancier s'est même attiré les foudres de sa communauté. Celle-ci a jugé antisémite le roman Portnoy et son complexe, paru en 1969. Un avocat juif new-yorkais y consulte un psychanalyste afin de comprendre sa sexualité débridée.

5Un avis tranché sur Donald Trump

En janvier 2017, Philip Roth s'est exprimé dans le New Yorker  au sujet de Donald Trump. Il dépeint le président comme un « ignorant du gouvernement, de l'histoire, de la science, de la philosophie, de l'art, incapable d'exprimer ou de reconnaître une subtilité ou une nuance » et doté d'« un vocabulaire de 77 mots ».

C.L

Carte verte: fin de la loterie, bonne ou mauvaise nouvelle ?

La semaine dernière, les résultats de la loterie de la carte verte sont tombés. Ils pourraient cependant être les derniers. Donald Trump veut mettre un terme à ce jeu de hasard qui, depuis 1995, a permis à un million de personnes d'obtenir la résidence permanente. Dans l'hexagone, les candidats hésitent entre inquiétude et espoir.

C'est une porte d'entrée vers le rêve américain. Chaque année, en octobre, les Etats-Unis organisent une loterie. Elle permet à 50 000 étrangers d'obtenir une carte verte, ou greencard, et donc la résidence permanente. Cette initiative a été lancée par le Congrès américain en 1995 afin de maintenir une diversité d'immigrants. Pour tenter sa chance, il suffit d'être né dans un pays éligible, d'avoir au moins de 18 ans, de posséder le baccalauréat ou de justifier d'une expérience professionnelle de deux ans.

En 2013, selon le gouvernement américain, les Français avaient 1,25 % de chance d'être sélectionnés. Si certains jouent inlassablement, cette année pourrait bien être la dernière. Depuis l'attentat de New-York, en octobre 2017, perpétré par un Ouzbek qui avait gagné à la loterie, Donald Trump réclame la fin de ce système. Sa suppression pourrait être soumise au vote, à la Chambre des représentants, dès le mois de juin.

Dans le Loiret, Elise Cantiran, 32 ans, ne cache pas son inquiétude. L'enseignante, qui rêve de travailler aux Etats-Unis, s'est rendue deux fois à l'université de Berkeley pour y faire des recherches. « J'aimerais que Trump ne supprime pas la loterie. C'est déjà assez compliqué... », raconte la jeune femme qui a tenté sa chance pour la première fois l'an dernier.

Amaury Suchon, 29 ans, est lui aussi professeur. « J'ai déjà passé cinq ans dans ce pays sous différents visas. Ils ne permettent pas de s'installer confortablement et par conséquent de se projeter à long terme », regrette-t-il. En attendant de pouvoir vivre aux Etats-Unis, le Français s'est établi à Toronto, au Canada. Depuis 2012, il joue à la loterie de la carte verte. Toutefois, son éventuelle suppression ne le préoccupe pas : « Ce serait dommage mais ça ne changerait pas ma vie. C'est comme au Loto... Vous ne pouvez pas compter dessus. »

Pour ceux qui sont tirés au sort, la partie est loin d'être gagnée. « Vous pouvez être sélectionné et ne jamais obtenir la carte verte. Il faut suivre la procédure en temps et en heure pour maximiser ses chances », indique Me Maud Poudat, avocate spécialisée en droit de l'immigration. « Certains sont éliminés car ils ne respectent pas les critères ou ont coché des informations fausses», confirme Me Vanessa Elmaleh. Le temps moyen d'obtention de la carte verte est généralement de six à douze mois après les résultats.

Quand mérite rime avec élite

La loterie reste un système unique, à la portée de tous : « Il y a plusieurs procédés pour obtenir une carte verte mais gagner à la loterie, c'est comme un court-circuit», explique Me Vanessa Elmaleh. Me Maud Poudat confirme : « Cette catégorie est beaucoup plus flexible .» Donald Trump, pourtant, envisage de la remplacer par une sélection au mérite. Les candidats seraient notés selon leur âge, leurs études, leur volonté d'investir ou encore leur maîtrise de l'anglais. « Les Français auraient peut-être plus de chance d'obtenir une carte de résident permanent au niveau de l'éducation moyenne et du niveau des diplômes, mais aussi de l'expérience professionnelle », analyse Me Maud Poudat.

Ce système n'a rien d'inédit. Le Canada a été le premier à instaurer un système à points. Pour être admissible à la résidence permanente, le candidat doit obtenir au minimum 67 points. Le pays accueille aussi les personnes travaillant dans des domaines nécessitant de la main-d'oeuvre. Là-bas, mérite ne rime pas avec élite. Car c'est bien là la crainte majeure chez les démocrates. Selon eux, ce projet de loi tournerait le dos à l'Histoire de l'Amérique, terre d'accueil d'immigrants.

C.L

Meghan Markle, une touche de modernité dans la famille royale

Jusqu'ici, Grace Kelly était sans doute la plus célèbre des princesses américaines. Depuis quelques mois, tous les yeux sont rivés sur une autre actrice, elle californienne : place à Meghan Markle. Samedi 19 mai, la star hollywoodienne de 36 ans épousera le prince Harry. Un vent de fraîcheur souffle sur la famille royale. Qui est la future duchesse ?

1Féministe dès l'adolescence

Dès l'âge de 11 ans, Meghan Markle avait de fortes convictions. Choquée par une publicité sexiste de Procter & Gamble pour un liquide vaisselle, la collégienne a décidé d'écrire à plusieurs célébrités américaines telles qu'Hilary Clinton, alors Première Dame. Dans ses lettres, la jeune fille dénonçait le fait que le ménage soit assimilé aux femmes. Grâce à ces courriers, la marque a accepté de modifier la publicité. La même année, dans un programme jeunesse, Meghan a indiqué à ce sujet qu'il n'est pas « juste que les enfants grandissent en pensant que leur mère fait tout ».

2Militante et engagée

Autrefois engagée auprès de l'ONU en tant qu'ambassadrice, Meghan Markle a affirmé dans un discours en 2015 : « Je suis fière d'être une femme et une féministe. » Elle y précise qu' « une femme est l'égale de son mari ». La Californienne a également lutté contre la pauvreté : elle a parrainé un enfant du Malawi et s'est rendue au Rwanda par le biais de l'organisation humanitaire Word Vision.

3Un profil universitaire atypique

La fiancée d'Harry est diplômée en théâtre et relations internationales. Avant d'être actrice, et de gagner en notoriété grâce à la série Suits, Meghan Markle a travaillé à l'ambassade des Etats-Unis en Argentine.

4Une roturière divorcée

La future duchesse bouscule les codes de la monarchie. Elle est roturière, divorcée, métisse, américaine et plus âgée qu'Harry. Des critères qui auraient pu refroidir la reine. Wallis Simpson, deux fois divorcée et mariée à Edouard VIII en 1937, n'a jamais été acceptée par la famille royale. Le roi avait alors été contraint d'abdiquer. En acceptant ce mariage, Elisabeth II assouplit les codes de la monarchie britannique.

5Une garde-robe moderne

Si Meghan s'est doucement forgé un style de duchesse, ses tenues restent modernes. Elle apprécie les pantalons, les sacs en bandoulière ou encore les chignons déstructurés. Des choix qui contrastent avec le style plus classique de Kate Middleton.

C.L

Les Américains de plus en plus nombreux à dormir dans leur voiture

Aux Etats-Unis, de plus en plus de travailleurs sont contraints de dormir à bord de leur véhicule, faute de pouvoir se payer un logement. En Californie, certaines villes ont même décidé de laisser à disposition des parkings gratuits.

A la nuit tombée, des véhicules apparaissent comme des ombres. On ne le soupçonne pas, mais ils appartiennent à une nouvelle catégorie de la population américaine. Ceux qui vivent là sont sans adresse, mais pas sans abris. Leur abri, c'est leur véhicule. Près de 40% d'entre eux ont un emploi.

Parmi eux, nous avons rencontré Danielle, 46 ans. Elle vit à l'arrière de sa voiture, sa fille reste à l'avant. Employée de bureau à mi-temps, elle fait partie de ces salariés pauvres qui gagnent trop pour percevoir des aides. Pour s'en sortir, elle préfère investir sur de nouvelles études et économise sur son logement. Danielle a longtemps été comptable, mais a perdu son emploi, stable, en 2012. Depuis, elle est constamment sur la route. Danielle fait partie de cette catégorie de population aux Etats-Unis qui vit en marge, sans être marginale. Sans possibilités de stocker, elle se nourrit exclusivement dans les fast-foods et admet "détester ça". Aujourd'hui encore, elle passera sa journée entre son lieu de travail et l'université.

Des parkings gratuits pour dormir dans son véhicule

La Californie traverse une véritable crise du logement, les loyers flambent, mais les salaires augmentent peu. Le temps d'attente pour un logement social est de sept ans en moyenne. L'impact sur les plus fragiles est tel que les mairies réagissent. Celle de Santa Barbara, par exemple, propose des emplacements de parkings gratuits la nuit, faute de mieux.

Dale Murnane, elle, a tout perdu lorsqu'un éboulement a ravagé son quartier et sa maison, il y a six mois. Elle a longtemps été assistante dentaire. Elle avait aussi une activité de médecine douce dans sa maison, mais elle a fait faillite. "J'ai l'impression d'avoir été catapultée hors de ce monde. Je survis avec l'âme en paix, mais sans savoir où je vais", avoue-t-elle. Parmi ces sans domicile fixe, 30% ont plus de 50 ans. En principe, aux Etats-Unis, il est interdit de dormir dans son véhicule, mais le triste succès de ce programme d'aide fait déjà des émules dans d'autres villes.

Reportage de Jacques Cardoze, Thomas Donzel, Andreane Williams, Arielle Monange

Avortement au Salvador : les dérives de la loi

C'est un pays qui ne tolère pas l'avortement et le punit de 20 à 30 ans de prison: le Salvador est sans doute l'État le plus sévère au monde en la matière.

Le Salvador est un pays où l'avortement est un crime, un pays qui enferme les femmes qui y ont recours. Nous sommes à la prison de San Salvador, où nous sommes autorisés à filmer un groupe de 17 femmes. Elles ont été condamnées par la justice pour avoir tué leur enfant. Elles racontent une autre histoire. Kenia Hernandez purge une peine de 30 ans. À 18 ans, elle est enceinte de huit mois quand elle ressent de vives douleurs.

"Si quelqu'un était venu m'aider, il ne serait pas mort"

Il est 23 heures, elle est seule à la maison, elle se lève pour chercher de l'aide, sans parvenir à ouvrir la porte de chez elle, à cause de la douleur. Par téléphone, elle appelle les secours, qui n'arrivent pas. "J'ai senti que le bébé arrivait, j'ai eu peur, le bébé ne réagissait pas. Je ne savais pas quoi faire. Je me suis levée avec lui, et j'ai coupé le cordon ombilical avec un couteau".  Transportée à l'hôpital, Kenia Hernandez perd connaissance. A son réveil, elle est accusée d'avoir tué l'enfant. "Si quelqu'un était venu m'aider, il ne serait pas mort", plaide-t-elle, les larmes aux yeux. À 18 ans aussi, cette jeune femme était enceinte de quatre mois, quand elle a commencé à saigner abondamment. Elle perd l'enfant à l'hôpital. "Un médecin légiste est venu et m'a dit que j'étais accusée d'homicide aggravé, raconte Glenda Xiomara Cruz Cardoza, on m'a expliqué que j'étais arrêtée pour avoir avorté, que c'est moi qui avais provoqué l'avortement, alors que ce n'était pas vrai." La justice conclut à un avortement, pas à une fausse couche. Au procès, elle a un avocat commis d'office. Verdict : 30 ans de prison.


Reportage d'Agnès Vahramian, Clément Voyer, Andreane Williams et Arielle Monange

États-Unis : des employés en lutte pour l'augmentation du salaire minimum

Aux États-Unis, plusieurs États ont décidé d'augmenter le salaire minimum tandis que des manifestations se répandent dans tout le pays. Les employés de la restauration rapide sont les plus touchés.

La grève se manifeste dans la rue. Aux États-Unis, des salariés de la restauration protestent pour l'augmentation du salaire minimum : 7,75$ bruts de l'heure, l'équivalent de 6,40€, 30% en dessous du SMIC français. Souvent, avec ce salaire, il faut également payer une assurance maladie. Les employés de fast-foods qui manifestent demandent le double. Aujourd'hui, près de 3 millions d'Américains sont payés au minimum légal.

Les salaires sont les plus bas dans la restauration rapide, et ils stagnent. Certains experts expliquent ce phénomène par la guerre des prix qui sévit entre les concurrents. Les prix sont bas et les économies sont réalisées sur la main-d'oeuvre. Alors que des machines remplacent parfois les employés pour prendre les commandes, un robot cuisinier est actuellement à l'essai aux États-Unis.

Les transports augmentent les salaires

Si elle semble perdue dans les fast-foods, la bataille des salaires semble en passe d'être gagnée dans les transports. Dans le Kentucky, une société de fret a dû augmenter ses salaires afin d'être attractive pour faire face au manque de main-d'oeuvre, de chauffeurs, notamment. L'entreprise a augmenté de 9 centimes d'euros le kilomètre parcouru. Pour les routiers, il était temps, les augmentations se sont fait attendre. La bataille des salaires passe aussi par la loi : 16 États américains viennent d'imposer un salaire minimum de 16$ de l'heure. Mais l'augmentation du salaire minimum revient à risquer de faire fuir les entreprises. Certains patrons ont décidé de déménager après avoir fait leurs comptes. En Amérique, la bataille du salaire à 15$ de l'heure est loin d'être terminée.

Reportage d'Agnès Vahramian, Régis Massini, Laurent Desbois, Arielle Monange et Andreane Williams