Aretha Franklin : des funérailles exceptionnelles à Détroit

C'est vraiment l'heure de dire adieu à Aretha Franklin. Les funérailles de la reine de la soul se déroulent ce 31 août à Détroit (Michigan), sa ville natale.

Un rayon de soleil sur le cercueil d'Aretha Franklin et dans ce temple de Détroit (Michigan), les larmes de certains choristes. Lentement, le cercueil de la reine de la soul se referme ; il a été ouvert quelques minutes pour un dernier adieu. Des funérailles exceptionnelles en présence de l'ex-Président Bill Clinton et six heures d'hommages musicaux à vous hérisser le poil. Ariana Grande interprète l'une des plus belles chansons de la diva. Dehors, devant un écran géant, l'ambiance est festive même si ces fans n'ont pas eu la chance de rentrer dans l'église. Ils sont pourtant arrivés très tôt ce matin. Une immense file d'attente dans laquelle certains s'impatientent derrière les barrières de sécurité. "Vous ne pouvez pas rentrer si vous n'avez pas le bracelet. Ce n'est pas la peine de pousser",crie un agent de police à la foule. À l'intérieur, la danse et la musique ont remplacé la peine du début de la cérémonie.

"C'est un moment d'histoire"

La cérémonie des obsèques d'Aretha Franklin doit durer six heures au total. En direct de Détroit dans le Michigan, Agnès Vahramian raconte l'ambiance sur place. "C'est un moment d'histoire que nous vivons, que nous partageons depuis ce matin. Nous sommes frappés par la tristesse mêlée d'une immense joie qu'expriment les habitants de Détroit", témoigne-t-elle.

Reportage de Maryse Burgot, Agnès Vahramian, Fabien Fougère et Martin Marini 

Floride : quand un lac étouffe la mer

Aux États-Unis, en Floride, des tortues et des poissons morts s'échouent par centaines sur les plages. Mais la pollution des mers n'est pas responsable de cette hécatombe. Elle est due à l'eau d'un lac immense qui alimente plusieurs rivières.

En principe, la balade en bateau devrait être paradisiaque : les côtes de Floride, le long du golfe du Mexique et ses villas somptueuses. Un scientifique va montrer aux équipes de France 2 l'envers du décor. Sous les branches des mangroves, un triste spectacle. Poissons, anguilles, mulets, sardines, plusieurs espèces émergent à la surface, inanimées. Pour le scientifique, ce constat est le symptôme d'un écosystème détraqué. Il y a quelques semaines, la situation était pire encore puisque des plages entières étaient jonchées de tortues et de poissons morts. Toute une faune foudroyée.

Des eaux toxiques irriguent la Floride toute entière

Dans les eaux de Floride, se trouvent des cellules toxiques en nombre alarmant, en moyenne 2 millions par litre d'eau, soit 10 fois plus que ce qu'il faut pour tuer un poisson. La cause du problème se situe au centre de la Floride : le lac Okeechobe. Il est l'un des plus grands des États-Unis et fait 20 fois la taille de Paris. Son eau irrigue toute la Floride, mais il est désormais contaminé par des algues toxiques. Les responsables ? Les agriculteurs, dont les vastes exploitations, ceinturent le lac. Aujourd'hui, tout l'État a conscience du problème et un plan global de réaménagement des eaux est sur la table.

Reportage de Loïc de la Mornais, Fabien Fougère, Arielle Monange et Andreane Williams

Désaccords autour de l’Aléna, ce traité de libre-échange que Trump veut renégocier

Alors que les États-Unis et le Mexique viennent de conclure un nouvel accord commercial, c’est au tour du Canada de renégocier l’Aléna avec le président américain. Retour sur les points de blocage.

D’abord quelques chiffres : les échanges commerciaux entre les États-Unis, le Mexique et le Canada représentent un peu plus de 1 000 milliards de dollars (environ 850 milliards d'euros) par an. Depuis l’entrée en vigueur de l’Aléna en 1994, les accords commerciaux entre les trois pays ont triplé ; les droits de douane ont même été totalement supprimés en 2008.

Mais selon un rapport du Congrès américain, l’accord a eu peu d’impact sur l’économie américaine : les échanges entre les trois pays auraient entraîné une augmentation de 0,5% du PIB américain. Des résultats économiques peu convaincants pour Donald Trump qui accuse les deux pays de dumping social, creusant le déficit commercial des États-Unis.

Les retombées pour l’emploi difficiles à évaluer

C’est sans doute le principal sujet de crispation chez les Américains : l’Aléna a-t-il favorisé ou non la création d’emplois aux Etats-Unis ? Officiellement, il aurait créé quarante millions d’emplois dont vingt-cinq millions aux Etats-Unis. Mais le rapport du Congrès américain fait état de 600 000 suppressions d’emplois, principalement dans le secteur secondaire, depuis son entrée en vigueur. Selon le think tank Economic Policy Institute, les pertes d’emplois du fait de délocalisations s’élèveraient même à plus de 800 000. Il est toutefois difficile d'établir que la cause soit à imputer uniquement au traité de libre-échange.

Les règles autour de l’industrie automobile, une "catastrophe" pour Trump

Le président américain considère que l’entrée en vigueur du traité, il y a plus de cinquante ans, était une catastrophe pour les salariés américains, en particulier pour ceux du secteur automobile. Soutenant des mesures économiques davantage protectionnistes, Donald Trump a multiplié les menaces à l’égard de constructeurs américains comme Ford qui avait dû, dans un premier temps, renoncer à l’ouverture d’une usine au Mexique. Mais la sortie de l’Aléna pourrait provoquer la suppression de 50 000 emplois dans l’industrie automobile. Si les détails concernant ce nouvel accord ne sont pas encore connus, celui-ci prévoirait une augmentation des pièces détachées d’origine américaine et régionale pour les véhicules assemblés au Mexique.

La clause "Sunset"

Afin de réévaluer de manière permanente le nouvel accord trilatéral commercial, les États-Unis souhaitent instaurer une mesure qui permettrait, au bout de cinq ans, de mettre un terme à l’Aléna à moins que les trois pays se mettent d’accord pour sa prolongation. Une clause jugée "insensée" par le Premier ministre canadien Justin Trudeau puisqu’elle nuirait aux investissements à long terme du Canada.

Le prise en compte de l’environnement

Le Canada veut profiter de cette renégociation du traité commercial pour y inclure certaines mesures environnementales. Pour la ministre canadienne des affaires étrangères, Chrystia Freeland, cette nouvelle version devra s'assurer "qu'aucun État-membre de l'Aléna ne puisse réduire la protection de l'environnement en vue d'attirer les investissements" et que tous "multiplient leurs efforts pour s'attaquer aux changements climatiques". Pour le moment, Washington ne s’est pas montré prêt à adopter ces deux mesures.

H.G

Le démocrate Andrew Gillum créé la surprise en Floride

Après Alexandria Ocasio-Cortez, un autre candidat démocrate attire l'attention des médias américains. Mardi 28 août, le progressiste Andrew Gallum a remporté la primaire en Floride. Quatre choses à savoir sur celui qui brigue le poste de gouverneur.

Pourquoi cette victoire intéresse-t-elle les médias ?

Andrew Gillum, le plus progressiste des cinq candidats démocrates, était classé dernier dans les sondages. Il a finalement battu la favorite Gwen Graham, centriste, ancienne membre du Congrès et fille de sénateur. S'il est élu, Andrew Gillum sera le premier gouverneur noir de Floride.

Qui est Andrew Gillum ?

Andrew Gillum, 39 ans, est né à Miami d'une mère conductrice de bus et d'un père ouvrier du bâtiment. Après le lycée, il poursuit ses études à Tallahasse, capitale de Floride. A 23 ans, il rejoint la Commission municipale de cette même ville. Il reste, depuis, le plus jeune membre élu. Depuis 2014, Andrew Gillum est maire, toujours à Tallahasse.

Que propose-t-il ?

Ce candidat, soutenu par le sénateur Bernie Sanders, se positionne résolument à gauche du parti démocrate. Il est en faveur d'une assurance maladie universelle, de la législation de la marijuana et souhaite abolir la police des frontières. "Je crois réellement que la Floride et sa riche diversité recherchent un gouverneur qui va nous rassembler, pas nous diviser. Pas mysogine, pas raciste, pas bigot", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision CNN.

Et Trump alors ?

En novembre prochain, Andrew Gillum affrontera le républicain Ron DeSantis. Ce vétéran de la Navy est un fidèle de Donald Trump. Comme à son habitude, le Président a rapidement réagi, dans un tweet, à la victoire du démocrate. Il décrit un "maire socialiste raté" et prédit que Ron DeSantis remportera facilement les élections de mi-mandat.

"Non seulement le membre du Congrès RonDeSentis a facilement remporté la primaire républicaine, mais son adversaire en novembre est son plus grand rêve... un maire socialiste raté, nommé Andrew Gillum, qui a permis au crime et à bien d'autres problèmes de se propager dans sa ville. Ce n'est pas ce que la Floride veut ou a besoin!"

C.L

Armes à feu : démêlez le vrai du faux

C’est la 235e fusillade de masse depuis le début de l’année. Hier, trois personnes sont mortes à Jacksonville (Floride), dont le tireur, lors d’un tournoi de jeux vidéo. Une tragédie qui véhicule, une nouvelle fois, de nombreuses idées reçues sur les armes à feu. Décryptage en quatre points.

Les fusillades de masse se multiplient.

VRAI. Aux États-Unis, une fusillade est considérée comme "de masse" (mass shooting) dès lors que quatre personnes sont atteintes par balles. Bien que celles-ci ne représentent encore qu’une petite partie des décès liés aux armes à feu, les fusillades de masse ne cessent d’augmenter depuis une dizaine d’années. Selon l'organisation Gun Violence Archive, on en dénombrait 270 en 2014 contre 346 en 2017, soit une hausse de plus de 28% en quatre ans. Entre ces mêmes dates, le nombre de morts par armes à feu est passé de 12 549 à 15 638 par an.

Les victimes des fusillades sont frappées au hasard.

FAUX. Les tragédies dans les lieux publics – concert en plein air à Las Vegas, boîte de nuit en Floride, université de Virginia Tech etc. - donnent l'impression que les victimes n'ont aucun lien avec le tireur. Cependant, la plupart des fusillades sont dirigées contre une personne ou une institution envers laquelle l'auteur a un grief. Un des derniers exemples en date? La fusillade d'Annapolis, en juin dernier, dans laquelle cinq salariés du Capital Gazette ont trouvé la mort. Le tireur entretenait des rapports conflictuels avec le journal. En 2012, il avait attaqué en diffamation la publication et proféré des menaces dans un tweet.

Le nombre d’armes à feu en circulation est supérieur au nombre d’Américains.

VRAI. Il n’y a pas de chiffres officiels sur les ventes d’armes, ni de registre sur les propriétaires. Cependant, on estime qu’il y aurait près de 400 millions d’armes à feu aux États-Unis pour 325 millions d’Américains. La raison est simple : les propriétaires d’armes à feu en détiennent très souvent plusieurs, 17 en moyenne par adulte. Selon des données obtenues par des chercheurs des universités Harvard et Northeastern, 3% de la population américaine détient à elle seule la moitié des armes à feu aux États-Unis. D'après une étude du Pew Research Center, le possesseur type serait un homme blanc partageant les idées du parti républicain, installé en zone rurale et utilisant ses armes pour chasser.

Il est facile de se procurer une arme dans tous les Etats.

FAUX. La Constitution américaine garantit aux citoyens le droit de posséder une arme afin de se protéger. Il appartient ensuite à chaque Etat de voter des restrictions qui lui sont propres. En Californie, la législation est l'une des plus strictes du pays. L'acheteur ne doit pas seulement posséder un permis. Il est aussi soumis, entre autres, à un test écrit. La loi interdit également aux civils l'acquisition d'armes d'assaut automatiques. Au contraire, le Texas est l'un des Etats les plus permissifs.

H.G et C.L

John McCain : les cinq combats de sa vie

Décédé aujourd’hui, John McCain était atteint d’un cancer du cerveau depuis 2017. Ancien pilote de l’armée américaine, sénateur de l’Arizona puis candidat à la Maison-Blanche en 2008 face à Barack Obama, l’homme s’est peu à peu imposé comme une grande figure de la politique américaine. Retour sur un parcours patriotique.

1Le héros de guerre

Tout comme son père et son grand-père avant lui, John McCain a d’abord rejoint les rangs de l’armée américaine. Réquisitionné pour la guerre au Vietnam, il opère en tant que pilote d’avion de chasse. En 1967, au cours de l’une de ses missions de bombardement, John McCain perd son avion et est capturé par les forces armées nord-vietnamiennes.

En 1968, le journaliste français François Chalais interviewe le pilote à l’occasion du reportage sur le conflit vietnamien. Au détour d’une cigarette, John McCain détaille ses conditions de détention. Ému, il adresse alors un message à son épouse et à sa famille.

Pendant plus de cinq ans, le détenu américain subit des tortures. Il est libéré en 1973 mais gardera des séquelles à vie. Il est décoré à son retour par le président Richard Nixon. Il quitte la Navy en 1981, sans avoir atteint le grade d’amiral.

2Un électron libre au sein du parti républicain

Peu après son départ de l’armée, sa carrière prend un autre tournant. Il accède à la Chambre des représentants du fait notamment de sa popularité. Bien que membre du parti républicain, il n’hésite pas à s’opposer publiquement au président Ronald Reagan sur certaines questions militaires. Il officie à la chambre basse du Parlement fédéral jusqu’en 1987 où il est élu Sénateur en Arizona.

Un nouveau poste qui ne l’empêche pas de se soustraire à la ligne de son parti. Il milite dans les années 1990 aux côtés du sénateur démocrate John Kerry. Tous deux vétérans de la guerre du Vietnam, ils militent pour le rétablissement des relations diplomatiques entre les Américains et les Vietnamiens. Il en est de même sur les questions environnementales : à l’instar des démocrates, John McCain souhaite réduire les émissions de gaz à effet de serre et promeut les énergies renouvelables.

Bien qu’il soit considéré parfois comme porteur d’idées nouvelles, John McCain reste cependant fidèle à plusieurs valeurs conservatrices du parti républicain. Il soutient le mouvement pro-vie, milite pour la fin de l’avortement et s’oppose au mariage homosexuel. De plus, il se présente comme un fervent défenseur du budget des armées et soutient l’intervention américaine en Irak.

En 2000, il tente de se présenter à la campagne présidentielle, il est cependant battu par George W. Bush qui remporte l’investiture républicaine et devient le 43e président des États-Unis.

3La campagne présidentielle de 2008

Investi par le parti républicain pour être candidat à l’élection présidentielle en 2008, il fait de Sarah Palin, la gouverneure républicaine de l’Alaska, sa colistière. Un choix stratégique qui rassure l’aile droite du parti républicain. Il fait face au sénateur démocrate de l’Illinois, Barack Obama, encore inconnu il y a quelques mois et qui suscite de vifs espoirs au sein des minorités. La campagne se fait sans affront, John McCain n’hésitant pas à défendre son adversaire face à son propre électorat.

Mais le candidat républicain ne parvient pas à endiguer la vague Obama. Le 5 novembre 2008, Barack Obama remporte le vote populaire et le vote des grands électeurs et John McCain concède sa défaite.

4Un opposant à Donald Trump

Les relations entre John McCain et Donald Trump ont toujours été compliquées. En 1999, Donald Trump s’interrogeait déjà sur le statut de "héros" accordé au sénateur pour ses services au Vietnam. Durant la campagne présidentielle, le milliardaire s’attaquera de nouveau au vétéran. John McCain retire son soutien au candidat républicain après la publication d'une vidéo où le milliardaire tient des propos obscènes envers les femmes.

"Ce n’est pas un héros de guerre. C’est un héros de guerre parce qu’il a été capturé. J’aime les gens qui n’ont pas été capturés."

En juillet 2017, à la surprise générale, John McCain vote contre l’abrogation partielle de l’Obamacare, le système de santé instauré par l’ancien président américain. S’attirant les foudres de l’administration Trump, il prouve une nouvelle fois qu’il est un électron libre préférant rester fidèle à ses convictions plutôt qu’à la ligne de son propre camp.

Dans ses mémoires intitulées The Restless Wave (La Vague agitée), sorties en mai dernier, John McCain n’épargne pas le président américain. Il critique ses propos virulents et l’accuse de complaisance avec Vladimir Poutine. Fervent opposant au président russe, le sénateur américain est listé parmi les personnes interdites de séjour en Russie dans le cadre de la crise ukrainienne. Selon plusieurs médias américains citant des proches du sénateur, John McCain ne souhaiterait pas que Donald Trump assiste à ses obsèques.

5Son combat contre le cancer

En juillet 2017, le sénateur républicain annonce être atteint d’une tumeur au cerveau. Il reste au Sénat encore quelques mois avant de retourner chez lui en Arizona pour y être soigné. Il reçoit là-bas la visite de nombreuses personnalités politiques comme l’ancien vice-président Joe Biden qui a perdu son fils des suites d’un cancer du cerveau. Décédé peu de temps après l’arrêt de son traitement, John McCain laisse derrière lui le souvenir d’un homme politique atypique, tantôt conservateur, tantôt progressiste. Un certain visage de l’Amérique.

H.G

Immigration : des centaines de familles toujours séparées

Alors que Donald Trump a signé en juin dernier un décret mettant fin à la séparation entre enfants et parents migrants, l'administration peine à réunir les familles. 

En théorie, l'administration américaine avait jusqu'au 26 juillet dernier pour réunir les familles de migrants séparés lors de leur entrée sur le territoire américain. Pourtant, un rapport de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), publié la semaine dernière, fait état d’une situation toujours alarmante.

En effet, deux mois après que le juge fédéral de la Californie, Dana Sabraw, ait ordonné à l'administration Trump de réunir les 2 500 enfants séparés de leurs familles par la politique de "tolerance zero" du président, près de 565 enfants sont encore détenus par les autorités américaines. Parmis ceux-ci, 24 seraient âgés de moins de 5 ans. Les parents de 366 mineurs auraient quant à eux été expulsés du pays, sans leurs enfants.

À cela s'ajoute un autre problème : près de 180 mineurs ne peuvent pas être rendus à leurs parents. Les autorités américaines considèrent que ces derniers constituent une menace pour l’enfant en raison de leur casier judiciaire ou parce que le lien familial n’a pas été clairement établi.

Toujours selon le rapport, plus d’une centaine de parents ne souhaitent pas être réunis avec leurs enfants. "Peut-être souhaitent-ils qu’ils obtiennent l’asile de leurs propres moyens", s'interrogeait la journaliste américaine Tyche Hendricks au micro de la radio publique NPR, le 18 août dernier.

Un processus compliqué

Le gouvernement a décidé confier la tâche de retrouver les familles des enfants détenus à l’ACLU. "C’est la manière la plus rapide de localiser les parents", a expliqué Scott Stewart du Département de la Justice.

Pourtant, l’ACLU explique connaître des difficultés à joindre les parents expulsés : la plupart des numéros qui leur ont été confiés par l’administration ne fonctionnent pas. Les autorités américaines auraient-elles fait preuve d’incompétence ? Oui si l’on en croit le Département de la Santé et des Services sociaux qui a dû avoir recours aux tests ADN pour réunir des familles.

Un problème auquel vient s’ajouter le fait que la plupart des familles expulsées ont fui leur pays touché par la pauvreté et la violence, notamment le Honduras et le Guatemala. Les avocats en immigration leur avaient alors recommandé de se cacher pour éviter toutes représailles. Le juge Dana Sabraw a par ailleurs réagi en déclarant que "pour chaque parent qu'on ne localisera pas, un enfant deviendra orphelin et c’est à 100% la responsabilité de l’administration Trump."

Des enfants traumatisés

Malgré le fait que la majorité des familles séparées se soient retrouvées, plusieurs experts s’inquiètent des abus et des séquelles psychologiques avec lesquels les enfants devront vivre.

Centres de détentions surpeuplés, camps de tentes à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique: le placement des enfants dans des centres de rétention, ainsi que leurs conditions de détention, ont en effet suscité de vives critiques.

"J’ai vu un grand nombre d’enfants massés ensemble dans de grands enclos", racontait Chris Van Hollen, un sénateur démocrate après une visite d’un centre au Texas. "J’ai déjà été dans des prisons fédérales, dans des prisons de comtés, ce lieu est appelé un refuge mais ces enfants sont incarcérés ici" témoignait Jacob Soboroff, un journaliste de MSNBC qui a pu se rendre dans un magasin reconverti en centre d’accueil.

De nombreux cas d’abus physiques et mentaux ont également été répertoriés. Fin juillet, une enfant guatémaltèque âgée de six ans a avoué avoir été plusieurs fois abusée sexuellement par un autre enfant dans un centre de détention en Arizona. Toujours en Arizona, un employé d’un centre d’accueil a reconnu être l’auteur d’agressions physiques et d’abus sexuel sur une enfant de quatorze ans. Enfin un autre employé d’un centre de rétention a récemment été inculpé de onze chefs d’accusation, notamment d’agressions sexuelles, sur huit adolescents entre 2016 et 2018.

"Les deux choses les plus difficiles à vivre pour un enfant, c’est le fait d’être séparé de ses parents ou de subir des agressions physiques ou sexuelles", explique le professeur en psychiatrie Luis Zayas à la chaîne ABC. "Si vous voulez causer des séquelles irréversibles à un enfant, exposez-le à l’un de ces traumatismes."

H.G

Des algues toxiques à Cape Cod

Le cadre a beau être paradisiaque, l'eau de Cape Cod est de plus en plus polluée. Une situation due à la présence de fosses septiques dans les habitations.

C'est l'une des plus belles péninsules des États-Unis. Cape Cod. Ses plages, ses dizaines de kilomètres de côtes sauvages sur l'océan Atlantique, à deux heures seulement de New-York. Cape Cod ou la résidence de vacances des présidents américains. La famille Kennedy y passait ses étés, entre baignades et maison familiale sur l'île de Martha's Vineyard. Un paradis chic, aujourd'hui menacé par la pollution.

Partout se succèdent des bâtisses de plusieurs millions de dollars, mais l'eau à leur pied est sombre et trouble. Cele-ci est saturée d'algues : une laitue verte qui prolifère et se décompose. Une boue noire sans oxygène qui asphyxie les poissons et tue toute la vie dans les eaux du Cape. La boue fait 50 cm d'épaisseur. Pour comprendre pourquoi les algues se multiplient, il faut accompagner les scientifiques dans les étangs et les ruisseaux. Leurs prélèvements montrent que depuis plusieurs années, la teneur en nitrate de cette eau douce est deux à trois fois plus élevée que la normale. Les algues et les nitrates sont si envahissants que des lieux sont interdits à la baignade. Elles provoqueraient des risques d'irritation de la peau et des allergies.

Des huîtres comme solution ?

D'où viennent ces nitrates ? Devant le laboratoire qui analyse les eaux du Cape, les scientifiques tiennent à montrer la source de la pollution. Elle est en fait dans les jardins de Cape Cod : ce sont les fosses septiques des habitations. Des fosses septiques qui se déversent dans l'un des plus beaux sites américains. Ici le tout-à-l'égout existe seulement pour la moitié des habitations, et les résidents semblent découvrir qu'ils sont la source de cette pollution. Y a-t-il une solution ? Oui et elle se trouve en partie dans la nature elle-même. Des huîtres ont été implantées par centaines de milliers dans les eauxde Cape Cod. Elles avalent et éliminent les nitrates. À terme, les fermes d'huîtres pourraient traiter entre 20 à 30% de cette pollution. Aujourd'hui, aucun projet d'extension du tout-à-l'égout et de traitement des eaux usées n'existe sur le Cape, faute de financement.

Reportage d'Agnès Vahramian, Thomas Donzel et Andreane Williams

Cinq choses à savoir sur Omarosa Manigault, l’ancienne conseillère de Donald Trump qui inquiète la Maison-Blanche

Sorti il y a peu dans les librairies américaines, le livre Unhinged (Dérangé) fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause, son auteure, Omarosa Manigault Newman, ancienne conseillère de Donald Trump limogée en décembre dernier, y prend sa revanche en dressant un portrait peu reluisant du président américain. Retour sur le parcours d’une femme passée de la téléréalité à la Maison-Blanche.

1L'apprentie

Les Américains connaissent d’abord Omarosa Manigault pour son apparition dans la première saison de l'émission de téléréalité animée par Donald Trump "The Apprentice". C’est là qu’elle y rencontre le président américain et tente d’obtenir un poste de cadre supérieur dans son entreprise. Elle ne remporte pas l’émission mais elle marque les esprits, les producteurs la faisant passer pour la grande méchante de l'émission. Elle participera plus tard à d’autres émissions dérivées de "The Apprentice" et aura même droit à son propre programme télévisé intitulé "Omarosa’s Ultimate Merger", dans lequel plusieurs prétendants tentent de séduire la candidate de téléréalité. Omarosa Manigault doit sa célébrité à ces nombreux shows, tous produits par Donald Trump.

2La démocrate

Omarosa Manigault n’a pas toujours adhéré aux idées du parti républicain, loin de là. Avant "The Apprentice", elle a brièvement travaillé dans l’administration Clinton pour le vice-président Al Gore dans les années 1990. En 2012, elle félicite Barack Obama pour sa réélection sur son compte Instagram. Elle appelle même, en 2014, à voter pour Hillary Clinton pour la prochaine élection présidentielle. Elle finit par retourner sa veste en rejoignant l’équipe de campagne de Donald Trump.

Je suis prête pour Hillary. Et vous ? - OMAROSA

 3 La conseillère de Donald Trump

Après son investiture par le parti républicain, Donald Trump charge Omarosa Manigault des relations avec la communauté afro-américaine. Elle défend alors bec et ongles le milliardaire : "Tous ceux qui critiquent, tous les détracteurs, devront se prosterner devant Donald Trump."

Tout juste élu président des États-Unis, Donald Trump fait de nouveau appel à elle. Omarosa Manigault occupe alors le poste d’assistante auprès du président et directrice de la communication auprès du bureau des relations publiques de la Maison-Blanche. Elle est l’une des rares personnalités noires occupant un poste élevé au sein de l’administration Trump.

4La nouvelle opposante

En décembre 2017, le départ d’Omarosa Manigault est annoncé. Elle affirme alors souhaiter consacrer son temps à d’autres projets. En réalité, la conseillère du président est limogée par John Kelly. Un renvoi qu’elle a enregistré à l’insu du chef de cabinet du président. Un échange bref qui n'explique pas les raisons de ce départ.

À l’instar de Michael Wolff, l’ancienne conseillère compte bien relater son expérience à la Maison-Blanche. Elle explique que le président aurait envisagé de prêter serment sur son livre The Art of the deal le jour de son investiture. Un portrait peu flatteur de Donald Trump qui multiplierait également les insultes à l’égard de son équipe mais aussi de sa famille. Des dizaines de petites piques visant l’administration pour laquelle elle a travaillé pendant près d’une année. Omarosa Manigault explique avoir refusé un contrat de 15 000 dollars par mois à sa sortie de la Maison-Blanche, accusant l’équipe Trump de vouloir acheter son silence. L’équipe de campagne de Donald Trump menace aujourd’hui de la poursuivre pour violation de clause de confidentialité.

5L’ex-collaboratrice devenue gênante pour le président

Mais le plus inquiétant pour Donald Trump, c’est l’existence d’un éventuel enregistrement sonore réalisé par Omarosa Manigault. Selon ses dires, plusieurs collaboratrices auraient confié avoir entendu le président prononcer le mot "nègre", une insulte raciste taboue aux États-Unis.

Ironie du sort, Donald Trump tweetait il y a cinq ans sur la malice d’Omarosa Manigault.

"Omarosa promet toujours beaucoup de drama, et elle tient toujours parole" Donald J. Trump

H.G

Détroit rend hommage à la reine de la soul

Aretha Franklin s'est éteinte le 16 août, à l'âge de 76 ans. Si la chanteuse est née à Memphis, c'est dans une autre ville du Michigan qu'elle a grandi : Détroit. Depuis l'annonce de son décès, les habitants pleurent leur reine. L'équipe de France 2 Washington s'est rendue sur place.

C'est toute une ville qui est en deuil. A l'âge de 7 ans, Aretha Franklin s'est installée à Détroit avec sa famille. Elle y est toujours restée attachée. Jeudi 16 août, la chanteuse y a rendu son dernier souffle. Les réactions n'ont pas tardé à affluer, à commencer par un tweet du maire, Mike Duggan. Ce dernier a également a indiqué que de nombreux événements seraient organisés, sans plus de précisions.

"Aretha Franklin et son père, le révérend Franklin, ont tant compté pour notre ville, et ce pour des générations de Détroitiens. Alors qu'elle vient de s'éteindre, Aretha Franklin aura toujours la clé de nos cœurs."

Les institutions culturelles, elles aussi, rendent hommage à la chanteuse. Fox Theatre, la plus grande salle de spectacles de Détroit, a affiché un immense "R.E.S.P.E.C.T" sur sa devanture.

Au club de jazz Bert's, il y avait beaucoup de tristesse mais aussi de joie à célébrer la reine de la soul.

Mais l'endroit le plus emblématique de la ville reste sans doute New Bethel Baptist Church. C'est dans cette église que le père d'Aretha Franklin, révérend, officiait. C'est ici aussi que la diva a commencé à faire ses gammes, enfant, en chantant du gospel. Elle s'y rendait encore occasionnellement. L'église s'est tout naturellement transformée en lieu de recueillement. Des admirateurs ont déposé de nombreux présents - ballons, fleurs, peluches - devant l'entrée.

Une paroissienne raconte qu'elle a eu la chance de croiser la chanteuse dans le passé. Elle la décrit comme une "membre de l'église" et une "personne simple" qui s'impliquait beaucoup pour la communauté : "A Thanksgiving, elle nourrissait tout le monde dans le quartier. Elle faisait aussi des concerts gratuits." Si la reine de la soul s'en est allée, elle laisse une empreinte durable dans les rues de son enfance.

Agnès Vahramian avec Constance Longobardi