Les entreprises américaines face aux préjugés inconscients

L’arrestation violente de deux hommes noirs dans un café Starbucks de Philadelphie la semaine dernière suscite l’indignation et remet en lumière les problèmes de racisme aux États-Unis.

Dans une vidéo devenue virale aux États-Unis ce week-end sur Twitter, des officiers de police sont filmés en train de menotter deux hommes noirs dans un Starbucks de Philadelphie.

L’un des hommes avait demandé à utiliser les toilettes du café sans rien avoir acheté. L’employé a répondu que Starbucks refusait l’accès aux toilettes aux non-clients en leur demandant de partir. Devant leur refus, l’employé a décidé d’appeler la police. Les deux hommes ont finalement été menottés, arrêtés puis détenus pendant près de neuf heures avant d'être libérés.

"Beaucoup de racisme, beaucoup de merde, le café Starbucks est anti-noir", scandaient des manifestants rassemblés, le jour suivant, devant le café pour dénoncer l’incident.

Le biais implicite aux États-Unis

Pour le maire de Philadelphie, l’incident du Starbucks reflète les préjugés inconscients qui persistent dans sa ville et dans la société américaine : "Ce n'est pas seulement un problème Starbucks. C'est un problème sociétal. Les gens peuvent réagir différemment aux autres en fonction de la couleur de la peau, et c'est mal. Nous avons du travail à faire et nous devons le faire de manière productive."

"Quand les gens appellent avec une plainte, c'est influencé par leur préjugé racial - le stéréotype qui les amène à considérer une personne noire avec plus de suspicion", ajoute quant à lui Jack Glaser, professeur de politique publique à l'Université de Berkeley.

Aux Etats-Unis, l’expression la plus tragique de ces préjugés inconscients est sans doute les centaines de cas où des policiers blancs ont tirés sur des américains noirs non armés. En 2016, une étude de la Drexel University de Philadelphie a affirmé qu’aux États-Unis, les hommes noirs avaient presque trois fois plus de risques d’être tués par une intervention des forces de l’ordre que les hommes blancs.

Le mois dernier, à Sacramento, en Californie, Stephen Clark, afro-américain de 22 ans, a été tué de huit balles dans le dos dans le jardin de sa grand-mère par des policiers qui ont cru que le jeune homme avait une arme à la main alors qu’il s’agissait de son téléphone portable.

Les entreprises cherchent des solutions

Le PDG de Starbucks, Kevin Johnson, s'est excusé lors d'une réunion privée avec les deux hommes lundi, en plus d’annoncer une nouvelle formation pour les directeurs de magasins sur les préjugés inconscients. Comme Starbucks, de nombreuses entreprises tentent de lutter contre le phenomène.

En effet, depuis les manifestations de Ferguson, dans le Missouri, en 2014, après qu'un policier blanc a tiré sur Michael Brown, un afro-américain de 18 ans, les formations de lutte contre les préjugés inconscients n’ont cessé de se multiplier.

La société Pope Consulting, basée à Cincinnati, gère des programmes de formation aux préjugés implicites pour les entreprises. La formation mise sur des exercices de découverte de soi, des questionnaires et des mises en situation.

Même si les données ne sont pas claires sur l'efficacité de ces formations, Michelle Duguid, de la Cornell University considère que l’essentiel du programme était de s'assurer que les gens apprennent que "tout le monde est partial" en offrant des moyens concrets pour atténuer ces stéréotypes.

"Cet après-midi de formation est un geste qui aidera certaines personnes à comprendre le concept des biais implicites", a déclaré Georgina Dodge, de l'Université Bucknell en Pennsylvanie, à propos du plan de Starbucks "Mais beaucoup, beaucoup plus doit être fait."

Jules Béraud

États-Unis : parcs nationaux et aires protégées menacés par l’exploitation pétrolière

Pour pallier au manque d’entretien des parcs nationaux américains et au sous-financement chronique du National park service, l’administration Trump propose une solution controversée : utiliser les bénéfices de l’exploitation d’énergie dans les parcs nationaux pour les entretenir. Des collectifs de citoyens s’inquiètent des conséquences environnementales du projet.

Depuis plusieurs semaines, des organisations de protection de l’environnement demandent à l'administration Trump d'annuler les projets de concession de milliers d’hectares de terres publiques fédérales à des entreprises privées pour le développement pétrolier et gazier à proximité du parc national de Great Sand Dunes dans l'ouest du Colorado.

"Ce plan de fracturation ruinerait certains des habitats fauniques les plus pittoresques, les plus reculés et les plus précieux du Colorado", a déclaré Diana Dascalu-Joffe, avocate en chef au Centre for Biological Diversity. "Malheureusement, rien n'est plus important pour l'administration Trump que les bénéfices de l'industrie des énergies fossiles."

Le cas de Great Sand Dunes n’est pas isolé.  416 autres aires protégées (dont 58 autres parcs nationaux) pourraient elles aussi être affectées par des projets similaires. En effet, l’administration Trump a annoncé vouloir financer l’entretien des sites protégés du domaine fédéral avec l'argent que le gouvernement pourrait récupérer grâce à l’exploitation du pétrole, du gaz naturel mais aussi de l'énergie éolienne et solaire sur le domaine public.

Le projet de l’administration Trump prévoit notamment que le secrétaire à l'Intérieur puisse autoriser les oléoducs et les gazoducs privés à traverser certaines zones protégées du domaine public, sans consulter le Congrès.

Les forages pétroliers et gaziers seraient également autorisés au large des côtes de l'Oregon et de Washington pour la première fois et de nouvelles concessions pourraient également être accordées en Californie, une première depuis 1984.

Plus généralement, il s’agirait de la plus grande expansion de l’exploitation pétrolière en mer dans l'histoire des États-Unis, rendant 90% du plateau continental extérieur disponible pour l'exploration et l’exploitation.

Dans la célèbre revue de vulgarisation scientifique Scientific America, la journaliste scientifique Dana Hunter affirme que les États-Unis ne seront pas en mesure de réparer les dégats causés par ces exploitations et appelle à la mobilisation. "Nous allons perdre des choses que nous ne pourrons jamais remplacer si nous ne résistons pas", a-t-elle écrit.

Un manque de moyens financiers chronique

L’entretien des infrastructures du parc fédéral américain est très coûteux et le National Park Service doit aujourd’hui faire face à un énorme retard de maintenance de 11,6 milliards de dollars.

En effet, si entre 2006 et 2017 le nombre total de visiteurs dans les parcs est passé de 273 millions à 331 millions et le nombre de sites du domaine fédéral protégés est passé de 390 à 417, le budget alloué aux parcs nationaux est resté plus ou moins stable.

Avec cette mesure, l'administration Trump espère doter le fonds d'entretien du domaine fédéral de pas moins de 18 milliards de dollars. "Nous pensons que nous pouvons y arriver dans huit ans", a déclaré le secrétaire à l'Intérieur, Ryan Zinke au Congrès.

Pourtant, rien ne garantit que le prix du pétrole, fixé par les forces du marché mondial, ou que les États côtiers, riches en pétrole offshore mais réticents à travailler avec Trump pour l'extraire, coopèrent pour générer la somme d'argent projetée par l'administration.

Matt Lee-Ashley, du Center for American Progress a qualifié la proposition d'"approche douteuse, spéculative et incertaine" et certains démocrates s'inquiètent que la nation dépende de plus en plus du développement des énergies fossiles pour financer les parcs.

"Nos lieux les plus précieux ne devraient pas dépendre de la fortune de l'industrie énergétique pour leur succès et leur échec", a déclaré le représentant Raúl M. Grijalva, membre du Comité des ressources naturelles de la Chambre, lors d'une audience.

Jules Béraud

1968 - 2018 : cinquante ans après la mort de Martin Luther King Jr., quel bilan?

Cinquante ans après la mort de Martin Luther King Jr., le rêve du pasteur de Montgomery n’est pas devenu réalité. Malgré de nombreuses avancées, les inégalités entre les communautés noires et blanches persistent. Aux États-Unis, nombreux sont ceux qui continuent de rêver d’égalité sociale.

"Je fais un rêve dans lequel trop c'est trop. Il ne devrait pas y avoir d'armes dans ce monde", a affirmé la petite fille de Martin Luther King, Yolanda Renee, âgée de neuf ans, devant plus de 200 000 personnes à l’occasion de la March for Our Lives pour le contrôle des armes à feu de Washington, le 24 mars dernier.

Cinquante ans après sa mort, le combat de Martin Luther King pour les droits civiques et la justice sociale continue ainsi d’alimenter le débat public américain, comme peut également l’illustrer le mouvement Black Lives Matter contre la violence et le racisme systémique envers la communauté noire.

" Si sa vie n'avait pas été prise, King aurait aujourd'hui défilé en criant Black Lives Matter pour une loi fédérale obligeant la police à rendre des comptes pour avoir tué des gens innocents non armés à cause de préjugés raciaux", écrit Andre Perry, chercheur à la Brookings Institution sur le blog du think tank.

Qu’en est-il réellement aujourd’hui ?

L’élection de Barack Obama, en 2008, a pu être interprétée comme l’aboutissement du combat de Martin Luther King. Pourtant la réalité est plus nuancée. Certains activistes afro-américains dénoncent en effet le fossé qui s’est creusé depuis les années 1960 entre la bourgeoisie et la communauté ouvrière noires. A Chicago, la construction de la bibliothèque présidentielle de Barack Obama dans son ancien quartier est dénoncée par une partie de la communauté noire, qui craint la gentrification du quartier avec l’aménagement de plusieurs infrastructures culturelles et hôtelières haut de gamme autour de l’établissement présidentiel.

Le rêve du pasteur noir a laissé de côté les classes populaires noires, les huit années de présidence de Barack Obama n’ayant pas mis fin aux inégalités. "Il y a deux rêves, corrige le révérend Finley Campbell, à la tête de la lutte contre le projet. Le rêve pour les élites et la bourgeoisie noires : de ce ­côté-là, c’est un triomphe. Mais pour la classe ouvrière, ça n’a pas fonctionné."

En effet, aux États-Unis, les inégalités raciales persistent, "surtout quand on regarde la pauvreté noire, le taux d'incarcération des Noirs et la question de la brutalité policière", a déclaré Jason Sokol, professeur d'histoire à l'Université du New Hampshire.

En 2016, par exemple, le ménage noir médian a gagné 39 490 $ alors que le ménage blanc médian a gagné 65,041 $ soit un écart de 39%.

Fin 2017, 7% de la communauté noire en âge de travailler est au chômage alors que moins de 3,5% des personnes blanches en âge de travailler le sont.

Quant au taux d’incarcération, 33% des détenus américains appartiennent à la communauté noire alors que celle-ci ne représente que 12% de la population totale d’adultes américains.

"Bien qu'il y ait certainement eu des changements dans les attitudes racistes des individus, le racisme qui est ancré dans les institutions et dans les structures aux États-Unis n'a pas beaucoup changé", a affirmé Henry Louis Taylor, de l’Université de Buffalo.

Où en est l’héritage de Martin Luther King Jr. ?

Lorsqu’il a été assassiné à l'âge de 39 ans sur le balcon d'un motel de Memphis, dans le Tennessee, le 4 avril 1968, Martin Luther King était un homme controversé et clivant, contrairement à la figure emblématique célébrée aujourd'hui avec une journée nationale et un mémorial monumental à Washington.

"Il est facile pour les Américains d'oublier à quel point King était réellement polarisant dans les années 1960", a déclaré David Farber, professeur d'histoire à l'Université du Kansas. "Il était devenu une figure radicale aux Etats-Unis, un opposant franc à la politique étrangère américaine, exigeant que la justice ne s'étende pas seulement aux Afro-Américains mais à tous les Américains pauvres".

Interrogés par NBC à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition, plusieurs personnalités publiques afro-américaines sont revenues sur l’héritage de Martin Luther King et ont réfléchi aux progrès à accomplir pour réaliser le rêve de justice et d'égalité de tous les Américains.

"Les Américains peuvent honorer l'héritage du Dr. King en se regardant honnêtement dans le miroir de ce que nous pouvons tous faire pour ne pas donner au racisme et à la bigoterie l'occasion de prendre pied sur nos institutions", a ainsi déclaré Kareem Abdul-Jabbar, six fois champion de la NBA

Plein d’espoir, Colin Powell, premier homme noir à devenir Secrétaire d'État regarde vers l’avenir : "J'espère que dans 50 ans, nous serons tous à nouveau un peuple, une nation."

Jules Béraud

Multiplication des tests ADN aux États-Unis : quels enjeux?

La multiplication récente des tests génétiques généalogiques aux États-Unis a donné aux Américains l’accès à leurs données ADN personnelles. Cependant, derrière la découverte de leur patrimoine génétique se cachent plusieurs enjeux liés à la protection des données personnelles.

Rien qu’en 2017, plus de 12 millions d’américains ont fait analyser leur patrimoine génétique grâce à des tests génétiques à distance pour déterminer leur ascendance et évaluer leurs risques face à certaines maladies. La popularité grandissante des tests comme ceux de 23andme ou Ancestrydna, inquiète cependant de nombreux politiques, scientifiques et groupes de citoyens qui considèrent que les informations recueillies ne sont pas suffisamment protégées.

"C'est la chose la plus précieuse que vous possédez", a affirmé Peter Pitts du Centre de médecine dans l'intérêt public à NBC.

Vendus sur internet à partir de 79 dollars, ces tests d’ADN peuvent être livrés à domicile en quelques jours. À l’intérieur, un tube en plastique qui, une fois rempli de salive, est envoyé au laboratoire de l’entreprise. Les résultats des tests sont ensuite mis à disposition du client sur internet ou par courrier.

Le problème soulevé par les experts, c’est que ces informations génétiques peuvent être revendues par les compagnies. Contrairement aux données génétiques collectées dans un hôpital, les informations collectées directement auprès des consommateurs avec ces tests génétiques maison ne sont pas soumises aux réglementations américaines qui encadrent le partage des informations personnelles.

Des scénarios préoccupants

Les compagnies d’assurance pourraient être les premières intéressées par les données collectées par ces tests, dont elles pourraient se servir afin de pénaliser les personnes présentant des risques de développer certaines maladies. Plusieurs experts craignent également que des pirates réussissent à voler de grandes quantités d'informations génétiques d'une entreprise.

"Il est possible que quelqu'un pirate une base de données d'entreprise contenant vos informations. Mes informations financières ont été piratées trois fois en deux ans", a déclaré Hank Greely, directeur du Centre for Law and Biosciences à la Stanford School of Medicine à NBC.

Contrairement à un numéro de carte de crédit, un génome ne peut cependant pas être modifié après que les données ont été volées. La protection des données génétiques doit ainsi être maximale.

Si à l’heure actuelle il est difficile d'identifier quelqu'un en se basant strictement sur son ADN, cela pourrait devenir plus facile à mesure que les bases de données génétiques grossissent. Les informations recueillies par les compagnies sur la santé, les habitudes de vie et les préférences de leurs clients au moyen de questionnaires complémentaires sur leurs sites internet apportent d’autres détails personnels qui peuvent être eux-aussi revendus.

"Surtout si [le test ADN d’une personne] est couplé avec des informations sur la santé, vous pouvez dire que c'est une femme de 39 ans du comté de Westchester qui mesure cinq pieds sept pouces, qui a les yeux bleus et qui a la fibrose kystique - ce ne serait pas si difficile pour quelqu'un de vous trouver", a ajouté Hank Greely.

Quelles sont les réponses à apporter ?

Pour le sénateur new-yorkais Chuck Schumer, le manque d’encadrement de la gestion des données génétiques recueillies par ces entreprises privées pose un réel risque pour les citoyens américains. Il a d’ailleurs a appelé la Federal Trade Commission à ouvrir une enquête sur les pratiques de confidentialité des sociétés de tests génétiques.

"Ce sont des informations sensibles, et ce que ces entreprises peuvent faire avec toutes ces données, nos informations confidentielles et les plus intimes, notre génétique, n'est pas clair et dans certains cas pas loyal et pas juste", a affirmé en novembre dernier le sénateur new-yorkais.

"Le problème que soulève le sénateur Schumer est un problème très réel, mais il ne se limite pas aux données génétiques", pense Barbara Evans, de l'Université de Houston. "Cela affecte également, par exemple, les données sur votre santé que les appareils médicaux transmettent au fabricant, les données personnelles stockées par les entreprises qui vendent des appareils de suivi de fitness ou des capteurs personnels, laboratoires de recherche et fournisseurs de technologies de l'information, et bien d'autres. "

Jules Béraud

Key West l’inoubliable

Avec ses paysages paradisiaques, ses eaux turquoise et sa vie culturelle dynamique, l’archipel des Keys, au sud de la Floride, et plus particulièrement la mythique Key West, est l’une des destinations touristiques les plus appréciées des Américains à la recherche d’évasion.

Parti à l’aube de Miami, un groupe de touristes français prend la route pour Key West. Dernier tronçon de la mythique U.S. Route 1, le trajet est déjà une expérience en soi. Les 170 kilomètres d’asphalte enjambent plusieurs centaines d’îles grâce à pas moins de 42 ponts qui surplombent une eau transparente. La route traverse successivement Key Largo, destination prisée des plongeurs, Islamorada, capitale de la pêche sportive, Marathon, avec ses plages paradisiaques, Big Pine et sa nature sauvage et, enfin, la légendaire île de Key West. Au programme du séjour de ces Français : découverte de l’île, déjeuner en mer, randonnée palmée, visite en kayak d’ilôts vierges et farniente sur la plage.

Comme eux, plus de 2,6 millions de touristes visitent chaque année le point le plus au sud des États-Unis, attirés par les richesses culturelles et naturelles de l’archipel.

Au large de Key West @ML

Journées en voilier, observation des dauphins, expéditions de plongée ou de pêche, promenades en kayak ou en planche à rame, tous les moyens sont bons pour explorer les eaux claires et la biodiversité abondante de la région.

Les Keys abritent en effet une quantité impressionnante d'animaux sauvages. À Key West, même les poulets sont sauvages et les touristes sont souvent surpris par les cris des coqs en liberté. Sur le port, les pélicans bruns se promènent eux aussi parmi les touristes et les colibris s’approchent sans crainte des visiteurs, tandis que les flamants roses, les tortues, les lamantins et les crocodiles peuplent les eaux qui entourent l’île.

Un des nombreux coqs en liberté dans les rues de l'île @ML

Centre culturel et gastronomique  

Dans le quartier historique de Key West, un groupe de croisiéristes venu sur l’un des nombreux navires qui font escale sur l’île déambulent pieds nus dans les rues. Fascinés par les maisons en bois séculaires, typiques de l’archipel, ils les photographient, passant de l’une à l’autre. Un couple de New-Yorkais, venu à Key West pour fêter leur anniversaire de mariage et chercher un peu de soleil, apprécie quant à lui la musique d'un groupe de musiciens dans un bar. Pour les touristes qui passent la nuit sur l’île, Duval Street est un incontournable. Avec ses nombreux bars, l'artère principale de l'ile est l'une des destinations favorites des noctambules.

La Key Lime Pie, un peu partout dans Key West @ML

Key West est également une destination prisée des amateurs de gastronomie, connue pour sa Key Lime Pie, une tarte au citron vert, ainsi que pour ses fruits de mer frais. L’île est d’ailleurs appréciée pour ses vendeurs ambulants qui proposent de goûter aux différentes spécialités locales comme les Conch Fritters, des petits beignets de conques frits et servis chauds.

Au premier étage de la maison d'E. Hemingway @ML

Repaire des écrivains et artistes

Malgré son ambiance détendue, la vie culturelle de l’archipel est riche et multiple et attire depuis plusieurs décennies des artistes et écrivains du monde entier. Le plus célèbre d’entre eux est certainement Ernest Hemingway. En 1931, l’écrivain américain, séduit par le soleil et le calme de Key West, choisit de s’installer sur l’île. La visite de sa maison, le Hemingway Home and Museum, y est d’ailleurs incontournable car c’est dans cette maison que l’écrivain a rédigé les deux-tiers de son œuvre. Le phare de Key West, situé en face de la demeure de l’écrivain, servait quant à lui de point de repère à l’écrivain après ses soirées arrosées au bar Sloppy Joe’s. D'autres écrivains et artistes ont eux aussi choisi de s'installer sur l'ile. Après plusieurs séjours entre 1941 et 1949, l’auteur américain Tennessee Williams s’installe à Key West jusqu’à sa mort en 1983.

Truman Avenue, Key West @ML

Key West est définitivement une des perles des États-Unis. Sur cette île où la nature, la gastronomie, la culture contemporaine et l'histoire se rencontrent, le temps semble ralentir. On ne quitte jamais vraiment Key West: elle est inoubliable.

Jules Béraud

Donald Trump, Richard Nixon : la multiplication des comparaisons

Depuis le début de l’enquête Mueller sur l’ingérence russe dans les élections américaines, les comparaisons entre Donald Trump et l’ancien président Richard Nixon se multiplient. Les parallèles entre les deux présidents américains sont en effet extraordinaires. Pour plusieurs experts, ces nombreuses similitudes soulèvent une question essentielle : les accusations de collusion avec la Russie et d’entrave à la justice contre Donald Trump pourrons-t-elle faire tomber le président américain comme le scandale du Watergate avait pu pousser Richard Nixon à la démission?

"Laissez les autres passer leur temps à s'occuper des petites choses obscures, faibles, insignifiantes et vicieuses. Nous avons passé notre temps et nous allons passer notre temps à construire un monde meilleur. La nation ne (devrait) pas se souvenir seulement des petites choses indécentes qui semblent nous obséder à un moment où le monde passe", affirmait Richard Nixon en 1973 en réponse aux accusations de la presse au plus fort de l'enquête du Watergate.

Ces propos rappellent étrangement le discours que tient Donald Trump depuis son entrée en campagne à l’été 2015. Depuis le début des investigations de Robert Mueller, ancien directeur du FBI et actuel procureur spécial chargé de superviser l’enquête sur les possibles liens entre le gouvernement russe et la campagne présidentielle de Donald Trump, l’actuel président américain, comme Richard Nixon en son temps, tente de minimiser l'importance de l’enquête dont il fait l’objet et de la transformer en attaque personnelle.

Plusieurs experts observent d’ailleurs une série de similitudes entre les deux hommes, qui ont entretenu une correspondance dans les années 1980. Déjà à l’époque, Richard Nixon voyait en l’homme d’affaires new-yorkais un futur président. "Cher Donald, je n'ai pas vu le programme mais Mme Nixon m'a dit que vous étiez génial dans le 'Donahue Show', écrit Nixon dans une lettre du 21 décembre 1987. Comme vous pouvez l'imaginer, elle est experte en politique et elle prédit que dès que vous déciderez de vous porter candidat, vous gagnerez !"

Des relations conflictuelles avec les médias

Comme son prédécesseur, le prescient Trump entretient une relation conflictuelle avec la presse. Pendant le scandale du Watergate, l'hostilité de Nixon envers la presse augmentait de jour en jour. Les médias, eux, encouragés par ces agressions, n’hésitaient pas à répliquer et à attaquer le président. Comme l'avait alors déclaré un journaliste au New York Times, "le président a déclaré la guerre et la guerre est en cours". Une guerre médiatique qui ressemble beaucoup aux affrontements répétés entre Donald Trump et la presse américaine, qu’il accuse de promouvoir de fausses nouvelles.

Face à ses attaques, les deux présidents ont pu compter sur un soutien inconditionnel de la majorité du parti républicain. Dans le cas de Nixon, le parti n’a accepté de retirer son soutien au président seulement lorsque les bandes des enregistrements de conversations incriminantes entre Nixon et ses conseillers dans le bureau ovale ont été rendues publiques. Si Donald Trump n’a pas encore été accusé formellement, ce dernier jouit lui aussi depuis le début de sa campagne, d’un soutien presque inconditionnel du parti républicain, malgré les avancées de l’enquête.

Entraves à la justice

Autre point de concordance, le rapport des deux présidents avec les autorités judiciaires chargées d’enquêter sur ces derniers.

En 1973, en plein cœur du Watergate, Nixon, qui avait refusé de livrer les enregistrements sonores du bureau ovale, ordonne l’éviction d’Archibald Cox, procureur spécial délégué à l’affaire du Watergate, ainsi que la dissolution de son équipe dans ce qui allait devenir le "massacre du samedi soir". Ce renvoi s’ajoute alors à la liste des fautes politiques et constitutionnelles de Nixon, considérées par le comité judiciaire de la chambre des représentants comme des entraves à la justice, un abus de pouvoir et un mépris du Congrès.

De son côté, Donald Trump, dont les capacités de provocation ne sont plus à prouver, a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaitait le renvoi du procureur spécial Robert Mueller chargé de l’enquête sur les ingérences russes. Bien que les médias spéculent sur la manière dont chaque nouvel élément de l’enquête pourrait conduire à une procédure de destitution, Donald Trump n’a pas encore été  accusé  d’obstruction à la justice.

Affaiblir la démocratie américaine

En mettant sur écoute le parti démocrate durant la campagne électorale de 1972, Richard Nixon et son équipe ont ébranlé le système démocratique des États-Unis. C’est précisément ce qui est reproché à la Russie dans l’enquête qui vise son ingérence dans la campagne électorale américaine.

Interrogés par CNN le 28 février dernier, les journalistes Carl Bernstein et Bob Woodward, récipiendaires du prix Pulitzer en 1973 pour leur enquête et les révélations sur l’affaire du Watergate dans le Washington Post en 1972 l’affirment: "Le Watergate constitue une tentative de Richard Nixon de saper le système électoral des États-Unis. Ce que les Russes ont essayé de faire (en 2016) était de déterminer le résultat d'une élection américaine, d'affecter une élection américaine. Donc dans les deux cas, assez ironiquement, vous avez les mêmes allégations. "

Deux hommes, deux styles très différents

Si les deux présidents ont des points communs évidents, plusieurs experts soulignent les différences dans leur style et dans leur exercice du pouvoir.

Dans une tribune publiée par le Los Angeles Times, David Rothkopf explique quelques différences entre les deux présidents. "Nixon a menti ; Trump ment pathologiquement. Les vérificateurs de faits ont relevé plus de 2 000 mensonges au cours de sa première année au pouvoir. Nixon a offert des insultes racistes en privé ; Trump a fait du racisme et de la misogynie un leitmotiv dans son administration."

"Nixon, continue-t-il, était un politicien expérimenté et à bien des égards un président efficace. Trump, en dépit des majorités dans les deux chambres du Congrès, a très peu fait et dans certains domaines - comme l'environnement, l'immigration, le commerce et la politique étrangère - il a été un désastre."

A l’inverse de Richard Nixon, Donald Trump, s’est présenté comme un candidat et un président hors norme, anti-establishment et résolument en phase avec les moyens de communication de son temps. Donald Trump, en est d’ailleurs un utilisateur assidu et n’hésite pas à outrepasser les canaux de communication traditionnels pour répondre aux accusations des médias.  "Dieu merci, Nixon n'avait pas Twitter", a d’ailleurs déclaré le journaliste Bob Woodward, sur CNN.

Jules Béraud

EN BREF

Le scandale du Watergate

Le scandale du Watergate commence au matin du 17 juin 1972, lorsque plusieurs cambrioleurs sont arrêtés dans les bureaux du parti démocrate, situé dans le complexe de Watergate à Washington. L’enquête révèle que malfaiteurs sont liés à la campagne de réélection du président Nixon et qu’ils ont été surpris en train d’installer des systèmes d’écoute et de voler des documents. En août 1974, après que son rôle dans la conspiration a été révélé, Nixon a démissionné afin d’éviter la destitution.

L’enquête de Robert Mueller

Depuis mai 2017, l'enquête dirigée par le procureur spécial Robert Mueller se penche sur l'ingérence russe dans les élections présidentielles américaines de 2016, y compris l'exploration de tout lien ou coordination entre les équipe de campagne de Donald Trump en 2016 et le gouvernement russe.

Mueller a pour l’heure obtenu des plaidoyers de culpabilité de cinq personnes : George Papadopoulos, ancien conseiller de Trump, Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale, Richard Pinedo, avocat, Alex van der Zwaan, avocat néerlandais, et Rick Gates, ancien conseiller de Trump. Des actes d'accusation supplémentaires ont été prononcés contre l'ancien président de la campagne Manafort, treize citoyens russes et trois entités russes.

Le 25 janvier 2018, le New York Times a rapporté que Donald Trump avait ordonné à Robert Mueller d'être limogé en juin 2017 mais avait reculé lorsque le conseiller de la Maison Blanche, Don McGahn, lui avait dit qu'il préfèrerait démissionner plutôt que d'appliquer la directive.

Des réseaux sociaux aux médias plus traditionnels, quand les théories du complot s’emparent de la fusillade de Parkland

Porte-parole du FBI, militants gauchistes anti-armes, complices du parti démocrate : depuis la fusillade, les partisans de la théorie du complot accusent les lycéens à l’origine de la campagne "Never Again" d’être pilotés par des groupes d’intérêts anti-armes. Des réseaux sociaux aux médias traditionnels, comment les idées complotistes sont-elles propagées ? Analyse. 

Le déferlement de théories du complot à la suite d’évènements dramatiques et de fusillades comme la tuerie de Parkland en Floride est chose courante aux États-Unis. Ces thèses complotistes proviennent des profondeurs d'Internet - souvent de 4chan ou de Reddit, des réseaux d’échanges d’images et d’informations anonymes particulièrement controversés - et sont ensuite partagées sur les réseaux sociaux Twitter, via des comptes conservateurs, nationalistes ou d’extrême-droite.

Depuis la fusillade de Parkland, les conspirationnistes ont pris pour cible les survivants du drame qui réclament un meilleur contrôle des armes à feu. Ces derniers soutiennent par exemple que les étudiants survivants s’expriment trop bien dans les médias pour ne pas être des professionnels rémunérés. Une enquête de CNN dans les archives politiques du site 4chan, une plate-forme prisée des adeptes des théories du complot où des anonymes peuvent poster des images et engager des discussions de tout genre, a d’ailleurs relevé que le nom de David Hogg, étudiant de Parkland à l’origine du mouvement  "Never Again", a été mentionné sur le site au moins 121 fois.

Moins d'une heure après la fusillade au Lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland le 14 février dernier, plusieurs comptes Twitter  ont également prétendu que les témoins interrogés par les médias traditionnels étaient des "acteurs de crise". Le terme se réfère aux personnes payées pour jouer des victimes de désastre dans des exercices de secours. Plus récemment, l'expression a été récupérée par les conspirationnistes qui prétendent que les fusillades sont des événements mis en scène par des groupes d’intérêts anti-armes dont l’objectif serait de retirer aux Américains le droit de porter des armes.

Des théories diffusées sur les réseaux sociaux

De Twitter à Facebook, en passant par Youtube, les réseaux sociaux sont les principaux canaux de diffusion des théories du complot et des fausses nouvelles. En effet, ils permettent à des individus, isolés ou organisés, de diffuser des informations infondées sans que ces dernières n’aient besoin d’être relayées par les médias traditionnels. Les algorithmes, les recherches par mots-clés et les contenus tendance des réseaux sociaux permettent quant à eux d’atteindre facilement les personnes sensibles aux idées conspirationnistes.

La fusillade de Marjory High ne fait pas exception. Un tweet viral d'un compte Twitter maintenant suspendu, @LagBeachAntifa9 localisé par les services de Twitter en Russie, a faussement affirmé que David Hogg a été scolarisé au lycée de Redondo Shores en Californie d’où il aurait été  diplômé en 2015. Le tweet a rapidement été diffusé sur 4chan. Pour démentir les accusations, un camarades de classe du lycéen de Parkland a publié une vidéo montrant leurs photos dans leur album des finissants 2017.

Quelques jours seulement après la tragédie, une vidéo largement visionnée sur YouTube a présenté Hogg comme "un acteur de crise", reprenant hors contexte une interview donnée par le lycéen  à KCBS, une chaine de télévision locale californienne en août 2017. A l’époque, Hogg avait été témoin d'une confrontation violente entre un sauveteur et surfeur sur une plage de Californie, où il était en vacances. Les conspirationnistes soutiennent que sa présence sur cette place n’était pas un hasard. Bien que la vidéo ait été retirée par YouTube pour violation de ses politiques contre l’intimidation et le harcèlement, cette fausse accusation a permis d’alimenter les théories du complot entourant la fusillade.

Sur Facebook, une vidéo publiée par la page d’extrême-droite américaine Survive Our Collapse contenant l’interview détournée de David Hogg en Californie a été vue plus de 2 millions de fois avant que Facebook ne la retire. Elle a depuis été modifée, retéléchargée sur la même page et partagée plusieurs dizaines de fois.

Des réseaux sociaux aux canaux officiels

Si ces théories du complot naissent généralement sur les réseaux sociaux, elles sont parfois relayées par certains médias plus traditionnels.  Alex Jones, un adepte des théories du complot et fondateur du média en ligne complotiste et proche des milieux d’extrême-droite InfoWars doute lui aussi de l'authenticité des étudiants de Parkland. L'Américain, également connu pour avoir diffusé la théorie selon laquelle la fusillade dans l'École primaire de Sandy Hook à Newtown au Connecticut en 2012, était un canular, reconnaît que "des gens réels ont été touchés" par la fusillade de Parkland, mais maintient lui aussi que David Hogg et ses comparses sont des acteurs de crise. Dans une vidéo publiée sur Youtube le 15 février, l'animateur de radio a également avancé la théorie selon laquelle la tuerie de Floride serait une opération menée sous "fausse bannière", c’est-à-dire une opération gouvernementale cherchant à détourner ou orienter le débat public.

Pour soutenir ses théories, InfoWars a montré à plusieurs reprises à ses 2.2 millions d'abonnés YouTube des copies d'écran de l’interview de David Hogg sur KCBS  en association avec d'autres images afin de prouver que les étudiants de Parkland sont bien "des acteurs de crise".

Plusieurs médias ont rappelé le fait que le père de David Hogg est un agent du FBI à la retraite. Pour le site The Gateway Pundit, un site d'extrême-droite accrédité à la Maison Blanche, cela prouverait le lien entre les étudiants de Parkland et les pouvoirs publics tels que le FBI, qui chercheraient à restreindre les droits constitutionnels des Américains et à accroître leur pouvoir.

Qui est à l’origine de ces théories?

Selon plusieurs études réalisées l’an dernier, ces conspirationnistes seraient généralement des citoyens américains blancs, peu diplômés provenant des régions rurales des États-Unis, dans les États où Donald Trump a réalisé d’excellents scores aux élections présidentielles de novembre 2016. Très attachés à l’esprit des fondateurs des États-Unis, ils promeuvent un conservatisme rigide et un nationalisme affirmé. Leur foi dans les complots qu’ils dénoncent semble être inébranlable.

Les profils Facebook, en majorité masculins, ayant relayés les contenus complotistes sur  la page Facebook de Survive Our Collapse, venaient d’ailleurs en majorite de l’Alabama, du Montana ou de l’Oklahoma.

Pour l’historien français Pierre Rosanvallon le succès du complotisme s’explique par le fait qu’il "prétend redonner de la rationalité dans un univers confus et rend lisible un monde que l’on pense comme opaque, insaisissable". Selon lui, les théories du complot donneraient l’impression à ces citoyens de participer à la société.  "L’évocation du complot redonne la possibilité d’agir sur les choses. On nomme un complot, ça veut dire qu’il y a un responsable, que si on l’atteint la société peut changer. Le complotisme prétend donner une intelligence du monde et une capacité d’agir sur les choses", expliquait-il au micro de France Culture lundi 26 février.

Quelle responsabilité pour les réseaux sociaux ?

Compte-tenu de l’influence toujours plus grande des réseaux sociaux dans le débat public, les différentes entreprises de technologie telles que Twitter et Facebook sont amenées à repenser leurs conditions d’utilisation afin de mieux contrôler la diffusion de ces théories du complot qui peuvent y perdurer plusieurs années.

Mercredi dernier, YouTube a retiré une vidéo de la page d'InfoWars.  La vidéo intitulée "David Hogg Can't Remember His Lines In TV Interview" (David Hogg ne peut pas se rappeler de ses lignes en interview) ne respectait pas les conditions d’utilisation de l’entreprise. "L'été dernier, nous avons mis à jour l'application de notre politique de harcèlement afin d'inclure les vidéos de canular qui ciblent les victimes de ces tragédies […] Toute vidéo signalée qui enfreint cette règle est examinée puis supprimée", à déclare un porte-parole de Youtube.

Interrogé par CNN sur ses politiques de lutte contre les théories du complot, Facebook a déclaré que ses normes communautaires prévoient conséquences en cas de violation des politiques du réseau social et que la punition dépend "de la gravité de la violation et de l'historique de la personne sur Facebook". Dans le cas de la page Survive Our Collapse , il est cependant impossible de savoir précisément quel aspect des normes de Facebook a été violé.

Si les réseaux sociaux retirent de temps à autre les contenus complotistes, ils ne le font souvent que lorsque ces derniers sont dénoncés par des utilisateurs ou les médias. Guillaume Chaslot, ancien ingénieur chez Youtube, a affirmé au Washington Post que ces entreprises n'ont pas fait assez pour éliminer les contenus complotistes.

Fin 2016, quand il est devenu évident que la publication de fausses nouvelles sur Facebook avait influencé l'élection présidentielle américaine, Mark Zuckerberg a décrit les mesures que l'entreprise avait prises pour combattre l'épidémie. Une de ces initiatives consistait à s'associer au Réseau International de Vérification des Informations de l’Insititut Poynter, une école de journalisme américaine à but non-lucratif, pour vérifier la véracité des reportages signalés comme de fausses nouvelles. Les employés chargés de la vérification des faits ont depuis fait part dans plusieurs journaux de leurs préoccupations au sujet du refus de Facebook de publier des statistiques sur leur travail, même en interne, ce qui pourrait prouver un échec de la mesure.

Dans une tribune de juin 2017 publiée sur le blog de Twitter, Colin Crowell vice-président de la compagnie délégué aux politiques publiques affirmait de son côté que les responsables du réseau social n'ont pas à être "les arbitres de vérité". "Journalistes, experts et citoyens engagés sont côte à côte, corrigeant et contestant le débat public à chaque seconde", a-t-il déclaré. Une déclaration qui illustre bien le dilemme auquel les reseaux sociaux doivent aujourd’hui faire face. Si ces derniers ne veulent pas perdre leur crédibilité  à cause de multiplication de fausses informations, ils ne souhaient pas non plus jouer les gendarmes ni se lancer à la poursuite des comptes qui en sont à l’origine.

L’inaction latente des réseaux sociaux à répondre à l’explosion de ces théories infondées laisse la voix libre aux complotistes qui peuvent poursuivre les familles des victimes pendant plusieurs années. Selon Joan Donovan qui étudie la manipulation des médias au think tank Data & Society, les théories du complot entourant la fusillade de Sandy Hook en 2012 continuent de hanter les familles des victimes, harcelées par des internautes cherchant à savoir si leurs enfants ont bel et bien perdu la vie dans la fusillade.  "Pour les années à venir, croit-il, ces étudiants de Parkland vont devoir subir le même sort."

Jules Béraud

Les deux ourses californiennes brûlées par l’incendie Thomas ont retrouvé leur habitat naturel

Les autorités californiennes ont donné aujourd’hui des nouvelles rassurantes sur la santé des deux ourses, symbole de la Californie, grièvement blessées lors du plus grand incendie qu’a connu le Golden State en décembre dernier.

Entre le 4 décembre 2017 et le 12 janvier 2018, un immense feu de forêt, Thomas, a affecté les comtés de Ventura et de Santa Barbara en Californie et a brûlé près de 115 000 hectares, devenant le plus grand incendie de l'histoire de la Californie.

L’incendie, qui a fait deux victimes (un pompier qui a succombé à ses blessures et une femme morte dans un accident de voiture en tentant de fuir les flammes), a détruit plus d’un millier d’habitations, déplacé des centaines de personnes et grandement affecté la faune et la flore locale, blessant plusieurs dizaines d’animaux.

Des nouvelles rassurantes

Aujourd’hui, les responsables qui surveillent deux ourses gravement brûlées dans l’incendie ont déclaré à la chaine de télévision locale KABC-TV que les animaux se réinstallaient bien dans leur habitat naturel après avoir reçu un traitement inhabituel pour leurs pattes blessées. Des photos récentes et des données GPS montrent que les femelles semblent en bonne santé lorsqu'elles se déplacent dans la forêt nationale de Los Padres au nord-ouest de Los Angeles.

Les ourses adultes ont été libérées dans la forêt le mois dernier après avoir reçu des soins pour leurs brûlures au troisième degré. Un puma a également été traité pour des brûlures aux pattes. Une des deux ourses était alors enceinte mais les responsables ne savent pas avec certitude si le bébé était déjà né.

Un traitement original

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(Département de la pêche et de la faune de la Californie / Associated Press)

Les vétérinaires qui ont traité les animaux ont cousu des peaux de poisson à leurs pattes brûlées, puis les ont enveloppées avec des bandelettes de feuilles de riz et de maïs.  Ce traitement a été choisi après que les soigneurs aient lu que des médecins brésiliens avaient placé des peaux traitées de tilapia, une espèce de poisson très répandue, sur les blessures d’hommes et de femmes brûlés pour apaiser leur douleur et favoriser leur guérison.

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(Département de la pêche et de la faune de la Californie / Associated Press)

Début janvier, Jamie Peyton, chef du service de médecine intégrative (qui réunit plusieurs approches médicales complémentaires) à l'école vétérinaire de l'Université de Californie à Davis, a déclaré qu’avant l’intervention, une des ourses restait couchée en permanence pour épargner ses pattes brûlées. Après le traitement et la pose de peau de poisson, l'ourse s’est relevée et a recommencé à se déplacer.

Jules Béraud

Après la fusillade de Parkland, pourquoi le Congrès hésite à contrôler les armes à feu?

Avec 17 morts, la fusillade du 14 février dernier, au lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland en Floride, est la plus meurtrière en milieu scolaire depuis la tueries de l'école élémentaire Sandy Hook en 2012. Comme après chaque tuerie, de nombreux Américains ont pris d'assaut les médias et réseaux sociaux pour relancer le débat sur le port d'armes à feu. Malgré tout, les États-Unis ne semblent toujours pas prêts à resserrer leurs lois sur le contrôle des armes à feu. Décryptage.

Mercredi, moins d’une heure après l’arrivée de la police sur les lieux de la tuerie provoquée par Nikolas Cruz, un ancien étudiant du lycée de 19 ans, Donald Trump a exprimé ses condoléances aux familles des victimes sur Twitter.

"Mes prières et mes condoléances aux familles des victimes de la terrible fusillade en Floride, aucun enfant, enseignant ou autre ne devrait se sentir en danger dans une école américaine".

Excédée par la réaction du président américain, Sarah Chadwick, 16 ans, lycéenne dans l’établissement où a eu lieu la tuerie, a craquée et a attaqué avec virulence le locataire de la Maison Blanche.

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 "Je ne veux pas de vos condoléances, p**t** de m*rd*, mes amis et professeurs ont été fusillés. Plusieurs de mes camarades de classe sont morts. Faites quelque chose au lieu d'envoyer des prières. Les prières ne règleront pas cela. Mais le contrôle des armes empêchera que cela se reproduise"

Le message de la jeune américaine a été largement partagé sur les réseaux sociaux : avant sa suppression, le tweet de Sarah avait été liké plus de 346 000 fois et retweeté par près de 144 000 comptes.

La population américaine est exaspérée par ces drames, beaucoup trop réguliers. Pour autant, la création d’une réglementation sur la possession d’armes à feu aux États-Unis est difficile à imaginer.

Dans un article paru jeudi, CNN explique les raisons pour lesquelles l’opinion publique américaine (et pas seulement les lobbys, comme la très puissante National Rifle Association) rend difficile le contrôle des armes à feu par le Congrès.

Les Américains sont très polarisés sur la question armes du contrôle des armes à feu

Harry J. Entern a examiné l’année dernière les réponses à dix questions, posées par le Pew Research Center à un échantillon représentatif de la population américaine, allant de l'avortement au libre-échange en passant par le mariage pour les personnes de même sexe. Les Américains étaient plus polarisés sur la politique des armes à feu que sur tout autre problème (mis à part la construction du mur à la frontière avec le Mexique).

Dans le dernier sondage du Pew sur le sujet, 79% des partisans républicains étaient contre la limitation de l'accès aux armes à feu. Seuls 20% des partisans démocrates partagent cette position. En d'autres termes, il y avait un écart partisan stupéfiant de 59 points de pourcentage sur la question. En effet, comme l'a souligné Nate Cohn du New York Times, peu de questions étaient plus prédictives du choix du vote aux élections de 2016 que la possession d'armes à feu.

De plus en plus d’Américains sont contre une politique de contrôle des armes à feu

Pendant plusieurs années, le Pew Research Center a sondé la population américaine pour savoir si elle était plus favorable à la protection du deuxième amendement ou au contrôle de la possession d'armes à feu. En 1993, 35% des américains ont répondu la protection des droits sur les armes alors que l’an dernier, 47% ont déclaré que la protection du deuxième amendement était plus importante que le contrôle des armes à feu.

Les défenseurs des armes à feu déterminent leur vote grâce à cette question

L'année dernière, Gallup (un autre institut de sondages) a demandé aux Américains s'ils ne voteraient que pour un candidat qui partageait leurs points de vue sur la politique des armes à feu ou s'il s'agissait de l'un des nombreux facteurs importants qu'ils prendraient en compte avant de voter. Parmi les propriétaires d'armes à feu, 30% ont déclaré qu'ils ne pouvaient voter que pour quelqu'un qui partageait leur point de vue. Parmi ceux qui ne possédaient pas d'armes à feu, c'était 20%.

Aussi depuis 2000, le pourcentage de propriétaires d'armes à feu qui ont déclaré que les questions liées aux armes à feu déterminaient leur vote a grimpé de 17 points. Il a augmenté de seulement 10 points parmi ceux qui ne possédaient pas d'armes à feu.

Même si certains responsables républicains étaient tentés de soutenir un contrôle plus strict des armes à feu, ces chiffres suggèrent qu'ils pourraient renoncer parce que les défenseurs des droits des armes à feu sont plus susceptibles de faire entendre leur voix.

Le soutien au contrôle des armes à feu peut augmenter momentanément mais ne dure généralement pas

Le soutien aux mesures de contrôle des armes à feu augmente parfois après les fusillades massives. Après les fusillades de Columbine (20 avril 1999) et de Sandy Hook (14 décembre 2012), les Américains étaient plus susceptibles de soutenir le contrôle des armes à feu que pendant d’autres périodes dans la mesure où ces événements tragiques ont été médiatisés plus largement que d’autres fusillades récentes.

Compte-tenu de la tournure médiatique des événements et de l’écho particulier des propos des partisans du contrôle des armes à feu dans la société américaine, il est probable que le soutien pour le contrôle des armes à feu puisse temporairement augmenter. Cependant, les antécédents suggèrent que tout choc dans l'opinion publique en faveur du contrôle des armes à feu ne tiendra pas : La tendance à long terme est contre le contrôle des armes à feu.

Jules Béraud

Un « 14 juillet » américain ? Les défilés militaires aux États-Unis

Inspiré par le défilé militaire français du 14 juillet auquel il a assisté l'été dernier, Donald Trump veut maintenant sa propre parade militaire. Bien que ce genre de cérémonie soit plutôt rare aux États-Unis, des défilés similaires ont déjà été organisé au pays de l'oncle Sam. Retour sur ces démonstrations de la puissance militaire des États-Unis.

Le 6 février dernier, Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche a confirmé l’information révélée par le Washington Post selon laquelle Donald Trump aurait demandé au département de la Défense d'étudier la création d'une cérémonie au cours de laquelle tous les Américains pourraient exprimer leur reconnaissance envers les militaires américains.

Aux États-Unis, il n'est pas rare de voir des foules enthousiastes saluer les troupes et les vétérans lors des célébrations du 4 juillet, du Memorial Day (Jour du Souvenir, le 29 mai), du Veterans Day (Journée des anciens combattants, le 11 novembre) ou même à l’occasion de rencontres sportives. Cependant, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il n'y a eu que très peu de démonstrations de la force militaire américaine. S'il avait lieu, le défilé de du président Trump serait d'ailleurs le premier du genre en trente ans.

Deux défilés à New York à l’occasion de la Seconde Guerre Mondiale : 1942 et 1946

Le 13 juin 1942, deux millions de personnes ont envahi les rues de New York pendant près de onze heures pour assister au défilé «At War Parade» de la ville. C'était une manifestation de solidarité importante pour les troupes américaines qui étaient entrées dans la Seconde Guerre mondiale en décembre 1941.

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Buste géant du président Franklin D. Roosevelt présenté lors de la parade de New York de 1942

Le 12 janvier 1946, un autre défilé militaire a eu lieu à New York pour célébrer la victoire des puissances alliées sur la coalition des puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de dix mille soldats de la 82e division aéroportée ont participé aux côtés de dizaines de chars et d'autres équipements militaires.

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Le Maj. Gen. James Gavin conduisant la 82e Division Aéroportée durant la parade de la victoire à New York, janvier 1946

Les cérémonies d’investitures de Dwight Eisenhower : 1953 et 1957

Considéré comme le plus long de l'histoire américaine, le premier défilé d'inauguration du président Dwight Eisenhower le 21 janvier 1953 comportait 73 groupes, 59 chars et de nombreux atouts militaires.

Army tanks move along Pennsylvania Avenue in the inaugural parade for President Dwight D. Eisenhower on January 21, 1953.

Défilé de Tanks, 21 janvier 1953

En 1957, la foule se rassembla à Washington pour la deuxième cérémonie d’investiture du Général Eisenhower - tout comme les chars. Environ 750 000 personnes se tenaient le long de la route alors que des milliers de soldats défilaient dans la capitale avec de nombreuses pièces d’artillerie.

La cérémonie d’investiture de John Kennedy : 20 janvier 1961

Le jour de l’investiure du plus jeune président de l’histoire des États-Unis, d’énormes bateaux militaires, les PT109, et plusieurs modèles de missiles balistiques ont été remorqué sur Pennsylvania Avenue, qui relie le Capitole à la Maison Blanche.

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Parade militaire sur Pennsylvania Avenue, 20 janvier 1961

Le défilé pour la victoire de la guerre du Golfe : 8 juin 1991

Le dernier grand défilé militaire aux États-Unis a marqué la victoire américaine dans la guerre du Golfe en 1991, sous la présidence de George H.W. Bush.

George H. Bush salue les troupes défilant à Washington

George H. Bush salue les troupes défilant à Washington le 8 juin 1991

Des hommages presque spontanés ont eu lieu à travers tout le pays pour accueillir les troupes qui faisaient partie de l'opération Tempête du désert, mais New York et Washington ont organisé les plus grandes célébrations.

À Washington, des véhicules blindés et des systèmes de missiles ont défilé devant près de 200 000 personnes alors que des avions de chasse furtifs volaient au-dessus.

Jules Béraud