Donald Trump a vu les choses en grand : pour l'inauguration de son nouvel hôtel de Washington, le candidat républicain a convié une meute de journalistes et d'invités "VIP". Le "petit déjeuner" est "très au-dessus du niveau habituel" des établissements américains, s'est amusé Ivan Couronne, journaliste à l'AFP, dans un tweet daté du 26 octobre.
Même le sol de marbre blanc, les appliques en bronze et les lustres en cristal ne semblaient à même d'éblouir la presse en ce jour d’inauguration.
Depuis le début de la campagne, la marque Trump jouit d'une publicité sans précédent. Mais quel est l'impact réel de la campagne sur les produits et les établissements du candidat républicain ?
"Boycotttrump2016"
Depuis quelques mois, les appels au boycott se multiplient, notamment sur internet. Parmi les plus populaires, on trouve le site "boycotttrump2016" qui recense l'ensemble des biens du groupe du candidat républicain.
Le site - qui vend aussi des goodies "Certified Trump Free" - appelle les internautes à "passer à l'action", en évitant les hôtels de Donald Trump :
"Si vous êtes fatigués de tout ce langage de haine et des tirades explosives d'un certain candidat républicain, ne vous énervez pas, faites une action pour vous, pour votre famille, pour vos amis, pour votre réseau... C'est simple, prenez l'engagement de ne pas séjourner dans ses hôtels, ni de jouer sur ses terrains de golf, ni de manger dans ses restaurants, ni de visiter ses établissements, ni de le financer en achetant sa marque"
La Trump Tower à New York
L'ampleur de la fortune Trump
Mais quel est l'impact réel d'une telle mobilisation ? Donald Trump s’est fait un nom en tant que promoteur immobilier, expliquant qu’il a commencé sa carrière au bas de l’échelle, selon lui : «Rien n’a été facile pour moi. J’ai commencé à Brooklyn, mon père m’a fait un petit prêt d’un million de dollars». Le milliard a fait cette déclaration à NBC le 26 octobre 2015, soit un an jour pour jour avant l’inauguration de son hôtel à Washington.
Maintenant, un million ne représente plus grand chose pour Donald Trump, qui estime sa fortune à plus de 10 milliards de dollars, 5 milliards selon le magazine Forbes.
Trump joue également de sa fortune pour essayer de remporter cette campagne présidentielle, expliquant que, contrairement à son adversaire, il finance lui-même sa campagne : « Ni les banques ni les multinationales ne peuvent me contrôler », dit-il.
Loin d’être un politique, Donald Trump est avant tout un homme d’affaire, ne craignant pas de froisser l’opinion publique avec ses propos agressifs et son extravagance.
Le candidat républicain n’a jamais été autant médiatisé que pendant cette campagne présidentielle, une médiatisation qui servira toujours son business, Président des Etats-Unis ou non.
Trump est devenu une marque au fil des années, étant considéré comme l’un des hommes les plus riches et puissants du pays. Cependant, sa dette est estimée à plus de 650 millions de dollars. Un chiffre que le candidat essaye tant bien de mal de cacher en ouvrant fréquemment de nouveaux hôtels.
Le modèle Trump, vraiment un espoir ?
C'est un des motifs récurrents de la campagne de Trump : faire de la politique comme il a réussi à faire du business. Cette semaine encore, lors de l'inauguration, le candidat républicain s'est servi de son nouvel hôtel comme d'une preuve de ses capacités à diriger une entreprise, et, donc, à diriger d'un pays. Dans le pays du self-made man, cette rhétorique convainc.
Pour autant, le modèle d'entreprise de Donald Trump est-il vraiment si parfait qu'il ne le dit ? De nombreux scandales assombrissent en effet l'image qu'il voudrait donner de ses différents projets. Tout d'abord, lui qui se bat contre l'immigration illégale est soupçonné d'avoir embaucher, pour construire ses hôtels... des travailleurs illégaux.
En 1980, lors de la construction de la célèbre Trump Tower sur la Cinquième Avenue à New York, Donald Trump a ainsi fait travailler pendant plus de six mois des ouvriers polonais installés illégalement sur le territoire américain - un scandale qui a été souvent abordé pendant la campagne. Trump a toujours démenti, déclarant "ne pas avoir été au courant."
De la même manière, Donald Trump a fait de la délocalisation un de ses combats, et a pris comme ennemis la Chine et le Mexique. Pourtant, où sont fabriqués les pièces de sa ligne de vêtements, Donald J. Trump collection ? Les chemises sont faites en Chine, au Bengladesh, au Honduras et au Vietnam ; les articles de sport, en Inde. Le site Internet Buzzfeed a, quant à lui, commandé un costume Trump, affichée comme "Made in USA" ... mais dont l'étiquette montrait qu'il venait d'Indonésie.
Sa gestion immobilière n'a pas été de tout repos non plus, comme le rappel la faillite de son palace Taj Mahal à Atlantic City. Alors, faites ce que je dis mais pas ce que je fais ?
Anne Pouzargues, Clara Tran et Clémentine Boyer Duroselle