Qui est Huma Abedin, cette femme de 40 ans, vice-présidente de la campagne d'Hillary Clinton, qui se retrouve en première ligne après la découverte des e-mails du département d'État sur l'ordinateur portable de son ex-mari Anthony Weiner ?
Enfance intellectuelle à Jeddah
Née dans le Michigan en 1976, Huma passe son enfance à Jeddah, en Arabie saoudite, au sein d’un milieu intellectuel. D’origine pakistanaise, sa mère est sociologue et son père, indien. Engagé pour la défense de l'islam, il fonde l’Institut des affaires de la minorité musulmane, un important groupe de réflexion à l’origine du Journal of Muslim Minority Affairs. Sa vocation est d’« éclairer » les communautés musulmanes minoritaires du monde entier dans l’espoir de « garantir leurs droits légitimes ».
Journalisme vs politique
Revenue aux États-Unis pour étudier à l’université George Washington, Huma effectue son premier stage à la Maison Blanche. A seulement 19 ans, la jeune ambitieuse intègre le cabinet d’Hillary Clinton, la First Lady de l’époque, bien qu'elle se rêve davantage en journaliste. Son modèle est Christiane Amanpour, l’ex-correspondante vedette de CNN. « Seize ans plus tard, je ne changerais rien, déclare-t-elle en 2012. Et j’ai même pu rencontrer Christiane Amanpour ! » Après la mort de son père, Huma deviendra tout de même rédactrice en chef adjointe du Journal of Muslim Minority Affairs, la revue que Syed Zainul a fondé.
Islam
Comme son père, Huma s'est toujours engagée en faveur de la défense des communautés musulmanes dans le monde. Elle a rejoint le Conseil islamique mondial de la Daawa et du secours d’Abdallah Omar Nassif, une organisation interdite en Israël en raison de ses liens avec l’Union of Good de Youssef Al-Qardaoui, qui collecte des fonds pour le Hamas.
Chasse aux sorcières
Cette proximité supposée avec l'islam radical a suscité de nombreuses critiques, notamment de la part des adversaires politiques de la jeune femme. En 2012, la députée ultra-conservatrice Michèle Bachmann déclare que la famille Abedin a des liens avec l’organisation terroriste al-Qaida. Elle exige alors avec quatre autres congressistes du Parti républicain (Trent Franks, Louie Gohmert,Thomas Rooney et Lynn Westmoreland) qu’une enquête soit menée sur la supposée infiltration du gouvernement américain par les Frères musulmans. Aujourd'hui, le nom d'Huma est cité sur la liste des apostats à abattre de l'Etat Islamique. Elle défend une vision modérée de l'islam : « Je suis fière d’être musulmane. Trump cherche à inscrire le racisme dans la loi. Mais son islamophobie ne reflète pas les valeurs de l’Amérique »
"Seconde fille d'Hillary"
Cette chasse aux sorcière n'a jamais effrayé Hillary Clinton, qui considère Huma comme sa "seconde fille". Au fil des ans, la jeune femme a su gagner la confiance de l'ex-Première Dame et se rendre indispensable au point de gérer l’emploi du temps quotidien de la candidate. Alan Patricof, fondateur d’Apax Partners et soutien du couple Clinton déclare à ce propos : « Je ne perds même pas de temps à essayer d’appeler les Clinton directement. Je l’appelle elle. Cela revient au même ».
Avant de devenir vice-présidente de sa campagne, la jeune femme occupa différents postes, plus ou moins stratégiques : assistante personnelle, chef du protocole, conseillère technique et chef de cabinet quand Hillary était Secrétaire d’État.
Scandale Weiner
Les épreuves les ont rapprochées : comme la candidate démocrate, Huma a dû faire face aux frasques de son ex-mari, Anthony. En 2011, ce politicien est contraint de démissioner de son poste de représentant de l'Etat de New York après avoir admis qu'il avait envoyé une photo de son slip bombé à une étudiante qu'il n'avait jamais rencontrée sur Twitter. En juillet 2013, rebelote, malgré ses excuses : alors qu'il est favori de la primaire démocrate pour la mairie de New York, il admet qu'il a continué à échanger, sur Internet, des messages à caractère érotiques avec des inconnues. Fin août, Huma demande le divorce suite à de nouvelles révélations du New York Post.
Quatre salaires
En 2013, Huma est épinglée par Charles Grassley en raison des multiples emplois qu'elle occupe . Le sénateur républicain de l’Iowa l'accuse d'avoir été rétribuée par Teneo pour collecter des « renseignements politiques » à destination de ses clients dans une lettre. En plus de son salaire du département d’État de 135 000 dollars, la jeune femme aurait également été rémunérée, selon lui, 335 000 dollars pour ses activités annexes de conseil. Craignant que cela ne « brouille la frontière entre les employés du public et ceux du privé », le républicain exige alors plus de transparence sur ses différentes fonctions. Huma tente de calmer le jeu et répond personnellement à Grassley en niant toutes ses accusations.