A la Lufthansa, on tient à jour des listes sur les vols, sur les passagers, mais aussi sur les informations privées de ses salariés. Août 2013, au Terminal 1 de l’aéroport de Roissy, Franck Bonnot, un délégué syndical, trouve par hasard un document rédigé par son supérieur hiérarchique. L’Oeil du 20h a pu le consulter. On y découvre des commentaires personnels concernant les 150 employés de l’escale française de l’entreprise allemande. Problème : ce type de fichage est un délit.
Commentaires déplacés, orientations politiques et situation familiale
Sur les cinq pages manuscrites en allemand, une salariée est décrite comme “un peu élimée, mais ok”, l’un de ses collègue est “mauvais, bête, inutilisable” et considéré comme “la léthargie personnifiée, paresseux, en fait insupportable”. Face à chaque noms sont également indiquées les orientations syndicales ou politiques. L’un est un “mauvais exemple” et “a participé à la grève”, l’autre a “une attitude profondément socialiste”.
Tout y est consigné, jusqu’à la vie privée des salariés. Une employée a un “mari indien” et “est en congé parental indéterminé”. Une autre est “célibataire depuis des années” et l’une de ses collègues a “enfant handicapé”. L’un des salariés, malade du SIDA, voit son nom accolé à la mention “VIH depuis 2004, près de la fin”. La compagnie aérienne