Depuis 10 ans, le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais dans la région, ce label prestigieux se révèle parfois encombrant...Certains maires songent même à s’en débarrasser.
Parmi les 109 sites du bassin minier inscrits à l’UNESCO, il y a un immeuble dans la commune d'Annay-sous-Lens (Pas-de-Calais). Il s'agit précisément d'un camus, une construction typique des années 50 pour loger les mineurs. Mais depuis 20 ans, le bâtiment est à l’abandon.
Une verrue dans le paysage
Pour Hervé Terlat, maire (PC) de la ville, l'immeuble est devenu une verrue qui gâche le paysage. "Je pense que ce que l'on voit là nuit à l'image de ce que peut représenter l'UNESCO, se désole-t-il. Ce n'est pas cela qu'on veut montrer quand on veut rendre la mémoire aux mineurs qui ont souffert".
En raison du classement à l’UNESCO, le maire ne peut pas raser le bâtiment…Il a bien cherché à le rénover pour en faire 6 logements sociaux mais les devis sont exorbitants… 2 millions d’euros selon lui, c’est la moitié de son budget annuel. Même avec d’éventuelles subventions publiques, ça ne passe pas. "On ne peut pas dépenser autant d'argent public pour si peu", estime Hervé Terlat.
Le label ne s'accompagne d'aucune subvention
Car le classement à l’Unesco c’est surtout pour la gloire… cela ne donne droit à aucune subvention. Le maire souhaite qu’on lui retire le fameux label.
A Barlin, autre commune du Pas-de-Calais, ce sont des rues entières qui sont classées … Les petites maisons en brique alignées, typiques des cités minières, ont séduit l’Unesco.
Berthe Ducatel, 93 ans, veuve de mineur, vit dans une de ces maisons. A cause du label Unesco, la façade ne peut subir aucune transformation. Notamment pour mieux isoler ce logement humide… alors elle doit se contenter du système D: elle a acheté récemment deux déshumidificateurs. "Tous les soirs à 17H je dois les vider, ils sont plein d'eau, explique-t-elle. J'ai été obligé d'investir car les murs étaient mouillés".
Des contraintes pour la rénovation
Seule une rénovation par l’intérieur est possible. Mais cela pose un autre problème. Chez les voisins, les travaux ont été faits, et le logement, déjà petit, a encore perdu de la surface: environ 15 centimètres de parois isolantes sur chaque mur. Résultat: dans une chambre, le lit double ne passe pas.
Pour le maire de Barlin, c'est un frein pour accueillir des familles, nécessaires au dynamisme de sa commune. "On est vraiment plus du tout sur les mêmes surfaces entre logement rénové et pas rénové, pointe Julien Dagbert (SE). Accueillir des familles aujourd'hui dans ces maisons, c'est compliqué".
Contactée, l'UNESCO répond: "La seule contrainte c'est l'intégrité du site. Le site doit rester conforme à ce qu'il était au moment de son inscription". L'organisme explique que détruire ne serait-ce qu'un bâtiment pourrait menacer l'inscription de tout le bassin minier au patrimoine mondial.