Une épidémie de rougeole à Disneyland attire l'attention sur les « anti-vaccins »

En janvier 2015, 102 cas de rougeole se sont déclarés aux Etats-Unis. 98 cas ont été retracés par le Center for Disease Control (CDC - l'organisme américain en charge de la prévention des épidémies) à un foyer qui se serait déclaré à Disneyland, à Anaheim en Californie.
La rougeole est en pleine résurgence aux Etats-Unis. De moins d'une centaine de cas au milieu des années 2000, la maladie a atteint un record de plus de 600 cas en 2014. La centaine de cas de janvier 2015 présage une augmentation importante pour cette année.

Cette épidémie a attiré l'attention des américains sur le phénomène croissant du mouvement des « anti-vaccin ». Le mouvement trouve ses origines dans une étude par le médecin britannique Andrew Wakefield, affirmant un lien entre le vaccin rougeole-oreillons-rubéole et l'autisme chez les enfants. Cette étude, entachée de fautes déontologiques et de conflits d'intérêt, à été mainte fois démentie depuis.
Mais fi! Le mouvement anti-vaccin s'est propagé sur internet et il prospère de plus en plus aux Etats-Unis.

La Californie est particulièrement atteinte par ce phénomène. Si le taux de vaccination à l'échelle de l'état est équivalent au reste du pays, certaines communautés -essentiellement issues des classes moyennes ou supérieures - ont un taux de vaccination au dessous de 50%.
Selon les scientifiques, un taux de vaccination de plus de 90% est nécessaire pour assurer l'immunité collective -la protection des individus qui ne peuvent être vaccinés, comme les nourrissons, grâce à l'immunité de l'ensemble du groupe autour d'eux.

La réaction des anti-vaccins

Le camp des anti-vaccins a pris un sérieux coup avec l'attention apportée à la résurgence de maladies que l'on pensait disparues aux Etats-Unis. En observant les forums d'échanges des anti-vaccin, on observe des réactions allant d'un retour à la raison à la théorie du complot la plus acharnée.

• Certains parents ont d'ores et déjà décidé, face à la possibilité d'une épidémie de rougeole, de faire vacciner leur enfant:
« Nous avons un voyage pour Disneyland prévu dans deux mois. Mon fils n'est pas vacciné, et même si je n'ai pas peur de la rougeole, je reconnais que c'est un problème pour certains qu'il puisse contracter la maladie et la propager, dans un aéroport par exemple...»

• Toutefois, la tendance générale reste au déni, versant dans les faits les plus improbables:
- « Le fait qu'aucun cas n'aie été découvert dans les années 2000 est sans doute le résultat du travail des pédiatres, qui ne savaient pas à quoi ils avaient affaire. »
- « Ma question est: Comment est-ce que ça a commencé? Est-ce que quelqu'un avec la rougeole y est vraiment allé (à Disneyland, Ndlr) ou est-ce qu'un enfant vacciné a commencé à développer le virus et infecter des gens? Je penche pour la deuxième solution. »

• Mais l'aspect le plus inquiétant est sans doute la récupération des faits pour un autre but. Certains conservateurs cherchent à rejeter la responsabilité de l'épidémie sur l'immigration.
C'est notamment le cas du site internet conspirationniste infowars ou du site conservateur Breitbart. La palme revient à au site Front Page Mag - dont le slogan est « Dans chaque libéral il y a un fasciste qui cherche à sortir » - qui titre: « Pourquoi accuser les anti-vaccins au lieu des immigrés?

Quelques militants anti-vaccins ont même pris la plume sur Wikipédia, en modifiant certaines pages pour faire passer leur message. Sur la page Epidémies de rougeole au XXIème siècle par exemple, une phrase s'est brièvement glissée dans le texte, accusant un « bus d'immigrés illégaux emmenés par Barack Obama » d'être à l'origine de l'épidémie de Disneyland.

T.L

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé