On ne le répétera jamais assez, pour comprendre la politique américaine, il faut comprendre l'argent. Lors des primaires, plus qu'un programme, c'est la capacité d'un candidat à mobiliser des foules et des fonds qui est analysée par les cadres des deux partis. Barack Obama, on se rappelle, était un leveur de fonds exceptionnel, qui avait financé la campagne la plus chère de l'Histoire.
Les « political action commitees » (comités d'action politique ou PAC) sont un rouage crucial du système américain de financement des campagnes politiques. Petite explication.
1Le PAC : Puissant mais limité
Créés en 1944, les PAC traditionnels sont des organismes relativement simples. Ce sont des association qui collectent des fonds, dans le but les redistribuer vers des formations ou des campagnes politiques. Les PACs sont soumis à des règles assez strictes, avec un plafond de contribution à 5000€ par personne. Ils ne peuvent redistribuer que 5000$ par candidat et par an et 15 000$ par parti et par an. Il en existe environ 4600 à travers le pays repartis en deux types.
Les PACs dit « connectés » sont créés au sein d'une organisation, la plupart du temps une entreprise, un syndicat ou une organisation de commerce. Ils ne peuvent recevoir de l'argent qu'au sein d'un groupe limité de personnes - en l’occurrence les employés ou les personnes syndiquées. Le PAC redistribue ensuite cet argent selon ses propres critères.
Il existe également des PACs dit « déconnectés » qui peuvent être formés par des groupes à but politique ou des membres du Congrès - les « leadership PAC ». Ces PACs peuvent recevoir de l'argent de toute personne qui désire en donner. Les PACs connectés, et particulièrement les leadership PACs, sont souvent plus riches que les PACs connectés. Ils sont utilisés par les candidats pour des dépenses qui ne participent pas directement d'une campagne et ne sont donc pas concernées par les limitations légales - consultants, sondages, frais de voyage...
En 2008, avant l'apparition des Super-PACs, les PACs auraient dépensé environ 50 millions de dollars dans la campagne présidentielle, sans compter les donations faites aux candidats.
2Le « Super-PAC » : L'arme du milliardaire
Les « independent expenditure only committees » (Comités de dépenses indépendants, plus tard surnommés Super-PACs par le Wall Street Journal) apparaissent en 2010 grâce à une décision de la Cour Suprême américaine. Dans une décision serrée, les juges décident que l'interdiction pour les entreprises et les syndicats de contribuer directement à des campagnes politique est une violation de la liberté d'expression.
Du point de vue légal, les Super-PACs sont beaucoup moins régulés que les vrais PACs. Il n'y a notamment aucune limite sur la quantité d'argent que peut donner un seul individu ou une corporation à un groupe donnée. En revanche, les Super-PACs ne redistribuent pas l'argent aux candidats et aux partis. Ils doivent mener directement leurs propres actions, en parallèles de la campagne officielle, sous la forme de publicités ou d’événements publics par exemple.
Il est en revanche illégal de coordonner ces actions avec la campagne officielle d'un candidat. C'est pourquoi les Super-PACs ont tendance à préférer les campagnes négatives - en vue de ruiner l'image d'un adversaire - plutôt que de risquer un couac dans la campagne du candidat qu'ils soutiennent.
Les Super-PACs méritent leur nom. En terme de puissance de feu, ils dépassent largement les PACs traditionnels. Pour la session 2014 du Congrès, les Super-PACs ont dépensé plus de 345 millions de dollars. Le plus gros Super-PAC de la campagne - le comité pour la majorité démocrate au Sénat - a dépensé 46 millions de dollars à lui seul, dont 43 millions sont allés à des campagnes négatives contre les républicains.
L'année 2016 devrait être celle de l'explosion des dépenses des Super-PACs. Hillary Clinton dispose déjà d'une puissance de feu colossale tandis que les candidats républicains courtisent les milliardaires qui disposent de leur propre comités comme les frères Koch, dont la valeur dépasse les 40 milliards de dollars et qui se sont déclarés prêts à dépenser 500 millions de dollars (sic) sur le candidat de leur choix.
Ce graphique montre comment 47 personnes ayant donné plus d'un million de dollars à un Super-PAC couvre 43% de l'ensemble des donations en 2012.
Vous pouvez découvrir l'ensemble des (colossales) dépenses déclarées par les Super-PACs à cette adresse grâce à Open Secrets: https://www.opensecrets.org/pacs/superpacs.php
En attendant, une seule PAC a déjà produit une publicité. Elle soutien Rand Paul et sa lutte contre la NSA et est pour le moins...Originale.