Vous pensiez les émissions de téléachat réservées aux produits minceur miracles et aux bijoux flashy ? Détrompez-vous : Gun TV vendra des armes à partir de janvier 2016.

Gun TV, une chaîne de téléachat consacrée aux armes, débarque sur les écrans américains

Dans un pays où l'on compte plus d'une fusillade par jour, la création de Gun TV fait grincer des dents. Comme son nom l'indique, Gun TV est une chaîne spécialisée dans la vente d'armes, de munitions et autres gilets de chasse. La chaîne doit arriver sur les écrans américains début 2016. Elle sera disponible par abonnement, via câble et satellite, selon The Guardian.

Comme sur une chaîne de shopping traditionnelle, les téléspectateurs pourront assister aux démonstrations des équipements, qu'ils pourront ensuite acheter sur internet ou par téléphone. Particularité de la chaîne : les articles ne seront pas expédiés directement au domicile des clients, mais au vendeur d'armes le plus proche, qui sera chargé de vérifier les antécédents de l'acheteur, conformément à la législation.

La chaîne se lance en plein débat sur le contrôle des armes

Alors que l'enquête sur les attentats qui ont fait 14 morts à San Bernardino mercredi est toujours en cours, et que Barack Obama appelle à renforcer le contrôle des armes à feu, l'ironie de l'annonce est mordante.

Pourtant, les fondateurs de Gun TV, un couple résidant en Californie et qui a travaillé sur d'autres émissions de téléachat par le passé, ne pensent pas que la création de la chaîne aura pour conséquence d'augmenter le nombre d'armes en circulation. "La philosophie de notre business est de répondre à une demande, pas d'en créer une", a affirmé Valerie Castle, l'une des fondatrices de Gun TV, au Desert Sun. Gun TV s'est engagée à diffuser des vidéos sur la nécessité de respecter la loi et la sécurité d'autrui. Le couple a même baptisé la société qui possède Gun TV "Social Responsibility Network" (le réseau de la responsabilité sociale).

La vidéo de présentation de Gun TV :

Les anti-armes ne sont pas de cet avis. "Tant de personnes sont tuées par les armes chaque jour aux Etats-Unis, nous devons y réfléchir sérieusement. Mon instinct me dit que [cette chaîne] est la dernière chose dont nous avons besoin", déplore Laura Cutilletta du Law Center to Prevent Gun Violence, un think-tank basé à San Francisco, contactée par un journaliste de Desert Sun. "Acheter une arme pour votre maison n'est pas une décision qui doit être prise à 3 heures du matin parce que vous regardez la télévision", a ajouté Cutilletta, faisant référence aux achats impulsifs parfois provoqué par de les programmes de téléachat.

Les Américains achètent de plus en plus d'armes

La demande d'armes est réelle aux Etats-Unis : de plus en plus d'Américains font l'acquisition d'une arme, selon les chiffres du FBI cités par le NYT. La faute, peut-être, au sentiment d'insécurité qui a envahi le pays après les récentes fusillades, et aux encouragements de certains officiels, comme ce shérif qui a conseillé à ses administrés de porter leur arme après le massacre de San Bernardino.

Les fondateurs de Gun TV ont refusé de répondre à nos questions. "Du fait des pressions inhérentes au lancement de l'affaire, ils n'ont pas le temps pour des questions ou des interviews" a indiqué leur porte-parole.

 

François Hollande en conférence de presse à la Maison blanche aux côtés de Barack Obama, le 24 novembre, pour parler du terrorisme et de l'Etat islamique. Crédit : France 2 Washington

Rencontre Hollande/Obama : pas de grande coalition avec la Russie sans transition politique en Syrie

Depuis les attentats de Paris, on avait senti une inflexion de la part de François Hollande quant à la possibilité d'une "grande coalition" avec la Russie, contre l'Etat islamique. Elle ne semble plus à l'ordre du jour.

Ce mardi, François Hollande faisait étape à Washington dans son tour du monde pour convaincre ses alliés d'intensifier la lutte contre l'Etat islamique, l'organisation terroriste responsable des attentats du 13 novembre en région parisienne. Après presque 2 heures d'entretien à la Maison blanche avec son homologue américain, François Hollande a donné une conférence de presse conjointe avec Barack Obama.

La conférence était ponctuée de moments d'hommage aux victimes des attentats du 13 novembre - dont un "Nous somme tous Français", en français dans le texte, de Barack Obama. Elle n'a débouché sur aucune nouvelle annoncePas de date de départ pour le président syrien Bachar al-Assad, dont le pays est en guerre civile depuis 4 ans. Pas d'envoi de soldats au sol, mais une "intensification des frappes" aériennes et de la collaboration des services de renseignement annoncée par François Hollande. Et surtout : pas de coalition avec la Russie si celle-ci continue à soutenir al-Assad.

Pourtant, après les attentats du 13 novembre, la France avait montré des velléités de coopération avec Moscou. La conférence a mis les choses au clair ce mardi : la "grande coalition" avec la Russie n'est pas à l'ordre du jour - sauf à ce que Moscou cesse de frapper les rebelles anti-Assad en Syrie, et accepte de concentrer sa force de frappe sur l'Etat islamique.

"Nous avons une coalition de 65 pays qui luttent activement contre l'Etat islamique depuis un moment", a déclaré le président Obama. "La Russie a une coalition de 2, l'Iran et la Russie, qui soutiennent Assad. Etant donné les capacités militaire de la Russie et son influence sur le régime d'Assad, leur coopération serait d'une aide précieuse pour résoudre la guerre civile en Russie, et nous permettrait de nous re-concentrer sur l'Etat islamique".

 

Nos correspondants Valérie Astruc et Jacques Cardoze étaient à la Maison blanche :

La rencontre entre Hollande et Obama avait lieu dans un contexte tendu : le matin-même, la Turquie avait abattu un avion militaire russe près de la frontière syrienne, invoquant une violation de son espace aérien. Les chefs d'Etat ont invoqué le manque d'informations à ce stade pour écourter leurs réponses à ce sujet. "Ma première priorité est d'éviter l'escalade" entre Moscou et Ankara, a déclaré Barack Obama. 

Le président français, qui avait accueilli à l'Elysée le premier ministre britannique David Cameron en début de semaine, poursuit son tour du monde des alliés avec une visite à Moscou jeudi. Di'ci la fin de la semaine, il aura vu les chefs d'Etat allemand, italien, canadien et chinois; ainsi que le président du Conseil européen et le premier ministre turc.

Et retrouvez notre live-tweet de la conférence :

Live Blog François Hollande en visite à Washington pour aborder la lutte contre l'Etat islamique
 

Les candidats républicains utilisent les attentats de Paris pour critiquer la politique d'Obama en matière d'accueil des migrants syriens. Crédit : CNBC

Les attentats de Paris radicalisent le débat américain sur les réfugiés

Les attentats qui ont touché Paris le 13 novembre n'ont pas épargné la vie politique américaine.

Après la découverte d'un passeport syrien, qui n'a pas été authentifié pour le moment, à proximité du corps d'un kamikaze au stade de France, et dont le titulaire aurait suivi la route des réfugiés, le débat est relancé quant à la possibilité d'une infiltration d'islamistes parmi les migrants qui fuient la guerre civile en Syrie pour se réfugier en Europe.

La présence du passeport pourrait être une manipulation de l'Etat islamique, afin de radicaliser la question des réfugiés en Europe et d'aiguiser les tensions communautaires, comme le suggère un ministre allemand. S'agit-il d'une fausse piste ? Les candidats républicains n'ont pas attendu de connaître la réponse pour réclamer la fermeture des frontières du pays aux réfugiés syriens.

Les Républicains profitent des attentats pour avancer leurs arguments

"Faire venir des gens dans ce pays, de cette partie du monde, est je pense une grave erreur", a déclaré Ben Carson. "Pourquoi n'infiltreraient-ils pas des gens dont l'idéologie est opposée à la notre ?" s'est-il demandé sur Fox News Sunday. Jeb Bush et Ted Cruz ont quant à eux plaidé pour accueillir essentiellement des Chrétiens de Syrie sur la chaîne CNN. Le magnat de l'immobilier Donald Trump, connu pour ses déclarations fracassantes, a comparé l'entrée des réfugiés à celle d'un "cheval de Troie".

Cette position n'est pas nouvelle. Les conservateurs critiquent depuis le début l'annonce de la Maison blanche, qui a promis d'accueillir 10 000 réfugiés syriens sur le territoire américain l'année prochaine. L'administration Obama avait tenu à préciser que les migrants seraient soumis à une vérification de leurs antécédents avant de passer la frontière.

Mais les attaques de Paris, largement couvertes dans les médias américains et qui ont suscité la compassion d'une grande partie de la population, ont donné des billes aux conservateurs.

Contre l'objectif d'Obama d'accueillir 10 000 réfugiés

Trois jours après les événements, au moins six gouverneurs républicains ont annoncé qu'ils refuseraient d'accueillir des réfugiés dans leurs états respectifs.

En réponse, la Maison blanche a fait savoir qu'elle ne renoncerait pas à l'objectif d'accueillir 10 000 migrants. Lors d'une conférence de presse qui ponctuait une réunion du G20 en Turquie, le président Obama s'est en particulier emporté contre la proposition de Jeb Bush de limiter l'accueil aux Chrétiens. "Ce n'est pas ça, l'Amérique", a-t-il déclaré, sans directement citer le nom de Bush, "Notre compassion n'est pas conditionnée à la réussite d'un test religieux".

Leur principal argument : il est impossible de vérifier les antécédents des migrants

Cela n'empêche pas les Républicains d'exploiter ce qui constitue selon eux un point sensible : dans le contexte de la guerre civile syrienne, il est difficile de contrôler le parcours de ses ressortissants. 

"On ne peut pas vérifier [les] antécédents [des réfugiés]", a déclaré le candidat et sénateur républicain Marco Rubio à ABC News ce week-end. "Vous ne pouvez pas passer un coup de fil et appeler la Syrie", a-t-il ajouté.

Les membres de l'administration Obama n'ignorent pas la possibilité d'une infiltration islamiste, selon The Hill. Cette année, le directeur du FBI James Comey reconnaissait face à des sénateurs que le risque zéro n'existait pas - même si l'administration est selon lui de plus en plus apte à repérer les éventuels terroristes.

Même précaution du côté d'Hillary Clinton, candidate démocrate favorite des sondages. Interrogée au lendemain des attentats de Paris, au cours du débat télévisé entre candidats démocrates, Clinton a insisté sur la nécessité de soumettre les réfugiés à un processus de vérification de leurs antécédents. Elle plaide pour accueillir 65 000 d'entre eux. Le thème du débat, censé porté sur l'économie, avait été modifié après l'annonce des attentats du 13 novembre.

Beaucoup de bruit, pour peu de réfugiés

Les parlementaires républicains ont annoncé lundi qu'ils tenteront de bloquer l'accueil des 10 000 réfugiés annoncé par l'administration Obama, en ne lui accordant pas les financements nécessaires. "Nous prenons en considération toutes les options afin de s'assurer que quelque chose comme cela [les attentats de Paris, NDLR] n'arrive pas ici en même temps que les réfugiés", a déclaré lundi le Speaker de la chambre, Paul Ryan, au micro du conservateur Bill Bennett. "Nous devons nous assurer que nous nous protégeons", a-t-il ajouté.

Même si le nombre de réfugiés syriens accueillis par les Etats-Unis atteint les 10 000 comme le souhaite Obama l'an prochain, il reste cependant négligeable comparé au nombre de migrants qui se rendent en Europe pour échapper à la guerre civile. Selon l'ONU, 95% des réfugiés syriens se trouvent dans un pays voisin du leur. Au total, plus de 4 millions de réfugiés syriens ont été recensés par l'ONU.

Un policier arrête brutalement une lycéenne qui utilisait son téléphone en classe. La scène aurait eu lieu le 26 octobre.

Policiers à l'école : l'arrestation violente d'une lycéenne relance le débat aux Etats-Unis

Ce n'est pas la première fois que la vidéo d'une arrestation violente d'un citoyen américain noir par un policier blanc déclenche un scandale.

Mais cette fois-ci, la scène est d'autant plus choquante qu'elle se déroule dans une école. Car aux Etats-Unis, il n'est pas rare d'y croiser des policiers.

Les vidéos montrent l'étudiante de 16 ans assise devant son pupitre, dans le lycée Spring Valley à Columbia, en Caroline du Sud. Elle est jetée et trainée au sol par le policier : 


Une enquête a été ouverte par le Département de la justice et le FBI. L'officier qui a arrêté la jeune femme a été suspendu.

Punie pour avoir utilisé son téléphone

Selon une camarade de la jeune fille, qui a filmé la scène et a été interrogée par des journalistes de CNN, l'adolescente utilisait son téléphone en classe, ce qui est prohibé par le règlement de l'école. Le professeur appelle alors un policier en charge de la surveillance dans le lycée, qui demande à la jeune fille de lui remettre son téléphone. Elle refuse. L'officier lui demande de quitter la classe. Nouveau refus. Il procède alors à son arrestation.

La présence de policiers dans les écoles est banale aux Etats-Unis

Pour certains, il ne faut pas blâmer le policier, mais les règles qui autorisent la présence de policiers dans les écoles.

Selon le National Center for Education Statistics, 43% des écoles publiques ont au moins un chargé de sécurité, dont des policiers (chiffres de 2009-2010). On les appelle les "School Ressource Officer".

Leur présence croissante dans les école est une réponse à l'augmentation du nombre de délinquants juvéniles aux Etats-Unis dans les années 1980 et 1990, selon un rapport du Congressional Research Service.

Leur rôle ? Conseiller les élèves, les éduquer sur les questions de sécurité et de citoyenneté, mais aussi faire respecter la loi dans l'école. Ils peuvent réaliser des services à la demande du personnel de l'école, procéder à des arrestations, éconduire des intrus hors de l'école, aider les étudiants victimes de racket ou donner des cours d'éducation civique.

Flics ou éducateurs ?

Mais le rôle des officiers varie selon l'école et selon l'état. Le shériff du county de Richland en Caroline du Sud, Leon Lott, supérieur de l'officier qui apparaît dans les vidéos, affirme que le rôle de ses hommes n'est pas d'assurer la discipline dans les écoles, mais d'être des "professeurs", des "mentors".

"Malheureusement, nos législateurs ont voté une loi qui s'appelle 'déranger la classe'", a déclaré le shériff à CNN. "Si un étudiant dérange la classe (...) il peut être arrêté."

Ces arrestations à l'école permettent-elles de réduire la violence sur les campus américains ? "Malgré la popularité des School Ressource Officers, peu d'études fiables ont évalué leur efficacité", affrime le rapport du CRS. 

Pour autant, les tueries comme celles de l'école primaire de Newtown en 2012 "pourrai[ent] inciter certains législateurs" à trouver des moyens d'augmenter la présence de ces policiers dans les écoles, relevait le rapport en 2013.

En septembre dernier, un jeune Noir de 16 ans a été violemment interpellé pour avoir marché sur un couloir de bus à Stockton, Californie.

Oakland, en Californie, veut mettre fin aux bavures policières

Le mois dernier, un américain 16 ans a été violemment interpelé par la police pour ne pas avoir emprunté le passage piéton dans une rue de Stockton, en Californie.

La scène, filmée par un passant, est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux. On y voit le jeune Noir, qui n'est pas armé, est jeté dans un bac à fleurs, avant d'être entouré par 9 policiers appelés en renfort.

De quoi relancer le débat sur les "bavures" des policiers, dont certains ont la gâchette facile, face à des suspects pourtant non armés. Et sur le racisme dont feraient preuve certains membres des forces de l'ordre. L'année dernière, l'affaire Michael Brown avait provoqué manifestations et émeutes à Ferguson, dans le Missouri. Michael Brown est un jeune homme noir âgé de 18 ans, qui a trouvé la mort après avoir été visé par un policier blanc.

En avril dernier, Walter Scott, un cinquantenaire noir, est suspecté d'avoir enfreint le code de la route, est abattu par un policier blanc à Charleston. La scène, également filmée par un passant, montre un homme abattu alors qu'il tente de s'enfuir.

Pour éviter de nouvelles bavures, la ville d'Oakland en Californie a investi dans la formation de ses policiers.  France 2 s'est rendue sur place pour découvrir comment Oakland se place en première ligne pour changer les méthodes des policiers.

Un reportage de Valérie Astruc, Régis Massini, Arielle Monange et Fabien Ortiz :

Vous pensiez les émissions de téléachat réservées aux produits minceur miracles et aux bijoux flashy ? Détrompez-vous : Gun TV vendra des armes à partir de janvier 2016. Crédit : M&R Glasgow

Pourquoi on pourra toujours acheter des armes dans les supermarchés américains, en 3 chiffres

Après l'assassinat de deux journalistes en direct sur une chaîne de télévision locale cette semaine, le débat sur les armes à feu revient sur le devant de la scène aux Etats-Unis.

Hillary Clinton, une des candidates du parti démocrate à l'élection présidentielle de 2016, s'est dite "en colère" et a appelé à "mettre fin à la violence armée" dans un tweet :

Selon les éditorialistes du Washington Post, rien ne dit que des contrôles plus poussés auraient évité la mort des deux journalistes. "Mais peu importe", ajoutent-ils, "ce genre de tragédies nous rappelle la facile et brutale efficacité des armes à feu lorsqu'il s'agit de tuer".

Aux Etats-Unis, on peut acheter un fusil au supermarché - même si le géant Walmart vient d'annoncer le retrait des armes semi-automatiques comme le AR-15s de ses rayons. Le port d'armes est soumis à l'obtention d'un permis et à des règles qui diffèrent selon les états.

Le renforcement du contrôle des armes à feu est un sujet qui apparaît régulièrement dans les médias et sur les réseaux sociaux - comme ce fut le cas en juin dernier, après le massacre de neuf personnes de couleur noire dans l'église de Charleston - mais rien ne change dans les faits. Ce qui fait dire aux éditorialistes du New York Times : "nous savons tous que tout changement est improbable, malgré la grotesquerie qui agite les réseaux sociaux".

Voici 3 chiffres qui montrent pourquoi :

63% des Américains affirment que posséder une arme chez soi permet d'être plus en sécurité

selon un sondage Gallup de 2014

1/3 des Américains possèdent une arme à feu

selon un sondage du Pew Research Center effectué en 2014

52% des Américains veulent soit faciliter le port d'armes, soit ne rien changer

14% des personnes interrogées par l'institut de sondage Gallup en 2014 veulent faciliter le port d'armes, 38% ne veulent pas changer les règles actuelles. 

Au contraire, 47% des répondants se sont dits en faveur de règles plus strictes pour limiter le port d'armes.

Retrouvez notre Grand Format sur les enfants américains qui apprennent à utiliser des armes (décembre 2014) :

Meurtre de 2 journalistes en direct : la traque sur les réseaux sociaux

Deux journalistes de la chaîne locale WDBJ7 ont été tués par balles alors qu'ils réalisaient une interview en direct ce mercredi matin, dans un centre commercial de Moneta, dans l'état de Virginie. Le suspect s'est suicidé quelques heures plus tard, après une course poursuite physique et virtuelle avec la police.

Ce meurtre a eu lieu en direct, non seulement à la télévision, mais aussi sur lnternet. Grâce aux réseaux sociaux, policiers, journalistes et internautes ont pu suivre le suspect à la trace : 

  • Les moyens techniques des chaînes de télévision sont si performants aujourd'hui qu'il est possible d'obtenir un direct presque parfait, sans décalage. Après que les coups aient retenti, la caméra d'Adam Ward, le photographe de la chaîne, est tombée au sol et a continué de tourner. Les images ont été diffusées sur la chaîne locale et capturées par des internautes, qui les ont ensuite postées sur le site de vidéos en ligne Youtube :

La journaliste en pleine interview

La journaliste Alison Parker en pleine interview

Le tueur fait son apparition.

Le tueur fait son apparition

La caméra est au sol.

La caméra est au sol

Retour sur le plateau. La présentatrice reste bouche bée.

Retour sur le plateau : la présentatrice est choquée

  • Les téléspectateurs ont pu alors brièvement voir sur leurs écrans le visage du tueur, un pistolet à la main. Un internaute, Jamey Singleton, en a fait une capture d'écran, qu'il a postée sur Facebook :

Capture par Jamey Singleton

  • Dans le même temps, le tueur a lui-même filmé la scène. Le suspect, un ancien journaliste de la chaîne qui se fait connaître sous le nom de Bryce Williams, a ensuite publiée sa vidéo sur Facebook et Twitter - alors même qu'il était recherché par la police.
le tueur publie sur twitter jpeg

La vidéo a été filmée l'arme à la main

 

  • Sur son compte Twitter, le suspect explique ensuite pourquoi il en voulait à ses victimes. Il accuse Alison Parker d'avoir eu des commentaires racistes à son égard et Adam Ward de s'être plaint de lui auprès du service des ressources humaines de la chaîne.

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Bryce Williams se décrit également comme un ex-mannequin, éduqué comme témoin de Jéhovah.

  • Twitter suspend rapidement le compte de @bryce_williams7. LinkedIn fera de même pour son profil professionnel, qui indique que Bryce Williams a travaillé en tant que journaliste à WDBJ pendant moins d'un an, jusqu'au début de l'année 2013.

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  • Sur Twitter, un autre présentateur de WDBJ7 a fait part de sa peine sur les réseaux sociaux. Il a annoncé qu'il était en couple avec la journaliste tuée quelques heures plus tôt.

 

  • Les réactions des internautes américains ne se sont pas faites attendre. Sur la page Facebook officielle de Bryce Williams, les insultes se sont multipliées, jusqu'à la suspension de la page par le site :

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Un internaute a même compilé les interventions télévisées de Bryce Williams, ancien journaliste, et les a publiées sur Youtube avec la bannière "tueur d'innocents".

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Le suspect est décédé à l'hôpital mercredi en début d'après-midi (heure américaine), après s'être suicidé par balle. Dans une lettre de 23 pages faxée deux heures avant le meurtre à la chaîne ABC News, Bryce Williams déclarait qu'il était plein de colère depuis le massacre de Charleston en juin dernier. Neuf personnes de couleur noire avaient été assassinées pour des motifs racistes dans l'église de Charleston en Caroline du Sud.

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La sécurité aéroportuaire américaine échoue dans 95% des cas

67 échecs sur 70 tentatives. Ce sont les résultats glaçants d'une étude menée par le département du Homeland Security sur l'efficacité de la sécurité aéroportuaire américaine, la TSA. Dans une série de « tests-runs » à travers la sécurité des aéroports « les plus fréquentés des Etats-Unis » (Homeland Security n'a pas donné de détails sur les aéroports et la nature des tests effectués), les agents de sécurité des aéroports ont échoué à détecter une arme des des explosifs factices dans 95% des cas.

De quoi relancer le débat sur l'utilité des procédures parfois extrêmement intrusives de la TSA, comme l'implantation généralisée des « full-body scanners » qui dénudent virtuellement tous les passagers avant leur accès à l'appareil.

Les chiffres sont choquants, mais ce n'est pas la première fois que la TSA est prise en défaut. Dès 2012, un étudiant nommé Jonathan Corbett publiait une vidéo dans laquelle il expliquait que les scanners utilisés par l'agence étaient vulnérables à une technique toute simple. Sur un scanner, une arme apparaît en noir. Et puisque les images sont prise sur fond noir, il suffit de tenir l'arme à son côté pour la rendre invisible à l'opérateur.

A l'époque, les officiels de la TSA ricanent face aux accusations de l'étudiant. Hélas, en 2014, une équipe de scientifiques de l'Université de Californie parvient exactement aux mêmes résultats, comme le rapporte Wired. Ils trouvent même de nouvelles méthodes créatives pour passer les scanners, ils parviennent à forcer l'ordinateur à remplacer une photo par une autre grâce à un virus, ou à dissimuler des explosifs en les moulant autour du corps d'un individu. « Les machines n'ont simplement pas été testée avec l'esprit d'un adversaire, qui chercherait activement à la contourner. » explique le scientifique responsable de l'étude.

A gauche, un homme désarmé. A droite, un homme portant un pistolet .380 ACP.

A gauche, un homme désarmé. A droite, un homme portant un pistolet .380 ACP.

Les scanners utilisés ont déjà été remplacés pour des versions moins invasives et plus efficaces, mais avec cette nouvelle enquête de Homeland Security relance une nouvelle fois la polémique. Melvin Carraway, le patron de la TSA, a déjà été licencié et Homeland Security annonce une réévaluation complète des procédures de sécurité de l'agence.

 

Ben Laden, l'homme derrière les documents

La CIA a déclassifié et rendu publique hier une série de documents capturés par le commando des Navy SEALS qui a pris d'assaut la résidence d'Oussama Ben Laden à Abbotabad. 103 documents originaux - dont la CIA publie l'original arabe et la traduction anglaise - plus une liste de documents tiers récupérés, qui révèlent une partie de la personnalité du leader terroriste, celle choisie par les analystes américains évidemment.

1Ben Laden - Le djihadiste

Le cœur de la masse de documents déclassifiés concerne bien sûr la direction d'Al-Qaïda et de ses alliés à travers le monde. Sans surprise, ils parlent de la montée des tensions à l'intérieur du mouvement djihadiste, à l'époque ou les partisans d'un djihad global et ceux d'un conflit centré sur la création d'un califat au Moyen-Orient se débattaient à l'intérieur d'Al-Qaïda. Ce conflit aboutira à l'apparition d'une branche « hérétique » d'Al-Qaîda, devenue l'Etat Islamique.

Ben Laden représentait jusqu'au bout la branche globale du groupe. Dans plusieurs textes, il appelle l'ensemble des arabes à l'unité contre l'ennemi principal : l'Occident. C'est tout le contraire de ce qui s'est passé après sa mort, avec le recentrage du djihad sur la création d'un califat Moyen-Orient et l'explosion de violences entre différents groupes armés musulmans.

Ben Laden apparaît également comme un passéiste des méthodes du djihad. Jusqu'en 2011, juste avant sa mort, l continue à insister sur l'organisation d'opérations de grande ampleur contre les Etats-Unis. Il rêve d'attaques plus massives encore que le 11 Septembre. Il parle de viser les ambassades et les compagnies pétrolières américaines en Afrique.
A la même époque, l'ensemble des chefs djihadistes se tournent vers l'appel aux « loups solitaires » et à des opérations de taille réduite pour instiller la peur à l'étranger et contrer la surveillance américaine. Depuis sa mort, Al-Qaïda tout comme Daesh ont adopté ces méthodes.

2Ben Laden - Le parano

Ce n'est pas le dernier paradoxe de l'homme. Ben Laden appelle constamment à des opérations massives, mais redoute la surveillance et les drones américains et ordonne à ses subordonnés d'éviter d'utiliser des emails ou de se rassembler en groupes conséquents.

Dans certaines de ses lettres, il vire même franchement à la paranoïa démente, comme lorsqu'il dit redouter la présence de micro-transmetteurs dans les vêtements de ses femmes. Il conseille également à l'une d'entre elle de se faire examiner par un dentiste fidèle à la mouvance terroriste à son retour d'Iran, craignant qu'un émetteur aie pu être logé dans le plombage qu'elle s'est faite faire à Téhéran.

Cela dit, pour citer Pierre Desproges: « Ce n'est pas parce que je suis paranoïaque qu'ils ne sont pas tous après moi. » Malgré ses précautions, ce seront ses lettres qui causeront la perte de Ben Laden, après que la CIA soit parvenue à traquer l'un de ses courriers. Ben Laden meurt dans un raid des forces spéciales américaines le 2 mai 2011.

3Ben Laden - Le père de famille

C'est sans doute l'aspect le moins attendu des documents déclassifiés, ceux qui peignent le portrait d'un mari aimant pour ses 4 femmes et d'un père attentionné et admiré par ses 20 enfants.

Ben Laden s'intéresse au moindre détail du mariage de son fils Khaled à la fille d'un commandant d'Al-Qaïda abattu par les américains. Il parle des noces « que son cœur a attendu avec impatience » avec toute l'excitation du père. A sa femme Kairiah, il écrit une lettre pleine de tendresse dans laquelle il: « Attend sans cesse que tu quittes l'Iran » (ou une grande partie de sa famille était réfugiée.)

La correspondance la plus étendue se fait avec son fils Hamza - lui aussi retenu en Iran - dont il souhaitait faire son successeur à la tête d'Al-Qaïda. En 2009, Hamza lui écrit: « Mon cœur pleure de cette longue séparation, sans cesse désireux de te voir. Mes yeux se rappellent de la dernière fois que je t'ai vu, quand tu étais sous un olivier et donnait des perles de prières à tous les musulmans. »

4Ben Laden - L'érudit

C'est l'autre grosse partie des documents révélés par la CIA, la liste des lectures d'Oussama Ben Laden, qui avait apparemment beaucoup de temps à tuer, caché à Abbotabad. La liste de ses lectures - qu'il se procurait en ayant ses hommes scanner des livres entiers loin de sa cachette -  révèle un goût prononcé pour l'étude de son grand ennemi: Les Etats-Unis.

Des ouvrages sur la guerre selon Obama par Bob Woodward - qui avait révélé l'affaire Watergate - aux ouvrages de Noam Chomsky, en passant par des études de la défaite militaire américaine au Vietnam et d'anciens rapports du Sénat sur les programmes de la CIA...On retrouve aussi des lectures moins académiques, notamment des ouvrages conspirationnistes sur les Illuminatis.
La bibliothèque de Ben Laden tient de l'obsession, voire de la fascination pour le pouvoir militaire américain. Au deuxième rang de ses intérêts....La France! Le terroriste possède pas moins de 19 ouvrages - parfois hautement spécialisés sur l'économie ou l'industrie de l'armement - sur l'Hexagone.

Plus surprenant, de courts extraits des documents parlent d'un Ben Laden politicien. Derrière la certitude qu'Al-Qaïda parviendra à unir le monde arabe sous sa férule, Ben Laden se prend à spéculer sur les efforts à faire en tant que futur chef d'état dans la région. Il s'inquiète notamment des effets du réchauffement climatique dans la région et conseille de « limiter l'utilisation des ressources d'eaux souterraines » au Proche-Orient et d'assurer au plus tôt la sécurité alimentaire de la région.

T.L

Section 215 : Le début de la fin du Patriot Act?

Section 215. Quelques paragraphes dans un document de plusieurs centaines de pages écrites en quelques semaines après les attentats du 11 septembre 2001: le Patriot Act. Mais quelle section! Elle encadre la plupart des programmes d'écoutes domestiques de la NSA et du FBI, la « bulk collection » (collecte en gros) des données. Edward Snowden avait révélé son slogan officieux: « Collect it all! » (Collectez tout!).

Mais après un renouvellement sans problème en 2011, la Section 2015 expire de nouveau le 1er juin prochain. Et le vote sur son renouvellement pourrait bien se transformer en plébiscite pour ou contre la surveillance de masse.

C'est quoi, la Section 215?

Dans le texte, la Section 215 permet aux agences de renseignement américaines une autorisation à un juge pour la collecte de documents et de métadonnées - soit les information sur un échange plutôt que le contenu de l'échange en question - sur un suspect. A priori, le cadre légal est clair, mais le diable se cache dans les détails. Dans la pratique, une requête ne peut pas être ré-examinée une fois approuvée, son application est secrète et sans limite de temps.

Pire, dans un témoignage offert face à une commission du Congrès, le vice-directeur de la NSA explique que l'agence étend couramment le champs d'application d'une autorisation de surveillance à trois intermédiaires au delà de la cible de départ - schématiquement, l'agence est en mesure d'espionner: La cible -> Ses contacts - > Leurs contacts - > Leurs contacts. Une formule exponentielle qui permet de mettre des milliers de personnes sous surveillance à partir d'une seule autorisation.

Aujourd'hui même, une cour fédérale a jugé que la surveillance appliquée par la NSA sous la Section 215 était « injustifiée et sans précédent » et par conséquent illégale. La cour estime que les autorisations de surveillance doivent être mieux encadrées, et que le spectre massif des collectes opérées par la NSA doit être réduit. Selon The Intercept, cet arrêt à lui seul pourrait signifier la fin de la surveillance de masse aux Etats-Unis. Quoi qu'il en soit, il marque l'évolution des mentalités américaines face au phénomène NSA.

L'expiration de la Section 215 est donc une date clé dans le débat sur la surveillance électronique américaine. La Maison Blanche a déjà pris position contre son renouvellement, mais le vote est entre les mains du Congrès.

Et maintenant? 

Contrairement à la France, qui s'est jetée à corps perdu dans la collecte de métadonnées - via les fameuses « boîtes noires » de la nouvelle loi sur le renseignement -, la surveillance de masse fait de plus en plus polémique aux Etats-Unis. En plus de la Maison Blanche, des élus des deux camps se sont prononcés pour un encadrement sévère de la surveillance électronique à l'intérieur du territoire américain. Le Congrès républicain ne dispose donc pas d'une majorité assurée pour renouveler la Section 215, comme le souhaitent pourtant ses deux leaders, John Boehner au Sénat et Mitch McConnel à la Chambre des représentants.

Si la loi n'est pas renouvelée, ça sera la première section du Patriot Act a disparaître sans intervention de la Cour Suprême. On est loin de la fin du Big Brother américain, mais l'espoir est permis.

T.L