Dans une autre vie, Amélie et Jullian Pekle étaient respectivement graphiste et cuisinier. Et après un long séjour de trois ans au Japon, puis de retour en France, les voilà devenus paysans-boulanger. Installés à Moréac le 1er février 2018 sur une petite exploitation de 17 hectares, La Ferme de la Roche Bleue, elle, s’occupe de faire pousser des céréales bios, lui, de la fabrication du pain.
« Du coup, explique Amélie Pekle, on maîtrise tout. On travaille les champs nous-mêmes. On a trouvé une veille machines des années 70, capable de moissonner sur de petites parcelles comme la nôtre. Ça nous prend trois jours pour faire une parcelle, quand les moissonneuses d’aujourd’hui font ça en une heure. Mais c’est un moment festif ! Après, on tri le grain, on stocke sur place, et on a notre propre moulin.»
Des céréales, un pain, un terroir
Soucieux du maintien de la biodiversité, le couple s’est également lancé dans la préservation de variétés anciennes, des céréales locales comme les blés de Redon, le seigle de Pluvigner. Reconnues pour leur qualité nutritive et gustative, pour Amélie Pekle, l’objectif et d’appliquer au pain, la même approche que pour le vin.
« Un cépage sur une parcelle va donner un goût particulier, différent de celui d’un cépage qui pousse à 50 mètres sur une autre parcelle. Nous, on fait la même chose avec nos céréales. Notre pain n’a pas le même goût que les autres, parce que notre levain et nos céréales ne sont pas ceux des autres. »
Le pain est vendu en direct. Dans des magasins de producteurs du département, ou sur les marchés autour de Moréac. Par soucis d’économie, et pour lutter aussi contre le gaspillage, Jullian Pekle s’efforce de répondre au plus près aux besoins, aux habitudes, de sa clientèle. Mais malgré ses efforts, « Il me reste toujours quelques miches sur les bras », déplore le boulanger.
Une bière au pain
Soucieux de ne plus rien jeter, le couple en parle à un ami brasseur, Jérôme Kuntz, de la brasserie Saint-Georges, à Guern. Très vite l’idée de remplacer l’orge par le pain invendu apparaît. « Ce n’est pas une nouveauté, explique le brasseur, ça s’est déjà pratiqué et ça se pratique encore. Surtout dans les pays de l’Est où il existe des spécialités de boissons à base de pain mis à tremper et fermentées.»
Après quelques essais, un premier brassin de 300 litres est produit. La bière du fournil, une boisson dont le goût se rapproche de celui d’une bière blanche mais légèrement iodée « parce que le pain est salé », précise Jérôme Kuntz. Son succès est rapide, tout a été vendu en quelques semaines. Mais du pain invendu, nos deux paysans-boulangers assurent en avoir déjà mis de côté. Un nouveau brassage est prévu pour l’été.