"Passe-moi la salade, je t'envoie la rhubarbe"


"Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe" a déclaré Nicolas Sarkozy au JT de 20h de France 2, laissant circonspects un grand nombre d'internautes. Ces petits arrangements avec la langue de Molière, délibérés ou non, ne datent pas d'hier. L’œil du 20h va tout vous dire de ce langage fleuri qui détrône parfois la langue de bois chez les politiques.

D’où vient alors l’expression citée par Nicolas Sarkozy ? Depuis deux jours, la question agite les réseaux sociaux. Nous avons posé la question au linguiste Alain Rey. Selon lui, la langue de Nicolas Sarkozy a fourché. L'expression est tirée de l'oeuvre de Molière, "Le médecin malgré lui", où il est écrit : “passez moi la rhubarbe je vous passerai le séné”. Le séné, ce n’est pas une salade, c’est une plante médicinale et par cette phrase, Molière ne parlait pas politique mais seulement médecine. Nicolas Sarkozy a donc changé les mots et le sens.

Nicolas Sarkozy n’est pas le premier politique à se perdre au rayon des classiques. Le député des Français établis hors de France, Frédéric Lefebvre (LR) a confondu "Zadig" de Voltaire avec la marque de vêtements "Zadig et Voltaire". L'ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner avait réussi à confondre un peuple d'Asie avec des produits laitiers : les yogurts au lieu des ouïghours. Quant à Jacques Chirac et son néologisme "abracadabrantesque", l'ancien président avait réhabilité un mot employé avant lui par Arthur Rimbaud. Et le mot poétique devint politique. 

Guindrecourt : 90% de votes FN


Dans deux communes de l'Hexagone, le vote Front national a atteint les 90% au premier tour des élections régionales. En Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, le village de Guindrecourt-sur-Blaise a recueilli 90% des voix en faveur du Front National. Mais pourquoi donc l’extrême droite détient-elle ici un record national ?

Dans ce village de Haute-Marne, 37 personnes sont inscrites sur les listes électorales. Et sur les 21 votants du premier tour, on dénombre 18 bulletins pour le Front national, un vote blanc, un pour le PS et un bulletin Debout la France. Comment expliquer un tel succès ? Plusieurs habitants évoquent le sentiment d’abandon et la hausse du chômage. 

Mais qui sont donc les deux habitants qui ont choisi un autre parti ? Pour les trouver, ce n'est pas une mince affaire. C'est finalement au détour d’un chemin que nous croisons Arlette, aussi isolée dans ce champs que dans son choix de vote. Elle aimait beaucoup le général de Gaulle. Elle a voté Debout la France. Au grand dam de son fils qui n’est autre que le maire du village et qui se dit apolitique. Dimanche prochain à Guindrecourt-sur-Blaise, seule une évolution du taux de participation (56% au premier tour) pourrait changer la donne. 

Succès du FN, trente ans de "choc" et "d'exaspération"


Au lendemain du premier tour des élections régionales 2015, vous pouviez voir en Une de vos quotidiens "Le choc" pour qualifier le succès du Front national. Les responsables politiques ont parlé "d'exaspération", de "colère" et de cette même stupéfaction. En 1984 déjà, Libération titrait aussi sur le "choc". Pour la presse et les politiques, les mots manqueraient-ils pour analyser l’ascension du Front national ?

Aux élections européennes de mai 2014, la victoire du FN faisait les gros titres. En Une des journaux, "le choc" ! Et dans la bouche des politiques, le diagnostic d'Alain Juppé ou encore de Jean-François Coppé était le même. Pourtant, cela faisait déjà douze ans que le problème était identifié. En 2002, Jean-Marie Le Pen avait éliminé Lionel Jospin en se qualifiant in-extremis au second tour de la présidentielle. Dix ans avant son élection à la présidence de la République, François Hollande avait parlé de "choc". Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy avaient eux qualifié ce vote "d'exaspération" des Français. Trente et un ans nous séparent donc du premier "choc" de juin 1984. A l’époque, l'extrême droite avait rassemblé 2 millions de suffrages. Hier, plus de six millions d’électeurs ont choisi ses listes pour les régionales.

Les promesses intenables des candidats aux élections régionales

Nouveauté de la campagne pour les régionales, les programmes de tous les candidats sont consultables en ligne sur le site du ministère de l'Intérieur. L'Oeil du 20h en a profité pour passer les professions de foi au crible. Résultat, un certain nombre de promesses sont intenables.

Le parti socialiste propose par exemple “l’encadrement des loyers dans toute la région", un candidat Les Républicains promet “l’interdiction de la mendicité agressive dans les gares et dans les trains”. Problème, seul l’Etat et les communes peuvent décider d’encadrer les loyers ou d’interdire la mendicité agressive dans les gares. Les régions n’en ont pas le pouvoir.

Les promesses intenables fleurissent également dans un domaine où les régions n’ont aucune compétence : la sécurité. Un candidat Les Républicains promet par exemple “des peines d’intérêt général pour ceux qui dégradent”, sauf que prononcer des peines, c’est le rôle de la justice, pas des régions. Un candidat du parti Debout la France promet lui "l’inéligibilité à vie pour tout élu condamné par la justice". Là encore, seul un juge peut prononcer une telle sanction. Quant au Front de gauche, un candidat s’engage à mettre en place "un récépissé contre les contrôles au faciès". C'est impossible, seul le gouvernement pourrait l’imposer aux policiers.

Dans leur profession de foi, les candidats n'hésitent pas non plus à copier-coller des promesses issues de leur programme national comme Lutte Ouvrière qui veut "imposer l’interdiction des licenciements et une augmentation générale des salaires".

Enfin dans l’inventaire des promesses, il en manque une... Les impôts biensûr. Une candidate Front national promet qu’elle fera de sa région l’une des moins imposées de France. D’autres candidats frontistes proposent de baisser ou de geler les taxes régionales. La promesse sonne bien mais elle est d’une portée limitée car les régions ne votent aucun impôt. En matière fiscale, elles n’ont la main que sur la taxe sur les cartes grises.

Martin Bureau - AFP

COP 21 : Les dessous de la photo des chefs d'Etat

C'est historique, 150 chefs d'Etat ont posé à l'occasion de l'ouverture de la COP 21. Côté coulisses, la réalisation d'un tel cliché est un vrai travail d'orfèvre. Chacun sa place, et elle veut dire beaucoup de choses. Au centre de la photo, François Hollande, président du pays hôte de la Conférence environnementale, et Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU. Tout autour d'eux sont répartis, selon le protocole, les chefs d'Etat et de gouvernement en fonction de leur ancienneté au pouvoir. Paul Biya, président du Cameroun depuis 33 ans est donc au premier rang quand le premier ministre du Canada tout juste élu, Justin Trudeau, se retrouve au troisième.

Mais il y a des exceptions, comme la place réservée au président chinois Xi Jinping en fonction depuis mars 2013, au centre juste au-dessus de François Hollande. Il y aussi ceux qui ne doivent pas poser ensemble tels Benyamin Netanyahou, l’Israélien et Mahmoud Abbas, le Palestinien. Entre eux, un homme a été intercalé, John Key le premier ministre de la Nouvelle-Zélande. 

Puis il y a ceux qui ont tout simplement manqué leur rendez-vous. La représentante iranienne, trop petite est cachée par le Qatari. Enfin, une personnalité a brillé par son absence, il s'agit de Vladimir Poutine. Impossible de savoir si le président russe voulait éviter de poser sur la même photo que le président turc Erdogan. Officiellement, son avion a eu un problème technique. Prendre une bonne photo à la COP, c’est un bon sens du cadre certes, mais c'est surtout beaucoup de diplomatie.

 

Terroristes du Bataclan, l'histoire de la radicalisation

A la suite des attentats les plus sanglants jamais perpétrés en France, l'Oeil du 20h a décidé de suivre le parcours de deux des terroristes du Bataclan, Samy Amimour et Ismaël Omar Mostefaï . A 28 et 29 ans, les deux djihadistes sont morts en kamikazes car ils avaient décidé de frapper la France. Quelques années plus tôt, rien ne semblait les destiner à mourir pour Daech.

Le 11 novembre 2000, Ismaël Omar Mostefaï défilait au milieu des habitants de Courcouronnes dans une marche contre la violence. Un gamin de 14 ans que fréquentait le jeune Mostefaï est mort, abattu par des habitants d'un quartier voisin à coups de fusil à pompe. Quinze ans, quasiment jour pour jour avant le massacre du Bataclan. A Drancy, Samy Amimour a eu une enfance sans histoires, dans un quartier calme du centre-ville. Issu d'une famille de classe moyenne, française et laïque qui ne comprend toujours pas comment ce dernier a pu finir avec une ceinture explosive.

Comment les deux enfants ont pu devenir des djihadistes de l'organisation de l'Etat islamique ? Réponse dans cette enquête menée collectivement par l'équipe de l'Oeil du 20h.

Enquête sur l'assiduité des conseillers régionaux : comment nous avons procédé

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Obtenir les données de présence des conseillers régionaux n'est pas une mince affaire. Pour y parvenir, nous avons sollicité chaque conseil régional, afin d'obtenir les procès-verbaux des séances plénières, et ainsi pointer séance après séance les absents et les présents. Pourquoi les séances plénières ? Car c'est le seul moment où toutes les délibérations sont votées, et où tous les conseillers régionaux sans exception sont appelés à siéger. En cumulant toutes les démissions et remplacements d'élus sur la dernière mandature, soit de mars 2010 à la fin 2015, nous avons calculé les taux de présence de 2 046 conseillers régionaux.

Ces données nous ont permis d'effectuer des moyennes de présence par conseil régional, ainsi que par nuance politique. Par souci de cohérence des statistiques, nous avons regroupé le parti Les Républicains et l'UDI - qui n'existait pas encore lors des précédentes élections régionales de 2010 - pour le calcul des moyennes. Par ailleurs, l'impact de ce regroupement sur la statistique de présence nationale du parti "Les Républicains" est mineur.

Comment est calculé le taux de présence ?

Certaines séances plénières pouvant se dérouler sur plusieurs jours, nous avons calculé les absences par jour, et non par plénière ou par demi-journée comme le font certains conseils régionaux. La journée est en effet le plus petit dénominateur commun pour le calcul de l'assiduité entre toutes les assemblées régionales. Enfin, qu'ils soient là pendant toute la séance plénière ou qu'une seule partie de la journée, les élus sont comptés comme présents à partir du moment où ils signent la feuille d'émargement. C'est la limite du calcul de l'assiduité des élus.

La plupart des services des assemblées ont joué le jeu : ils ont accepté de nous fournir les feuilles d'émargement ou les compte-rendus de séance, permettant de faire des moyennes à partir de documents officiels. Seules les régions Alsace, Paca et Corse nous ont directement fourni des tableaux "Excel" avec leurs propres calculs. Dans ces cas, il nous a donc été impossible de recouper ces calculs.

Les régions sont-elles toutes aussi transparentes ?

Pas du tout. Ce travail de récolte des données à dimension nationale nous a permis de tester le degré de transparence des régions. Nous avons distingué les administrations selon trois catégories.

  • Les régions modèles en termes de transparence sont celles qui mettent en ligne les feuilles de présence des élus sur leur site internet. Tout citoyen peut ainsi consulter les procès verbaux des séances plénières, et retracer l'assiduité des différentes personnalités politiques. C'est le cas des régions Bourgogne, Basse-Normandie, Bretagne, Centre, Picardie, Rhône-Alpes.
  • Les régions qui ne mettent pas les procès verbaux des assemblées plénières en ligne, mais qui nous ont envoyé les données de présence des élus. C'est le cas des régions Alsace, Aquitaine, Auvergne, Champagne-Ardenne, Corse, Franche-Comté, Haute-Normandie, Limousin, Île-de-France, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, Provence-Alpes-Côtes-d'Azur, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, La Réunion, Guyane.
  • Les régions qui ne nous ont pas transmis les informations de présence des élus, ou qui nous ont transmis des documents que nous avons considérés comme incomplets ou imprécis. Il s'agit des régions Midi-Pyrénées, Martinique et Guadeloupe. Une seule région ne nous a fourni absolument aucune donnée, c'est Languedoc-Roussillon. Nous avons malgré tout pu nous procurer les informations grâce à des conseillers régionaux qui nous ont transmis les procès verbaux.

Comment est calculé le "bonnet d'âne" sur le moteur de recherche de Francetv Info sur l'assiduité des élus ?

En ce qui concerne le moteur de recherche mis en place par Francetv info, la mention "bonnet d'âne" découle d'un algorithme qui permet de reconnaître les élus démissionnaires en cours de mandat en limitant leur pénalisation par rapport aux élus qui ont siégé sur l'ensemble de la mandature. Un élu qui a le taux de présence le plus faible de la région n'est donc pas forcément le bonnet d'âne. Enfin, les résultats auxquels vous avez accès dans le moteur, que ce soit pour les "fiches élu", les "fiches région" ou les "bonnets d'âne" n'expriment que les statistiques de présence aux séances plénières, stricto sensu.

 

Rétention des enfants : la promesse oubliée de François Hollande

En mai 2012, François Hollande pas encore président s'était engagé à interdire la rétention des enfants. "Je me suis engagé à l'interdire dès mai 2012, en privilégiant les alternatives comme l'assignation à résidence" avait-il également écrit au président de la CimadeQu'est devenue cette promesse trois ans plus tard ?

Depuis l'élection de François Hollande, 287 enfants ont été placés en rétention selon les associations. Parmi eux, la petite Sophie originaire d'ArménieC’était l’année dernière, Sophie, sa petite sœur de 8 mois, et ses parents, ont été placés illégalement en rétention pendant un jour et une nuit. Aux yeux de la justice, ce placement en rétention est une erreur de droit de la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Nous avons tenté de joindre ses services, pas de réponse.

Nous avons contacté le ministère de l’Intérieur qui nous précise que s’il y a des exceptions, c’est pour de bonnes raisons. Peuvent être placées en rétention les familles avec enfants qui refuseraient leur expulsion. C’était d’ailleurs prévu dans une circulaire de Manuel Valls. Il y a un mois, un projet de loi sur les droits des étrangers a été adopté en première lecture, entérinant la possibilité de placer des enfants étrangers en centre de rétention. La promesse de mai 2012 de n’en placer aucun appartient donc bel et bien, au passé.

Un tour de passe-passe pour assouplir la loi Evin


Doit-on réécrire en partie la loi Evin qui encadre la publicité pour l’alcool et notamment le vin ? Le vote s’annonçait serré et tout s’est joué avec les voix de deux députées qui n’étaient pas censées siéger à la commission des affaires sociales où a eu lieu le vote. Explications.

Anne Yvonne Le Dain et Catherine Quéré sont députées PS. Signe distinctif, elles soutiennent la cause des vignerons. La première est élue de l’Hérault, grande terre viticole. Quant à Catherine Quéré, elle est tout bonnement viticultrice. C’est grâce, à leurs deux votes que l’assouplissement de la loi Evin a été adopté alors qu’elles ne siègent pas d'habitude dans cette commission. L’une siège à la commission des lois, l’autre au développement durable.

Pour leur laisser la place, deux députés Sylviane Bulteau et Jean-Jacques Vlody ont démissionné temporairement des affaires sociales. Ces deux parlementaires ont été mutés - te;porairement là encore - à la place de leurs collègues dans leurs commissions d’origines. Détail important : les deux députés "démissionnaires" étaient opposés à l'assouplissement de la loi Evin.

A quelques jours du vote final dans l’hémicycle de la loi Santé, ce tour de passe-passe arrange surtout le gouvernement qui à l’exception de Marisol Touraine soutenait ce toilettage de la loi Evin. Un changement au nom de quoi ? Au nom de l’emploi.

Livres politiques, les tops et les flops


Pour un responsable politique, un coup d’édition c’est un peu comme une élection : le succès est espéré, il est loin d’être garanti. L’Œil du 20h a fait son palmarès des meilleures ventes et il réserve quelques surprises.

En moyenne, un livre politique se vend à 8 000 exemplaires. Au-delà, c’est ce qu’on appelle un best-seller. Exceptionnellement, nous avons pu avoir accès aux chiffres de ventes compilés par deux instituts, habituellement réservés aux éditeurs. En croisant leurs données, nous avons pu obtenir le top 5 des meilleures ventes sur les 12 derniers mois.

1)     Philippe de Villiers, « Le moment est venu de dire ce que j’ai vu », Albin Michel

2)     François Fillon, « Faire », Albin Michel

3)     Jean-Luc Mélenchon, « Le hareng de Bismarck », Plon

4)     Alain Juppé, « Mes chemins pour l’école », Lattès

5)     Roland Dumas, « Politiquement incorrect », Cherche Midi

Comment expliquer ces succès ? Le fait que quatre opposants politiques soient en tête des ventes n’a rien d’un hasard pour Matthieu Montchalin, chef du syndicat professionnel de la librairie. Dans le top 5 des plus mauvaises ventes, on retrouve en effet un certain nombre de livres signés par des plumes de la majorité dont un certain Jean-Christophe Cambadélis (450 livres vendus) et le député "Ecologistes!", François de Rugy (200 exemplaires).

Mais le succès en librairie n’est pas toujours l’objectif recherché. Le livre reste encore l’un des meilleurs moyens de se faire un petit coup de promotion à la télévision ou à la radio. En attendant la primaire à droite, le prochain livre qui pourrait créer l’événement serait signé Nicolas Sarkozy. L’intéressé dément tout projet mais les éditeurs seraient sur les rangs pour le faire changer d’avis.