"Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe" a déclaré Nicolas Sarkozy au JT de 20h de France 2, laissant circonspects un grand nombre d'internautes. Ces petits arrangements avec la langue de Molière, délibérés ou non, ne datent pas d'hier. L’œil du 20h va tout vous dire de ce langage fleuri qui détrône parfois la langue de bois chez les politiques.
D’où vient alors l’expression citée par Nicolas Sarkozy ? Depuis deux jours, la question agite les réseaux sociaux. Nous avons posé la question au linguiste Alain Rey. Selon lui, la langue de Nicolas Sarkozy a fourché. L'expression est tirée de l'oeuvre de Molière, "Le médecin malgré lui", où il est écrit : “passez moi la rhubarbe je vous passerai le séné”. Le séné, ce n’est pas une salade, c’est une plante médicinale et par cette phrase, Molière ne parlait pas politique mais seulement médecine. Nicolas Sarkozy a donc changé les mots et le sens.
Nicolas Sarkozy n’est pas le premier politique à se perdre au rayon des classiques. Le député des Français établis hors de France, Frédéric Lefebvre (LR) a confondu "Zadig" de Voltaire avec la marque de vêtements "Zadig et Voltaire". L'ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner avait réussi à confondre un peuple d'Asie avec des produits laitiers : les yogurts au lieu des ouïghours. Quant à Jacques Chirac et son néologisme "abracadabrantesque", l'ancien président avait réhabilité un mot employé avant lui par Arthur Rimbaud. Et le mot poétique devint politique.