Au lendemain du premier tour des élections régionales 2015, vous pouviez voir en Une de vos quotidiens "Le choc" pour qualifier le succès du Front national. Les responsables politiques ont parlé "d'exaspération", de "colère" et de cette même stupéfaction. En 1984 déjà, Libération titrait aussi sur le "choc". Pour la presse et les politiques, les mots manqueraient-ils pour analyser l’ascension du Front national ?
Aux élections européennes de mai 2014, la victoire du FN faisait les gros titres. En Une des journaux, "le choc" ! Et dans la bouche des politiques, le diagnostic d'Alain Juppé ou encore de Jean-François Coppé était le même. Pourtant, cela faisait déjà douze ans que le problème était identifié. En 2002, Jean-Marie Le Pen avait éliminé Lionel Jospin en se qualifiant in-extremis au second tour de la présidentielle. Dix ans avant son élection à la présidence de la République, François Hollande avait parlé de "choc". Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy avaient eux qualifié ce vote "d'exaspération" des Français. Trente et un ans nous séparent donc du premier "choc" de juin 1984. A l’époque, l'extrême droite avait rassemblé 2 millions de suffrages. Hier, plus de six millions d’électeurs ont choisi ses listes pour les régionales.