Conseils d'administration : la parité à l'épreuve

Souvenez-vous en 2012, François Hollande candidat à la présidentielle avait promis la parité dans les grandes entreprises : "tous les conseils d'administration des entreprises publiques seront composés selon le principe de parité" avait-il déclaré lors de son meeting de campagne à Reims.

En tant qu'actionnaire, l'Etat nomme des administrateurs pour le représenter au conseil d'administration. Sur 19 grandes entreprises, une seule décroche la palme de la parité : la Française des Jeux. Une autre décroche la palme de la féminité, c'est Engie (ex GDF Suez) avec 58% d'administratrices.

Nexter, 6% de femmes

Le bonnet d'âne de la parité revient à Nexter. Le groupement d'armement spécialisé dans les véhicules blindés n'a que 6% de femmes dans son conseil d'administration. Nexter n'a pas souhaité commenter ces chiffres. Vient ensuite Airbus Group avec 83% d'hommes et 17% de femmes. L'Etat français est actionnaire le premier actionnaire mais ce n'est pas lui qui fait la loi selon le service de presse de l'avionneur : "On n'y est pas obligé, on est un groupe de droit néerlandais".

Dans le sillage d'Airbus, le groupe Safran qui produit des moteurs d'avion est représenté par 76% d'hommes et 24% de femmes selon nos calculs. Le groupe brandit néanmoins une autre règle, celle du code de bonne conduite adopté par les grands groupes du CAC 40 : "le code nous impose 20 % de femmes dans les conseils d’administration nous le respectons, nous estimons être à 27%".

Ci-dessous, vous trouverez la liste de 19 grandes entreprises où l'Etat est actionnaire. Certaines de ces entreprises nous ont précisé ne pas être en accord avec nos chiffres et avoir adopté un autre mode de calcul. L'Oeil du 20h s'est basé sur les documents publics mis en ligne par ces entreprises.

Et France Télévisions dans tout cela ? L’Etat a-t-il nommé autant d’hommes que de femmes au sein du conseil d’administration ? Nous avons comptabilisé 10 hommes et 7 femmes, soit 41% d’administratrices seulement. La parité en revanche s’applique pour le comité exécutif avec autant de patrons que de patronnes dans les directions du groupe.

Enfin combien y'a-t-il de patronnes dans les entreprises où l’Etat est actionnaire ? Nous avons dénombré 16 hommes pour 3 femmes, respectivement a la tête de France Télévisions, la Française des jeux et la Ratp. Nous sommes encore loin du compte mais selon le ministère de l’Economie, la féminisation est en marche. C’est vrai qu'avec 27% d’ administratrices fin 2015, c’est quand même mieux que 16%, chiffre de 2012. Rendez-vous dans un an pour un nouveau décompte. 

 

Prince saoudien, président syrien... à chacun sa Légion d'honneur


Peut on décorer de la légion d’honneur le prince héritier d’un régime qui exécute ses opposants, bafoue la liberté de la presse et soumet les droits des femmes au bon vouloir des hommes ? La réponse est oui, François Hollande a remis vendredi 4 mars la Légion d'honneur au prince saoudien Mohamed ben Nayef et on ne peut pas vraiment dire que l’Elysée ait beaucoup communiqué sur le sujet. Dans l’agenda de la présidence, le rendez vous présidentiel tenait en une ligne. Agenda de l'Elysée

Quels autres dignitaires étrangers la France a-t-elle honoré de sa plus haute distinction ? La Grande chancellerie de la légion d’honneur nous a répondu qu'il était impossible de nous transmettre la liste. La commission d'accès aux documents administratifs oppose de son côté la raison d'Etat : "la communication de tels décrets porterait atteinte à la conduite de la politique extérieure de la France”.

Bachar Al Assad, Ali Bongo, Mussolini...

Quels sont donc les noms de décorés étrangers qu‘il faudrait taire pour ne pas mettre en péril la diplomatie française ? Un seul homme en France peut nous répondre : Michel Wattel. L’ancien rédacteur en chef du Who’s who en a dressé la liste dans son livre, "Les grand' croix de la Légion d'honneur", Editions Archives et Culture. Voilà le résultat : Nicolae Ceaucescu, Benito Mussolini, Bachar Al-Assad, Vladimir Poutine et Ali Bongo font partie de ceux qui ont reçu la plus haute distinction française. 

Il y a donc la médaille, et le revers de la médaille, car ça marche dans les deux sens. Nos présidents, eux aussi, sont parfois décorés par des pays pas franchement démocratiques. François Hollande a par exemple reçu le premier grade de l’ordre dostyk du Kazakhstan, et le collier de l’ordre du roi de l’Arabie Saoudite, affaire de réciprocité. 

 

Pétitions en ligne : autant de signatures que de signataires ?


Jour après jour, la pétition contre la loi El-Khomri bat des records de signatures. Mais comment être sûr qu’il y a autant de signatures que de signataires ? L’œil du 20h a pétitionné pour le vérifier.

Change.org, la plateforme qui héberge sur internet la pétition contre la réforme du travail est une entreprise américaine. Son slogan : aider les citoyens à faire changer le monde. Son outil, une plateforme où chacun peut poster la pétition de son choix. L’activité est basée sur une promesse de fiabilité à 100%. Le responsable de change.org en France assure que "chaque signature qui est affichée sur le compteur est vérifiée et fiable". Fiable et garanti à 100% ? Peut-être pas.

Cent signatures sur une fausse pétition

De notre côté, nous avons signé à vingt reprises la pétition contre la loi El-Khomri avec à chaque fois une fausse adresse électronique et en signant du nom de Jean Jaurès, Léon Blum ou encore Karl Marx. A chaque fois, notre signature a bien été enregistrée sur le site. La plateforme de pétition en ligne n’a semble-t-il rien vu venir. Mais pour ne pas fausser un peu plus le résultat de la pétition contre la loi Travail et pousser notre test un peu plus loin, nous avons monté une fausse pétition.

Cette fois, nous avons signé à 100 reprises. Là encore, toutes les signatures ont bien été enregistrées. Ce matin, nous avons soumis les résultats de notre test au patron français de Change.org. Notre fausse pétition était  toujours en ligne, nos fausses signatures aussi. Mais selon lui, cela n’allait pas durer. Il y a moins d’une heure, Change.org a fini par faire totalement le ménage sur notre fausse pétition. Quant à nos fausses contributions contre la loi Travail signées Mendès France ou Marx, l’entreprise n’a pu nous confirmer qu’elles avaient toutes été supprimées. Elle promet cependant que ce sera fait d’ici 24 heures.

Si l’outil n’est pas fiable à 100%, la mobilisation sur internet est bien réelle. Combien ces presque un million de signatures donneront-elles de manifestants dans la rue ? Réponse la semaine prochaine.

 

Quand Pôle Emploi multiplie les offres


Pour Pôle Emploi, c'est Le chiffre stratégique. Un chiffre qui prouve à lui seul que tout est fait pour aider les demandeurs d’emploi. Ce chiffre, c’est celui des offres d’emplois publiées sur son site internet. Trimestre après trimestre, il ne cesse d’augmenter. Derrière ces bonnes performances se cachent quelques incohérences.

Premier cas de figure, le site de Pôle Emploi publie des offres qui apparaissent plusieurs fois. En quelques heures à peine, nous avons mis la main sur trois doublons, deux triplons et jusqu'à neuf offres complètement identiques. Comment expliquer ces annonces en multiples exemplaires ? Pôle Emploi chercherait-il à améliorer ses statistiques ? L'explication est la suivante : Pôle Emploi diffuse aussi les annonces de 71 sociétés privées spécialisées dans la recherche d’emploi. L'employeur peut ainsi poster une offre sur plusieurs sites partenaires de Pôle Emploi.

Voyages au bout du monde

Hormis les offres d'emploi en plusieurs exemplaires, on trouve aussi des annonces assez surprenantes. Un poste de chef des ventes promet par exemple des "voyages à l'autre bout du monde" et des "voitures de luxe". Nous avons postulé. Cet emploi de chef des ventes consiste en fait à faire du porte-à-porte pour vendre des abonnements au gaz. Et ce que l’annonce ne disait pas, c’est que le poste ne prévoit aucun salaire minimum.

Casier judiciaire exigé

Nous avons présenté plusieurs offres publiées par Pôle Emploi à maître Ducorps-Prouvost, avocate en droit du travail. Sur l'une d'entre elles, on recherche une vendeuse en prêt-à-porter rémunérée au Smic. Jusque là rien de surprenant, mais un peu plus loin, on demande à la candidate de fournir un extrait de casier judiciaire. Selon l'avocate, cette annonce est clairement illégale. Aucune raison ne justifie de demander à une vendeuse son casier judiciaire qui est un élément qui ressort de la vie privée.

Pôle Emploi affirme rejeter 20% d’offres d’emploi illégales avant publication sur son site. Pour celles qui passent à travers les mailles de son filet, l’organisme public invite les demandeurs d’emploi à signaler ces offres suspectes. Plus que jamais, la recherche d’emploi suppose d’être actif et attentif.

Comment les députés ont utilisé leur réserve parlementaire ?


Quel est le point commun entre l’association des joyeux pétanquiers de Nice, le Conseil d’Etat, la chorale des vignerons de Goxwiller en Alsace et les restaurants du cœur ? Tous ont été financés par la réserve parlementaire, un fonds de 81 millions d'euros géré directement par les députés. Depuis trois ans, l’Assemblée Nationale joue la transparence. Sur son site, il est possible de savoir précisément comment votre député dépense son enveloppe. Nous y avons jeté un œil.

Quels sont les domaines financés par nos députés ? En haut du classement, la culture a obtenu plus de 8 100 000 euros, 6 600 000 euros ont été affectés aux actions de solidarité et 5 300 000 euros ont financé la vie associative locale. Si l'on regarde plus dans le détail, on peut relever l'anecdotique, tel l'aide aux chats perdus de Nicolas Dupont -Aignan ou encore le coup de pouce de 4 000 euros de Marion-Maréchal Le Pen à l'organisation des feux de la Saint-jean à Carpentras. Mais il y a plus intéressant.

Les députés qui ne financent que la commune d'où ils sont maires

Sur 577 députés, il y a très exactement 190 députés-maires. Parmi eux, certains ont tendance à réserver leur réserve à une seule commune de leur circonscription : la leur. Georges Ginesta, député Les Républicains du Var donne 100 % de son enveloppe à sa ville, Saint-Raphaël et rien aux autres communes de sa circonscription. Jean-Jacques Guillet, député Les Républicains des Hauts-de-Seine a lui attribué 130 000 euros pour sa commune de Chaville. Enfin Jean Leonetti, député Les Républicains des Alpes-Maritimes et maire d’Antibes a tout donné à sa commune. 

Les députés qui financent des associations partisanes

Plus étonnant encore, certains choisissent de financer des associations partisanes. Valérie Pécresse (Les Républicains) a accordé 4 000 euros de sa réserve à l’UNI, syndicat étudiant très marqué à droite. A gauche, 10 députés socialistes ont versé 67 500 euros à l’UNEF, syndicat étudiant proche du PS. Contactés, deux d’entre-eux nous ont fait la même réponse : “ils ont aidé un syndicat étudiant, pas un parti politique”.

Chez Europe Ecologie les Verts aussi, nous avons relevé quelques versements à des organisations très proches du parti. Cécile Duflot et le groupe écologiste ont donné au total 8 000 euros aux Jeunes Ecologistes, le mouvement des jeunes du parti, pour leur manifestation dans le cadre de la COP 21. Le groupe écologiste se justifie : les subventions ont été accordées en fonction des projets et des projets uniquement. La proximité avec un parti politique n’est donc pas tout, mais ça ne peut pas faire de mal.

Mais qui finance les candidats à l’élection présidentielle américaine ?


Parmi les secrets les mieux gardés de la République française, l’identité des personnes qui font des dons aux candidats pendant une campagne présidentielle arrive en bonne place. Confidentielle dans l’Hexagone, cette information est très transparente aux Etats-Unis. Une base de donnée officielle répertorie chacun de ces dons. L’Oeil du 20h s’est plongée dedans pour savoir pour qui roulent les candidats à la Maison blanche.

925 millions de dollars déjà récoltés

A l’heure actuelle, c’est la candidate démocrate Hillary Clinton qui se détache en tête de la course à l’argent avec 188 millions de dollars récoltés. Elle devance largement le républicain Ted Cruz et ses 104 millions de dollars. En troisième position arrive le challenger démocrate Bernie Sanders avec 96 millions de dollars.

Parmi les donateurs, il y a les monsieur et madame tout-le-monde, ici un retraité de Boston, là un développeur de chez Apple ou encore un juriste de Floride. D’autres noms plus connus apparaissent, comme ceux des acteurs Leonardo Di Caprio, Arnold Schwarzenegger ou encore Chuck Norris.

Le secret des Super Pacs

Tous ces dons individuels à la campagne officielle, limités à 2.700 dollars, ne sont cela dit pas grand chose par rapport aux dons colossaux qui peuvent être fait par le bien d’un système que l’on ne trouve qu’aux Etats-Unis : les SuperPacs. Ces associations, sans liens directs avec les candidats, n’ont aucune limite de dons. Ainsi, le milliardaire philanthrope Georges Soros a pu donner 2.700 dollars à la campagne officielle d’Hillary Clinton, mais aussi six millions de dollars au Super Pacs de la démocrate. Pourtant, cette association finance quasiment au même titre que la campagne officielle tous les frais de la candidate.

Dans la campagne, il y a néanmoins un homme qui refuse ce système. Le démocrate Bernie Sanders ne compte que sur les dons de faibles montants. Pour l’instant cela lui suffit pour rester dans la course. De son côté, le républicain Donald Trump n’en pas besoin. Sa personnalité et ses déclarations choc suffisent à son exposition. Selon les spécialistes, il est 25 fois plus présent dans les médias que n’importe quel autre candidat.

Brétigny : la SNCF aurait-elle tenté de ralentir l’enquête ?


Après la catastrophe de Brétigny-sur-Orge, Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, s’était engagé à collaborer en toute transparence avec la justice. Pourtant, depuis le début des investigations, cette dernière s’interroge : certains cadres et agents de la SNCF auraient-ils tenté de ralentir l’enquête ? L’Oeil du 20h s’est penché sur la question.

Il faut dire que le dossier à tout de l’explosif pour la SNCF. Au coeur de l’affaire, une question intéresse tout le monde : le déraillement serait-il du à un défaut de maintenance ? Pour y répondre, les enquêteurs ont placé sur écoute plusieurs cadres de la gare de Brétigny.

Les conseils juridiques surprenants de la SNCF

Dans leurs échanges, les cadres sur écoute identifient “un gros point de fragilité du dossier” selon leurs termes. C’est une fissure sur les rails détectée cinq ans avant la catastrophe, mais jamais réparée, qui serait à l’origine de l’accident.

Pourtant, d’autres discussions enregistrées entre des employés et la direction juridique de l’entreprise sont surprenantes. Les cadres concernés ont par exemple été invités à ne pas fournir certains rapports cruciaux à la justice tout simplement parce qu’ils n’ont pas été réclamés. La direction de la SNCF conteste de son côté avoir donné des consignes à ses cadres pour ralentir les investigations.

Quand l'Oeil du 20h ouvre le congélateur parlementaire


Dans les cuisines de l'Assemblée et du Sénat, il y a une pièce que certains parlementaires ont baptisé le congélateur. A l'intérieur, on y trouve les projets de loi oubliés. On n'y a pas résisté, on a jeté un coup d’œil.

Combien de textes sont au freezer depuis l'élection de François Hollande ? Sur 320 projets de loi déposés, 77 sont encore au frigo, soit un peu moins d'un sur 4. En effet, depuis mai 2012, cinq projets de révision de la constitution initiés par le gouvernement sont restés dans la chambre froide. Le Sénat, majoritairement de droite, et l'Assemblée majoritairement de gauche ne sont pas d'accord sur ces textes et pour les adopter, il faut un consensus.

Le projet de déchéance de nationalité pourrait finir au frigo

Le congélateur, est-ce le sort qui attend la révision de la Constitution débattue sur l'état d'urgence et la déchéance de nationalité ? Si les deux hémicycles ne s'entendent pas, sa place est toute trouvée. Mais d'autres projets de loi ordinaires se trouvent dans le congélateur parlementaire, dont un engagement de campagne de François Hollande : la protection du secret des sources des journalistes.

En pause également, des dizaines d’ accords internationaux, des ordonnances à ratifier et des projets de loi de moindre importance. Une question perdure, y'a-t-il une chance de sortir du frigo ? C'est rare mais ça peut arriver. Le mois dernier, les députés adoptaient un  texte sur la violation des embargos d’ armes, un projet de loi déposé pour la première fois  au Sénat  en février 2006.

Si 77 textes ont été oubliés jusqu’à présent sous le mandat de Francois Hollande, selon nos calculs, sur 504  projets de lois, 76 ont été pris dans la glace durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. 

 

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : 50 ans de "concertation"


C'est l'histoire d'un aéroport dont les journalistes ne parlent qu'au conditionnel. Un aéroport dont on discute de la pertinence depuis 1965, bien avant l'annonce de François Hollande de la tenue d'un référendum local sur le site de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). En presque cinquante ans, les mêmes arguments sont donnés par les promoteurs du projet.

Les pouvoirs publics parlent de concertation. A l'époque, ce n'était pas avec les habitants mais avec les élus locaux. Les communes alentours donnent majoritairement un avis favorable en 1972, et puis plus rien. Le projet ne ressort des cartons que 24 ans plus tard. Nouvelle concertation, avec les élus et les habitants cette fois. Au bout de seize réunions publiques et 70 heures de débats pour éplucher les 1500 pages du projet, le projet est déclaré d’utilité publique. 

Mais en 2012, la situation est toujours bloquée. Alors on va se concerter encore un peu. Avec un nouveau nom : la commission du dialogue. Aujourd’hui c’est  un référundum. Cinquante ans que l’on se pose la même question. Il n’y a pourtant que deux réponses : faire ou ne pas faire cet aéroport.

Ces coûteux anciens Premier ministre


Quand ils quittent Matignon, c’est toujours la même histoire. Une poignée de main avec le successeur, et puis s'en vont, de préférence en voiture. Mais que devient le véhicule de fonction quand il n'y a plus de fonction ? 

C'est une histoire qui date d'un décret de 1997, jamais publié au journal officiel. L'Etat met à la disposition des anciens Premier ministre un agent pour leur secrétariat, un véhicule de fonction et un chauffeur. A quel coût ? Il a fallu un an de démarches administratives à notre consœur Mathilde Mathieu, auteure des révélations sur Mediapart, pour répondre à cette question. En 2014, nos ex Premier ministre ont coûté 862 000 euros en achats de voitures, frais d'entretien, frais de carburant et salaires.

Depuis la parution de ce décret, tous les anciens Premier ministre, sauf Laurent Fabius, ont demandé à l'Etat de bénéficier de cet avantage. Edith Cresson - qui n'a pas passé plus de dix mois à Matignon - a coûté un peu plus de 43 500 euros en 2014. Jean-Marc Ayrault et Edouard Balladur ont eux aussi bénéficié de ce système. Ces avantages se cumulent parfois avec d’autres. François Fillon est député, Jean-Pierre Raffarin est sénateur. Tous bénéficient d’assistants et de frais de représentations.

Ceux qui sont en campagne, comme Alain Juppé, se fixent leur propres limites. En province, le candidat à la primaire des Républicains loue une voiture et se fait conduire par son escorte policière. Quand on a été Premier ministre, c'est pour la vie.