Facebook plus laxiste avec les terroristes qu'avec la nudité ?


Sur Facebook, il y a des interdits. Le premier, c’est la nudité. Un des exemples les plus connus est celui de la suppression du tableau de Gustave Courbet, "L’origine du Monde", publié en 2011 sur le compte d'un enseignant. L'autre grand interdit, c'est la violence. Selon Facebook, tout contenu qui fait la promotion d'un groupe terroriste ou d'actes terroristes n'a pas sa place sur le réseau social. Le règlement est clair mais est-il toujours appliqué ? 

Notre expérience a commencé en décembre 2015. Nous nous sommes inscrits sur Facebook et avons créé deux types de profils. Sur les premiers, nous avons posté des photos de nus signés Helmut Newton, un artiste mondialement reconnu. En tant qu'oeuvre d'art, le contenu est autorisé. En revanche, sur les autres profils, nous avons posté des contenus interdits : des dizaines de photos d’exécutions et des vidéos de propagande de l’Etat Islamique. En commettant autant d’infractions au règlement, nous pensions être rapidement découverts. Mais deux semaines plus tard, nos profils sont toujours actifs.

Pas à l'encontre des standards de la communauté

Nous avons donc nous-mêmes signalé ces contenus à Facebook. Les trois photos d'Helmut Newton ont été supprimées en moins de 24h. Cependant, pour trois des photos faisant la promotion du terrorisme, nous avons reçu la réponse suivante :

"Nous avons examiné la publication que vous avez signalée comme contenant de la violence explicite et nous avons déterminé qu’elle n’allait pas à l’encontre de nos Standards de la Communauté."

Voilà donc ce que Facebook tolère : la photo d’un homme brûlé vif par Daesh, celle d’un prisonnier syrien écrasé par un char, et un film de propagande djihadiste contenant des scènes d’exécution collective. Par contre, 100% des nu artistiques théoriquement autorisés ont été supprimés.

En attendant, pour trouver des contenus violents et de propagande sur Facebook, rien de plus simple. La machine Facebook, son algorithme en langage informatique, nous a proposé des dizaines d’amis. Leur particularité ? Ils relayent tous la propagande de Daesh. Facebook vous trouve donc des amis pour le meilleur… ou pour le pire.

 

Internet : les anti-IVG plus forts que le gouvernement


Saviez-vous que lorsque vous tapez "IVG" sur Google, les premiers résultats renvoient vers des sites web gérés par des anti-avortement ? Nous avons fait le test. Le site lancé par le ministère de la Santé IVG.gouv est doublé par IVG.Net animé par des opposants à l’avortement.

Nous nous sommes fait passer pour une jeune femme sur le point d'avorter à la recherche de conseils. Les arguments de la conseillère que nous avons eu au bout du fil sont assez inattendus : "Céline Dion vient d'une famille à sept ou huit enfants, sa mère voulait avorter, et bien on n'aurait pas eu Céline Dion !". La conseillère mentionne également des risques de stérilité et de dépression. Mais selon Sophie Gaudu, gynécologue obstétricienne, c'est totalement faux. 

Comment est-il possible qu’un site d’anti IVG dépasse le site du ministère sur internet ? Pour le spécialiste du référencement des pages web chez Just Search, Brice Castaing, c'est l'architecture du site qui mine sa visibilité sur les moteurs de recherche.

La semaine dernière, Marisol Touraine appelait les internautes à cliquer massivement sur IVG.gouv, on a vérifié, cela ne suffira pas à le hisser en première position ! Hier, le Ministère de la Santé nous a annoncé qu’une cellule travaillait à la refonte du site. La bataille de la com' est perdue, mais pas la guerre !

Comment la Chine censure Hollywood

En Chine, pas un film n’échappe à une force qui dépasse largement celle de n’importe quel sabre laser. Cette force, c’est celle du bureau de la censure. Et les motifs qui justifient que les fonctionnaires sortent leurs ciseaux sont assez variés.

Exemple avec Kingsman. Dans ce film américain sorti l’année dernière, 4 minutes ont été coupées dans la version chinoise. Quatre minutes pendant lesquelles le personnage principal tue des dizaines de personnes dans une église. Dans la version chinoise, le tueur sort bien son arme, mais la suite est coupée au montage. Trop violent d'après l'article 25 du règlement du bureau des médias.
Dans Skyfall, l’avant dernier James Bond, pas une seule scène de violence n’est coupée, sauf une séquence où un agent de sécurité chinois est froidement abattu par un tueur à gages. Comme si dans James Bond, tout le monde pouvait mourir, sauf ceux qui portent un uniforme en Chine. Il faut dire que les autorités sont très vigilantes quand il en va de l'image du pays.
Dans le film Pixels, une première version du scénario prévoyait que les héros de jeux vidéos abattent un pan de la Grande Muraille. Mais dans un mail interne, le représentant chinois du studio le déconseille vivement. La Chine n'hésite pas procéder à des modifications et des coupes dans les scénarios, mais en contrepartie les studios valident leur ticket d’entrée pour un immense marché qui dépassera bientôt les Etats-Unis. En effet, chaque jour, 10 salles de cinéma sont construites en Chine.

Taxe tampon, les grandes enseignes ont-elles joué le jeu ?

Il y a deux mois, les députés ont débattu d'un sujet inhabituel : les produits d'hygiène féminine et leur taux de TVA. Après quelques atermoiements, ce taux a bien été réduit. Les grandes enseignes ont-elles répercuté cette baisse sur leurs prix ? Nous avons voulu vérifier.

Pour faire le test, nous sommes allés faire des achats en décembre dernier quand le taux de TVA était encore à 20%. Nous avons fait nos courses chez les 5 plus grosses enseignes, en magasin mais aussi sur internet. Puis nous y sommes retournés en début d'année une fois que la TVA avait bien été fixée à 5,5%. Nous avons comparé les tickets de caisse. Résultat, les économies varient d'une enseigne à l'autre. Le groupe Auchan a joué le jeu en appliquant la baisse de la TVA sur tous ses produits. Carrefour a diminué ses prix sur les grandes marques, en oubliant cependant de répercuter la baisse de la taxe sur ses propres produits. Leclerc n'a appliqué la baisse de la TVA que sur une partie de son catalogue.

Mais dans notre test, il y a aussi deux enseignes qui n'ont changé aucune de leurs étiquettes. Il s'agit d'Intermarché et de Casino. Nous les avons sollicitées. Chez Casino, c'est silence radio. Intermarché nous a répondu que la baisse de prix ne saurait tarder et que le retard était dû à un problème informatique. En caméra cachée, le gérant du magasin où nous avons fait notre test affirme cependant que rien ne l'oblige à répercuter la baisse de TVA sur ses prix. Le ministère de l'Economie en convient, rien ne contraint les distributeurs à jouer le jeu.

Cette ristourne fiscale qui coûtera 55 millions d’euros à l’Etat ne profitera peut-être pas seulement aux consommatrices. 

Déchéance de nationalité, la volte-face du gouvernement


Sur la déchéance de nationalité, y'a-t-il deux François Hollande ? Côté pile, nous l'avons découvert devant le congrès réuni à Versailles annonçant d'une main de fer sa volonté de "déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou un acte de terrorisme". Côté face, nous connaissions le député socialiste de 2010 qui fustigeait la déchéance de nationalité.

Qu'en est-il du gouvernement socialiste ? Lorsqu'en 2014 la droite proposait de déchoir de leur nationalité ceux qui partaient faire le djihad en Syrie, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve estimait cette proposition inutile : "Il n’est pas nécessaire d’ajouter des dispositions législatives à celles qui existent pour rendre le dispositif opérant. Ma position est très claire : le droit le permet ; laisser à penser dans l’opinion que ce n’est pas le cas, en proposant de nouvelles dispositions législatives, n’est pas nécessaire, sauf à vouloir instrumentaliser ce sujet à des fins politiques."

En résumé, le gouvernement - de gauche - a donc repris à son compte une mesure jugée il y a peu encore inefficace, dangereuse et inspirée par la droite, voire par l'extrême droite. Le consensus que semble avoir trouvé le gouvernement promet des débats animés à gauche car au PS, tout le monde n'a pas changé d'avis.

Vers la fin du cumul des mandats ?


La fin du cumul des mandats, c'est une promesse dont on a beaucoup entendu parler après le deuxième tour des régionales. A l'heure de l'intronisation des nouveaux conseillers régionaux, l'Oeil du 20h a voulu vérifier si les engagements avaient été tenus.

Dans la famille des Républicains et Centristes, Valérie Pécresse quittera bien son siège de député d'ici quelques jours. Christian Estrosi abandonnera lui aussi son siège de député et de maire de Nice, l'ancien ministre a néanmoins prévu de conserver la présidence de l'agglomération niçoise. Quant au nouveau président de la grande région Nord-pas-de-Calais-Picardie, Xavier Bertrand, ce dernier s'était fait le pourfendeur du cumul. S'il compte bien démissionner de ses mandats de député et de maire, il restera tout de même conseiller municipal de Saint-Quentin et continuera de présider sa communauté d'agglomération.

Que dit la loi ? Aujourd'hui un parlementaire ne peut conserver qu'un seul mandat dans un exécutif local, comme une présidence de région, de département ou une mairie. Et la loi ne changera pas avant 2017, c'est donc pour le moment qu'une question de principe. Un principe auquel souscrit évidemment le Front national. Pourtant dans la pratique, les députées européennes Marine Le Pen et Sophie Montel sont aussi conseillères régionales. Quant à Marion-Maréchal Le Pen, elle cumule aussi ses responsabilités avec son nouveau mandat régional.

Quelques années plus tôt, le candidat Hollande alors en pleine course pour la présidentielle avait édicté un principe de non-cumul des mandats. C'est pourtant son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui a été élu à la tête de la région Bretagne. Ce dernier cumule les fonctions mais pas ses indemnités. Alors, sommes-nous proches de la fin du cumul des mandats ? Si l'on ajoute aux parlementaires les présidences d'agglomération, les conseils régionaux et départementaux ainsi que les conseils municipaux, 3951 élus cumulent au moins deux mandats. 

Chômage : des lettres pour faire baisser les chiffres ?

L'inversion de la courbe du chômage, François Hollande en a fait son mantra. Mais que se passerait-il si la croissance économique n'était pas au rendez-vous en 2016 ? Figurez-vous qu'il reste encore une possibilité au gouvernement, l'Oeil du 20h vous explique laquelle.

Quand on pointe les 3,6 millions de chômeurs en France, on ne parle en fait que d'une sorte de demandeurs d'emplois, les chômeurs de catégorie A. Mais il y a d’autres lettres, B, C, D, ou encore E pour désigner d’autres catégories de chômeurs beaucoup moins médiatiques. Certains ont une activité réduite : catégorie B et C. D’autres bénéficient par exemple de contrats aidés : catégorie E. D’autres enfin sont en formation : catégorie D.

Former massivement des chômeurs de catégorie A permettrait de les faire basculer automatiquement dans la discrète catégorie D. Ils sortiraient alors du radar statistique et amélioreraient artificiellement les chiffres du chômage. Du côté du ministère du Travail, on parle "d'effet collatéral" et on dément toute volonté de truquer les chiffres.

Cet effet collatéral a une vertu : stabiliser voire peut-être inverser la courbe du chômage. Selon nos calculs, cela ferait disparaître environ 100 000 demandeurs d’emploi de catégorie A, pratique.

Comment le lobby viticole a fait l'impasse sur la prévention

C'est une publicité en apparence anodine. Deux sympathiques grains de raisin et un slogan pas vraiment dissuasif ont inondé vos magazines la semaine dernière : "Aimer le vin, c'est aussi avoir un grain de raison". Comme les publicités pour le vin ne sont pas si fréquentes, nous avons décidé de nous pencher sur cette campagne de communication.

Derrière cette publicité se trouve un organisme appelé "Vin et société", un lobby viticole. Pour les repères de consommation, "Vin et société" conseille de ne pas dépasser deux verres de vin par jour pour les femmes, trois pour les hommes, ou quatre s'il s'agit d'une occasion spéciale. Pour rédiger ces repères, le lobby dit s'être inspiré des organismes de santé publique. L'autorité de santé nous a pourtant précisé qu'il existe bien des risques dès le premier verre d'alcool. Pour le programme national nutrition santé "ces repères sont obsolètes". "Ils ne tiennent pas compte des études plus récentes de l’institut national du Cancer qui indiquent que le risque pour la santé augmente dès la consommation d’un verre d’alcool par jour".

Pour leur publicité, les viticulteurs ont donc utilisé des données officielles mais incomplètes, et que les autorités sanitaires n'ont jamais réactualisées. Depuis la campagne de "Vin et société", le ministère de la santé a fait le ménage sur ses sites d'information. L'expression “repère de consommation” a tout bonnement disparu. Il est désormais précisé “qu’il ne s’agit pas d’un niveau de consommation sans risque”. Tout cela aura donc eu un mérite pour la santé publique : forcer l’Etat à clarifier ses messages de prévention.

L'apprentissage, une promesse pas si nouvelle

C'est un vieil objectif du quinquennat de François Hollande que le premier ministre a relancé pour lutter contre le chômage au lendemain des élections régionales : l'apprentissage. A priori ça sonne bien, mais le problème c’est que plus on le répète moins ça marche.

L'objectif fixé par François Hollande durant son quinquennat avait le mérite de la clarté : atteindre le total de 500 000 apprentis. Mais cette année, selon nos calculs, il n'y aurait que 386 000 apprentis. Selon le conseil d'analyse économique, une part importante de la taxe d'apprentissage ne finance pas l'apprentissage. D'après l’économiste Marc Ferracci, les entreprises qui paient cette taxe peuvent en effet choisir de la verser à d’autres organismes que les centres de formation des apprentis. 

Plus surprenant, alors que l’apprentissage était déjà une priorité, le gouvernement décide le 17 juillet 2013 de faire des économies sur les aides aux entreprises en “supprimant l’indemnité compensatrice de formation” : une aide de 1000 euros par an par apprenti. Mais dès le lendemain le gouvernement recrée un autre système de prime pour les petites entreprises dont les règles d’attribution n’ont cessé de changer. Le gouvernement promet de réformer l'apprentissage d'ici janvier 2016. On vous l'avait bien dit, le b.a.-ba de l'apprentissage, c'est la répétition.

Star Wars, le côté obscur de la communication

C’est un des secrets les mieux gardés d’Hollywood. Que raconte le dernier Star Wars ? A l’Oeil du 20h on le sait déjà mais on ne peut rien vous dire car Disney a imaginé un plan machiavélique pour faire taire les journalistes et entretenir le mystère jusqu’à la dernière minute.

Pour éviter toute fuite d'information, le lieu de la projection destinée aux journalistes et blogueurs a été tenu secret jusqu'au dernier moment. Chaque personne invitée est identifiée par un code barre. Et surtout, pour éviter que la moindre image du film ne sorte avant la diffusion, voilà le mail d’invitation envoyé par Disney : “Vos portables seront collectés le temps du film. Des agents de sécurité équipés de jumelles à vision nocturnes seront dispersés dans la salle”.

Et pour achever de dissuader d'éventuels bavards, Disney a fait signer un accord de confidentialité plutôt contraignant : "Je m’engage à respecter l’embargo critique sur ce film jusqu’au mercredi 16 décembre 09h01. Je reconnais que toute révélation de ma part concernant ce film à des personnes n’ayant pas assisté à la projection constituerait un préjudice pour Disney Lucas Films donnant lieu à réparation."

En attendant, nous venons de vous parler d’un film dont nous ne pouvons rien vous dire. En communication, Jedi ou pas, on appelle ça un tour de force.