Incendies en Californie : à la recherche des disparus

(Re)découvrez ce reportage réalisé par notre équipe de France 2, en Californie. Depuis le 9 octobre, une vingtaine d'incendies - en passent d'être maîtrisés - ont ravagé 80 000 hectares du nord-ouest de l'État, essentiellement des terres viticoles.

42 personnes ont perdu la vie dans les incendies, et près de 6 000 bâtiments sont partis en fumée. Plusieurs sauveteurs se sont mobilisés pour rechercher les disparus dans les décombres, maison par maison. Mais sans preuve, impossible pour les autorités de les déclarer morts.

Les survivants, autorisés depuis peu à rentrer chez eux, sont encore sous le choc. Domicile, voiture, objets personnels. Beaucoup ont tout perdu. Un travail psychologique a été mis en place par les forces de l'ordre auprès des sinistrés. Il s'agit des incendies les plus destructeurs de l'histoire de la Californie depuis un quart de siècle. 

Reportage de Jacques Cardoze, Régis Massini et Louise Dewast.

"Maintenant, il arrive que je sois verbalement harcelé dans la rue. Trump a révélé la parole islamophobe"

Hier matin, quelques heures avant son entrée en vigueur, un juge fédéral d'Hawaï a bloqué la troisième mouture du décret anti-immigration de Donald Trump. Plusieurs centaines de manifestants, pour beaucoup originaires des huit pays concernés par le décret, ont manifesté hier toute la journée au coeur de la capitale américaine, à deux pas de la Maison-Blanche.

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Dans le parc Lafayette, adjacent à la Maison-Blanche, résonnent les battements d'un tambour, accompagnés par des cris en arabe et en anglais. Pancartes à la main, des centaines de manifestants, composés majoritairement d'hommes, hurlent leur colère à l'encontre du président américain et de son décret anti-immigration. "Pas de haine, pas de crainte, les réfugiés sont les bienvenus" scandent en coeur les militants. Les drapeaux de la Syrie, du Yémen et du Tchad flottent dans les airs aux côtés de la bannière étoilée des États-Unis.

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Hassan Shibly est né à Damas, la capitale syrienne, en 1987. Il s'est installé à Buffalo, dans l'État de New York avec ses parents, à l'âge de 4 ans. Sa ville d'origine, il l'a découverte en rendant visite à sa famille à plusieurs reprises. "Mes parents auraient pu choisir n'importe quel pays pour nous assurer une meilleure vie. Mais ils sont venus aux États-Unis car c'est un pays libre, explique le trentenaire. Ce décret anti-immigration va à l'encontre de tout ce que je crois en tant que père, citoyen américain, avocat et immigrant syrien". 

Depuis 2011, Hassan réside à Tampa en Floride, où il exerce le métier d'avocat. Depuis l'élection de Donald Trump, il a personnellement été victime de discrimination : "Maintenant, il arrive que je sois verbalement harcelé dans la rue, comme par exemple lorsque que je prie en public dans un parc. Trump a révélé la parole islamophobe, alors qu'avant, c'était honteux de tenir ouvertement de tels propos". Ce père de trois enfants en bas âge se félicite du barrage de la troisième version du décret, synonyme de victoire pour les milliers de Musulmans qui résident aux États-Unis."Il faut absolument que la justice continue de maîtriser Trump. Il est le président, oui, mais il n'a pas les pleins pouvoirs", clame-t-il.

Sensibiliser les jeunes générations

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La communauté musulmane s'est déplacée en nombre pour crier non au décret. Et elle peut compter sur de nombreux alliés. Car aujourd'hui, c'est la solidarité multiculturelle qui prime. Dans la foule, une petite voix fluette tranche avec celles des adultes. Il s'agit de Sawyer, 4 ans, accompagné de sa maman Nicole Wichert. Mère et fils profitent d'une journée libre, sans école ni travail, pour prendre part au mouvement.

Le sourire aux lèvres, le petit garçon aux cheveux bruns n'est pas peu fier de brandir sa pancarte verte, presque aussi grande que lui. "Je lui ai expliqué la situation avec des mots simples, que son coeur est assez gros pour aimer tout le monde, confie l'habitante de l'État de Virginie, beaucoup plus active au sein des manifestations depuis l'élection de Donald Trump. Je veux lui apprendre à prendre la parole contre les idées injustes. Nul ne peut interdire l'accès à certains individus à cause de leur religion. Ni Trump, ni personne".

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Une portée à l'international

Grâce aux réseaux sociaux, la protestation dépasse les frontières de Washington, et même celles de l'Amérique du Nord. Le téléphone portable à la main, de nombreux manifestants enregistrent en direct l'événement, aussitôt retransmis sur Facebook. Shamsan, lui, est connecté via Skype avec son ami Adboul qui habite en Égypte.

Originaire de la ville d'Ibb, au Yémen, Shamsan vit aux États-Unis depuis 20 ans, mais ne possède pas encore la citoyenneté américaine. Les deux hommes ne se sont pas vus depuis plusieurs années, et cette durée pourrait bien s'allonger si le décret du président américain venait à être promulgué. "Je veux que mon ami soit témoin de ce qui se passe ici. Je veux qu'il sache qu'on ne se laisse pas faire et qu'on va faire bouger les choses, soutient fermement le Yéménite. Ma voix est celle de tous ceux qui vivent à l'étranger. On se bat aussi pour eux".

Yelen Bonhomme-Allard 

Qui est Larry Flynt, le roi du porno qui offre des millions contre des informations

Larry Flynt est un homme d'affaires américain âgé de 74 ans, originaire du Kentucky, et fils aîné d'une famille très modeste. Grâce à quelques économies, il fonde en juillet 1974 le magazine pornographique Hustler, un concurrent direct de Playboy, fondé par Hugh Hefner. Contrairement à ce dernier, Larry Flynt se targue de dévoiler intégralement la nudité de ses modèles féminins.

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Il publie dans l'édition d'août 1975 des clichés inédits de Jacqueline Kennedy Onassis, achetés pour la modique somme de 18 000 dollars à un paparazzi. La popularité du magazine connaît une ascension fulgurante, si bien qu'1 million d'exemplaires de cette édition sont vendus en à peine quelques jours.

En 1977, il rencontre la soeur du président américain Jimmy Carter (39e dirigeant des États-Unis), Ruth Carter Stapleton qui voue une totale dévotion à Jésus. Cette relation amicale bouleverse Flynt, à tel point qu'il devient un Born Again Christian, se convertit au christianisme et songe à transformer Hustler en un magazine chrétien.

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Un an plus tard, le 6 mars 1978, Joseph Paul Franklin, tueur en série et membre du Ku Klux Klan, ouvre le feu sur le fondateur d'Hustler. Celui-ci perd l'usage de ses jambes. Il se fait alors confectionner un fauteuil roulant en plaqué or estimé à 80 000 dollars.

Contre toute attente, le millionnaire livre un plaidoyer contre la peine de mort en octobre 2013, et demande à l'État du Missouri de ne pas exécuter son assaillant. Sa requête est refusée, Joseph Franklin est condamné à mort par injection létale un mois plus tard.

Un habitué des récompenses

Une chose est sûre, Larry Flynt aime interférer dans la politique. Et le milliardaire est bien conscient que l'argent comme monnaie d'échange aide à délier les langues. En 1988, pendant l'affaire "Lewinsky" (ou "Monicagate"), Flynt avait offert 1 million de dollars à quiconque offrirait la preuve qu'un membre du Congrès ou un haut responsable politique était lié à une affaire à caractère sexuel, afin de dénoncer l'hypocrisie à l'égard de Bill Clinton. À la suite de ses investigations, Robert Livingston, un élu républicain, est contraint de démissionner.

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Larry Flynt a réitéré le processus dimanche 15 octobre. La milliardaire s'est offert une pleine page du journal le Washington Post, dans laquelle il promet 10 millions de dollars à quiconque lui fournirait des preuves compromettantes pouvant destituer Donald Trump. "Je ne m'attends pas à ce que les potes milliardaires de Trump le dénoncent, mais je suis sûr qu'il y a beaucoup de gens qui savent des choses et pour qui dix millions de dollars représentent beaucoup d'argent" ont pu lire les lecteurs du quotidien.

Selon l'annonce, l'adresse électronique et le numéro de téléphone sont mis en service pendant deux semaines, et ce, à compter du 15 octobre dernier.

Yelen Bonhomme-Allard

La loterie de la carte verte 2019 joue les prolongations

Suite à des problèmes techniques, la loterie de la carte verte 2019 rouvrira le mercredi 18 octobre à midi (EDT), et fermera le mercredi 22 novembre à midi (EDT), au lieu du 7 novembre comme prévu initialement.

Les demandes déposées entre les 3 et 10 octobre ne seront pas comptabilisées. Il est donc inutile de conserver le numéro de confirmation de votre première tentative. Le Département d’État précise également que les participants ne seront pas disqualifiés pour avoir enregistré une seconde candidature.

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La plateforme de la loterie était inaccessible depuis une semaine pour cause de problèmes techniques. Ce tirage au sort permet à 50 000 chanceux - résidants à l'étranger ou aux États-Unis sous un visa - de s'installer et de travailler légalement aux États-Unis chaque année. Les résultats de la DV-Lottery 2019 seront connus le 15 mai 2018 à midi (EDT).

Yelen Bonhomme-Allard

Incendies en Californie : "Le feu était à un kilomètre de notre maison. C'était impressionnant !"

Depuis le dimanche 8 octobre, 17 incendies ravagent le nord-ouest de la Californie. Lise et Jules Marquis,  un couple originaire de l'est de la France, ont posé leurs valises à Santa Rosa en mars dernier, l'une des agglomérations les plus touchées par les flammes. Récit de la nuit où la ville s'est embrasée.

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Il est 3h30, lundi matin, lorsque Jules et Lise entendent frapper à la porte de leur chambre. Leur colocataire Matt les informe qu'ils doivent évacuer le secteur au plus vite. Les yeux encore mi-clos, les deux Français peinent à comprendre l'urgence de la situation. "Lorsque qu'on est descendus dans le salon, on a vu les affaires de nos colocs. Là, on a compris qu'il se passait quelque chose", raconte le jeune homme de 25 ans, originaire des Vosges.

Dans la précipitation, chaque occupant de la maison emporte à la hâte ses objets les plus précieux. Tandis que Matt et Krista sauvent leur arme à feu ainsi que leurs deux chats - enroulés dans des draps faute de caisse de transport -, Jacob empoigne ses trois fusils de chasse, sa canne à pêche et son chien. "Je regrette de ne pas avoir pris une photo de la scène. On a tellement ri avec ma femme, se remémore Jules encore amusé. Le décalage culturel avec les Américains était visible. C'est bizarre les réactions qu'on peut avoir dans ce genre de situations". 

À leur tour, les deux expatriés jettent dans un sac, au hasard, un livre, une couverture, de l'eau et des céréales. Dans le quartier, les voisins chargent les voitures en vitesse avant de prendre la route en direction de l'est et du sud de Santa Rosa. Sacramento (à l'est) et San Francisco (au sud) se situent respectivement à 2h00 et 1h30 de conduite. Avant d'abandonner leur foyer, certains habitants arrosent les pelouses et les façades des maisons, en espérant que cela sera suffisant pour repousser les flammes.

Le feu à 1 kilomètre

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Les flammes ont épargné la maison du couple.

Sur la colline adjacente à la ville se dresse un mur de feu. Le ciel, ordinairement sombre à cette heure matinale, est devenu orange et opaque sous l'effet de la fumée. "Le feu était à un kilomètre de notre maison. C'était impressionnant. Beau, mais impressionnant" confie Jules. On entendait même les craquements des arbres qui tombaient sous le poids des flammes. Mais on ne se sentait pas menacés car les incendies partaient dans la direction opposée".

Sur les conseils de sa tante, expatriée à Washington DC, Jules et son épouse regagnent leur domicile pour faire leurs valises. Arrivé aux États-Unis en mars dernier, le couple n'a que très peu d'affaires : "Appareil photo, ordinateur, passeports, vêtements et raquettes de badminton. Ça va vite de rassembler tout ce qu'on a. Et comme on vit en colocation, on n'a pas de meubles. Tout tient dans deux valises." 

La circulation paralysée

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Devant Lise, les voitures sont au point mort.

Les deux Français mettent les bagages dans le coffre de la voiture et prennent eux-aussi la route. Mais ils sont rapidement bloqués dans les embouteillages, à une centaine de mètres à peine de leur logement. Au terme de trente minutes d'immobilité, le couple décide de rebrousser chemin, et rejoint la poignée de voisins encore présents. Parmi eux, Ted, est interloqué par la situation. N'ayant reçu aucun ordre d'évacuation, le quinquagénaire s'est réveillé au son strident des sirènes de pompiers.

Lise et Jules veillent jusqu'au petit matin. Vers 7h00, ils s'accordent enfin un peu de repos, en prenant soin, tout de même, de programmer une alarme. "Même si on ne se sentait pas en danger, on voulait s'assurer que les flammes s'étaient bien éloignées", détaille le Vosgien. Faute d'électricité dans le quartier, le couple trouve refuge chez un collègue de Lise durant l'après-midi. Ils y rechargent les téléphones portables pour rassurer leurs familles inquiètes en France.

Depuis lundi soir et jusqu'à aujourd'hui (mercredi), à la nuit tombée, les deux Français campent dans leur maison à l'aide de lampes torche et d'un réchaud. Au menu : des pâtes et du pain frais, directement rapporté de la boulangerie dans laquelle travaille Jules. "Avec Lise, on adore le camping et surtout on préfère rire de la situation" ironise-t-il. Le couple se tient prêt à partir à tout moment. Le vent doit s'intensifier en fin de semaine et pourrait attiser les foyers incandescents.

Yelen Bonhomme-Allard 

Incendies en Californie : les clichés avant/après le passage des flammes

Depuis dimanche soir, une douzaine d'incendies ravagent les terres viticoles du nord de la Californie. Des milliers d'habitations ont été réduites en cendres, et 25 000 personnes ont été contraintes de fuir le nord-ouest de l'État.

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La quartier de Coffey Park, dans la ville de Santa Rosa est méconnaissable. © The New York Times/Reuters.

Huit comtés américains ont été traversés par les flammes, notamment les régions de Napa et Sonoma, à peine trois fois plus grandes que la ville de Washington DC, comme le souligne CNN. Pour l'heure, le Département des forêts et de la protection des incendies recense 1500 logements et commerces brûlés, mais ce bilan matériel n'est que provisoire et pourrait s'alourdir d'heure en heure.

Depuis dimanche dernier, plus de 50 000 hectares - notamment des parcelles de terres viticoles - sont partis en fumée. La sécheresse de la végétation et du sol favorise la progression des flammes. Les pompiers ont profité des températures plus fraîches et de la baisse des vents ce mardi matin pour se frayer un chemin parmi les brasiers.

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Cette grange construite en 1899 à Santa Rosa n'est plus qu'un amas de cendres. © The New York Times/Kent Porter/The Press Democrat.

À ce jour, 15 personnes ont perdu la vie dans les incendies. Les autorités craignent de retrouver des corps pris au piège dans les maisons. En trois jours, 25 000 habitants ont dû fuir vers l'est et le sud de la Californie. Certains ont tout perdu. Deux hôpitaux de Sonoma County ont également été évacués.

Le gouverneur, Jerry Brown, a déclaré l'état d'urgence pour les régions de Napa et Sonoma, ainsi que cinq autres comtés. Il a aussi demandé au président Donald Trump de déclencher l'état de catastrophe naturelle, afin de débloquer des aides fédérales.

Yelen Bonhomme-Allard

Pourquoi un contrôle des armes à feu est difficilement envisageable aux États-Unis

Columbine, Virginia Tech, Newtown, Orlando, Las Vegas... À chaque nouvelle tuerie de masse, le débat sur le contrôle des armes à feu est relancé aux États-unis, notamment par le camp des Démocrates. Mais le mouvement contestataire se heurte à plusieurs obstacles d'ordre politiques, historiques et culturels. Pourquoi les armes sont-elles mises sur un piédestal ?

Un droit protégé par la Constitution 

La Constitution américaine est, selon ses propres termes, la "loi suprême du pays". Depuis sa mise en vigueur en 1789, cette ordonnance a approuvé 27 amendements. Les 10 premiers sont collectivement connus sous le nom de la "Déclaration des Droits". Et c'est justement vers le Deuxième amendement que tous les regards sont tournés. Celui-ci autorise chaque citoyen américain à détenir et à porter une arme : "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé".

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Ce droit constitutionnel a été légitimé par la Cour suprême en juin 2008, en "invalidant l'interdiction des armes de poing en vigueur depuis 1976 dans la ville de Washington", comme le rappelle le journal Le Monde. Le Deuxième amendement semble être entouré d'une aura sacrée, si bien que les débats quant au contrôle du port d'armes demeurent, jusque-là, vains.

"Personne n'a jamais demandé l'abrogation du Deuxième amendement qui serait impossible, c'est pourquoi le débat n'a porté que sur l'interprétation du texte, explique Didier Combeau, spécialiste des États-Unis et auteur de l'ouvrage Des Américains et des armes à feu. Même s'il n'existait pas, le gouvernement fédéral ne pourrait pas facilement réglementer la détention et le port d'armes, car c'est une prérogative des États fédérés en raison du Dixième amendement. Il pourrait seulement réglementer le commerce (par exemples, l'interdiction de fabrication ou d'importation, contrôle des antécédents psychiatriques et judiciaires lors d'un achat), ce qui laisserait entier le problème des armes déjà en circulation". 

Un droit défendu par le lobby des armes 

Le droit de porter une arme est défendu par la National Riffle Association (NRA). Cette association pro-armement soutient les fabricants d'armes et promeut le libre commerce de celles-ci. La NRA comptait 5 millions d'adhérents en 2013 et ne cesse de séduire de nouveaux membres à travers le pays. Cet organisme, au comportement extrême, est réfractaire à toute forme de négociation et refuse toute communication avec les médias.

"La NRA a commencé à faire pression sur les mesures de contrôle des armes à feu au début des années 1930. Elle était novatrice pour l'époque, dans sa façon de mobiliser ses adhérents pour inonder de lettres les membres du Congrès", développe l'historienne Pamela Haag, auteure du livre The Gunning of America.

Le lobby pro-armes influence la sphère politique, en soutenant financièrement les campagnes des candidats favorables à ses idées. Cet élément explique donc l'absence de décisions des présidents quant à un éventuel contrôle de la vente d'armes dans le territoire. "Comme à l'école, elle attribue des notes de A à F à tous les candidats en se fondant sur leurs prises de position sur les armes. C'est redoutable car une minorité d'électeurs se décident sur ce seul critère, qui peut faire perdre une élection", met en garde Didier Combeau.

Un culte sacralisé par Hollywood 

Le cinéma hollywoodien influence indéniablement la société. Les exemples de films mettant en scène la violence et les armes ne manquent pas. "Hollywood est la capitale symbolique de la culture des armes à feu en Amérique. À travers d'innombrables émissions de télévision et de films, l'arme a atteint des pouvoirs mythiques en tant qu'agent de justice, de violence, de peur et de rédemption", confirme William Doyle, auteur d'American Gun : A History of the US in Ten Firearms.

Suite à la fusillade de Las Vegas, la plateforme de streaming Netflix et les studios Marvel ont suspendu la campagne de promotion de la série "The Punisher", la jugeant inappropriée. Frank Castle alias The Punisher (le Punisseur en français) incarne l’esprit de vengeance et de justice personnelle. Impitoyable, il préfère tuer ses adversaires plutôt que de les livrer à la justice.

Yelen Bonhomme-Allard

Loterie de la Green Card 2019 : le compte à rebours est lancé

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La "green card", qu'est ce que c'est ?

Chaque année, la loterie de la "green card" (carte verte en français) est attendue par des millions de personnes. Elle offre la possibilité à 50 000 chanceux - résidants à l'étranger ou aux États-Unis sous un visa - de s'installer et de travailler légalement aux États-Unis.

Les droits et les devoirs des porteurs de la carte sont identiques à ceux des citoyens américains, à l'exception du droit de vote et de servir en tant que juré.

Les limites de la carte verte

Cette carte de résidence permanente se diffère de l'obtention de la citoyenneté. Le détenteur de la carte verte doit obéir aux lois américaines et payer ses impôts aux États-Unis, mais n'est pas pour autant considéré comme un citoyen américain. Dans ce cas, il est possible de faire une demande de naturalisation, après avoir été détenteur de la carte verte depuis 5 ans au minimum.

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Conditions d'obtention par la loterie

L'attribution de la carte verte résulte d'un tirage au sort électronique aléatoire. Pour s'inscrire à la loterie, il est impératif d'être natif d'un pays éligible. Pour l’année DV-2019, les candidats nés dans les pays suivants n’ont pas le droit d'y participer (dans la mesure où plus de 50 000 personnes originaires de ces pays ont immigré aux États Unis au cours des 5 dernières années) :

Le Bangladesh, le Brésil, le Canada, la Chine (continentale), la Colombie, la Corée du Sud, le Guatemala, l’Haïti, l’Inde, la Jamaïque, le Mexique, le Nigéria, le Pakistan, le Pérou, les Philippines, la République Dominicaine, le Royaume-Uni (sauf l’Irlande du Nord) et ses territoires d’outre-mer, le Salvador, et le Viêt-Nam.

Pour être admissible à ce tirage au sort, chaque candidat doit avoir le baccalauréat (ou son équivalent), ou justifier de 2 ans d’expérience au cours des 5 dernières années dans un domaine de travail qui nécessite 2 années de formation ou d’expérience professionnelle.

L'inscription à la loterie, entièrement gratuite, a débuté le mardi 3 octobre 2017 et s'achèvera le mardi 7 novembre 2017. Attention, les candidatures enregistrées en 2017 concernent l'attribution des cartes vertes en 2019.

Autres conditions d'obtention 

Outre la participation à la loterie, il existe d'autres possibilités pour obtenir le fameux sésame : être sponsorisé par un employeur, mais seul ce dernier peut être à l'origine de la demande (un processus complexe et coûteux qui nécessite le recours à un avocat), être sponsorisé par un parent ou par sa famille (conjoint(e)), justifier de compétences exceptionnelles bénéfiques au pays, être demandeur d'asile ou encore investir dans une entreprise qui générerait la création d'emplois aux États-Unis.

Yelen Bonhomme-Allard

Las Vegas : 58 morts et 515 blessés, le bilan continue de s'alourdir

Au lendemain de la fusillade à Las Vegas, le bilan provisoire fait état de 58 morts et de 515 blessés. Depuis Orlando, cette attaque est la plus meurtrière de l'histoire récente des États-Unis.

Le déroulement des faits

L'Amérique se réveille sous le choc. Dimanche 1 octobre, aux alentours de 22h00 (heure locale), un homme a ouvert le feu sur la foule, pendant un concert à Las Vegas (Nevada). Quelques 22 000 spectateurs étaient venus assister au festival Route 91 Harvest, près de l'hôtel-casino Mandalay Bay, situé sur l'artère principale de la ville.

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Chacun tente de se mettre à l'abri, sous une pluie de balles. © David Becker / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Au moment des premières détonations, une confusion s'installe parmi le public. Beaucoup de spectateurs pensent qu'il s'agit de pétards. Sur scène, le chanteur Jason Aldean poursuit son concert avant de se mettre à l'abri en compagnie de ses musiciens.

Dans la fosse, c'est la panique. Face au corps qui s'effondrent, les festivaliers se jettent par terre ou se mettent à courir et à crier. Depuis hier soir, le bilan humain provisoire ne cesse de s'alourdir. Les autorités recensent au moins 58 morts et 515 blessés à la mi-journée.

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Policiers et sauveteurs sont venus en aide aux victimes toute la soirée. © Chase Stevens / AP / SIPA

L'identité du tireur 

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On ne connait pas encore les motivations de Stephen Paddock.

La chaîne NBC News, puis les autorités ont dévoilé l'identité du suspect : un certain Stephen Paddock, âgé de 64 ans, habitant de de Mesquite, une ville dans le désert située à 130 kilomètres au nord-ouest de Las Vegas. Il était jusqu'ici inconnu des services de police.

Le sexagénaire se trouvait dans une chambre au 32e étage de l'hôtel-casino Mandalay Bay, à proximité duquel se déroulait le concert en plein air. C'est depuis ce point de vue en hauteur qu'il a tiré sur une foule à découvert. L'assaillant se serait suicidé dans sa chambre avant l'arrivée des policiers. Plusieurs armes automatiques auraient été retrouvées sur les lieux. Le shérif de Las Vegas, Joseph Lombardo, avait déclaré dans un premier temps que les forces de l'ordre avaient abattu le suspect.

L'homme aurait vraisemblablement agit seul au moment de son passage à l'acte, mais les enquêteurs tentent d'établir des connexions avec des complices éventuels. Dans les heures suivant la tuerie, sa compagne Marilou Danley était activement recherchée par la police. Elle a finalement été localisée à l’étranger. "Nous lui avons parlé et nous ne pensons pas qu’elle soit impliquée", confiait le shérif Lombardo. 

Une attaque terroriste ?

Selon le SITE, qui relaie l'organe de propagande de l'Etat Islamique Amaq, Stephen Paddock auteur de la fusillade était un "soldat de l'EI" et s'était converti à l'islam il y a quelques mois, assure l'organisation terroriste. De son côté, le Federal Bureau of Investigation (FBI) réfute toute connexion entre cette attaque et l'Etat Islamique. Aucun élément ne permet pour le moment d'étayer cette revendication.

Yelen Bonhomme-Allard 

Les dessous du manoir Playboy, temple de la dépravation assumée

Hugh Hefner, le fondateur du magazine érotique Playboy, reconnaissable par son logo en forme de lapin, s'est éteint mercredi à l'orée de ses 91 printemps. Il aura vécu 46 ans dans son manoir Playboy, entouré d'un harem de jeunes femmes dénudées, et à la plastique de rêve. 

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Cette propriété de Los Angeles était le refuge de Hugh Hefner et de ses nombreuses "bunnies" blondes, comme il aimait les appeler. De jeunes et jolies créatures, soumises aux caprices sexuels du fondateur de la presse érotique masculine. Ce dernier a acquis le manoir au style gothique en 1971, pour la modique somme de 1,2 millions de dollars. Le domaine construit sur 12 hectares, comprend une maison de 30 pièces dont 22 chambres, une salle de jeu, une piscine façonnée dans la pierre à l'image d'une grotte, un court de tennis, mais surtout un zoo privé où sont hébergés des oiseaux exotiques, des flamants roses et des singes.

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La première couverture de Playboy avec Marilyn Monroe (1953).

En 2016, Playboy Entreprises avait mis en vente la Playboy Mansion au prix de 200 millions de dollars (170 millions d'euros). Ce n'est autre que le voisin, Daren Metropoulos, homme d'affaires et fils d'un milliardaire, qui a racheté la propriété.

Néanmoins, une clause annotée dans le contrat de vente autorisait Hugh Hefner à y habiter jusqu'à sa mort. C'est chose faite. Il sera prochainement enterré aux côtés de Marilyn Monroe dans le cimetière de Westwood Village Memorial Park, à Los Angeles. Seule ombre au tableau : que vont advenir les playmates sans leur mentor ?

Le temple de la dépravation

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Seul ou accompagné, Hefner ne quittait jamais son peignoir en satin rouge.

Le manoir Playboy est le lieu de tous les fantasmes. Pendant pratiquement un demi-siècle, la demeure a accueilli des milliers d'invités aux moeurs légères. Parmi celles-ci, de riches célébrités triées sur le volet, - Pamela Anderson était une habituée - mais également de nombreuses playmates, déguisées en lapines afin de distraire les convives masculins.

Hugh Hefner aimait organiser des soirées toutes aussi érotiques qu'extravagantes. Et forcément les anecdotes ne manquent pas. Comme le rappelle Le Figaro, on raconte qu'Elvis Presley aurait eu une relation sexuelle avec huit "bunnies" simultanément, tandis que John Lennon aurait accidentellement brulé un tableau de Matisse avec une cigarette.

Déclin de l'empire face aux scandales 

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Holly Madison (à droite), est l'ex-copine de Hugh Hefner. © AFP

Même si Hugh Hefner ne pratiquait ses activités libertines qu'entre les murs de la Playboy Mansion, le milliardaire a souvent fait l'objet de scandales. Holly Madison (de son vrai nom Holly Cullen), ancienne petite amie du Patron et ex-playmate, a révélé son calvaire dans les pages de Down the Rabbit Hole, publié en 2015. Dans cet ouvrage autobiographique, elle retrace les humiliations subies pendant 7 ans, de la part de ses rivales mais aussi par le propriétaire des lieux.

Plus récemment, en mai 2016, la mannequin Chloe Goins avait poursuivi Bill Cosby pour agression sexuelle. Invitée à l'une des fêtes de Hefner alors qu'elle était encore mineure à l'époque, la jeune femme avait accusé le père de Playboy de complicité. Une attaque réfutée par ce dernier. Contrairement au côté glamour qu'Hefner revendiquait, les témoignages dressent l'image d'un sanctuaire libertin où le sexe, la drogue et l'alcool étaient banalisés et consommés sans modération.

Yelen Bonhomme-Allard