27 Sep

Code Ø : un café-restaurant « zéro déchet » à Lorient

Thaïs Cathelineau (à gauche) co-fondatrice de Code Ø aux côtés de sa jeune cheffe cuistot Emeline.

Inauguré le 24 juillet, Code Ø est le premier café-restaurant zéro-déchet de Lorient. Un établissement où étape après étape, tout a été réfléchi, élaboré, organisé pour limiter au maximum son impact sur l’environnement.

De la voile à la restauration

À la barre, Thaïs Cathelineau, ancienne chargée de communication dans la course au large, puis salariée dans une enseigne de grande distribution de sport. A 33 ans, la jeune femme rêvait de nouveaux horizons professionnels : « J’ai beaucoup appris pendant ces années-là, mais les entreprises pour lesquelles je travaillais était très éloignées de mes convictions sociales et écologiques ».

Pour la jeune femme, le déclic viendra d’un témoignage entendu à la radio. Celui du patron d’un restaurant solidaire à Nice qui lui fait dire : « C’est ça que je veux faire ». Pendant deux ans, le projet va mûrir, avec l’aide de Tag 56, un incubateur d’économie sociale et solidaire. C’est pendant cette période aussi qu’elle rencontre Aliénor, consultante en développement durable, avec qui elle décide de s’associer.

Après 9 mois de recherches, les deux jeunes femmes trouvent enfin un local. Une ancienne pizzeria située entre la zone portuaire de Lorient et son centre-ville. Le rêve peut se concrétiser.

Au 5 rue Carnel, le Code Ø a remplacé une ancienne pizzeria.

Financement et chantiers participatifs…

Pour financer une partie des travaux, Thaïs et Aliénor créent une cagnotte en ligne. 11 590 € seront collectés. L’objectif était fixé à 8 000 €. Mais au-delà, cette campagne aura permis de créer toute une petite communauté, une cinquantaine de personnes, prêtes à donner de leur temps pour l’aménagement du café-restaurant.

Côté salle, les tables, les chaises, un canapé même, les armoires, la décoration, la vaisselle, tout a été acheté chez Emmaüs, sur le bon coin, ou donné. Pour le plancher, le revêtement des murs, son bardage en bois, les radiateurs en fonte, le comptoir, là encore, les maîtres-mots sont occasion et récupération.

Anne-Lise au service, et l’équipage du Code Ø est complet !

Pour le bon fonctionnement de Code Ø, on ne déroge pas à la règle. Les courses sont faites dans le quartier pour le pain, le vin, les fleurs, les journaux. Le café est torréfié à Lorient, et les légumes proviennent d’une ferme située à Caudan, livrés par les coursiers de Feel à Vélo.

Les condiments, s’ils arrivent de plus loin, sont commandés en vrac ou en plus grande quantité pour limiter les emballages qui souvent repartent chez le grossiste. Les cartes de visites ont été fabriquées à la main après avoir récupéré du papier auprès d’un imprimeur qui voulait s’en débarrasser, à l’aide d’un tampon lui aussi voué à la poubelle.

« A chaque fois qu’on fait quelque chose, on cherche à limiter au maximum notre impact environnemental », justifie Thaïs Cathelineau.

Coté cuisine : des menus anti-gaspi

Embauchée avant même l’ouverture du café-restaurant, côté cuisine, Émeline s’est, elle aussi facilement adaptée à la démarche « Zéro déchet ». Trois plats sont proposés chaque jour, qui varient en fonction des saisons. Et avec ses chips frittent à partir d’épluchures de légumes, ses veloutés aux fanes de radis, ou son jus de betterave, la jeune cheffe sait y faire pour en jeter le moins possible.

Sur l’heure du déjeuner, c’est le rush en cuisine.

Quant aux restes, tout ce qui ne peut être cuisiné, tout ce que les clients auront laissé dans leur assiette (cela n’arriverait pas souvent…), tous ces déchets seront transformés en compost pour les jardins partagés de Lorient.

Ouvert de 8 à 18h, le Code Ø propose également des petits-déjeuners, des goûters et plats à emporter dans des bocaux en verre consignés.

1 à 2 kg de déchets seulement

Après deux mois d’activité, Thaïs Cathelineau dressent un premier bilan plutôt satisfaisant. À peine 1 à 2 kilos de déchets sont jetés chaque semaine dans la poubelle noire, « essentiellement des mégots et du verre cassés », précise-t-elle. 3 kg pour la poubelle jaune.

Alors certes, on ne peut pas à proprement parler de « zéro déchet », mais pour un établissement qui chaque semaine sert 200 repas, la performance est réelle. Et les deux associées ont encore bien des idées en tête pour faire de leur établissement le chantre d’une économie éthique, solidaire et environnementale.

Le plat du jour : rissoto de riz sauvage, œufs brouillés, oignons confits.

Et ce n’est pas fini !

Des cafés et repas suspendus (vous payez deux cafés ou participez à une cagnotte destinée aux clients plus démunis), l’installation d’un poêle à bois qui viendra s’ajouter à la chaudière à biogaz déjà en service, d’un récupérateur d’eau de pluie pour alimenter les toilettes, de jardinières pour cultiver des aromates, le réaménagement d’une ancienne réserve, autant de chantiers qui pourront être menés plus tôt que prévu. La dotation de 10 000 € reçue après avoir remporté le prix Des cafés pour nos régions pour l’Ouest arrive à point nommé, et conforte les deux associées dans leur volonté d’agir pour plus d’écologie.

« Pour moi, un restaurant, c’est un endroit idéal pour faire passer des messages. Les gens viennent ici pour se faire plaisir, et si en plus cela peut les aider à adopter un mode de vie plus respectueux de l’environnement, alors on a gagné », se réjouit Thaïs Cathelineau.