L'argent de l'Union européenne a-t-il été détourné par les europhobes de UKIP ?


Dans l’Union européenne, certains partis politiques jouent double jeu. Prenez les indépendantistes britanniques de UKIP, son leader Nigel Farage a fait campagne pour quitter l’Europe. Mais avec quel argent ? Celui du constribuable européen. Et ça c’est illégal.

A Bruxelles, l’Union européenne fait vivre la démocratie. Elle distribue des subventions aux formations politiques européennes. Mais pas à n’importe quelle condition, il y a une règle, pas de financement pour les partis nationaux. 

“Les fonds des partis politiques au niveau européen (...) ne peuvent être utilisés pour le financement direct ou indirect (...) des partis nationaux ou de candidats nationaux”

C’est bien là qu’est le problème. Nigel Farage, Paul Nutall, Roger Helmer appartiennent tous au parti indépendantiste britannique, l'UKIP, lui-même membre de l’ADDE, l’Alliance pour la démocratie directe en Europe. Celle-ci a reçu plus de 800 000 euros du Parlement européen mais elle en a reversé près de 450 000 aux Anglais de UKIP. Et ça c'est interdit.

Des sondages nationaux en Angleterre

L’eurodéputé (UKIP) Roger Helmer conteste les accusations avec beaucoup d’aplomb: "Nous rejetons les allégations de fraude. Cet argent a été correctement dépensé selon les règles du Parlement, il a été dépensé exactement de la même manière que les autres groupes politiques."

Roger Helmer le nie, mais l’argent a bien servi à faire des sondages nationaux en Angleterre pendant le référendum pour quitter l’Union européenne, le Brexit. Dans un de ces sondages, UKIP pose une question très explicite aux Anglais : "Quelles sont selon vous les meilleures raisons pour quitter l’Union européenne ? " Réponse, un meilleur contrôle des frontières. Et devinez quoi ? Cet argument, les députés pro-Brexit l’ont souvent utilisé lors du référendum.

Pour l’administration du Parlement européen, la preuve est incontestable. Les règles n’ont pas été respectées. Sur les 500 000 euros dans le viseur du Parlement, rien n’a encore été remboursé. Pas sûr que l’Union européenne retrouve un jour son argent.

Les astuces de Christian Estrosi pour cumuler ... sans cumuler !

Sur le cumul des mandats, la loi est claire : interdit d’avoir la casquette de président de région et celle de maire. Mais un homme politique a trouvé plein d’astuces pour cumuler sans cumuler : Christian Estrosi !
L’oeil du 20h vous donne ses bons plans pour garder les deux casquettes. Christian Estrosi n’est plus maire. Il a démissionné en juin dernier, car il est devenu président de la région Paca. Alors pour garder le pouvoir à la mairie, voici tous les trucs et astuces de Christian Estrosi.

Première astuce : tout faire ou presque…

Philippe Pradal, est le nouveau maire,
Christian Estrosi est son premier adjoint, et il cumule les attributions les plus importantes : “Sécurité, ressources humaines, finances, transports, travaux, voirie et stationnement”. "A lui seul, le travail de 4 adjoints selon un opposant PS au conseil municipal. "On ne sait pas trop ce qui reste aux autres adjoints et au maire. C’est un record toute catégorie, surtout qu’il est aussi président de région et de la métropole Nice Côte d'Azur. C’est un cumul des mandats déguisé”, s'insurge Patrick Allemand, opposant PS à la ville de Nice.

Deuxième astuce : raboter le pupitre du maire

Quand Christian Estrosi était aux commandes, le pupitre du conseil municipal, en février 2016, était surélevé. En juin dernier, alors qu’il est devenu premier adjoint, le bureau a été abaissé. Tout le monde au même niveau. C’est pour que les élus assis derrière puissent mieux voir, paraît-il.

Dernière astuce
Être seul sous les projecteurs

Christian Estrosi est dans tous les médias. Après l’attentat à Nice, il était partout. Philippe Pradal… nulle part ! Et à la moindre inauguration, il est là. Comme pour un projet de cantine scolaire par exemple. Pourquoi ce n’est pas le maire qui s’en occupe ? Nous demandons une interview à Philippe Pradral. Et devinez vers qui le service de presse nous dirige ? Christian Estrosi ! Pour trouver Philippe Pradal, on a profité de l’inauguration des illuminations de Noël de Nice. A la question : qui tient le guidon à Nice ? Voici sa réponse : “Ça vous gêne ? Ça se voit que vous n'êtes pas de Nice, on est très heureux comme ça”. Quant à Christian Estrosi, il a préféré nous parler des illuminations de Noël plutôt que de répondre à nos questions sur le cumul des mandats. Allez une dernière astuce, à votre avis, qui occupe le bureau historique du maire de Nice ? Eh oui, c’est Christian Estrosi !

 

Quand le lobby de la viande intervient dans les écoles


Sur les bancs de l’école, on apprend à lire et à compter mais pas seulement. Certains enfants reçoivent aussi des cours d’un professeur inhabituel : le lobby de la viande. Interbev est une structure puissante : celle qui défend les intérêts de la viande, des commerçants de bestiaux aux charcutiers en passant par les éleveurs de chèvres.

Des interventions dans les écoles

Pour les plus jeunes, le lobby a conçu un kit distribué dans 1500 cantines scolaires. Au menu : des affiches avec des animaux dans les prés… et dans des assiettes. On y trouve aussi des tatouages pour les enfants : “parce que je le veau bien” ou “le boeuf c’est la teuf”.

Dans le journal offert aux écoliers, une recette de burger au boeuf est proposée. Le lobby pose également une question qui semble essentielle : “pourquoi sentir une viande qui cuit me donne faim?”.

Un kit, mais aussi des animations en classe ! Sur une vidéo d’Interbev, on peut voir des animateurs payés par le lobby pour parler élevage et équilibre alimentaire pendant le temps scolaire.

Parents, professeur : de la colère et des regrets

Alors qu’en retiennent les enfants ? A Bordeaux, le lobby est intervenu dans une école au début de mois de novembre pendant deux jours. Les animateurs ont vu toutes les classes. Paul et Elodie, deux parents d’élèves, sont un peu en colère.

“En discutant avec ma fille de 9 ans le soir même, explique Elodie, on a regardé si le repas qu’on servait était équilibré. Et tout de suite elle m’a dit “mais maman, il n’y a pas de viande”. J’ai essayé de lui expliquer qu’il n’y avait pas forcément besoin d’avoir de viande ou de poisson dans le repas. Elle m’a rétorqué que c’était quand même un professionnel qui l’avait informé !”.

Pour cette animation, l’école a été démarchée directement par Interbev. La direction assure que tout s’est bien passé, mais elle regrette d’avoir accepté.

L’Education nationale n’empêche aucune intervention

Depuis dix ans, la consommation de viande est en baisse. Le lobby tente-t-il de recruter de nouveau consommateurs ? Interbev ne parle que d’équilibre alimentaire. “On est sur des consommation (de viandes, ndlr) faibles, affirme Marc Pagès, directeur général d’Interbev. C’est pas qu’on veut les augmenter, c’est qu’on veut surtout qu’à un moment donné on ne continue pas à les réduire parce que c’est l’équilibre nutritionnel qui va en pâtir”.

Contacté, l’Education nationale précise ne pas avoir validé ces animations, mais elle ne les empêche pas non plus. Pas vache avec les lobbys... le ministère.

Quand l’Etat se sert dans la cagnotte handicap !

Il existe en France une cagnotte réservée aux handicapés, censée faciliter l’insertion des personnes à mobilité réduite dans la fonction publique. De l’argent public, mis de côté par l’Etat pour les aider au quotidien. Sauf que quelqu’un pioche dans la caisse. Devinez qui? L’Etat lui-même ! Et ça fait cinq ans que ça dure ! Cette cagnotte c’est le “FIPHFP” - le fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique. Si les administrations emploient moins de 6% de travailleurs handicapés elles payent une amende, qui alimente la cagnotte.

126 millions d’euros récoltés en 2015

En 2015, 126 millions d’euros ont été récoltés ! Une jolie cagnotte si l’Etat arrêtait de piocher dans la caisse ! Les membres du comité de gestion du FIPHFP sont scandalisés que l’argent serve à financer des projets qui ne concernent pas les handicapés. Par exemple, 174 millions d’euros pour financer les contrats d’avenir de François Hollande ! Cette année, 30 millions d’euros pour embaucher des vigiles dans les universités ! Au total, en 3 ans, 300 millions d’euros dépensés dans des projets sans rapport avec le handicap ! Faut-il en conclure qu’il n’y a plus besoin de cet argent pour l’insertion des handicapés? Pas vraiment ! Nous avons accompagné Alice, dans son université, à Paris. Nous avons constaté que rien n’est vraiment adapté pour elle. Pour accéder aux salles de cours, une seule solution : les ascenseurs, souvent en panne. Pas très pratique pour arriver à l’heure en cours. Alice ne peut pas se déplacer seule dans l’université. Manque de chance, sans porte automatique, elle est obligée de se faire accompagner. Récemment la fac a fait quelques travaux, mais pas les plus utiles pour le quotidien d’Alice.

Le handicap « pas une priorité »

Alors si on a vraiment besoin de cet argent pour aider les handicapés, comment expliquer qu’il serve à autre chose? Réponse de Bercy : “Il était important de financer de nouvelles priorités de l’Etat face à la situation économique et à la menace terroriste . Il a alors été convenu de jouer la solidarité entre ces budgets”. Pour rendre accessibles toutes les universités, cela coûterait 450 millions d’euros ! Les handicapés sont priés de patienter.

Des fonctionnaires sans emploi mais toujours payés

Dans une mairie ou un conseil régional, vous pouvez perdre votre emploi, et continuer à être payé, parfois pendant des années ! Comment est-ce possible?

C’est le cas de Françoise*, ancienne employée de mairie. En 2010, son poste a été supprimé, elle s'est retrouvée sans emploi. Depuis, elle a fait quelques missions de remplacement, mais n'a jamais retrouvé de poste permanent. Pourtant, aujourd'hui elle touche encore une partie de son salaire: 1441 euros. "J'ai perdu un tiers de mon salaire, ce qui correspondait aux primes." précise-t-elle.

Tout cela est légal, l’administration lui a même donné un nom: Françoise est une fonctionnaire momentanément privée d'emploi, un statut unique à la fonction publique territoriale. Son ancienne mairie continue à payer son traitement tant qu’elle n’a pas retrouvé un nouveau poste. Obligation pour elle: prouver qu’elle recherche un emploi.
Alors, toutes ces années, elle n’est pas restée les bras croisés. L’an dernier, elle a envoyé 120 CV. "Par exemple, là c'est une candidature pour un poste de responsable administratif", dit-elle en feuilletant toutes les lettres de motivation qu'elle a précieusement gardées. "Mais, je n'ai pas été retenue. C’est humiliant. Ça me gêne d’être à la charge du contribuable."

Les collectivités n’ont pas l’obligation de recruter quelqu’un comme Françoise. Résultat: au 1er septembre dernier, ils étaient 440 fonctionnaires territoriaux dans cette situation.
Et pour certaines collectivités, ça pèse sur les finances.

A Sainte-Savine, dans l’Aube, un ancien Directeur général des services fait la une des journaux. Il y a 10 ans, le maire ne renouvelle pas son contrat mais aujourd’hui encore ce fonctionnaire coûte plus de 4000 euros chaque mois à cette commune de 10 000 habitants. Un scandale pour certains élus de l’opposition: " Pour son traitement brut et les charges sociales, la commune verse 4197,02 euros", précise Dominique Leblanc, conseiller municipal. "En 10 ans, ça fait 500 000 euros. Ça représente des emplois pour nos jeunes, pour nos anciens, pour nos associations...” "C'est ubuesque", ajoute Karl D'Hulst, lui aussi conseiller municipal.

Alors pourquoi ce fonctionnaire n’a-t-il jamais retrouvé de poste en 10 ans ? Ni lui, ni le maire n’ont souhaité nous répondre. C’est le centre de gestion du département, sorte de pôle emploi pour fonctionnaire, qui nous explique: "Cet ancien Directeur général des services fait des tas de recherches d’emplois. Sauf qu’il a un grade qui ne lui permet pas d’être recruté dans une commune de moins de 10 000 habitants. Dans le département de l’Aube, avec les établissements publics, il y a 7 collectivités qui peuvent recruter éventuellement, c’est tout". Le centre de gestion précise que le fonctionnaire a envoyé une cinquantaine de candidatures dans toute la France rien que l'année dernière.

440 fonctionnaires sans affectation, combien cela coûte-il? L’administration n’a pas fait le calcul. Seule certitude, ce sont plusieurs millions d’euros chaque année.
Pour inciter ces fonctionnaires à retrouver plus vite du travail, la loi prévoit de diminuer progressivement leur salaire. Mais obliger les collectivités à les embaucher? Là-dessus rien n’est prévu.

*Le prénom a été modifié.

Ces très chers trains que les élus veulent à tout prix

Quand un politique aime sa région il lui fait des cadeaux. Parfois ce sont des trains un train qu’il offre. Mais sont-ils rentables ?

En juin dernier, Alain Rousset le président de la région Nouvelle Aquitaine, était fier de présenter son nouveau TER entre la ville d’Oloron et le petit village de Bedous. Cette ligne a coûté 100 000 millions d’euros.

Selon les chiffres fournis par la SNCF pour le mois d’octobre, la moyenne est de 12 voyageurs par train, seulement 15% d’occupation. "C’est un gaspillage d’argent public, c’est un peu comme une mairie qui décide de construire une piscine olympique, et il y aurait deux baigneurs", s'insurge Georges Manaut, opposant au TER. Pourtant, ce problème de fréquentation était connu. En 2013, une enquête publique avait émis un avis négatif : "Ce transport ne paraît susceptible ni de générer un meilleur service public, ni une fréquentation plus importante, ni des retombées économiques ou touristiques sensibles".

Alors pourquoi le président de la région Nouvelle Aquitaine s’est-il obstiné ? "C’est tout simplement pour l’aménagement du territoire,  cette vallée se dépeuple, rouvrir une voie ferrée, c’est la dynamiser", affirme Alain Rousset.

Quelle somme les politiques sont-ils prêts à dépenser pour dynamiser une région ?

1,6 milliard d’euros, c’est le coût estimé de la ligne à grande vitesse Poitiers-Limoges.C’est un ancien élu de la région qui l'a souhaitée... le Président lui-même ! Pourtant, ce projet a été jugé "non rentable" par la Cour des comptes. Puis, le conseil d’Etat l'a définitivement enterrée : "Les inconvénients du projet l’emportaient sur ses avantages de sorte que le projet n’était pas d’utilité publique".

Pourtant François Hollande a ressuscité la ligne à grande vitesse. A Brives, le 8 octobre dernier, il relance le projet. Pourquoi le président  tient-il tant à ce train ? "C’est pour apporter une satisfaction au limousin, à la Corrèze et à cette grande région qu’est la Nouvelle Aquitaine", affirme Philippe Duron, député PS qui a émis un avis négatif dans un rapport.

Contacté l’Elysée affirme que ce n’est pas un cadeau fait à la région. Selon François Hollande, ce train permettra de la rendre plus accessible, peu importe si la ligne n’est jamais rentable.

Les logements des hôpitaux de Paris : le grand ménage s’avère compliqué !

Dans la capitale, les hôpitaux de Paris (APHP), possèdent plusieurs centaines d’appartements pour y loger ses employés. Une seul règle en vigueur : pour y habiter, il faut travailler à l’hôpital. Il y a un an, nous révélions que 524 appartements étaient occupés par des personnes qui n’avaient rien à y faire. Martin Hirsch, le patron de l’APHP, nous avait promis du changement : “est-ce que vous avez une raison valable de rester dans un logement? Si oui, vous restez. Si non, vous laissez votre logement à une infirmière.” L’ancien patron d’Emmaüs nous avait proposé de revenir pour vérifier. Nous sommes revenus vérifier !

Des locataires récalcitrants

Il y a un an, la dirigeante d’une célèbre émission de téléréalité vivait dans un immeuble de l’APHP, à deux pas des champs-élysées. On a vérifié, elle a quitté ce logement. L’assistance publique a fait respecter la règle. Dans un autre quartier, nous avions trouvé un avocat qui n’a jamais travaillé dans un hôpital. Pourtant, il vit toujours dans son logement. L’APHP tente de le faire partir, en vain. Il est titulaire d’un bail ancien, très protecteur.

Des cas comme celui-là, l’Oeil du 20h a en trouvé d’autres. Dans un immeuble du quartier huppé du VIIIème arrondissement, les appartements prennent tout l’étage, plus de 150m2. Une voisine nous le confirme : un couple vit dans un logement APHP sans jamais-y avoir travaillé. Ces locataires, nous avons réussi à les joindre, ils nous affirment n’avoir reçu aucun courrier de l’APHP.

Pourtant, des lettres, le couple en a bien reçu : trois en un an. Ils ont même été menacés d’une résiliation de bail, mais ils ne répondent pas. Et pour cause les loyers sont trois fois moins cher que dans le privé. A l’APHP, on l’avoue, certains locataires jouent la montre.

L’APHP chasse les petites retraites

L’APHP n’arrive pas à faire partir certains locataires, alors elle tente d’en faire partir d’autres qui, eux pourtant, ont le droit de rester dans leur appartement. Dans le nord de Paris, c’est le cas de Ghislaine Minbielle. Elle paye 600 euros par mois pour vivre dans 50m2 avec sa fille.

Infirmière pendant 40 ans, aujourd’hui, elle est à la retraite. L’APHP voudrait qu’elle quitte les lieux et pour ça lui impose maintenant un loyer trois fois plus cher. Impossible pour Ghislaine Minbielle qui ne dispose que d’une retraite d’un peu plus de 1800 euros.

L’APHP menace de l’expulser. Pourtant, les hôpitaux de Paris s’étaient engagés à ne pas mettre à la rue des personnes touchant de petites retraites.  Un engagement pris auprès de Pascal Cherki, député socialiste de Paris. Il s’est battu pour défendre le sort de ces retraités aux faibles revenus. “Normalement, ce n’est pas ce qui était prévu. J’ai toutes les raisons de vous croire. Je suis scandalisé”, nous explique-t-il.

A l’APHP, on assume ces procédures, mais on précise que toutes les situations sont étudiées au cas par cas. En tout cas, sur les 524 logements indûment occupés, l’APHP n’en a récupéré que 7. Alors pour le grand ménage, il faudra encore attendre un peu.

Lafarge aurait-elle financé le groupe Etat islamique ?


Peut-on faire des affaires dans un pays en guerre ? Le groupe Lafarge, le plus grand cimentier au monde, est accusé d'avoir payé des taxes et des droits de passage à l’organisation Etat islamique. L'ONG Sherpa a porté plainte contre Lafarge pour financement de terrorisme le 15 novembre 2016.

En Syrie, l’entreprise française a fait tourner une cimenterie au risque de mettre en danger ses employés et de financer le groupe Etat islamique. Nos confrères du Monde avaient publié un premier article en juin 2016 sur les liens troubles entre le groupe Lafarge et l'organisation de l'Etat islamique, nous avons poursuivi l'enquête.

L'usine Lafarge en Syrie, c'est une cimenterie capable de produire 7000 tonnes par jour qui a coûté 600 millions d’euros.

Neuf employés kidnappés

En 2011, la guerre civile éclate dans le pays. Tour à tour, les entreprises Total, Air Liquide et le fromager Bel quittent le pays, Lafarge reste. Au fil des mois, la situation se dégrade.

Neuf employés de la cimenterie sont kidnappés. Jacob Waerness, un ancien policier du renseignement norvégien, recruté par Lafarge pour sécuriser l’usine, entre en contact avec les ravisseurs. Il craint que les employés soient exécutés. Les négociations durent trois semaines. Lafarge décide de payer pour les libérer. Plus de 200 000 euros en liquide sont versés à des milices qui disent appartenir à l'armée syrienne libre.

Jacob Waerness raconte comment il a remis l’argent aux milices : "On a fait le trajet dans le désert jusqu’à un point de rendez-vous. Il était environ minuit. J’avais un groupe de rebelles pour me protéger. On a payé la rançon pour les employés et ils ont disparu avec."


"L'entreprise voulait juste produire"

Dans l’entreprise, à l’époque, les employés ne se sentent plus en sécurité. Tout ceux que nous avons contactés en témoignent, comme Farouk : "Qu'un salarié soit kidnappé, tué ou assassiné ça n'avait aucune importance. L’entreprise voulait juste produire et que chacun soit à son poste."

En 2013, le groupe Etat islamique prend le contrôle des puits de pétrole à proximité de l’usine. Du pétrole nécessaire pour faire tourner la cimenterie. Alors l’entreprise aurait fait appel à des fournisseurs locaux, eux-mêmes en affaires avec le groupe Etat islamique.


"Ce fournisseur travaille avec l’armée islamique la plus puissante sur le terrain"

Nous nous sommes procurés un mail adressé à la direction de Lafarge en Syrie dans lequel un intermédiaire en lien avec les fournisseurs demande à être payé. Dans son message, il est particulièrement explicite : "Il manque encore 33 000 euros. Comprenez que ce fournisseur travaille avec l’armée islamique la plus puissante sur le terrain. Donc Lafarge ne devrait pas prendre cela à la légère."

Dernier élément compromettant pour Lafarge, les laissez-passer. Ils sont nécessaires pour circuler sur les routes contrôlées par le groupe Etat islamique. Des autorisations, remises au conducteurs des camions transportant le ciment de l’usine. Nous avons obtenu un de ces laissez-passer sur lequel on peut lire :

"Au nom d’Allah le miséricordieux, les frères moudjahidines sont priés de laisser passer aux barrages ce véhicule transportant du ciment de l’usine Lafarge, après accord avec l’entreprise pour le commerce de cette matière."

"La société payait des laissez-passer"

Alors, Lafarge a-t-elle directement ou indirectement payé l’organisation terroriste pour obtenir ces laissez-passer ? Selon Mohammed, ancien salarié de l’usine, cela fait peu de doute : "Oui, la société payait des laissez-passer pour que les véhicules puissent circuler. Il payait aussi afin que les employés viennent au travail et rentrent chez eux."

Septembre 2014, le groupe état islamique s’empare de l’usine. Les employés s’enfuient. Pour l'ancien responsable de la sécurité de l'usine, Jacob Waerness, l’entreprise aurait dû se retirer de Syrie plus tôt, avant l’invasion du pays par le groupe Etat islamique.

"Je pense que Lafarge en Syrie aurait dû stopper ses opérations avant ça, car nous ne pouvions pas continuer à travailler sans que cela bénéficie directement ou indirectement à des groupes islamistes radicaux”

Qu’en dit l’entreprise elle-même ? Au siège de Lafarge à Paris, avait-on connaissance de ces faits ? L’un des directeurs nous affirme que la sécurité des employés a toujours été une priorité et qu’un audit est en cours. "Traiter avec des groupes terroristes est totalement exclu, ce qu’on veut c’est faire la lumière sur cette affaire" nous a-t-il répondu. 

Aujourd’hui, la cimenterie de Lafarge en Syrie est hors service. Elle sert de base aux forces spéciales occidentales.

Primaires : le plan anti-fraude de François Fillon

Chez les soutiens de François Fillon, certains souvenirs de 2012 rendent les nuits tourmentées. La défaite de l’ancien Premier ministre dans le cadre de l’élection à la présidence de l’UMP face à Jean-François Copé a laissé des traces. Alors un plan anti-fraude a été mis en place par l’équipe du candidat pour ne pas revivre le cauchemar.

Ce plan prend la forme d’un document intitulé mémento anti-fraude. Il a été mis à disposition des militants qui surveilleront les urnes pour François Fillon. Les triches y sont listées et le document donne des conseils précis pour les éviter.

Vérifier les ongles des assesseurs

A midi, il est par exemple conseillé de ne pas quitter l’urne des yeux. Les assesseurs devront prévoir leur sandwich. La raison est clair et est écrite noire sur blanc sur le document. En 2012, selon le document, “tous les bourrages d’urne se passaient à l’heure du déjeuner”.

Deuxième conseil, les clefs de l’urne ne doivent pas être dans les mains d’une seule personne mais remises à deux assesseurs qui soutiennent deux candidats différents.

Au moment du dépouillement, l’équipe Fillon conseille aussi de vérifier les ongles de tous les assesseurs. Selon le document, certains pourraient y cacher des mines de crayon afin de “dégrader certains bulletins de vote (...) pour qu’il soit déclaré nul”. En 2012, la défaite de François Fillon à la présidence de l’UMP s’était jouée à 952 voix. On comprend mieux le traumatisme.

Tracts et prospectus électoraux : l’état voudrait bien les supprimer… mais n’y arrive pas !


A la veille des élections, fascicules, programmes des candidats sortent des imprimantes et fleurissent dans vos boîtes aux lettres. Mais ça coûte cher. Alors depuis 3 ans, l’Etat essaie de les supprimer pour les basculer sur Internet. A chaque fois il échoue. On vous explique pourquoi.

Supprimer tous ces documents, pour le gouvernement c’est d’abord faire des économies. C’est écrit noir sur blanc dans un rapport du ministère de l’intérieur : la réforme permettrait d’importantes économies budgétaires estimées à 150 millions d’euros pour l’année 2017.

Mais faire disparaître ces papiers, ça déplaît beaucoup à ceux qui les impriment. A l’Assemblée Nationale, le député David Habib est chargé de faire passer l’article de loi. En quelques semaines, il a reçu beaucoup de courriers des professionnels du papier, parfois très alarmiste.
“Nous craignons que l’article affaiblisse la démocratie et ait des conséquences économiques négatives” explique l’un d’entre eux.

Des menaces qui laissent le député un peu perplexe : “ce lobby s’est exprimé sur cette question. En évoquant les difficultés d’emploi, or moi je constate qu’il n’y a pas des élections tous les ans. Il y a heureusement des imprimeries qui subsistent même à l’absence de consultations électorales.”

Et c’est vrai : supprimer les tracts ne devrait pas mettre en péril les imprimeurs. Pour la dernière présidentielle, ils ont touché 40 millions d’euros.
Une goutte d’eau comparée aux 9 milliards générés par le secteur chaque année. Pour autant, Serge Lafaix, le patron d’un syndicat d’imprimeurs, s’est démené auprès des députés pour protéger son marché.

Au moment du vote à l’Assemblée Nationale, le lobbying s’avère assez efficace. Les députés ont étonnamment le même discours. Les élus reprennent aussi les arguments développés dans les courriers des lobbys. Comme celui de la fracture numérique, qui touche les régions privées d’Internet.

Résultat, c’est raté ! Une majorité de députés vote contre. L’article est retoqué, comme il l’avait déjà été en 2013 et en 2014. Bref l’année prochaine, les petits papiers des candidats atterriront encore dans vos boîtes aux lettres. Prenez le temps de les lire ! La France est l’un des derniers pays en Europe où c’est l’Etat qui les paye et les envoie par La Poste.