Les logements des hôpitaux de Paris : le grand ménage s’avère compliqué !

Dans la capitale, les hôpitaux de Paris (APHP), possèdent plusieurs centaines d’appartements pour y loger ses employés. Une seul règle en vigueur : pour y habiter, il faut travailler à l’hôpital. Il y a un an, nous révélions que 524 appartements étaient occupés par des personnes qui n’avaient rien à y faire. Martin Hirsch, le patron de l’APHP, nous avait promis du changement : “est-ce que vous avez une raison valable de rester dans un logement? Si oui, vous restez. Si non, vous laissez votre logement à une infirmière.” L’ancien patron d’Emmaüs nous avait proposé de revenir pour vérifier. Nous sommes revenus vérifier !

Des locataires récalcitrants

Il y a un an, la dirigeante d’une célèbre émission de téléréalité vivait dans un immeuble de l’APHP, à deux pas des champs-élysées. On a vérifié, elle a quitté ce logement. L’assistance publique a fait respecter la règle. Dans un autre quartier, nous avions trouvé un avocat qui n’a jamais travaillé dans un hôpital. Pourtant, il vit toujours dans son logement. L’APHP tente de le faire partir, en vain. Il est titulaire d’un bail ancien, très protecteur.

Des cas comme celui-là, l’Oeil du 20h a en trouvé d’autres. Dans un immeuble du quartier huppé du VIIIème arrondissement, les appartements prennent tout l’étage, plus de 150m2. Une voisine nous le confirme : un couple vit dans un logement APHP sans jamais-y avoir travaillé. Ces locataires, nous avons réussi à les joindre, ils nous affirment n’avoir reçu aucun courrier de l’APHP.

Pourtant, des lettres, le couple en a bien reçu : trois en un an. Ils ont même été menacés d’une résiliation de bail, mais ils ne répondent pas. Et pour cause les loyers sont trois fois moins cher que dans le privé. A l’APHP, on l’avoue, certains locataires jouent la montre.

L’APHP chasse les petites retraites

L’APHP n’arrive pas à faire partir certains locataires, alors elle tente d’en faire partir d’autres qui, eux pourtant, ont le droit de rester dans leur appartement. Dans le nord de Paris, c’est le cas de Ghislaine Minbielle. Elle paye 600 euros par mois pour vivre dans 50m2 avec sa fille.

Infirmière pendant 40 ans, aujourd’hui, elle est à la retraite. L’APHP voudrait qu’elle quitte les lieux et pour ça lui impose maintenant un loyer trois fois plus cher. Impossible pour Ghislaine Minbielle qui ne dispose que d’une retraite d’un peu plus de 1800 euros.

L’APHP menace de l’expulser. Pourtant, les hôpitaux de Paris s’étaient engagés à ne pas mettre à la rue des personnes touchant de petites retraites.  Un engagement pris auprès de Pascal Cherki, député socialiste de Paris. Il s’est battu pour défendre le sort de ces retraités aux faibles revenus. “Normalement, ce n’est pas ce qui était prévu. J’ai toutes les raisons de vous croire. Je suis scandalisé”, nous explique-t-il.

A l’APHP, on assume ces procédures, mais on précise que toutes les situations sont étudiées au cas par cas. En tout cas, sur les 524 logements indûment occupés, l’APHP n’en a récupéré que 7. Alors pour le grand ménage, il faudra encore attendre un peu.

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé