Sur les bancs de l’école, on apprend à lire et à compter mais pas seulement. Certains enfants reçoivent aussi des cours d’un professeur inhabituel : le lobby de la viande. Interbev est une structure puissante : celle qui défend les intérêts de la viande, des commerçants de bestiaux aux charcutiers en passant par les éleveurs de chèvres.
Des interventions dans les écoles
Pour les plus jeunes, le lobby a conçu un kit distribué dans 1500 cantines scolaires. Au menu : des affiches avec des animaux dans les prés… et dans des assiettes. On y trouve aussi des tatouages pour les enfants : “parce que je le veau bien” ou “le boeuf c’est la teuf”.
Dans le journal offert aux écoliers, une recette de burger au boeuf est proposée. Le lobby pose également une question qui semble essentielle : “pourquoi sentir une viande qui cuit me donne faim?”.
Un kit, mais aussi des animations en classe ! Sur une vidéo d’Interbev, on peut voir des animateurs payés par le lobby pour parler élevage et équilibre alimentaire pendant le temps scolaire.
Parents, professeur : de la colère et des regrets
Alors qu’en retiennent les enfants ? A Bordeaux, le lobby est intervenu dans une école au début de mois de novembre pendant deux jours. Les animateurs ont vu toutes les classes. Paul et Elodie, deux parents d’élèves, sont un peu en colère.
“En discutant avec ma fille de 9 ans le soir même, explique Elodie, on a regardé si le repas qu’on servait était équilibré. Et tout de suite elle m’a dit “mais maman, il n’y a pas de viande”. J’ai essayé de lui expliquer qu’il n’y avait pas forcément besoin d’avoir de viande ou de poisson dans le repas. Elle m’a rétorqué que c’était quand même un professionnel qui l’avait informé !”.
Pour cette animation, l’école a été démarchée directement par Interbev. La direction assure que tout s’est bien passé, mais elle regrette d’avoir accepté.
L’Education nationale n’empêche aucune intervention
Depuis dix ans, la consommation de viande est en baisse. Le lobby tente-t-il de recruter de nouveau consommateurs ? Interbev ne parle que d’équilibre alimentaire. “On est sur des consommation (de viandes, ndlr) faibles, affirme Marc Pagès, directeur général d’Interbev. C’est pas qu’on veut les augmenter, c’est qu’on veut surtout qu’à un moment donné on ne continue pas à les réduire parce que c’est l’équilibre nutritionnel qui va en pâtir”.
Contacté, l’Education nationale précise ne pas avoir validé ces animations, mais elle ne les empêche pas non plus. Pas vache avec les lobbys... le ministère.