A la veille des élections, fascicules, programmes des candidats sortent des imprimantes et fleurissent dans vos boîtes aux lettres. Mais ça coûte cher. Alors depuis 3 ans, l’Etat essaie de les supprimer pour les basculer sur Internet. A chaque fois il échoue. On vous explique pourquoi.
Supprimer tous ces documents, pour le gouvernement c’est d’abord faire des économies. C’est écrit noir sur blanc dans un rapport du ministère de l’intérieur : la réforme permettrait d’importantes économies budgétaires estimées à 150 millions d’euros pour l’année 2017.
Mais faire disparaître ces papiers, ça déplaît beaucoup à ceux qui les impriment. A l’Assemblée Nationale, le député David Habib est chargé de faire passer l’article de loi. En quelques semaines, il a reçu beaucoup de courriers des professionnels du papier, parfois très alarmiste.
“Nous craignons que l’article affaiblisse la démocratie et ait des conséquences économiques négatives” explique l’un d’entre eux.
Des menaces qui laissent le député un peu perplexe : “ce lobby s’est exprimé sur cette question. En évoquant les difficultés d’emploi, or moi je constate qu’il n’y a pas des élections tous les ans. Il y a heureusement des imprimeries qui subsistent même à l’absence de consultations électorales.”
Et c’est vrai : supprimer les tracts ne devrait pas mettre en péril les imprimeurs. Pour la dernière présidentielle, ils ont touché 40 millions d’euros.
Une goutte d’eau comparée aux 9 milliards générés par le secteur chaque année. Pour autant, Serge Lafaix, le patron d’un syndicat d’imprimeurs, s’est démené auprès des députés pour protéger son marché.
Au moment du vote à l’Assemblée Nationale, le lobbying s’avère assez efficace. Les députés ont étonnamment le même discours. Les élus reprennent aussi les arguments développés dans les courriers des lobbys. Comme celui de la fracture numérique, qui touche les régions privées d’Internet.
Résultat, c’est raté ! Une majorité de députés vote contre. L’article est retoqué, comme il l’avait déjà été en 2013 et en 2014. Bref l’année prochaine, les petits papiers des candidats atterriront encore dans vos boîtes aux lettres. Prenez le temps de les lire ! La France est l’un des derniers pays en Europe où c’est l’Etat qui les paye et les envoie par La Poste.