L’IRFM, l'indemnité représentative de frais de mandat est versée à tous les députés pour payer repas, transports, vêtements...5840 euros brut mensuel. Certains anciens députés l’ont aussi utilisé pour acheter une permanence parlementaire! Et la bonne affaire, ils en sont devenus propriétaires! L’oeil du 20h fait l’état des lieux!
Avec France Info, nous avons contacté 250 anciens députés qui ont fait au moins 2 mandats. Parmi ceux qui nous ont répondu, une trentaine, de droite comme de gauche, reconnait avoir payé tout ou partie de sa permanence avec l’IRFM. Que sont devenus ces locaux ?
Dans le Nord, à Phalempin, Thierry Lazaro a acheté sa permanence en 2004. Revendue en 2016 à un assureur, l’ancien député a acheté ce local de 200m2 53 357 euros, avec l’IRFM. Il l’a revendu douze ans plus tard 140 000 euros. Une belle opération? Thierry Lazaro précise qu’il a réalisé de gros travaux à ses frais et payé des impôts sur la vente! Son gain selon nos calculs: 90 000 euros.
“Je ne suis pas choqué car la loi ne l’interdisait pas. A ma connaissance, je n’ai rien fait d’illégal ! Si on m’avait dit “Thierry tu ne peux pas faire ça”, j’aurais fait autrement! Je ne me suis pas enrichi avec la politique!” se justifie l'ancien député Les Républicains. A l’époque la pratique n’est pas interdite. Et Thierry Lazaro l’affirme: louer ce local pendant douze ans aurait coûté plus cher à l’Assemblée nationale.
De permanence à toilettage canin
Un peu plus au Nord, l’ancienne circonscription de Jean-Pierre Decool. Pendant un temps, l’ex-député avait trois permanences. L’une, à Bourbourg, achetée sur ses fonds propres. A Cassel: un local en partie payée avec 50 000 euros provenant de son IRFM. Revendue 70 000 euros, après travaux qu’il a payés lui-même. A Hondschoote, la permanence a été transformée en salon de toilettage canin! Le local acheté 36 590 euros en 2003 avec l'IRFM, appartient toujours à l’ancien député. La patronne du salon: c’est sa fille!
“Madame, c’est aujourd’hui un bien propre, donc je fais ce que je veux! Et il m’arrive encore, si je veux recevoir quelqu’un d’Hondschoote, de le recevoir sur place “ explique Jean-Pierre Decool, ancien député et actuel sénateur RTLI du Nord.
Plusieurs anciens députés affirment que la pratique était à l’époque encouragée par l’Assemblée nationale. Pratique finalement interdite en 2015: “est désormais interdite (...) l’imputation sur l’IRFM de toute dépense afférente à une nouvelle acquisition de biens immobiliers, qu’ils soient destinés à héberger la permanence ou à tout autre usage.”
D’autres députés sont-ils devenus propriétaires grâce à l’IRFM? Plus d’un tiers de ceux que nous avons contactés n’a jamais donné suite. La transparence sur les anciennes pratiques attendra…