Vous pensiez les émissions de téléachat réservées aux produits minceur miracles et aux bijoux flashy ? Détrompez-vous : Gun TV vendra des armes à partir de janvier 2016. Crédit : M&R Glasgow

Pourquoi on pourra toujours acheter des armes dans les supermarchés américains, en 3 chiffres

Après l'assassinat de deux journalistes en direct sur une chaîne de télévision locale cette semaine, le débat sur les armes à feu revient sur le devant de la scène aux Etats-Unis.

Hillary Clinton, une des candidates du parti démocrate à l'élection présidentielle de 2016, s'est dite "en colère" et a appelé à "mettre fin à la violence armée" dans un tweet :

Selon les éditorialistes du Washington Post, rien ne dit que des contrôles plus poussés auraient évité la mort des deux journalistes. "Mais peu importe", ajoutent-ils, "ce genre de tragédies nous rappelle la facile et brutale efficacité des armes à feu lorsqu'il s'agit de tuer".

Aux Etats-Unis, on peut acheter un fusil au supermarché - même si le géant Walmart vient d'annoncer le retrait des armes semi-automatiques comme le AR-15s de ses rayons. Le port d'armes est soumis à l'obtention d'un permis et à des règles qui diffèrent selon les états.

Le renforcement du contrôle des armes à feu est un sujet qui apparaît régulièrement dans les médias et sur les réseaux sociaux - comme ce fut le cas en juin dernier, après le massacre de neuf personnes de couleur noire dans l'église de Charleston - mais rien ne change dans les faits. Ce qui fait dire aux éditorialistes du New York Times : "nous savons tous que tout changement est improbable, malgré la grotesquerie qui agite les réseaux sociaux".

Voici 3 chiffres qui montrent pourquoi :

63% des Américains affirment que posséder une arme chez soi permet d'être plus en sécurité

selon un sondage Gallup de 2014

1/3 des Américains possèdent une arme à feu

selon un sondage du Pew Research Center effectué en 2014

52% des Américains veulent soit faciliter le port d'armes, soit ne rien changer

14% des personnes interrogées par l'institut de sondage Gallup en 2014 veulent faciliter le port d'armes, 38% ne veulent pas changer les règles actuelles. 

Au contraire, 47% des répondants se sont dits en faveur de règles plus strictes pour limiter le port d'armes.

Retrouvez notre Grand Format sur les enfants américains qui apprennent à utiliser des armes (décembre 2014) :

Les « usines à bébés » chinois en Californie

C'est la toute dernière mode pour les élites chinoises. Un voyage en Californie en fin de grossesse, dans le but d'accoucher aux Etats-Unis et de profiter du droit du sol pour obtenir la nationalité américaine pour l'enfant. Un service proposé au prix fort par des opérateurs en Chine, qui aménagent des maisons pour accueillir jusqu'à une dizaine de futures mamans.

Notre reportage en Californie par Jacques Cardoze, Laurent Desbois et Sherron Lumley.


BLOG - Hotels Maternite Chinois by ftv-geopolis

En raison du prix, l'accouchement aux Etats-Unis attire surtout les nouveaux riches de la société chinoise. Ils espèrent que la nationalité américaine donnera un avantage à leur enfant, pensent déjà aux entrées à l'université ou aux voyages sans visa.

En plus des facilités administratives, c'est aussi la qualité de vie californienne qui est recherchée. Si la Chine est aujourd'hui le pays du smog, la qualité de l'air autour de Los Angeles s'est considérablement améliorée ces dernières années. L'état dispose d'ailleurs d'une excellente côte auprès des touriste chinois. D'ailleurs, certains forfaits offerts aux futurs parents avant la naissance de leur enfant incluent une visite à Disneyland ou...dans un stand de tir.

Du point de vue de la loi américaine, il n'est absolument pas illégal de venir accoucher aux Etats-Unis. Mais la plupart des futures mamans doivent voyager sous un prétexte fallacieux pour obtenir un visa, ce qui constitue un délit de parjure. La transformation d'une maison en centre d'accueil est également illégal sans autorisation spéciale.

Plusieurs maisons ont déjà été fermées par les autorités locales ou fédérales. Mais le nombre de touristes de l'accouchement continue néanmoins d'augmenter de manière spectaculaire, de 1000 naissances estimées en 2011 à 20 000 en 2014.

La révolution numérique à l'école américaine

Le Maryland est au cour d'une révolution. L'état est en train d'équiper 150 000 élèves et étudiant en technologies de pointe, notamment des tablettes et des ordinateurs personnels. Les travaux de tous les élèves sont stockés sur un serveur, ce qui leur permet d'échanger des informations entre eux et avec les professeurs comme jamais auparavant.

Toutefois, pour la plupart des parents et des enseignants, la technologie doit améliorer et non remplacer les cours traditionnels. Pourtant, l'apprentissage de l'écriture cursive n'est plus obligatoire dans 45 états sur 50 et de nombreux éducateurs s'inquiètent de sa disparition.

Notre reportage dans le Maryland:

Attaque de Garland: Qui sont les extrémistes derrière le concours « Dessinez Mahomet » ?


L'attaque terroriste à Garland dans le Texas by ftv-geopolis

Il n'a fallu que quelques minutes après l'attaque menée par deux islamistes à Garland, dans le Texas, pour qu'apparaissent les premières comparaisons avec la tuerie de Charlie Hebdo. Pourtant, si ce n'est la caricature du prophète Mahomet, rien ne relie les journalistes de Charlie aux organisateurs di concours « Dessinez Mahomet ».

Cette compétition, dotée d'un prix de 10 000$ pour le « meilleur » dessin, était organisée par l'American Freedom Defense Initiative (AFDI - Initiative de Défense la Liberté Américaine), également connue sous le nom de Stop Islamization of America (Arrêtez l'Islamization de l'Amérique), un groupe notoirement hostile aux musulmans. Un groupe répertorié comme un mouvement à caractère haineux par le Southern Poverty Law Center.

Voici un extrait du discours prononcé à Garland avant l'attaque par Geert Wilders, leader du Parti de la Liberté, formation d'extrême-droite néerlandaise et invité d'honneur de l’événement. « Notre culture judéo-chrétienne est de loin supérieure à la culture islamique. Je peux vous donner un million de de raisons, mais il y en a une importante. Nous avons de l'humour et ils n'en ont pas. L'Islam n'autorise pas la liberté d'expression, parce qu'elle montre à quel point l'Islam est mauvais et dangereux. Et l'Islam n'autorise pas l'humour car il montre à quel point l'Islam est ridicule et idiot. »

La première phrase à elle seule tomberait en France dans l'incitation à la haine raciale. Plus que l'absence d'autres victimes, voilà la différence avec Charlie Hebdo.

L'AFDI, organisation récidiviste.

L'idéologie de l'AFDI est centrée autour d'une guerre contre le djihad qui, selon sa fondatrice Pamela Geller, « fait rage aux Etats-Unis ». L'association s'était distinguée pour la première fois en 2012, avec une campagne d'affichage dans le métro de New York clamant: « Dans n'importe quelle guerre entre le sauvage et l'homme civilisé, supportez l'homme civilisé. Supportez Israël. Abattez le djihad. »

Le « musulman sauvage » est un leitmotiv dans les discours de Pamela Geller, elle qui pourtant récuse toute accusation de racisme. Elle préfère parler d'« anti-chariah » et « anti-djihad ». Sur son blog, Pamela Geller affirme quand même que Barack Obama est un musulman caché déterminé à détruire les Etats-Unis depuis la Maison Blanche (sic) et qu'il serait le fils secret de Malcolm X (re-sic).

Attention, il n'est pas ici question d'insinuer que l'attaque était de quelque manière que ce soit méritée ou justifiée. Comme l'explique la police de Garland, il s'agissait sans le moindre doute d'une attaque terroriste.

Mais les agresseurs n'ont pas choisi leur cible par hasard. Cette escalade dans la violence vise une organisation dont la raison d'être est de creuser chaque jour le fossé entre les Etats-Unis et les musulmans du monde.

Les militants d'AFDI mènent leur propre « guerre sainte », alimentée par une rhétorique martiale constante. Dans la promotion de son livre « Arrêter l'islamisation de l'Amérique, guide pratique de la résistance », Pamela Geller parle de son « expérience sur les lignes de front » à propos de la lutte contre la création d'un centre culturel musulman près du site des attentats du 11 Septembre à Manhattan.

AFDI profite à plein des lois ultra-permissives sur la liberté d'expression aux Etats-Unis pour déverser un discours haineux dans le débat public, brouiller les frontières entre musulmans et extrémistes et déguiser un racisme abject en protection des libertés fondamentales. Il est hélas à craindre que l'attaque de Garland ne fasse que leur offrir une nouvelle tribune...

Nous laisserons le dernier mot à Linda Sarsour, musulmane new-yorkaise qui s'exprime dans un article de The Daily Beast: « Pamela Geller a le droit de dessiner n'importe quelle [putain de] caricature, et je défends son droit à le faire. Je défendrai toujours son droit à être une bigote et j'ai le droit de répondre à sa bigoterie par mes propres paroles. »

T.L

Les juifs de France choisissent la Floride

La Floride est-elle un nouvel eldorado pour les expats' français? Ils sont déjà 10 000 là-bas, et parmi eux un grand nombre de juifs, qui ont choisi de quitter la France face à ce qu'ils perçoivent comme une montée de l'antisémitisme.

Il faut dire que la Floride a tout pour séduire. Il s'agit déjà de la sixième communauté juive au monde, la région est riche, avec un climat splendide et les Etats-Unis sont perçus comme beaucoup moins antisémites que les pays européens. Alors Miami va t-elle devenir une alternative régulière à l'aliyah (l'émigration de juifs en Israël)? Tout n'est pas acquis, les services de l'immigration américains restent particulièrement sévères, avec une sélection féroce au niveau des diplômes et des qualifications.

Quoi qu'il en soit, ils sont de plus en plus nombreux à essayer et peu à le regretter.

Reportage de Jacques Cardoze, Laurent Desbois et Arielle Monange.

Cannabis gratuit à Washington DC!

Depuis quelques semaines, la possession et la consommation de cannabis sont légales à Washington. Les habitants de la capitale fédérale se sont prononcés pour en Novembre dernier, et malgré une tentative de dernière minute du Congrès républicain pour en bloquer l'application, la maire de Washington Muriel Bowser a entériné la légalisation fin février.

Vous pouvez donc sans crainte allumer un joint chez vous et transporter jusqu'à 56 grammes de cannabis sans crainte. En revanche, la vente de cannabis reste strictement interdite, ce qui créée un léger problème d'approvisionnement...
N'ayez crainte! DCCannabis, le principal lobby de la marijuana à Washington, a organisé une série de « seed share », des distributions gratuites de graines de marijuana.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le succès était au rendez-vous. Plusieurs centaines de personnes ont fait le déplacement, et la queue devant le siège du lobby, situé sur Massachussets Avenue en plein embassy row -le quartier des ambassades- faisait plus de 200 mètres - de la représentation mexicaine à l'ambassade du Japon.

Malgré l'affluence, chacun est reparti avec une poignée de graines, suffisamment pour les 6 plants prévus par la loi plus quelques échecs . Les ont été achetées pour l'occasion par DC Cannabis, ou apportées par des volontaires, qu'ils soient enthousiastes du cannabis ou jardiniers incompétents, comme l'explique l'un d'eux: « J'avais acheté des graines sur internet après le vote en novembre dernier. Mais je suis incapable de faire pousser quoi que ce soit, donc autant qu'elles servent à d'autres. »Les magasins de matériel hydroponique doivent se réjouir...

T.L

Humeur #8: La violence incontrôlée de la police américaine

Mercredi, la famille d'un homme atteint de troubles mentaux a publié la vidéo de sa mort, abattu par balles par la police de Dallas à son domicile en juin 2014. (La vidéo, partiellement censurée, est disponible à cette adresse. Attention toutefois, son contenu est extrêmement brutal.)

Cet incident est le dernier d'une très longue série de morts aux mains de la police. La police américaine est notoirement violente, très portée sur les armes et profite d'un des cadres légaux les plus permissifs des nations occidentales. Un officier de police américain est autorisé à tirer dès qu'il se sent menacé.

Et les résultats sont là. Les forces de l'ordres américaines tuent, elles tuent souvent et elles le font avec impunité. C'est l'humeur de la semaine de Jacques Cardoze.

Les statistiques parlent

Les statistiques officielles concernant les morts dues à la police manquent notoirement de fiabilité. Le Bureau of Justice statistics se contente de relever les morts en incarcération, tandis que les statistiques du FBI sont basées sur une déclaration volontaire des faits par les polices locales et contiennent donc une fraction de l'ensemble des faits.  La tâche de recenser et classifier les personnes mortes durant des interventions revient donc à des particuliers, peu fiables mais plus exhaustifs, avec des résultats accablants.

Le site « Fatal Encounters », qui fonctionne sur un modèle de crowdsourcing vérifié -comme Wikipédia- comptabilise déjà 5363 morts dans les années 2000, et son travail est incomplet. C'est une base de donnée fascinante que nous vous invitons à consulter.
Jim Fisher du blog True Crime a épluché les résultats Google pour l'année 2011, en se concentrant uniquement sur l'usage d'armes à feu. Vu la méthodologie employée, les résultats sont sans doute partiels, mais Fisher estime que la police a tiré sur 1146 personnes, en tuant 607.

A titre de comparaison, la même année, les policiers armés britanniques ont tiré 5 fois et tué 2 personnes.

Si la mort de l'homme abattu à Dallas est un symbole, c'est aussi car il représente le portrait-robot de la victime d'une opération policière. Selon les données de Fatal Encounters, la victime idéale est un homme, noir, âgé d'entre 20 et 30 ans, atteint de troubles mentaux et décédé par balles.

Visualisation vidéo des morts provoquées par la police américaine entre 2000 et 2014

Une crise nationale

Le nombre de questions à poser sur l'incident particulier à Dallas est incroyable. De nombreux experts sont d'ailleurs en train de le faire. Mais il y avait aussi beaucoup de questions individuelles sur la mort d'un sans-abri à Los Angeles (5 Mars 2015), celle d'un enfant de 12 ans à Cleveland (27 Novembre 2014).

Enfin impossible de ne pas parler de la mort de Michael Brown à Ferguson (9 Août 2014), qui avait entraîné des émeutes raciales dont le pays ressent encore les soubresauts. Les manifestants se sont ralliés derrière le slogan « Hands up, don't shoot » (On a les mains en l'air, ne tirez pas.)

Mais plutôt que de s'interroger sur le cas particulier, il est temps pour les Etats-Unis de tirer une leçon générale. Leur police surarmée, suréquipée, sous-entraînée et encline à la violence est un danger pour ses citoyens et divise profondément le pays.

Hands up. Don't shoot.

T.L

Les mythiques malls sont-ils amenés à disparaître?

Le « mall » est l'un des symboles les plus connus de l'Amérique bienheureuse et consumériste de la deuxième moitié du XXème siècle. Un temple consacré exclusivement au shopping dans lequel, en tout cas dans les films et les séries télés, la vie sociale d'un adolescent aussi bien que l'invasion des Etats-Unis par des guérilleros communistes sud-américains* pouvaient se jouer.

Mais depuis quelques années, les malls n'ont plus la côte. Leur clientèle la plus fidèle, les basses classes moyennes, ont été très durement touchées par la crise économique. Dans le même temps, les classes moyennes supérieures se sont découvertes des aspirations plus européennes, avec des zones commerciales en centre-ville plus sophistiquées et accessibles sans voiture.

Est-ce donc la fin d'un mythe américain? Nous sommes partis enquêter.

Reportage de Valérie Astruc, Laurent Desbois, Fabien Ortiz, Arielle Monange.

* Nous aurions pu choisir de nombreux autres exemples pour illustrer l'importance des malls dans l'Amérique des années 80. Mais l'image de Chuck Norris mitraillant de l'infâme sbire communiste en se cachant derrière des décorations de Noël était trop poignante.

Les Etats-Unis se mettent au bio

Lorsque l'on pense à l'agriculture américaine, c'est les champs infinis de maïs et de soja transgéniques qui viennent immédiatement à l'esprit. Pourtant, la vague bio est bel et bien en train de déferler outre-Atlantique.

Aujourd'hui, les Etats-Unis disposent de la troisième surface de culture biologique mondiale, derrière l'Australie et l'Argentine, avec 1,9 millions d'hectares cultivés. C'est toujours moins d'un pourcent de la surface totale américaine (373 millions d'hectares), mais le chiffre est en constante augmentation et plusieurs programmes fédéraux sont consacrés à son développement.

Nous sommes partis à la rencontre de ces cow-boys -tout à fait littéralement, ceux-ci s'occupent de vaches- qui ont fait avant tout le monde le choix de la qualité du produit.

Peine de mort: l'Utah rétablit les pelotons d’exécution

Les bourreaux américains font face depuis quelques mois à un problème délicat, une pénurie des anesthésiques utilisés pour les injections létales. Le seul fabriquant américain de sodium thiopental a arrêté sa production et les entreprises européennes refusent de fournir le produit s'il doit être utilisé pour des mises à mort.

Les 37 états qui pratiquent encore la peine de mort doivent donc trouver des solutions alternatives à l'injection létale. Le Tennessee a par exemple décidé d'avoir de nouveau recours à la chaise électrique, une décision immédiatement suivie d'un procès intenté par les prisonniers de son couloir de la mort. L'Oklahoma préfère la chambre à gaz tandis que le Texas - l'état qui exécute le plus aux Etats-Unis - ne s'est pas encore décidé.

L'Utah en revanche, a décidé de revenir aux bonnes vieilles méthodes. La chambre législative de l'état a adopté une loi permettant d'avoir recours à un peloton d'exécution en cas de pénurie d'anesthésique.
Le peloton est une vieille tradition dans l'état mormon, qui l'autorisait avant 2004 et a conduit sa dernière exécution de cette manière en 2010. Le prisonnier, Ronnie Lee Gardner, avait été condamné en 1985 et pouvait donc choisir cette méthode plutôt que l'injection létale.

Certains historiens spéculent que l'affection de l'Utah pour le peloton pourrait venir de ses traditions mormones. La religion mormone parle de « rédemption par le sang », le sang d'un individu devant - littéralement- couler pour un crime grave. Dans la même ligne de pensée, l'Utah est le seul état américain a avoir légalisé l'utilisation de la guillotine (Cocorico!), sans jamais toutefois l'utiliser.