Humeur #8: La violence incontrôlée de la police américaine

Mercredi, la famille d'un homme atteint de troubles mentaux a publié la vidéo de sa mort, abattu par balles par la police de Dallas à son domicile en juin 2014. (La vidéo, partiellement censurée, est disponible à cette adresse. Attention toutefois, son contenu est extrêmement brutal.)

Cet incident est le dernier d'une très longue série de morts aux mains de la police. La police américaine est notoirement violente, très portée sur les armes et profite d'un des cadres légaux les plus permissifs des nations occidentales. Un officier de police américain est autorisé à tirer dès qu'il se sent menacé.

Et les résultats sont là. Les forces de l'ordres américaines tuent, elles tuent souvent et elles le font avec impunité. C'est l'humeur de la semaine de Jacques Cardoze.

Les statistiques parlent

Les statistiques officielles concernant les morts dues à la police manquent notoirement de fiabilité. Le Bureau of Justice statistics se contente de relever les morts en incarcération, tandis que les statistiques du FBI sont basées sur une déclaration volontaire des faits par les polices locales et contiennent donc une fraction de l'ensemble des faits.  La tâche de recenser et classifier les personnes mortes durant des interventions revient donc à des particuliers, peu fiables mais plus exhaustifs, avec des résultats accablants.

Le site « Fatal Encounters », qui fonctionne sur un modèle de crowdsourcing vérifié -comme Wikipédia- comptabilise déjà 5363 morts dans les années 2000, et son travail est incomplet. C'est une base de donnée fascinante que nous vous invitons à consulter.
Jim Fisher du blog True Crime a épluché les résultats Google pour l'année 2011, en se concentrant uniquement sur l'usage d'armes à feu. Vu la méthodologie employée, les résultats sont sans doute partiels, mais Fisher estime que la police a tiré sur 1146 personnes, en tuant 607.

A titre de comparaison, la même année, les policiers armés britanniques ont tiré 5 fois et tué 2 personnes.

Si la mort de l'homme abattu à Dallas est un symbole, c'est aussi car il représente le portrait-robot de la victime d'une opération policière. Selon les données de Fatal Encounters, la victime idéale est un homme, noir, âgé d'entre 20 et 30 ans, atteint de troubles mentaux et décédé par balles.

Visualisation vidéo des morts provoquées par la police américaine entre 2000 et 2014

Une crise nationale

Le nombre de questions à poser sur l'incident particulier à Dallas est incroyable. De nombreux experts sont d'ailleurs en train de le faire. Mais il y avait aussi beaucoup de questions individuelles sur la mort d'un sans-abri à Los Angeles (5 Mars 2015), celle d'un enfant de 12 ans à Cleveland (27 Novembre 2014).

Enfin impossible de ne pas parler de la mort de Michael Brown à Ferguson (9 Août 2014), qui avait entraîné des émeutes raciales dont le pays ressent encore les soubresauts. Les manifestants se sont ralliés derrière le slogan « Hands up, don't shoot » (On a les mains en l'air, ne tirez pas.)

Mais plutôt que de s'interroger sur le cas particulier, il est temps pour les Etats-Unis de tirer une leçon générale. Leur police surarmée, suréquipée, sous-entraînée et encline à la violence est un danger pour ses citoyens et divise profondément le pays.

Hands up. Don't shoot.

T.L