Les Italiennes et le travail : l’agriculture ou rien ?

Ce jour-là, il fait un vent à décorner les bœufs. Mais Francesca n’y prête pas attention. Son troupeau de 200 chèvres et moutons ne lui autorise pas un seul jour de repos et demande une attention de tous les instants – elle coupera court à plusieurs de nos interviews pour empêcher les moutons les plus butés d’aller se faire couper en deux sur la route. « Le pire, c’est celui qui vient de chez vous ! C’est mon mouton français, un vrai « testardo ». Il incite les autres à aller manger dans le pré qui leur est interdit ; c’est une herbe trop grasse, qui peut causer leur mort » alerte-t-elle.

Apprêtée avec un simple trait de rouge à lèvres, Francesca pose tous les jours avec "ses dames" afin de faire connaître la réalité de son métier sur les réseaux sociaux. Après un déclic en 2013, elle a rejoint à temps plein l’univers des bergers. Des milliers d’Italiennes font chaque année un choix similaire et retournent ou découvrent le monde de l’agriculture ; notamment pour échapper au taux de chômage de 11 % qui frappe les femmes en Italie.

Qu’elles aient 18 ou 40 ans, elles oublient carrières et diplômes. Investissent les campagnes, produisent une truffe ou une huile d'olive bio d'exception ou reprennent des fermes à l'abandon. Certaines pensent que l'avenir économique du pays repose aussi sur elles ; celui des générations futures également. Nous sommes allées les rencontrer. Reportage d’Anne Donadini, Manuel Chiarello, Valérie Parent et Jean-Baptiste Desplanches.

L'Insta de Francesca Cesaretti par ici

Et le site d'Alice Cerutti là !

 

Anne Donadini

L’info en + : en France aussi, la part des femmes progressent dans le milieu agricole. 32 % des employés dans l’agriculture sont des femmes, contre 4 % en Europe, 1 % en Amérique du Nord ou encore 62 % en Afrique. Sur les bancs des écoles françaises, le succès est toujours là : un peu plus d’un élève sur deux… est une jeune femme !