Une fois par an, la fièvre jaune s'empare de l'arrière-pays qui borde Naples. En mars s’ouvre la période idoine pour que les familles de la côte amalfitaine récoltent leur trésor : des citrons géants que l’on nomme « sfusati ». Avant de traverser les continents, c’est au cœur de petites villes comme Sorrento et Amalfi qu’ils sont ramassés dès l’aube le long de citronneraies en terrasses et de jardins de style oriental qui s’ouvrent sur la mer à plus de 500 mètres d’altitude.
Les techniques sont ancestrales ; elles descendent du XIème siècle, période à laquelle le citron franchit les frontières depuis la Chine, en passant par la route de la soie. Sacrés à l'Unesco depuis 1997, les citrons ornaient déjà les fresques de Pompéi vingt siècles plus tôt.
Le citron, remède-miracle des Italiens
Très vite, le sfusato devient un incontournable de la région, pour ses propriétés curatives (il repousse le scorbut qui fait des ravages) autant que culinaires – le vrai limoncello est en effet originaire d’Amalfi.
Aujourd’hui, il fait toujours office de remède universel pour les habitants. D’ici au printemps, 8 000 tonnes de ces citrons protégés feront route en bord de mer, sur les ânes chargés de bottes le long du Sentier dit des Citrons qui relie Minori à Maiori, avant d’être exportées en Europe, aux Emirats Arabes Unis ou encore en Finlande. Jusqu'en bout de chaîne, ils ne recevront aucun traitement. Reportage d’Alban Mikoczy, Laura Tositti, Anne Donadini et Florence Crimon.
L’info en + : beaucoup d’agrumes sont en réalité des fruits hybrides, entièrement obtenus de la main de l’homme par le biais de croisements d’autres plantes – bien souvent avec l’orange amère comme base. C’est le cas de la clémentine, du citron ou du pomélo créés il y a des milliers d’années.
Anne Donadini