Sarkozy, la liste des promesses non tenues


« J’aimerais savoir quelle est la promesse de 2007 que je n’ai pas tenue » s’est exclamé Nicolas Sarkozy sur RTL le 4 novembre dernier. L’œil du 20h a décidé de passer au crible le programme de campagne de l’ancien Président de la République.

Sur le programme c’était la promesse n°1. Nicolas Sarkozy s’était engagé à s’entourer d’un gouvernement resserré limité à 15 ministres pour être plus efficace. L’engagement a été respecté mais en jouant sur les mots. Car si l’on rajoute ministres délégués et secrétaires d’Etat, le gouvernement comptera jusqu’à 31 membres.

Dans le programme de l’ancien Président, il y avait aussi « le contrat de travail unique », qui n’a jamais vu le jour. Quant à la promesse concernant « l’égalité salariale entre les femmes et les hommes (…) totale d’ici 2010 », à la fin de son quinquennat, l’écart de salaire était toujours de 19 % selon l’Insee.

Autre promesse qui n’a pas été tenue, celle concernant le versement des « allocations familiales dès le premier enfant ». Quant au fameux slogan de campagne de l’ex chef de l’Etat, “Travailler plus pour gagner plus”, les impôts qui devaient baisser pour tenir cette promesse ont diminué jusqu’en 2009 avant de repartir à la hausse. Bilan : les prélèvements obligatoires sont encore plus élevés en 2012 qu’à son arrivée au pouvoir.

« Quelle est la promesse de 2007 que je n’ai pas tenue, j’aimerais qu’on me le dise. » Nicolas Sarkozy voulait peut-être qu’on lui rafraîchisse la mémoire.

Les travailleurs détachés de la COP21


La conférence environnementale à Paris (COP21) génère beaucoup de promesses. Parmi celles-ci, le consommer local dans le choix des entreprises, mais aussi des créations d’emplois. Sur le site officiel de l’événement, les organisateurs se sont engagés à ce que les emplois bénéficient « de façon prioritaire aux personnes habitant le territoire ».

Entre l’installation des stands, l’accueil du public et la préparation des repas, 3 000 personnes vont directement travailler pour l’événement. Mais sur ces milliers de personnes, 200 seulement sont originaires du département de Seine-Saint-Denis où se tiendra l’événement. Et parmi les 38 entreprises prestataires, seules 4 PME sont du département.

200 travailleurs venus d'Europe de l'Est

Quant aux salariés, au moins 200 d’entre eux sont des travailleurs détachés exceptionnellement venus d’Europe de l’Est. Tout est légal tant que leurs conditions de travail et de rémunération sont les mêmes que pour des salariés français. Un ouvrier slovaque nous a cependant confié qu’il gagnait 70 euros pour des journées allant de 10 à 12 heures de travail, soit moins que SMIC.

L’entreprise qui l’emploie serait selon-lui un sous-traitant GL Events. Le leader français de l'événementiel avait déjà suscité la polémique, notamment pour avoir fait appel à 12 ouvriers roumains pour monter les stands de l’université du PS à La Rochelle en août dernier. Nous avons appelé GL Events, l’entreprise ne reconnaît l’embauche que de 6 salariés slovènes via ses sous-traitants. Les organisateurs n’ont pu nous communiquer aucun chiffre sur le nombre de travailleurs détachés. Ils nous ont aussi précisé que certains sous-traitants viennent de Seine-Saint-Denis. Il y a donc bien du local sur ce chantier international.

Hollande chez l’habitant, histoire d’une mise en scène


La semaine dernière, François Hollande était en déplacement en Lorraine. A Vandœuvre-lès-Nancy, le Président s’est spontanément arrêté chez Lucette Brochet, une aide soignante à la retraite. La rencontre est-elle fortuite, pas vraiment ?

Voilà l’image officielle, Lucette Brochet est aux côtés de François Hollande dans le salon de son 2 pièces. La rencontre n’a rien d’un tête-à-tête alors qu’autour d’eux se trouvent des journalistes et une belle brochette de ministres et d’élus locaux. Le conseiller en communication du président, Gaspard Gantzer et les communicants de l'Elysée relaient aussitôt l’image d’un Président proche des « vrais gens ».

Tout allait bien jusqu’ à ce que nos confrères de BFM rencontrent Lucette Brochet. La pause café selon elle s’est jouée selon un scénario verrouillé quelques jours plus tôt. L’aide soignante n’aurait pas pu poser toutes les questions qu’elle souhaitait. Nous avons rencontré le maire de la commune, Stéphane Hablot. Ce dernier a assuré une partie de la mise en scène et peut-être aussi une partie du casting. Aux élections municipales de 2008, Lucette Brochet était 32ème sur sa liste. Le service de presse de l’Elysée assure n’avoir donné aucune consigne pour mettre en scène ce café spontané. Un café qui selon nos informations reste un peu en travers de la gorge du Président.

Marine Le Pen a-t-elle le don d'ubiquité pour voter à Strasbourg ?

Mercredi 28 octobre, Marine Le Pen occupe sa place habituelle, la 217, au milieu des élus de son groupe. Elle quitte l’hémicycle à 14h14 précisément. Pourtant quelques secondes plus tard, plusieurs votes à son nom sont enregistrés. Comment est-ce possible ?

Pour voter, chaque parlementaire s’identifie grâce à une carte à puce. Pendant l’absence de la Présidente du Front National, Marcel De Graaf, élu néerlandais, membre du groupe de députés européens fondé par Marine Le Pen a voté avec la carte électronique de la présidente du FN. Le problème, c’est que c’est interdit. Marine Le Pen lui a-t-elle confié sa carte pour qu’il vote à sa place ? L'élu néerlandais a agi ainsi "sans mon autorisation", a répondu Marine Le Pen à l’AFP. Il "a commis là, il est vrai, une maladresse", mais il a agi par "courtoisie" et "esprit chevaleresque", a jugé la présidente du parti frontiste. Marcel De Graaf n’a pas répondu à nos demandes d’entretien mais ce matin il a reconnu avoir agi de sa propre initiative. Et sur ce point, le règlement du Parlement est clair, c’est celui qui utilise la carte de l’élu qui encourt une sanction. Au Parlement européen, les absents n’ont pas toujours tort.

Les pilotes auto-entrepreneurs de Ryanair

Alors qu’Air France vient d’annoncer d’importantes suppressions de postes, le PDG de Ryanair se gausse de la compétitivité de son entreprise. Mais quel est donc son secret pour proposer des tarifs défiant toute concurrence ?

Chez la compagnie aérienne à bas prix, il y a un système qui permet de faire d’importantes économies sur les frais de personnel et notamment sur les pilotes. C’est ce qu’a découvert le sénateur communiste Eric Bocquet. Selon lui, plus de la moitié des pilotes Ryanair ne sont pas directement salariés par la compagnie, certains sont même auto-entrepreneurs.

Un nouveau pilote qui veut travailler pour Ryanair doit monter une société de services dont il est le dirigeant. Celle-ci facture ses services à une société d’Intérim qui les refacture ensuite à Ryanair. En Irlande, des dizaines de micro-entreprises ont ainsi été crées par des pilotes.

Des salariés d’Air France trois fois plus cher

Et ça ne s’arrête pas là. Contrairement aux pilotes Air France, les auto-entrepreneurs de Ryanair doivent payer pour voler. La formation initiale pour prendre les commandes des avions de la compagnie s’élève à 29 500 euros selon un document interne de l’entreprise. Et selon nos calculs, pour 585 heures de vol par an, un copilote auto-entrepreneur facture 48 555 euros. Le même copilote en CDI chez Air France coûte en moyenne 153 000 euros à la compagnie, salaire et charges sociales comprises.

Le service de presse de Ryanair a refusé de commenter les calculs et a préféré nous répondre par mail. Selon lui, le système de pilotes auto-entrepreneurs est tout à fait légal au regard du droit européen et désormais, plus de la moitié des pilotes de la compagnie bénéficient d’un CDI.

Comment le prix du paquet de cigarettes a failli se retrouver à 56 euros

Cette semaine à l’Assemblée, les députés ont débattu du budget. Des centaines d’amendements ont été déposés pour faire baisser la TVA sur le bois de chauffage, les transports en commun ou encore pour supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune. S’ils avaient été votés, le coût pour les finances publiques aurait été de 125 milliards d’euros. Sauf que chaque proposition de baisse d’impôt ou de hausse des dépenses doit être compensée par une rentrée d’argent équivalente. Le principe est inscrit dans la constitution, à l’article 40.

Pour compenser les baisses de taxes, les parlementaires ont une astuce, ils recopient la même formule : "La perte de recettes pour l’État est compensée (...) par la création d’une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts". Derrière ces deux articles, on retrouve le prix du paquet de cigarettes. La rapporteure du budget Valérie Rabault a fait le calcul, si tous les amendements avaient été adoptés le paquet de cigarettes aurait atteint le prix de 56,86€.

Quand François Hollande chasse l'électeur tous azimuts

Les politiques et les chasseurs ne se comprennent pas toujours. Ils ont pourtant au moins deux mots de vocabulaire en commun : la cible et la campagne. L’œil du 20h s’est penché sur le dernier entretien de François Hollande accordé au Chasseur français, fait inédit dans l’histoire de la présidence française. Dans un entretien de 6 pages, François Hollande déclare son amour de la ruralité lié à son enfance près de Rouen : "Enfant, j’allais chercher le lait tous les matins à la ferme d’à côté (…) J’ai toujours vécu avec des vaches dans des prés". Le Président se montre également à l’écoute du sentiment d’abandon présent dans les campagnes et défend la chasse aux loups. Pourquoi ce dernier a-t-il accordé cet entretien au mensuel des chasseurs ?

Pour Antoine Berton, rédacteur en chef du Chasseur Français, le Président cherche à contrecarrer la montée de l’extrême droite dans les zones rurales : "On sait que le Front national progresse dans les campagnes. Quand on se pose en Président de tous les Français à moins d’un mois des élections régionales avec un message bienveillant, je perçois une volonté de dire qu’il n’y a pas que le FN qui occupe le terrain dans les campagnes." Est-ce la première fois que le chef de l’Etat cible un électorat précis ? Pas vraiment. Avant les chasseurs, François Hollande s’est adressé aux familles en invitant les caméras de la chaîne des enfants Gulli. Le Président a aussi répondu aux questions des journalistes de Mon quotidien. Il y a donc eu les très jeunes puis les jeunes tout court avec la longue interview dominicale accordée au Supplément de Canal + ou celle accordée au magazine Society en mars 2015. Le Président est donc parti à la chasse. Et avant de partir en campagne, il faut bien choisir ses cibles. On vous l’avait bien dit, les mots des politiques sont aussi parfois ceux des chasseurs.

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Déclarations de patrimoine des politiques, la transparence à deux vitesses ?

Tout le monde se souvient de l’affaire Cahuzac du nom de ce ministre du budget qui avait un compte caché à l'étranger. A la suite de son départ du gouvernement, une loi sur la transparence de la vie publique a été votée pour faire de la France un des pays les plus avancés sur la question du patrimoine de ses élus, selon l'ONG Transparency International. Ministres et parlementaires sont désormais obligés de remplir des déclarations d'intérêt et de patrimoine consultables sur le site internet de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (hatvp). Pour les ministres, c'est assez simple : même la machine à laver de Najat Vallaud Belkacem ou les vélos de Christiane Taubira sont inscrits dans leurs déclarations de patrimoine.

Qu’en est-il pour les parlementaires ? Même site, même recherche et en quelques clics… il y a bien leur déclaration d'intérêt mais pas celle de patrimoine. Pour les trouver,  il faut prendre rendez-vous en préfecture. Nous avons fait le test.

Pour s’assurer que nous ne prendrons ni photo ni note, un agent de la préfecture restera avec nous pendant l’heure au cours de laquelle nous avons pu éplucher les déclarations de patrimoine de six parlementaires parisiens. Impossible de diffuser l’information, sous peine de s’exposer à une amende de 45 000 euros. En résumé, l’information est disponible mais elle se mérite. Vous connaissez maintenant toute la procédure. Alors si vous savez garder un secret, rendez-vous en préfecture.

Simplification fiscale : l'épopée des "petites taxes"

Pour alléger et simplifier la fiscalité des entreprises, le gouvernement a pris un engagement l'année dernière : une modernisation du système et une diminution du nombre de taxes. Dans le viseur de l’exécutif, on trouve des dizaines de "petites taxes" allant de la redevance sanitaire sur la certification des végétaux à l’exportation qui n’a rapporté que 366 euros à l’Etat l’an dernier, à la taxe sur les bénéfices des films pornographiques (100 000 euros) en passant par celle sur les loyers élevés des petits logements (1 354 euros).

Dans un rapport resté secret mais que nous avons pu consulter, l’inspection générale des finances (IGF) a passé au crible 192 "petites taxes" et a conclu que l'Etat pouvait "dans un scénario bas" en supprimer 67 pour un montant de 800 millions d’euros. Pourtant dans le budget 2015, seules 6 taxes ont été supprimées pour un montant de 4 millions d’euros. Et pour le budget 2016, où en sommes-nous ? Sur le milliard promis, depuis l'année dernière, on en serait à 15 millions de taxes supprimées car un amendement voté en commission des finances vient de rétablir une taxe que le gouvernement comptait supprimer dans le budget 2016.

Mais il y a plus étonnant. A l’article 53 de son projet de loi de Finances, le gouvernement prévoit de créer des taxes. Trois précisément. La première taxera les entreprises qui fabriquent du plastique, la seconde les fonderies et la troisième, les industriels de d’huile, de la margarine et du saindoux. Au total : cela représente 4,6 millions d’euros de taxes supplémentaires qui seront affectées au financement des centres techniques industriels.

Pourquoi si peu de taxes sont supprimées quand d’autres sont créées ? Selon Bercy, les entreprises bénéficient d’importants allégements fiscaux depuis deux ans. Quant aux "petites taxes" dont la suppression se fait attendre, le service de presse du secrétariat d'Etat au budget précise que c’est un "idéal vers lequel il faut tendre". Une bien jolie formule pour dire que ce n’est pas pour tout de suite.

Manuel Valls, super VRP ?


Le Premier ministre, Manuel Valls est-il aussi bon VRP qu’il l’affirme ? En annonçant la signature de 10 milliards d’euros de contrats avec l’Arabie Saoudite, ce dernier a-t-il pêché par excès d’optimisme ? L’œil du 20h a refait le calcul.

Sur le communiqué de presse de Matignon, il y d’abord les accords signés : des investissements saoudiens à hauteur de 2,4 milliards d’euros dans des PME françaises. A cela il faut ajouter 800 millions d’euros pour une usine de biotechnologies en Arabie Saoudite, ce qui correspond à 3,2 milliards d’euros de contrats signés et effectifs. On est donc loin des 10 milliards annoncés sur Twitter par Manuel Valls.

Pour arriver aux 10 milliards, le premier ministre a une petite astuce : quand il annonce la commande de 30 patrouilleurs rapides par l’Arabie Saoudite d’ici la fin de l’année, Manuel Valls ne livre pas un scoop. Car en juin dernier, Laurent Fabius et son homologue saoudien faisaient déjà la même annonce. Il y en aurait pour un peu plus de 500 millions d’euros, mais le contrat n’est pas encore signé.

Et des contrats en négociation, il y en a beaucoup dans le communiqué de presse. Des négociations exclusives sont ouvertes dans le domaine des satellites, il y en aurait pour 4 milliards selon Bercy. La France est aussi sur les rangs pour décrocher le contrat de distribution d’énergie à Djeddah (1 milliard d’euros), et toujours selon le communiqué, il y a aussi le contrat du métro de Riyad (encore 1 milliard), mais attention petite précision, il s’agit en fait du métro de la Mecque.

Ajoutez tous ces contrats - signés et en cours de négociation - et vous arrivez aux 10 milliards d’euros annoncés par Manuel Valls. Le 13 octobre, Matignon et le Quai d’Orsay ont souligné le caractère exceptionnel de ces accords. Pour le gouvernement il n’y a aucun doute, toutes les négociations en cours aboutiront. Prochaine étape officielle en mars prochain.