Le cumul des mandats, c’est désormais très encadré. Alors de nombreux élus ont dû choisir et céder leur place… Mais après plusieurs mandats, difficile parfois de s’en aller. Certains ont peut-être trouvé comment garder un œil sur leur ancien fauteuil.
32 députés sortants, en grande majorité des élus LR ou UDI, ont déjà choisi. Pour rester maires ou présidents de département, ils ont décidé d’abandonner leur siège de député… enfin presque. Car ils se présentent comme suppléants de leurs successeurs!
Comme André Santini. Lui a choisi de rester maire, mais s’affiche quand même aux côtés du jeune candidat de sa circonscription : “Ça apporte de l’amitié, de la continuité. Je suis très apprécié ici vous savez !” Mettre le pied à l’étrier, est-ce la seule raison? Jean-Claude Mathis est député-maire. Lui aussi garde sa mairie, lui aussi se présente comme suppléant. Si sa candidate est élue, il espère rester actif : “ Quand elle voudra bien que je la représente dans telle ou telle manifestation, je le ferai avec plaisir ». Il ne s’en cache pas, « c’est une façon de tourner la page en douceur ».
Mais le passage de témoin fait parfois grincer des dents, surtout quand il se joue en famille. Dans la 10e circonscription du Rhône, il y a 12 candidats. Le député sortant, c’est Christophe Guilloteau. Il préfère rester président du conseil départemental alors pour le remplacer, c’est sa compagne, Sophie Cruz qui part en campagne. Si elle est élue, ce serait, disent ses concurrents, un cumul déguisé. Pour la candidate FN Agnès Marion, “c’est une façon de contourner la loi. Il s’agissait de ne pas cumuler les mandats, et en fait ils ne seront pas cumulés au sein d’une seule personne mais au sein d’un même couple”.
Pour le candidat La République en Marche aussi, cela poserait problème: « quand vous êtes élu local et que vous avez un projet à porter, vous vous adressez au département, à la région, à votre député. Et quand vous avez un seul couple qui concentre l’ensemble de ces pouvoirs, si vous avez une porte qui se ferme quelque part, elle se fermera de partout ».
Qu’en dit la candidate LR Sophie Cruz, compagne du député-sortant? Elle balaie ces arguments! “Je ne suis pas du genre à me laisser dominer par quelqu’un, ce qui voudrait dire que je suis une femme de paille, une potiche et qu’on m’a mis là pour que lui garde le pouvoir. Quand on me connait, j’ai suffisamment de caractère pour défendre mes idées et c’est moi qui serai responsable du mandat pour lequel j’aurais été élue »
Tous les députés cumulards n’ont pas encore choisi. S’ils sont réélus, ce sont 124 parlementaires qui devront abandonner leur fauteuil de maire ou de président de collectivité dans quelques semaines.