TATP l'explosif utilisé par les terroristes : la France en retard sur son encadrement


Contre le risque d’attentat, la France a prolongé l’état d’urgence, et renforcé son renseignement. Mais il y a un dossier, où elle a des années de retard : le contrôle des produits qui permettent de fabriquer des explosifs. L’oeil du 20H vous raconte l’histoire d’un raté... très étonnant. Bruxelles, en mars 2016, Paris, en novembre 2015 et Londres en juillet 2005. Trois attentats, et un point commun : le TATP ! Une bombe artisanale, élaborée avec certains produits grand public qu’on trouve dans le commerce.

Dès 2013, l’Europe alerte sur ce danger et rédige un règlement sur “la commercialisation et l’utilisation de précurseurs d’explosifs”. Il prévoit que les commerçants recueillent des informations sur leurs clients comme le nom, adresse, nom de la substance, quantité, ou utilisation prévue.

Est-ce appliqué dans nos commerces ?

Ces produits qui servent à l’entretien ou aux teintures de cheveux. Nous avons voulu en acheter et nous en avons trouvé un dans une petite boutique en région parisienne. Associé à d’autres produits, il permet de fabriquer du TATP. Au moment de payer, la vendeuse ne nous demande pas notre identité. Elle nous alerte tout de même sur la dangerosité du produit : "Traîner avec ça avec à pied, c’est pas très… C’est des produits chimiques. ils vont se dire qu’est-ce qu’elle va faire avec 10 litres ?

Nous réglons en liquide, aucune trace de notre achat. Dans cette boutique, pas de registre, comme le prévoit l’Europe. Et ce n’est pas surprenant. La France avec la Roumanie et Chypre sont les derniers pays membres de l’union européenne à ne pas appliquer le règlement. 4 ans de retard, comment-ce possible ?

Le ministère de l’intérieur explique qu’il a d’abord fallu changer la loi française pour appliquer le règlement européen. Cela a pris 3 ans ! Ensuite, un premier décret voit le jour. Il prévoit bien un registre, mais seulement en papier. Pas de version numérique. Les vendeurs en ligne ne sont pas pris en compte. Alors le conseil d’Etat retoque le décret. “Il y a eu visiblement ce petit loupé (...) C’est bien dommage, étant donné le contexte qu’on a eu en 2015 (...) Dommage qu’on n’ait pas pris l’arrêté plus tôt même si effectivement, ça ne résoudra pas tous les problèmes”, nous confie amer un responsable de la gendarmerie, en charge d'enquêter sur les explosifs.

Le ministère de l’intérieur l’assure, le décret qui prend en compte internet est prévu avant la fin du mois de juin. Mieux vaut tard que jamais.

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé