L’été, c’est replay (3) : d’autres humeurs…

@martingreffe / Flickr / creative commons

Troisième et dernier volet récapitulatif de l’année scolaire écoulée : outre le dossier retraite/revalorisation (1er volet) et la gestion de la crise covid-19 (2ème volet), il ne faut pas oublier que l’année a été notamment marquée par les suicides dans l’EN et le mal-être des directeurs d’école…

 

Ce que vous avez manqué pendant les vacances (ne va pas beaucoup vous plaire)

C’est presque devenu une tradition, pendant les vacances d’été sont modifiés certains articles de lois, publiés des décrets, signées des ordonnances que le petit de l’école découvre (ou pas) à la rentrée… Durant cet été 2019 : une décision du Conseil constitutionnel permet de modifier les vacances scolaires sans légiférer ; la première pierre de la réforme des retraites est posée lors de la publication du rapport Delevoye, et avec elle les premières estimations des pertes de pension des fonctionnaires ; juste avant la reprise des profs, le ministre Blanquer refait le coup de l’augmentation des profs, 300 € vantés partout mais qui ne sont que bruts, mensuels, et surtout votés par ses prédécesseurs !

 

Oui ou non, les profs français gagnent-ils moins qu’ailleurs ?

Surprise, à la publication des « Regards sur l’éducation » de l’OCDE, quelques jours après la rentrée : plusieurs médias affirment que « les profs français gagnent plus que leurs homologues de l’OCDE » ! Un peu de fact-checking permet de montrer qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres si on schématise et qu’on ne prend en compte que certaines données… En réalité, les profs français sont payés comme des profs slovènes ou costariciens, loin des standards de leurs voisins. On s’interroge alors sur cette campagne d’une certaine presse (contrebalancée par d’autres titres, heureusement), et on découvre que c’est la note pour la France publiée par OCDE France qui met curieusement l’accent sur une telle lecture, à quelques semaines du début du bras de fer sur les retraites et la revalorisation…

 

Morts d’enseigner

Le suicide de Jean Willot, en mars 2019, avait secoué l’école entière. Celui de Christine Renon, directrice d’école, sur son lieu de travail, va constituer un choc plus grand encore. Parce que ce n’est pas le premier, loin s’en faut, parce qu’elle a laissé une lettre très dure pour l’institution, accusée de laisser les directions livrées à eux-mêmes, parce qu’elle dit le ras-le-bol qui court chez beaucoup, parce qu’une fois de plus, l’institution, et singulièrement le ministre, restent muets.

 

Chaque semaine en France, un prof se suicide

Il faudra deux mois de plus et la mobilisation de toute une profession pour que le ministère réagisse et publie les chiffres officiels attendus depuis longtemps. En 2018-2019, 58 profs se sont donné la mort, plus d’un par semaine. Certains sont surpris du chiffre, jugé faible, d’autant que la méthodologie de l’étude n’a pas été communiquée par le ministère et que la comparaison avec la morbidité nationale a été quelque peu arrangée. Par ailleurs, la question du burn out enseignant et des risques psycho-sociaux reste assez tabou dans l’EN, malgré les études.

 

Une journée dans la vie d’un directeur d’école

Arno est directeur d’école depuis plusieurs années dans une petite ville de 5 700 habitants. Il m’a contacté pour que je lise son récit, illustré de superbes dessins : il y dit son quotidien de directeur d’école, les multiples taches qui sont les siennes, les multiples casquettes dont il se coiffe chaque jour, il y dit la complexité d’un métier peu reconnu, peu accompagné, où le diable se niche dans les (nombreux) détails. Un récit qui permet de comprendre, un peu mieux, le quotidien des directeurs d’école.

 

« Il ne faut pas confondre la langue de Molière et son orthographe » [vidéo]

Comme il arrive régulièrement, les réseaux sociaux ont fait remonter une vidéo datant de plusieurs mois dans laquelle deux linguistes de formation, dans une conférence TEDX drôle et qui interroge, distinguent la langue de son système de codification et mettent en évidence l’importance des circonstances historiques de son évolution.

 

« Devenir grand » : au cœur de la relation entre élèves et enseignant

Les films, y compris documentaires, positifs sur l’école ne sont pas légion. Fin mars, France 2 diffuse un joli film de Judith Grumbach, qui a suivi une année durant trois classes (primaire, collège, lycée) avec pour objectif de rendre compte du lien entre élèves et enseignants. « Je voulais montrer des enseignants et des élèves qui, malgré toutes les difficultés, cherchent, essayent, se trompent et recommencent. Montrer comment on grandit ensemble dans une classe, les questions que l’on se pose à 8, 11 et 16 ans, et comment l’école peut (doit ?) les accueillir ». Mission réussie.

 

Enfin, cette année a vu la publication ici-même de deux nouveaux épisodes de « Baron orange », la fiction satirique aucunement inspirée de faits réels, bien entendu :

Baron orange, saison 3 : mission Théodule, dans lequel le cabinet du ministre met en place une commission afin de recueillir la parole enseignante suite notamment aux suicides dans l’EN.

Baron orange, saison 4 : revalo à vau-l’eau !, dans lequel il est question de stratégie visant à revaloriser les profs sans trop verser d’argent quand même, mais en communiquant.

 

Et aussi, deux nouveaux épisodes de la série « Vis ma vie d’instit en gif animé » :

Vis ma vie d’instit en grève en gif animé et Vis ma vie d’instit confiné en gif animé

 

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