Asinara, l'île du diable devenue paradis

Peu de prisonniers ont eu un cachot aussi paradisiaque. Avant de devenir l'une des premières aires marines protégées d'Italie, l'île d'Asinara, au Nord-ouest de la Sardaigne, a accueilli une flopée de criminels - noblesse, prisonniers de la Première Guerre Mondiale, terroristes ou encore le chef mafieux Toto Riina. Depuis, l'Alcatraz italien est devenu l'abri d'espèces indigènes précieuses. D'abord, les ânes albinos qui n'existent qu'ici en Europe.

Un hôpital unique pour tortues marines

Mais aussi les tortues de mer, qui ont un hôpital rien que pour elles, où elles sont soignées et étudiées par dizaines chaque année. "Madeleine a reçu un coup de lame de couteau, on espère la remettre à l'eau au printemps", raconte Laura Pireddu, la responsable du centre, en offrant à sa protégée de 40 kilos un seau de petits calamars. Madeleine se régale puis, tel un chat reconnaissant, danse sous les caresses de Laura.

Dans le bac voisin, sa consoeur Pulcinella, une autre petite caretta caretta de seulement 5 ans et 40 cm de long désormais guérie, s'apprête à être libérée sur le sable devant nos caméras. Sur l'île d'Asinara, les touristes sont les bienvenus, à condition de respecter la faune et la flore : en plus des ânes, des flamants roses, chamois, chevaux sauvages, sangliers et oiseaux migrateurs arpentent le maquis sarde. Du côté des eaux, forcément paradisiaques, les dauphins et poissons sont peu farouches et peuvent être observés de près par les plongeurs ; le Parc surveille électroniquement les épaves et coraux qui jonchent ces fonds marins, peut-être les plus préservés d'Italie.

L'info en + : une légende veut que le pirate Barbe-Rouge ait fait d'Asinara un lieu de retraite privilégié pour reprendre des forces, après les raids et les vols.

Anne Donadini