De Venise vous connaissiez beaucoup, mais peut-être pas ce qu'elle doit à Attila. Il y a bien longtemps, en 452, le chef des Huns choisit d'ajouter la petite ville italienne d'Aquilée à la liste des endroits où il sème la désolation. Rasant tout ce qu'elle a de plus beau, il en fait alors fuir les habitants sur la langue de terre voisine, l'île de Grado - d'où viendront plus tard les patriarches qui fonderont Venise.
Des flamants roses aux mosaïques de Saint-Marc
Tandis que s'ancre dans l'Histoire un bel épitomé - "Grado est fille d’Aquilée et mère de Venise", l'île de Grado grandit et devient le paradis à ciel ouvert que nous sommes allés visiter. Une île méconnue sur les terres du Frioul, à une centaine de kilomètres de la Sérénissime et proche de la frontière slovène. Devenue le détour secret de quelques connaisseurs, elle dévoile splendidement aux touristes ses 10 kilomètres de plages de sables fin, son histoire et sa lagune bordée d'une dizaine d’îles.
À Grado, pour profiter des paysages, il faut privilégier les balades à vélo et ses 40 kilomètres de pistes cyclables. Pour une mobilité écologique, un nouveau service de location de vélos est également à disposition des visiteurs. Grâce à une application gratuite, Ride Me, on loue un vélo accompagné d’un guide virtuel et la visite est lancée. Elle vous emmène à la découverte des sanctuaires naturels de l'île de Cona, avec ses chevaux de Camargue et dans la vallée de Cavanata, une immense oasis où plus de 260 espèces d’oiseaux tels que des flamands roses ont trouvé refuge.
À quelques encablures, toujours à vélo, la cité d’Aquilée vous tend les bras avec sa basilique patriarcale Santa Maria Assunta inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. À l’intérieur, de splendides mosaïques vous raconteront une partie de l’histoire de l’évangélisation en Europe - celle de Saint-Marc. Une partie de l'histoire de Venise s'inscrit, encore une fois, ici. À vous de vous laisser séduire par la légende... Reportage d'Anne Donadini, Laura Tositti et Jean Delterme.
L'info en + : Il y a tout juste 51 ans, en 1969, le célèbre cinéaste italien Pier Paolo Pasolini réalisait plusieurs scènes de son film « Médée » à Grado dont l’un des rôles principaux était interprété par la légendaire cantatrice Maria Callas. 14 minutes de film qui ont permis à l’île du Soleil et sa lagune d’entrer dans l’histoire du cinéma. Une plaque commémorative a été installée en bord de mer pour rappeler le passage du réalisateur à Grado. Pier Paolo Pasolini voyait en elle « le lieu de l’âme ».
Jean Delterme et Anne Donadini