En apercevant les premiers toits blancs, on se dit qu'on est tombé dans un conte de Perrault, qu'on a traversé le miroir d'Alice, que c'est un village mis sur pied uniquement pour en mettre plein la vue. Rien n'est plus loin de la réalité. Avec ses maisons blanches enchanteresses, ses ruelles qui serpentent jusqu'à la superbe Eglise trullo et ses boutiques artisanales à foison, Alberobello n'est aux yeux des habitants que la quintessence de la pauvreté et de la simplicité des personnes qui la construisirent.
Bâtis par des bûcherons fugitifs dans une région n'abritant auparavant qu'une forêt, les premiers trullis sont apparus entre la fin du 14ème et le 16ème siècle. Les murs sont épais, construits sans mortier et les tuiles blanches - elles ne deviendront grises qu'avec le temps et les intempéries. Les matières premières étaient donc pauvres ; les habitants partageaient le trullo avec leurs animaux et outils agricoles. Autant de preuves qui expliquent pourquoi la région des Pouilles faisait partie des plus pauvres d'Europe. Si on ne construit plus de trullis depuis longtemps, il faut toutefois continuer de les restaurer selon les critères originels, sous peine d'être amendé pour "attentat au patrimoine".
Depuis protégée par l'Unesco et devenue le pinacle des destinations à voir dans le sud de l'Italie, Alberobello accueille même l'un des Noëls les plus captivants et magiques du Bel Paese. Certains jours, 10 à 15 000 visiteurs, dont certains arrivent de Chine ou du Japon, déambulent dans cette petite parenthèse d'un autre temps. Nous avons rencontré quelques Alberobellesi, le temps d'une visite enchantée. Reportage d'Anne Donadini, Manuel Chiarello et Valérie Parent.
Pour en savoir plus sur leur crèche vivante c'est par ici !
L'info en + : Une légende prétend que, pour éviter les impôts fonciers, les habitants étaient prêts à tout moment à enlever la pierre située au sommet de la maison, c'est-à-dire la clé de voûte, afin que le trullo s'effondre ! Si les historiens discutent encore de la véracité de cette information, tous conviennent d'une chose : Alberobello est le premier paradis fiscal de la région. Fief indépendant de la Cour de Naples, le village était en zone franche et les trulli n’étaient pas recensés comme "habitations légales"... ce qui abaissait dans tous les cas les taxes foncières des habitants !
Anne Donadini