Prosecco : les raisins du succès

"Mon grand-père ne rigolait pas avec ça ; chaque pied de vigne a son nom". Gianluca Bisol, l'oeil pétillant et ivre de fierté, l'assure : les ventes mondiales du Prosecco devancent celles du champagne. L'élève a dépassé le maître. Son histoire de famille a pris racine en 1542 en Vénétie, sur les collines du Valdobbiadene, centre névralgique de la production de ce vin effervescent italien essentiel à la composition du Spritz.

La rançon de la gloire

Fort de son succès - et de l'effet de mode généré par ce cocktail vendu au prix fort sur les terrasses parisiennes - le Prosecco a vu ses exportations mondiales augmenter de 75 % en 15 ans. En 2019, il s'agit ni plus ni moins du vin le plus vendu au monde. Cependant, rares sont les triomphes sans revers de la médaille : la production de ce caviar de la bulle met en péril les vallées historiques sur lesquelles il évolue depuis le Moyen-Âge.

Les citoyens l'accusent de "bouleverser le territoire, défigurer les collines, détruire les prairies et les arbustes", comme le détaille un article du Fatto Quotidiano, mais ils s'insurgent également contre l'utilisation intensive de pesticides de synthèse. Portrait d'un champagne italien dont le succès semble inarrêtable, avec Alban Mikoczy, Laura Tositti, Claudia Billi et Robin Rico.

L'info en + : Le Spritz n'est pas italien, mais autrichien. Il est créé par les soldats de l'armée autrichienne qui occupent Venise au XIXème siècle et trouvent que le vin blanc tape un peu trop sur le crâne. Ils décident alors de le couper avec de l’eau gazeuse et en tirent le nom spritzen ("arroser" en allemand). Les Italiens ont tôt fait de s'accommoder du diminutif : Spritz.

Anne Donadini