Partout où passent ces terribles ravageurs, il ne reste rien ; la terre est déserte, la récolte est déjà faite. Faite par des millions de sauterelles qui ont dévoré près de 2 500 hectares de cultures fourragères et de céréales au cœur de la Sardaigne, près des villages de Nuoro et Orani.
Les voir de loin ne suffit pas à constater l'ampleur de l'attaque ; il faut s'approcher de la campagne nuoraise, où elles se camouflent à la perfection, pour constater que le funeste tapis d'insectes se confond avec la terre déjà sèche. En plus de dévaster les légumes, le grain et le fourrage, elles envahissent les maisons et les fermes. Le phénomène a débuté début mai et risque de s'étendre jusqu'à fin août, période à laquelle ces sauterelles dites "criquets du Maroc", mourront après s'être reproduites, entérinant ainsi l'échec de la saison agricole sarde.
La conséquence... de terres non cultivées
Les agriculteurs de l'île voient dans ce châtiment biblique la conséquence du réchauffement climatique et de l'abandon de milliers d'hectares de terres sardes, favorisant sur ces lieux la ponte massive d'œufs de sauterelles.
Si le coût des dégâts n'est pas estimable avant la fin de l'été, des mesures préventives peuvent en revanche empêcher une prochaine invasion - par exemple, prévoir le labour des terres délaissées ou traiter avec des produits chimiques les premiers foyers de sauterelles identifiés au printemps 2020. Comme victime d'une mauvaise série, la Sardaigne est depuis début juin rattrapée par une invasion supplémentaire, tout aussi dévastatrice pour ses champs : celle des corbeaux.
L'info en plus : soucieuse d'être la prochaine victime, la Corse reste vigilante. Ces sauterelles, qui peuvent se déplacer jusqu'à 4 km/h, ont déjà causé des dégâts en 2003 et en 2018 sur l'île française. Néanmoins, la chambre régionale d’agriculture de Corse n'est pas inquiète, consciente du fait que ces insectes nuisibles restent généralement à proximité de leur lieu de ponte.
Anne Donadini