Quitte à faire des croisières en Méditerranée, autant qu'elles soient écologiques. Aux antipodes des voyages sur immeubles flottants qui dévastent Venise (mais ne devraient plus le faire longtemps), la Sardaigne offre aux touristes plus consciencieux des expéditions responsables d'une semaine.
Embarqués sur des voiliers au milieu des eaux cobalt avoisinant la Corse, ceux-ci apprennent à déconstruire les clichés un à un : nager avec les dauphins empêche l'évolution correcte de ces derniers ; le danger du plastique ne se résume pas aux gros sacs mais aussi aux 5 250 milliards de micro-particules qui infestent les océans (la Méditerranée étant la plus polluée des mers) ; apprendre à mieux utiliser les ancres de bateau éviterait l'extinction d'espèces sous-marines rares.
À la tête de ces stages, qu'organise le Centro Velico Caprera, le biologiste Stefano Nannarelli veille particulièrement à la faune et la flore de la région où il vit. Chaque année, il soigne et remet à l'eau 40 spécimens en moyenne. Il déplore également que l'action humaine soit à l'origine de la prolifération d'espèces exotiques envahissantes au coeur des eaux sardes. Une tropicalisation de la Méditerranée que nous avons étudiée à la loupe à bord de son 47-pieds. Reportage d'Alban Mikoczy et Laura Tositti.
L'info en + : Aujourd'hui en voie d'extinction, la Grande nacre de Méditerranée (Pinna Nobilis) était si répandue il y a des millénaires qu'Homère la cita dans son Odyssée. Produisant des fils d'or, ce coquillage aurait ainsi composé la toison d'or d'Ulysse lors de son épopée.
Anne Donadini