Depuis le 1er janvier, l’Italie fait face à une révolte surréaliste autour du sac en plastique servant à emballer les fruits et légumes. Ils doivent désormais être biodégradables, et coûtent de un à trois centimes d’euros aux clients italiens.
L’objectif : donner une valeur visible aux sacs plastiques qui étaient jusqu’alors encore gratuits, contrairement aux sacs de caisse payants depuis 2012. Gratuits en apparence seulement. Le coût était jusqu’au 31 décembre de l’année dernière intégré par la grande distribution, dans le prix des fruits et légumes par exemple. En le faisant apparaître sur le ticket de caisse, et donc payer aux consommateurs, le gouvernement espère conscientiser et responsabiliser les clients sur leur consommation de plastique.
Aucune obligation de l’Europe
A quelques semaines des élections – elles auront lieu le 4 mars 2018 -, cette nouvelle contribution pourtant modeste imposée aux italiens (le coût pour une famille italienne est estimé à 4 à 6 euros par an) a suffi pour déclencher les critiques de l’opposition. A l’extrême droite, le parti « Frères d’Italie » dénonce « une taxe voulue par le Parti démocratique ». Une nouvelle « instrumentalisation électorale » se défend le gouvernement qui, pour se défendre, brandit la directive européenne 2015/720 encourageant à diminuer la consommation de plastique. Le ministre de l’écologie a réagi, justifiant une norme destinée exclusivement à protéger l’environnement et réduire la consommation de plastique en Italie.
Avec la France, la péninsule est le seul Etat membre à avoir instauré l'interdiction des sacs plastics ultralégers. Et pour cause, la directive européenne 2015/720 à laquelle fait référence le gouvernement n’émet aucune obligation ni restriction pour les sacs en plastique ultralégers - d’une épaisseur de moins de 15 microns- utilisés pour emballer les produits alimentaires en vrac.
Le contraire de ce que vient de faire l’Italie, donc : pour l’Europe, les sacs en plastiques ultra légers, utilisés pour les fruits et légumes notamment, peuvent toujours être non biodégradables.
Contestations et "fake news"
Ce nouveau coût crée la confusion et a du mal à passer chez les consommateurs. Même s'il ne s'agit pas d'une taxe - le gouvernement ne touchera aucun centime d'euro-, beaucoup dénoncent une « taxe de plus ». « Bientôt, ils taxeront aussi l’air qu’on respire », peut-on lire sur les réseaux sociaux. Des réactions démesurées, commente le journal Il Corriere della Sera, qui rappelle le peu de remous créés par l’augmentation des prix des péages d'autoroutes, la lumière et le gaz. Ces nouveaux tarifs en vigueur eux aussi depuis le 1er janvier sont pourtant bien plus conséquents sur le portefeuille des italiens.
A côté des « ras le bol » sur le ton de l’humour, les « fake news » ont également fait leur apparition sur la toile. Le gouvernement est accusé d’avoir voté la loi pour favoriser une entreprise leader sur le marché des sachets en plastiques biodégradables. Un marché fleurissant en Italie, on estime qu’elle en utilise pas moins de 20 milliards à l’année. Au prix de 2 centimes le sac en moyenne, le chiffre d’affaire grimperait à 400 millions d’euros par an.
Elle appartiendrait à « une amie de Matteo Renzi », à la tête du parti démocrate et en campagne pour les élections législatives. L’ancien Premier ministre italien a dénoncé ces « bêtises », n’oubliant pas de souhaiter un « buon complotto a tutti », « bon complot à tous » en guise de « buon anno », « bonne année ».
Chaque année, 800.000 tonnes de sacs plastique à usage unique sont utilisées en Europe. Leur durée d’utilisation n’est généralement que de quelques minutes.