Matteo Renzi, ex premier ministre italien et chef du PD, le parti démocrate, a été reçu pendant près d’une heure ce matin à l’Elysée par Emmanuel Macron.
La rencontre devait tourner autour des propositions d'Emmanuel Macron pour l’Europe et des prochaines élections européennes. L’objectif du président français selon le quotidien La Repubblica : convaincre Matteo Renzi de soutenir son projet d’un troisième groupe politique au parlement européen qui, toujours selon le journal, s’appellerait « En Marche Europe ». Les deux hommes ont également affirmé leur détermination à lutter contre les partis populistes et d’extrême droite dans leur pays.
Matteo Renzi inspiré par le "modèle Macron"
Depuis la victoire du président français, les journaux italiens affirment que Matteo Renzi veut suivre l’exemple français en créant un nouveau parti « à la Macron » pour redonner un second souffle à la gauche italienne. Et bien sûr il en serait le leader.
Les points communs entre les deux hommes sont nombreux. Leur âge, d’abord. Matteo Renzi avait 39 ans en 2014, année de son élection à la tête du gouvernement, l’âge actuel du président français.
Leur politique en matière de travail, ensuite. Emmanuel Macron s’est inspiré du « Jobs Act » italien - mesure phare mise en place de l’autre côté des Alpes par Matteo Renzi il y a trois ans - pour sa réforme du code du travail.
Ils font tous les deux partie d’une gauche qualifiée de « libérale », pro-européenne, arrivée au sommet dans les années 90 avant d’être ensuite balayée par la droite, les partis populistes et la gauche dure.
La semaine dernière encore, La Repubblica déclarait: « Matteo Renzi veut faire la révolution, comme Emmanuel Macron a fait en France, et transformer le Parti Démocrate ». L’objectif : se détacher de son parti d’origine, pour repartir seul dans l’arène avec un nouveau mouvement à son image. « C’est le moment de tenter car comme jamais auparavant, Matteo Renzi n’a rien à perdre », ajoutait le journal. Le leader de la gauche italienne espère obtenir 40% des suffrages aux élections nationales prévues début 2018. Malgré un premier mauvais signal : l’échec cuisant aux élections régionales en Sicile. La gauche est arrivée loin derrière la coalition de centre-droit et le Mouvement 5 Etoiles.
Or Matteo Renzi le sait, il n’atteindra jamais seul les 40% visés. C’est pourquoi il nie farouchement les intentions qu’on lui prête : « Enlevez-vous de la tête que je veux faire le Macron italien », a-t-il récemment déclaré. Pas question d’un leadership solitaire, donc. Il a d’ailleurs réouvert le dialogue avec les ex démocrates pour renforcer la coalition de gauche.
Pour le journal économique Il Sole 24 ore, sortir du PD pour suivre le parcours solitaire du président français n’a pas de sens. « Sa chance est que ses adversaires internes sont partis, laissant à Matteo Renzi l’opportunité de pouvoir enfin faire comme Emmanuel Macron : continuer seul ».
Le pari de la gauche loin d'être gagné à quelques mois des élections
Quoi qu’il en soit les projets de Matteo Renzi semblent encore confus. A quelques mois des élections, le paysage politique italien fait face à de grands changements ces dernières années. L’échiquier politique italien est bouleversé par l’émergence du Mouvement 5 étoiles, désormais premier parti politique de la péninsule. Par ailleurs la nouvelle loi électorale bouleverse aussi la donne. Même avec le soutien d’Emmanuel Macron, le grand retour de Matteo Renzi sera sans doute plus compliqué qu’il n’espère.