Patrimoine UNESCO: quand le label devient encombrant

Depuis 10 ans, le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais dans la région, ce label prestigieux se révèle parfois encombrant...Certains maires songent même à s’en débarrasser.

Parmi les 109 sites du bassin minier inscrits à l’UNESCO, il y a un immeuble dans la commune d'Annay-sous-Lens (Pas-de-Calais). Il s'agit précisément d'un camus, une construction typique des années 50 pour loger les mineurs. Mais depuis 20 ans, le bâtiment est à l’abandon.

 

Une verrue dans le paysage

 

Pour Hervé Terlat, maire (PC) de la ville, l'immeuble est devenu une verrue qui gâche le paysage. "Je pense que ce que l'on voit là nuit à l'image de ce que peut représenter l'UNESCO, se désole-t-il. Ce n'est pas cela qu'on veut montrer quand on veut rendre la mémoire aux mineurs qui ont souffert".

En raison du classement à l’UNESCO, le maire ne peut pas raser le bâtiment…Il a bien cherché à le rénover pour en faire 6 logements sociaux mais les devis sont exorbitants… 2 millions d’euros selon lui, c’est la moitié de son budget annuel. Même avec d’éventuelles subventions publiques, ça ne passe pas. "On ne peut pas dépenser autant d'argent public pour si peu", estime Hervé Terlat.

 

Le label ne s'accompagne d'aucune subvention

 

Car le classement à l’Unesco c’est surtout pour la gloire… cela ne donne droit à aucune subvention.  Le maire souhaite qu’on lui retire le fameux label.

A Barlin, autre commune du Pas-de-Calais, ce sont des rues entières qui sont classées … Les petites maisons en brique alignées, typiques des cités minières, ont séduit l’Unesco.

Berthe Ducatel, 93 ans, veuve de mineur, vit dans une de ces maisons. A cause du label Unesco, la façade ne peut subir aucune transformation. Notamment pour mieux isoler ce logement humide… alors elle doit se contenter du système D: elle a acheté récemment deux déshumidificateurs. "Tous les soirs à 17H je dois les vider, ils sont plein d'eau, explique-t-elle. J'ai été obligé d'investir car les murs étaient mouillés".

 

Des contraintes pour la rénovation

 

Seule une rénovation par l’intérieur est possible. Mais cela pose un autre problème. Chez les voisins, les travaux ont été faits, et le logement, déjà petit, a encore perdu de la surface: environ 15 centimètres de parois isolantes sur chaque mur. Résultat: dans une chambre, le lit double ne passe pas.

Pour le maire de Barlin, c'est un frein pour accueillir des familles, nécessaires au dynamisme de sa commune. "On est vraiment plus du tout sur les mêmes surfaces entre logement rénové et pas rénové, pointe Julien Dagbert (SE). Accueillir des familles aujourd'hui dans ces maisons, c'est compliqué".

Contactée, l'UNESCO répond: "La seule contrainte c'est l'intégrité du site. Le site doit rester conforme à ce qu'il était au moment de son inscription". L'organisme explique que détruire ne serait-ce qu'un bâtiment pourrait menacer l'inscription de tout le bassin minier au patrimoine mondial.

 

 

Attention aux étiquettes: du surimi au goût homard... sans homard!

Pour les fêtes de fin d’années… on a eu envie de se faire plaisir. Au menu: des terrines et des bâtonnets de surimis au crabe ou au homard! Mais mange-t-on vraiment ce que promettent les emballages? L’oeil du 20h a lu les étiquettes par le menu!

Une envie de crabe et de homard? C’est la promesse de la terrine Kritsen. "Délice crabe et homard" est écris en gros, et en petit figure un astérisque qui précise à l'avant du produit: "au crabe tourteau et homard canadien"! Vous pensiez tout savoir sur la composition? Et non! Au dos du produit, l'astérisque précise encore: “ préparation à base d’encornet géant, poisson (...)” Car voici les principaux ingrédients: 16% d’encornet géant et 16% de pulpe de poisson, deux fois plus que le crabe et le concentré de homard, 8% chacun.

Alors pourquoi ne pas insister sur l’encornet et le poisson? Serait-ce moins vendeur? Réponse de l’entreprise qui affirme respecter la réglementation : “Dans un assemblage de produits, c’est le goût qu’on met en avant. “Terrine de poisson avec crabe et homard”: vous vous dites que vous aurez en priorité le goût du poisson, ce qui est faux! En priorité vous avez le gout de crabe et de homard”.

Goût homard sans homard

Le goût justement… c’est tout l’argument de la marque de surimi Coraya! Dans ses rayons, la gamme "Suprêmes"qui se décline aux goûts frais de crabe, de langouste ou même de homard. Tous ces surimis sont vendus plus chers que la gamme classique.

Mais en regardant les étiquettes de plus près: 38% de chair de poisson dans chaque produit mais aucune trace de homard, de langouste ou de crabe! Y en a-t-il alors dans les arômes naturels présents dans chacun des produits?

La marque n'a pas souhaité nous répondre. En revanche, interrogée en novembre dernier par l'association Foodwatch, l’entreprise précise à propos des surimis au goût frais de Homard : “La liste d’ingrédients renseigne par ailleurs le consommateur sur l’absence de homard, y compris d’ailleurs dans notre arôme”. Pas de homard, pas même dans l’arôme!

L'association a décidé de lancer une pétition pour demander la modification de la recette ou le retrait de la mention "au goût frais de homard". “C’est problématique car les consommateurs sont induits en erreur, pensant acheter un produit qui contient du homard, mais qui n’en contient pas la moindre trace", explique Mégane Ghorbani, responsable de campagnes chez Foodwatch.

Que dit la réglementation sur l’utilisation de la mention “au goût de”? La répression des fraudes n’a pas su nous apporter une réponse complète. Ça nous laisse un goût homard… euh amer!

Attention : certains jouets connectés vous espionnent !

Et si pour Noël, un cadeau comme un petit robot à l’air inoffensif se transformait en espion au milieu de votre salon ? Vous n’y croyez pas ? A l’Œil du 20h, on vous le prouve !

Voici deux jouets en vente dans des magasins en France : un robot et une poupée qui parlent. En téléchargeant une application sur téléphone portable ou tablette, via internet, les enfants peuvent discuter avec eux.

Le problème, c’est que les applications qui permettent de discuter avec la poupée avec le robot ne sont pas sécurisées. Tout le monde peut les télécharger. Pas besoin de code pour accéder au jouet. N’importe qui peut faire parler le robot ou la poupée et poser des questions à l’enfant.

Nous avons fait le test. A distance, derrière une porte, à une dizaine de mètres, nous pouvons prendre le contrôle du robot. Nous lui faisons dire ce que nous voulons. Comme, par exemple, demander à l’enfant d’ouvrir la porte de la maison, ou lui demander le code de carte bleue de ses parents. Nous avons même réussi à enregistrer à leur insu, les conversations des utilisateurs, lorsqu’ils sont près de la poupée.

«Espion au cœur du foyer»

La CNIL, la commission nationale informatique et libertés, publie aujourd’hui un rapport sur ces jouets. Elle pointe l’absence de sécurisation et le non respect de la vie privée. Mathias Moulin, directeur adjoint explique :

«C’est comme si on pouvait installer un micro chez vous, sans que vous en ayez conscience. C’est typiquement un objet-espion, au cœur de votre foyer. C’est en ça le risque principal.»

La CNIL constate aussi que l’entreprise qui commercialise ces jouets collecte et traite, sans informer l’utilisateur, des données personnelles sur les enfants : leur voix, leur conversations, mais aussi, au moment où ils remplissent ce formulaire, leur glace préférée, le nom de leur école et même le lieu où ils habitent.

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L’entreprise qui commercialise ces jouets a deux mois pour corriger ces défauts. Si elle ne le fait pas, elle risque une amende, jusqu’à 3 millions d’euros. Nous avons tenté de la joindre : sans réponse. On aurait peut-être dû demander à la poupée !

 

Le management par le doute, une stratégie douteuse ?

Quand on est manager, il faut répondre aux revendications des salariés, sur les embauches, et les augmentations. A l’oeil du 20H, on a découvert une méthode de management d’un cabinet de conseil.  Elle s’appelle : la stratégie du doute ! Une stratégie douteuse ?

Ces deux documents sont apparus sur les réseaux sociaux. C’est une méthode pour les managers. Une technique pour répondre aux demandes des salariés.

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A l’oeil du 20H, on a d’abord cru que c’était une liste de tout ce qu’un chef ne doit pas faire. Mais en regardant de près le document, on découvre un logo et un nom. Ares consultants. Un cabinet de conseil en communication.

Après plusieurs appels sans réponse, nous allons voir le patron au siège de sa société : “Je ne suis pas directement concerné. Mais celui qui est directement concerné répond aux journalistes”. Nous avons attendu une réponse, en vain.

Alors, nous avons contacté un de ses anciens associés : “La stratégie du doute, c’est une technique de communication qui a été mise au point par Ares Consultants (...) C’est un contenu qu’ils ont breveté, qui leur appartient.”

Alors, qu’est-ce que la stratégie du doute ? Nous nous sommes procuré ce document, le compte rendu d’une conférence. Le patron d’Arès Consultants y explique sa méthode, présentée comme : “la parade efficace au traitement des objections” des salariés. Pour le manager, il faut : “Poser des questions dont on connaît la réponse, puis silence”. Avec une liste de questions et les réponses proposées. Dans quelles entreprises, cette stratégie serait-elle appliquée ?

Un associé du cabinet de communication dit avoir plusieurs clients, dont le groupe Bigard. Ca se passerait comment chez Bigard ? Nous avons contacté une dizaine de salariés qui souhaitent rester anonymes. On a fait un test. Voici la question qu’on leur a posé par SMS. Que vous a répondu votre chef quand vous lui avez demandé une augmentation ? Voici ce qu’on a répondu à 2 d’entre eux : « Tu connais beaucoup d’entreprises où on l’on a un treizième mois ? et «Tu connais des boîtes, dans la région qui paient plus que le smic ? ». Comme une étrange ressemblance, avec la stratégie du doute !

Contacté Bigard ne nous a pas répondu. Quant au cabinet spécialisé dans la communciation,il a fermé son site internet, quelque temps après nos appels. Vous connaissez beaucoup de communicants, vous, qui ne communiquent pas ?!

A l'Assemblée nationale, les femmes ont du mal à s'imposer

A l’Assemblée nationale, 38% des députés sont des femmes ! Du jamais vu ! Plus visible... mais pour autant, est-ce qu’on les entend plus ? Pas forcément. Difficile pour les hommes de lâcher le micro.

En juin dernier, François de Rugy vantait une Assemblée renouvelée. «Tant de nouveaux visages, qui disent la féminisation, le rajeunissement, la diversité…» Mais cette féminisation nouvelle est elle audible ? A partir des comptes-rendus compilés par NosDéputés.fr, nous avons compté les mots prononcés par les hommes et par les femmes à l’Assemblée. 1,3 millions de mots pour elles… 3,3 millions pour eux. Proportionnellement, les hommes parlent 62% de plus que les femmes.

A La République en Marche, il y a presque autant de députées femmes que d’hommes. La parité était une promesse du président pour les législatives :

«Ces candidats seront pour moitié des femmes, pas parce que nous craignons des amendes : parce que nous pensons que c’est une bonne chose.»

Et bien… Les hommes En Marche parlent quand même presque deux fois plus que les femmes. La raison ? «Les garçons sont un peu plus téméraires, les hommes s’expriment en séance de nuit, pas toujours avec des propos étayés», nous explique Olivia Grégoire, députée LRM de Paris.

A la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, les femmes sont presque aussi nombreuses que les hommes. La stricte égalité femmes-hommes est même inscrite à leur programme. Pourtant, sur les bancs de l’Assemblée, les femmes parlent presque deux fois moins. Clémentine Autain, députée FI de Seine-Saint-Denis, décrypte :

«Beaucoup de femmes se sentent facilement illégitimes. Elles ont du mal à parler, plus de difficultés à s’exprimer en public... C’est ce qu’il faut réussir à accompagner.»

Le groupe politique où la différence est la plus importante ? Les communistes : les hommes parlent trois fois plus que les femmes. Leur chef de file, André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme, a une bonne excuse...

«Nous avons sur le groupe trois femmes dont deux, Elsa Faucillon et Marie-George Buffet, qui sont dans la même commission et pour le moment les deux commissions où elles siègent n’ont quasiment pas eu de texte à étudier.»

Si les femmes parlent moins que les hommes c’est peut être aussi parce que les chefs des sept groupes parlementaires, ceux qui répartissent la parole entre députés sont... des hommes.

Il y a tout de même un groupe parlementaire où les femmes ont réussi à s’emparer du micro : les socialistes ! Les femmes députés PS parlent autant que les hommes.

Sous-traitance, la face cachée de la Poste

En Île-de-France, 75% de la livraison de colis est sous-traitée selon les syndicats de la Poste. Deux d’entre eux, Sud et la CGT portent plainte contre la Poste pour prêt illicite de main d’oeuvre et marchandage. Nous nous sommes fait embaucher comme livreur Colissimo pendant une semaine. Ce que nous avons découvert nous a sidéré. Nous avons travaillé sans contrat et sans rémunération.

Sur le parking d'un centre de tri en région parisienne, les camions jaunes de la Poste ont été remplacés par des camions blancs, ceux des sous-traitants. Pour être embauché, nous nous rendons devant l'entrepôt. Trente minutes plus tard, un employé d’une entreprise sous-traitante se présente. Pas besoin de CV, l’entretien d’embauche dure deux minutes.

60 centimes d'euros par colis

Le lendemain, six heures du matin, j’arrive au centre de tri. Je reçois ma tenue, un scanner et on me met au travail. Je n’ai pourtant signé aucun contrat. J’ai environ 150 colis à livrer. Je vais travailler dix heures, sans aucune pause. Je comprends que je serai rémunéré 60 centimes par colis livré, ce qui est illégal.

Je dois travailler six jours sur sept, livrer en moyenne 2 500 colis par mois. Selon mon estimation à 60 centimes d’euros par colis, je gagnerai 1 500 euros net mensuel. Et l’entreprise sous-traitante qui m’emploie, combien gagne-t-elle ? Nous avons obtenu le contrat d’un autre sous-traitant, voici les conditions fixées par la Poste à ce prestataire : 1,47 euros par colis livré et en cas de retard de distribution, 4,36 euros de pénalité par jour et par colis.

153 colis à livrer dans la journée

Pour Thierry Lagoutte, syndicaliste SUD-PTT, livreur employé par la Poste, ces tarifs entraînent les mauvaises conditions de travail dans les entreprises sous-traitantes : "Les colis sont payés très très bas et donc si les sous-traitants veulent avoir un salaire correct et une masse financière suffisante, ils sont obligés de livrer beaucoup plus de colis."

Je continue ma vie de livreur. Il est 5 heures du matin, j’entame mon cinquième jour. Sur ma feuille de route, j’ai 153 colis à livrer. J’apprends que je ne serai pas rémunéré pour ces heures de travail. Mon employeur considère que je suis en formation. Elle devrait pourtant m’être payée. Et dans le centre de tri, je découvre que je ne suis pas le seul.

A plusieurs reprises, j’appelle le patron de l’entreprise sous-traitante qui m’emploie. Pas de réponse. Je parle de ma situation à un responsable du centre de tri de la Poste : "Vous, vous travaillez pour un prestataire de la Poste donc en fait votre patron c’est pas moi, moi je suis votre client. Votre paye, ça ne me concerne pas."

Je constate pourtant que la Poste a bien exercé à plusieurs reprises son autorité sur les employés des sous-traitants, en contrôlant leur travail, en leur donnant directement des consignes. En 2013, les liens entre les employés des sous-traitants et la Poste ont fait l’objet d’un rapport de l’inspection du travail. Elle souligne : "Nous avons pu constater la présence de plusieurs indices concordants susceptible de caractériser l’infraction de fourniture illégale de main d’oeuvre dans un but lucratif ainsi que le délit de marchandage".

Deux notions bien connues de Fiodor Rilov, avocat spécialisé en droit du travail :"Le recours à des entreprises de prestations de services pour en réalité diminuer le coût du travail et surtout échapper à sa responsabilité de patron en tant qu’employeur, est une méthode qui est d’ailleurs normalement interdite."

Nous avons sollicité la Poste sur ces questions, elle nous a fait parvenir ce mail : "La sous-traitance est indispensable dans ce secteur d’activité en raison de la grande variation des volumes de colis (...) La Poste veille à ce qu’elle soit organisée en parfaite application des règles légales".

 

Les bonnes affaires immobilières d'anciens députés

L’IRFM, l'indemnité représentative de frais de mandat est versée à tous les députés pour payer repas, transports, vêtements...5840 euros brut mensuel. Certains anciens députés l’ont aussi utilisé pour acheter une permanence parlementaire! Et la bonne affaire, ils en sont devenus propriétaires! L’oeil du 20h fait l’état des lieux!

Avec France Info, nous avons contacté 250 anciens députés qui ont fait au moins 2 mandats. Parmi ceux qui nous ont répondu, une trentaine, de droite comme de gauche, reconnait avoir payé tout ou partie de sa permanence avec l’IRFM. Que sont devenus ces locaux ?

Dans le Nord, à Phalempin, Thierry Lazaro a acheté sa permanence en 2004. Revendue en 2016 à un assureur, l’ancien député a acheté ce local de 200m2 53 357 euros, avec l’IRFM. Il l’a revendu douze ans plus tard 140 000 euros. Une belle opération? Thierry Lazaro précise qu’il a réalisé de gros travaux à ses frais et payé des impôts sur la vente! Son gain selon nos calculs: 90 000 euros.

“Je ne suis pas choqué car la loi ne l’interdisait pas. A ma connaissance, je n’ai rien fait d’illégal ! Si on m’avait dit “Thierry tu ne peux pas faire ça”, j’aurais fait autrement! Je ne me suis pas enrichi avec la politique!” se justifie l'ancien député Les Républicains. A l’époque la pratique n’est pas interdite. Et Thierry Lazaro l’affirme: louer ce local pendant douze ans aurait coûté plus cher à l’Assemblée nationale.

De permanence à toilettage canin

Un peu plus au Nord, l’ancienne circonscription de Jean-Pierre Decool. Pendant un temps, l’ex-député avait trois permanences. L’une, à Bourbourg, achetée sur ses fonds propres. A Cassel: un local en partie payée avec 50 000 euros provenant de son IRFM. Revendue 70 000 euros, après travaux qu’il a payés lui-même. A Hondschoote, la permanence a été transformée en salon de toilettage canin! Le local acheté 36 590 euros en 2003 avec l'IRFM, appartient toujours à l’ancien député. La patronne du salon: c’est sa fille!

“Madame, c’est aujourd’hui un bien propre, donc je fais ce que je veux! Et il m’arrive encore, si je veux recevoir quelqu’un d’Hondschoote, de le recevoir sur place “ explique Jean-Pierre Decool, ancien député et actuel sénateur RTLI du Nord.

Plusieurs anciens députés affirment que la pratique était à l’époque encouragée par l’Assemblée nationale. Pratique finalement interdite en 2015: “est désormais interdite (...) l’imputation sur l’IRFM de toute dépense afférente à une nouvelle acquisition de biens immobiliers, qu’ils soient destinés à héberger la permanence ou à tout autre usage.”

D’autres députés sont-ils devenus propriétaires grâce à l’IRFM? Plus d’un tiers de ceux que nous avons contactés n’a jamais donné suite. La transparence sur les anciennes pratiques attendra…

A Bruxelles on a trouvé la cantine la moins européenne d’Europe !

 

Lorsque vous voyagez en Europe, avec une carte bancaire on peut tout payer. Par exemple, une ballade en taxi, un vieux vinyle déniché dans les bacs d’un disquaire ou même, simplement une bonne gaufre ! Sauf qu’il y a bien un endroit où ce n’est pas possible, c’est à Bruxelles, vous ne devinerez jamais où ! Ça ferait pourtant une bonne histoire belge !

Bienvenue au siège de la Commission européenne. Ici se côtoient 28 nationalités, et tous ces fonctionnaires se croisent tous les jours, pour déjeuner, à la cantine dans une belle harmonie internationale…sauf quand il faut passer à la caisse. On a fait le test et pour nous, Français, impossible de payer par carte. On nous explique que seules les cartes belges sont acceptées, ou bien, des espèces. Tous les jours, c’est le même scénario, les Européens sont surpris et… pas très contents !

Imaginez-vous, ici au cœur de l’Europe… on s’est sentis comme des étrangers, mais on était loin d’être les seuls ! Des Espagnols, d’autres Français, des Hongrois et des Grecs tous nous racontent la même histoire : A la cantine seules les cartes belges, de débit, avec les sigles maestro ou bancontact sont acceptées. Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes rendus au « Midday Briefing » de la presse internationale, pour poser la question au porte-parole de la Commission. Il reconnaît, un peu moqueur, que c’est un problème ! « C’est une maison qui est faite pour que tout ça marche » nous assure-t-il.

Alors justement on a tenté notre chance ailleurs cette fois à la cafétéria de la Commission européenne et surprise ! Là non plus on ne voulait pas de notre carte bancaire ! Un autre porte-parole nous l’explique, c’est une question d’argent, si les cartes de crédits européennes ne sont pas acceptées c’est parce que le coût des transactions est plus élevé que pour les cartes de débit belges …

Rassurez-vous quand même on a trouvé un endroit à la Commission qui accepte toutes les cartes : le distributeur automatique de billets mais il ne propose que des coupures de 100 euros ou 200 euros ou 300 euros !! Il faut avoir les moyens !

A Bruxelles on nous dit que la commission pourrait bientôt accepter toutes les cartes bancaires. En Europe, il y a un début à tout.

 

Cadences infernales : le ras-le-bol des femmes de chambre

A l’hôtel, on ne les aperçoit qu’entre deux portes, au détour d’un couloir : les femmes de chambre. Leurs conditions de travail ? Elles dénoncent des cadences parfois infernales et des heures supplémentaires impayées. L’Œil du 20h a enquêté sur le quotidien de ces femmes qui travaillent dans l’ombre.

Porte de Clichy, au nord de Paris. Des sifflets et des percussions retentissent au milieu des voitures et des immeubles grisâtres. Les femmes de ménage de l’hôtel Holiday Inn, classé 4 étoiles, sont en grève depuis le 19 octobre. Comme tous les jours depuis le début du mouvement, elles se rassemblent devant les portes de l’établissement. Elles travaillent pour une entreprise sous-traitante, Héméra, qui gère le nettoyage pour l’établissement. «Là-bas on est comme des esclaves !», s’insurge Ahata Lowandjola, gouvernante en grève.

Quelles sont leurs conditions de travail ? Pour le savoir, nous avons passé une nuit dans cet hôtel. Le lendemain matin, nous retrouvons Nathalie*, femme de ménage, au moment où elle doit nettoyer notre chambre. Nous l’avons chronométrée. Changer les draps, laver la salle de bains, faire la poussière, passer l’aspirateur… Résultat : environ 24 minutes pour terminer la chambre. Elle n’a pas le choix, c’est la cadence imposée par le sous-traitant. La preuve : ce planning que nous nous sommes procurés. En une journée, l’employeur exige que les femmes de ménage nettoient 20 chambres en sept heures.

«Ils veulent que l’on nettoie 3 chambres par heure. Ce n’est pas possible, se plaint Nathalie. Ils s’en foutent, il faut que le travail soit fait, c’est ça qu’ils veulent. On n’est pas respectées, on n’est pas respectées…»

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Des heures supplémentaires impayées ?

Trois chambres par heure, est-ce la norme ? Pour comparer, nous sommes allés dans un autre hôtel de même standing, 4 étoiles, au cœur de la capitale. Savez-vous combien de temps il faut pour nettoyer une chambre ici ? «45 minutes-1 heure, pour qu’elle soit impeccable», affirme Maria Frances, gouvernante en chef de l’établissement. Une chambre par heure ici, contre trois à l’Holiday Inn.

Pour tenir ce rythme imposé par le sous-traitant, Nathalie, qui gagne à peine plus que le Smic, affirme qu’elle ne prend plus de pause, qu’elle n’a plus le temps de déjeuner, et qu’elle fait des heures supplémentaires, bien au-delà de son contrat de 7h par jour. «Parfois si je commence à 8h, je finis à 17h30, raconte-t-elle. Héméra ne paye pas les heures supplémentaires. Ils nous paient que le contrat, 7h c’est tout. Ce n’est pas normal.» Dans son contrat, il est bien indiqué : «Les heures supplémentaires éventuelles seront rémunérées avec les majorations légales.»

La direction de l’hôtel affirme qu’elle n’y est pour rien, que les femmes de ménage ne sont pas de sa responsabilité et renvoie vers le sous-traitant, l’employeur de Nathalie. Il rejette ses accusations. «Vous croyez qu’on gagne notre vie en piquant 2 heures à une femme de chambre ? En lui piquant les 10% ou les 25% de majoration ? C’est comme ça qu’une entreprise gagne sa vie ?, se défend Denis Schiavone, le PDG d’Héméra. Y’a pas à discuter. Ce que je mets en place dans mon entreprise, c’est moi qui le décide.»

« C’est de pire en pire »

11 femmes de chambre salariées d’Héméra viennent de saisir les prud’hommes, pour travail dissimulé. Une conséquence de la sous-traitance selon Florent Sinamian, conseiller prud’homal CGT. Un tiers des hôtels en France y ont recours. «Avec la sous-traitance, vous n’avez que les avantages, pas les ennuis. Vous ne payez pas le treizième mois à vos employés, vous ne leur payez pas de prime d’intéressement ni de prime de participation, énumère-t-il. Vous ne leur donnez pas des conditions de travail dignes. C’est de pire en pire.»

La sous-traitance est surtout répandue dans les grandes chaînes hôtelières. Cette semaine, devant leur Holiday Inn, les femmes de ménage entament leur deuxième mois de grève.

(* : le prénom a été modifié)