Ancien mécanicien, Yann Mercier s’est installé dans le Morbihan, pour devenir agriculteur. Une reconversion, mais une installation aussi qui a été facilitée par le soutien d’un GFA (Groupement Foncier Agricole) citoyen.
Les débuts d’une reconversion professionnelle
Né à Nantes, Yann Mercier a, durant 15 ans, été mécanicien dans le sport automobile avant de décider de changer de voie pour devenir agriculteur. Sa reconversion, il va la débuter par une année de wwoofing avec sa compagne Christelle, en 2015. En échange de quelques heures de travail dans plusieurs fermes en France et en Irlande, le gîte et le couvert leur sont offerts. Pour l’apprenti-agriculteur, cette expérience est surtout le moyen de se former, de découvrir un univers qu’il connaît peu.
Conforté dans son choix, en 2016, Yann Mercier s’installe dans le Morbihan et « retourne à l’école », ce sont ses mots. Un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA) en poche, son projet va mûrir. L’agriculteur devient aussi meunier et boulanger. De la culture des céréales, jusqu’à la vente de pain en circuit court, il veut tout maîtriser. Pour se lancer, il lui faut maintenant trouver des terres, une ferme.
L’installation
Dans un premier temps, Yann Mercier fait le choix de louer. Après un peu plus d’un an de recherche, le couperet tombe : c’est l’impasse ! « S’installer est très difficile quand on n’est pas issu du milieu agricole et qu’on n’est pas du coin », est-il bien obligé d’admettre. Sur Plumélio, 10 hectares de terres agricoles, déjà labellisées AB, répondent bien à ses attentes… « Mais leurs propriétaires souhaitent vendre ». Leur prix : 94 000 €. « Un lourd investissement pour moi, d’autant qu’il me fallait aussi penser au matériel et aux bâtiments. »
La solution, il va la trouver à l’occasion d’un stage au sein d’une ferme biologique, La Grange paysanne. Tenue par Cathy et Hervé Trémoureux, pour s’installer, il y a un peu plus de 20 ans, le couple a bénéficié de l’aide du premier GFA dans le Morbihan. « La première fois que j’ai entendu ce mot, c’était là-bas », se souvient Yann Mercier.
Un GFA est une société civile dont le capital est abondé par des particuliers et qui a pour objectif d’acheter des terres pour les louer à un agriculteur. Pour Yann Mercier, ce système ne manque pas d’avantages : « C’est un outil qui permet aux citoyens d’installer des paysans, de choisir quel type d’agriculture il veut sur son territoire, de redonner du lien. La terre est un bien commun, il revient à tout le monde d’en être propriétaire ».
« La Mie de Deux Mains »
Début janvier 2019, Yann Mercier se met à la recherche de sociétaires. Quatre réunions publiques plus tard, le 26 août, la création du GFA Citoyen « La Mie de Deux Mains » est officielle. Il compte 80 associés, avec à leur tête 6 co-gérants.
Parmi eux, Brigitte Guérin a tout de suite été séduite par l’enthousiasme du paysan-boulanger. « J’ai rencontré Yann grâce à un ami commun qui n’arrêtait pas d’en parler. Je ne connaissais rien au GFA, mais je trouvais que le projet correspondait bien à mon envie de protéger la terre, de lutter contre le bétonnage ».
Les statuts déposés, prochaine étape pour le GFA : le rachat des terres au propriétaire que Yann Mercier continuera de louer. Ce n’est plus qu’une question de semaines.
« Le fermage que je payerai à l’année, servira à payer les traites du GFA, et de rémunérer les associés. À hauteur de 1 %. C’est l’idée aussi de l’investissement. Ce n’est pas un don. C’est une épargne solidaire, éthique autant que rémunératrice. »
Et demain ?
Tous les trois ans, cette rémunération sera rediscutée. Les associés qui le souhaitent pourront revendre leurs parts, tandis que d’autres pourront rejoindre le groupement. Après l’installation de Yann Mercier, « La Mie de Deux Mains » envisage de racheter de nouvelles terres pour aider d’autres jeunes agriculteurs à s’installer.