Dessiner, fabriquer, et vendre des chaussures éthiques, respectueuses de l’environnement, c’est le défi un peu fou que se sont lancés deux Brestois, deux copains de fac, Dieuveil Ngoudou et Lancine Koulibaly. Au mois d’août 2018, la marque Umòja Shoes est lancée.
« Venir en aide aux traditions artisanales et ancestrales »
L’histoire commence en décembre 2017. Étudiant à la faculté de droit à Brest, Dieulveil Ngoudou éprouve le besoin de faire une pause et se lance dans un long voyage qu’il qualifie d’initiatique en Afrique de l’Ouest, là où il a grandi.
« J’étais censé faire une thèse, explique-t-il, et mon associé travaillait déjà dans les assurances à Paris. On arrivait à une période de notre vie où on s’est rendu compte que les univers professionnels dans lesquels on évoluait ne correspondaient plus à nos idéaux. On avait besoin de faire quelque chose de plus humain, avec plus de sens ».
Au cours de ce périple, Dieulveil Ngoudou croise le chemin d’artisans du textile et redécouvre un savoir-faire menacé. Il veut les aider. « Moi, je me demandais comment valoriser cet artisanat, par quel moyen. De retour en France, j’en ai parlé à mon partenaire et c’est lui qui a proposé l’idée de sneakers, un marché en plein expansion ».
« Maîtriser toute la chaîne de fabrication »
Aussitôt, les deux associés repartent en Afrique à la recherche de partenaires qui pourront leur fournir la matière première nécessaire à la fabrication des baskets. Des producteurs de coton, des tisserands, des teinturiers, au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, en Ouganda et en Côte d’Ivoire. « On ne voulait pas d’intermédiaire. On voulait traiter directement avec eux pour pouvoir maîtriser toute la chaîne de production et nous assurer que les matériaux utilisés sont bien naturels, et en contrepartie, leur garantir une juste rémunération ».
Pour la fabrication, Umòja fait appel à un petit atelier de fabrication de chaussures semi-artisanal installé à Porto. « L’idée de base, c’était de tout faire en Afrique, de la matière première jusqu’à l’assemblage. Malheureusement, on n’a trouvé personne capable de confectionner des baskets ». Pour Dieuveil Ngoudou, le Portugal, c’est malgré tout la garantie d’une fabrication européenne, de qualité (son savoir-faire et reconnu), et d’un partenariat qui répond aux aspirations sociales et environnementales des deux créateurs.
« Notre but : redonner ses lettres de noblesse aux fibres naturelles biologiques »
Après avoir parcouru 40 000 km, traversé 6 pays, réalisé de nombreuses recherches et testé différents matériaux comme la fibre de bananiers, ou de raphias, de l’écorce d’arbres, pour s’assurer que leurs chaussures « se rapprochent du 100 % naturelles » ; et après une campagne de financement participatif réussie à 150 % ! (154 précommandes contre 100 espérées), au mois de février 2019, Dieuveil Ngoudou et Lancine Koulibaly, se décident à sortir leur première collection été.
Six modèles de sneackers vendues entre 89 et 149 €, principalement sur le site internet de la marque ou sur certaines plateformes de commerce équitable. La production reste modeste, 2 à 3 000 paires par saison. Et l’entreprise entend ne pas aller au-delà de la capacité de fabrication des coopératives avec qui elle travaille évaluée à 5 000 paires au maximum.
« On veut rester dans une consommation raisonnée. Vivre de notre activité, valoriser le savoir-faire traditionnel africain et soutenir les artisans avec qui on travaille, c’est ça notre ambition ».