Comment le lobby viticole a fait l'impasse sur la prévention

C'est une publicité en apparence anodine. Deux sympathiques grains de raisin et un slogan pas vraiment dissuasif ont inondé vos magazines la semaine dernière : "Aimer le vin, c'est aussi avoir un grain de raison". Comme les publicités pour le vin ne sont pas si fréquentes, nous avons décidé de nous pencher sur cette campagne de communication.

Derrière cette publicité se trouve un organisme appelé "Vin et société", un lobby viticole. Pour les repères de consommation, "Vin et société" conseille de ne pas dépasser deux verres de vin par jour pour les femmes, trois pour les hommes, ou quatre s'il s'agit d'une occasion spéciale. Pour rédiger ces repères, le lobby dit s'être inspiré des organismes de santé publique. L'autorité de santé nous a pourtant précisé qu'il existe bien des risques dès le premier verre d'alcool. Pour le programme national nutrition santé "ces repères sont obsolètes". "Ils ne tiennent pas compte des études plus récentes de l’institut national du Cancer qui indiquent que le risque pour la santé augmente dès la consommation d’un verre d’alcool par jour".

Pour leur publicité, les viticulteurs ont donc utilisé des données officielles mais incomplètes, et que les autorités sanitaires n'ont jamais réactualisées. Depuis la campagne de "Vin et société", le ministère de la santé a fait le ménage sur ses sites d'information. L'expression “repère de consommation” a tout bonnement disparu. Il est désormais précisé “qu’il ne s’agit pas d’un niveau de consommation sans risque”. Tout cela aura donc eu un mérite pour la santé publique : forcer l’Etat à clarifier ses messages de prévention.

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé