Les manouches

Une trottinette rouille sur le balcon à côté d'une étagère branlante qui attend d'être jetée à la décharge depuis un an et demi. Les bacs à fleurs ont depuis longtemps étaient désertés par tout végétal et seul un escargot défoncé à la nicotine erre parmi les mégots et les débris de moulin à vent à paillettes.

À l'intérieur, petites culottes et jeans troués sèchent dans le salon, le tapis est couvert de minuscules bouts de papiers et les cousins du canapé sont disséminés dans la pièce. Dans la cuisine, il y a toutes les chances pour que l'évier recèle une casserole encore sale et quelques gobelets à moitié plein. Dans les chambres, des tas de fringues s'amoncellent sans qu'on ne sache plus s'il s'agit du propre ou du plus tout à fait propre, voire du franchement sale. Plusieurs ampoules ne fonctionnent plus et des pas de vis manquent mais n'ont jamais été remplacés.

Bienvenue en chez moi. L'autre jour, j'ai lancé une remarque un peu raciste à mon père en disant qu'on se croirait chez des Manouches. Son œil a été traversé d'un éclair, comme si je venais de mettre le doigt sur une comparaison qu'il cherchait depuis longtemps et qu'il n'avait pas trouvée.

J'étais un peu dépitée que le cliché lui semble si juste. Pourtant ce n'est pas faute de faire un effort pour mettre fin à ce capharnaüm. Le linge par exemple, j'ai un peu mon mythe de Sisyphe. Je suis sure que dans mes rêves je continue de le plier ou de l'étendre. Mais non, il y en a toujours des tas. Je ne peux pas me plaindre du repassage. Mes enfants mettent des fringues repassés deux fois pas an : quand une grand-mère est de passage.

Pourtant je constate que d'autres y parviennent. Je vois des petites filles qui arrivent à l'école dans leur jupe plissée, des potes parents qui nous accueillent dans leur appart nickel, d'autres chez qui le bordel se cantonne à la chambre des enfants. Nous, on reste des manouches.

Mais il y a un moment dans la soirée, il faut bien s'avouer que ça ne sert à rien de perdre son temps, qui est si rare et si précieux. Alors, j'enjambe le bordel pour poser mes pieds sur la table basse et siroter un verre de vin.

Les - blurp - vacances de Noël

Une semaine de vacances à Noël. Enfin l'occasion de recharger les batteries à bloc avant un premier trimestre de fou furieux. Avec un peu d'organisation, j'allais même pouvoir bouquiner pendant la sieste, aller au cinéma certains soirs et, surtout, dormir. Rhaa, dormir. Peut-être même faire des grasses mat. Et puis c'est sympa, Noël, ce grand moment de magie, l'occasion de se rapprocher de la famille, de bien bouffer et bien boire.

Ça, c'était donc le 23 décembre, avant de prendre la voiture pour passer Noël en Bretagne avec les monstres. Car dès le réveillon le père Noël a gâté ma fille. Il lui a offert une gastro. Sa deuxième en deux semaines, qui sera suivie d'un troisième épisode juste avant le nouvel an. Entre temps, son frère a fait une petite rhino-pharyngite. Il déteste être en reste. La jalousie entre frère et soeur, je suppose.

Je l'admets, on a fait des grasses mat'. Mais se lever à 8h30 quand on a changé deux fois les draps de vomi pendant la nuit, est-ce que ça compte ? Mon coeur saigne un peu en pensant aux livres et au cinéma. Heureusement il nous restait la bonne bouffe et l'alcool. Si la gastro ne nous coupait pas trop l'appétit. Quant au rapprochement avec la famille, j'imagine qu'ils ont dû trouver la chambre de la petite, justement, un peu trop proche.

Les aires de jeux

@ Emma Defaud

Les parcs, on s'y emmerde beaucoup, on est tous d'accord, et Florence Foresti en a fait un sketch. Mais maintenant que mes enfants ont un peu grandi et que c'est de leur faute quand ils se croûtent en sautant du toboggan, je sens se développer en moi un autre sentiment. Je suis jalouse.

Les autres pires aires de jeux ici

Entendons-nous bien. Moi, quand j'étais petite, les aires de jeu se résumaient souvent à une cage à singe pas drôle et un bac à sable rempli de crottes de caniche et de sacs en plastique. On n'en était pas là (voir à droite) mais, franchement, on n'en était pas loin. Et de toute façon, les aires de jeux étaient assez rares (oui, je suis née dans les années 70 et je vous emmerde).

Aujourd'hui, des revêtements tout mous évitent aux mômes de s'écorchent les genoux et des dizaines de jeux se font concurrence. J'ai qu'une envie, c'est de les essayer.

J'ai bien fait quelques tours de toboggan avec ma fille ("si, si, chérie, c'est dangereux, je vais avec toi"), mais
1 - j'ai pas envie de me taper la honte de me retrouver le fessier coincé dans leur agrès taille enfant.
2 - c'est vraiment ce qu'il y a de moins drôle. Les enfants s'en sont aperçu tout seuls, c'est pas pour rien qu'ils passent leur temps à l'escalader à l'envers. Pas de quoi écrire un article sur le sujet.

Bateau pirate, araignée géante, pont suspendu... Je rêve qu'il fasse la même chose en taille adulte. J'imagine comment je pourrais m'éclater au lieu de faire du gras sur un banc. D'ailleurs je ne dois pas être la seule, car les panneaux indiquent toujours une limite d'âge minimum ET maximum.

Patience, d'ici quelques années, je sèmerai mes gamins à l'accrobranche...